MISSION PAVIE IN D O - C HIN E \879-1895 ETUDES DIVERSES II RECHERCHES SUR L’HISTOIRE DU CAMBODGE, DU LAOS ET DU SIAM PAR AUGUSTE PAVIE CONTENANT LA TRANSCRIPTION ET LA TRADUCTION DES INSCRIPTIONS PAR M. SCIIMITT OUVRAGE PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, DU MINISTÈRE DES C.OLONTI ET DU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS aux: une carte, plusieurs ILLUSTRATIONS ET 70 PLANCHES D’INSCRIPTIONS PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR 28, RUE BONAPARTE 1898 MISSION P A VIE LA PUBLICATION DOIT COMPRENDRE : PREMIÈRE SÉRIE GÉOGRAPHIE ET VOYAGES E Exposé des Travaux géographiques de la Mission (sous presse). 1 V0I. IR V ou.\I. Relations et Récits de voyages (1 vol. sous presse, les autres eu préparation). 4 ou 5 vol. DEUXIÈME SÉRIE ÉTUDES DIVERSES I. Recherches sur la Littérature du Cambodge, du Laos et du Siam, par Auguste Pavie, avec nombreuses illustrations, 20 planches en couleur, une carte et textes cambodgien, siamois et laotien, 1 vol JO IV. II. Recherches sur l’Histoire du Cambodge, du Laos et du Siam, par Auguste Pavie, contenant la transcription et la traduction des inscriptions par M. Schmitl, avec une carte, plusieurs illustrations et 70 planches d’inscriptions. 1 vol... ,.... 10 l'r. III. Histoire naturelle (en préparation). 1 vol. U ■ Ethnographie et linguistique (en préparation). I vol. Chacun des volumes de la publication forme un ouvrage indépendant. CARTES1 1° Itinéraires de M. Pavie dans le S.-O. de lTndô-Chine orientale. 2 feuilles. Prix g |'r 2° INDO-CHINE. Carte de la Mission Pavie, dressée sous la direction de M. Pavie. par MM. les capitaines Cupet, Friquegnon, De Malglaive et Seauye. 4 feuilles 1899. Edition définitive. Prix J/, f,-. 3° La même, réduction au j-otur®- Pi'ix o l'r. (1) Augustin Challamcl, éditeur, 17, rue Jacob, Paris. MISSION PAVIE INDO-CHINE 1879-1895 ÉTUDES DIVERSES 11 RECHERCHES SUR L’HISTOIRE DU CAMBODGE, DU LAOS ET DU SIAM Il A H T II K S. IM PII I M ER I E I) U R A X I), R l V. V U L R E R T. MIS S10N PAVIE INDO-CHINE I 87«J-1 895 ETUDES DIVERSES 11 RECHERCHES SUR L’HISTOIRE DU CAMBODGE, DU LAOS ET DU SIAM PAR AUGUSTE PAVIE CONTENANT LA TRANSCRIPTION ET LA TRADUCTION DES INSCRIPTIONS PAR M. SCHMITT OUVRAGE PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, DU MINISTÈRE DES COLONIES ET DU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS AVEC UNE CARTE, PLUSIEURS ILLUSTRATIONS ET 70 PLANCHES D’INSCRIPTIONS PARIS ERNEST LEROUX, EDITEUR 28, RLE BONAPARTE lipssn - B rude s/ % / Kx feilMVofh.Regia V (■W ünenR.y ONT ÉTÉ SUCCESSIVEMENT ATTACHÉS A LA MISSION : MM. * Biot, surveillant des télégraphes, 1882-1883. *Launey, commis principal des té- légraphes, 1884- * CoMBULAzir.n, commis principal des télégraphes, 1884. Ngin, secrétaire cambodgien, 1885 à 1895. Gautier, 1887-18881. Cupet, capitaine au 3° zouaves, 1887 à 18922. * N icolon, capitaine à la légion étrangère, 1887 à 1889. ‘ Massie, pharm. maj., 1888à 1892. Messier de Saint-James, capitaine d infanterie de marine, 1888. Vacle, 1888 à 18913. Garangeu, 1888, 1889 cl 1894*. MM. ‘ Leiiède, capitaine d’armement des messageries fluviales du Tonkin, 1888. * Nicole, publiciste, 1888. Lefèvre-Pontalis, attaché d’am- bassade, 1889 à 1891; secré- taire d’ambassade, commissaire adjoint au chef de la Mission, 1894-1895. Lugan, commis de résidence au Tonkin, 1889 à 18955. ‘ Dugast, lieutenant d’infanterie de marine, 1889 à 1891. Mage y , 1889 à 1891 cl 18956. Counillon , professeur, 1889 à 1892. Molleur, commis de comptabilité, 1889 à 18907. Le Dantec, docteur ès sciences, 1889 à 1890. * Les noms dos membres de la Mission décédés sont précédés d'un astérisque, i. Consul de France. а. Chef de bataillon au i45c de ligne. 3. Commandant supérieur par intérim du Haut-Laos. 4. Commissaire du Gouvernement au Laos. 5. Vice-Consul de France. б. Commissaire du Gouvernement au Laos. Administrateur au Sénégal. MISSION PA.VIE MM. De Malglaive, capitaine d’infan- terie de marine, 1889 à 1892.1 Rivière, capitaine au 22° d’artil- lerie, 1889à 1891,1894 et 1895. Cogniard, capitaine à la légion étrangère, 1889 à 1891 2 3. Pennequin, lieutenant-colonel d’in- terie de marine, adjoint au chef de la mission, 1889-1890 '. Friquegnon, capitaine d’infanterie demarine, 1890 à 1895 et 1895. Donnât, capilaine d’infanterie de marine, 1890. De Coulgeans, commis principal des télégraphes, 1890 à 18954 5 б. * 8 9. Guissez, lieutenant de vaisseau, 1890-1892. Tostivint, garde principal de mi- lice, 1890 à 1892. Le Myue de A ilers, lieutenant de cuirassiers, 1893. MM. Caillat, chancelier de résidence, secrétaire particulier du chefcle la mission, 1894-1895“. Oum, lieutenant à la légion étran- gère, 1894-1895. Tournier, chef de bataillon à la légion étrangère, 1894-1895“. Seauve, capitaine d’artillerie de marine, 1894-1895. Tiiomassin, lieutenant à la légion étrangère, 1894-18957. *Mailluchet, capitaine d’inlanterie demarine, 1894-1895. Sainson, interprète, 1894-1895*. Sandre, capitaine d’artillerie de marine, 1894-1895*. Lefèvre, médecin de 2e classe des colonies, 1894-1895. Jacob, lieutenant d'infanterie de marine, 1895. i. Capitaine au i53° de ligne. а. Chef de bataillon au i4°de liane. 3. Colonel d’infanterie de marine. 4- Vice-consul de France. 5. Yicc-résident. б. Lieutenant-colonel au 14b1' de ligne, commandant supérieur du Bas-Laos. 7• Capitaine à la Légion étrangère. 8. \ ice-consul de France. 9. Commissaire au Laos. ERRATA Page 2P, dernière ligne, au lieu de: Yochama... lire: Yochana... i5, 2° — Oui)... — Yoüh... i5, 2G0 et 3o° — — Spi sorigpana... Sip song palm na... 15, 28" — kom-Khao... 1 lom-Kliao... T7’ 2e — jour... jours... 17’ l()c — une autre... une autre par- tie... *7» 20e — un manuscrit suivant... — les manuscrits suivants... 25, 28C — occidental... — oriental. e9, 15° — — Meknain... —. Ménam... 99- 2 ïc — Bangkok... — Ajuthia... r 2G, —e / — 2Üo ans... — 20 ans... MISSION PAVIE Al. PœKhoA M.rheng LÛANG-Pl H AÏ N A N M.Pni y^EjNpbCHAjN G çy j ij y—'' HaruLpitstTig rj ‘ à;-, o. ÏÏQ71 Nois' \ >, p pangïf(jàfrv-\ '•gtoqjoc. UchaX Kiajnpa Nakœ Y M^OaPg1" M. Kobcinÿ /JulUirnbnniï: > auï: INDO CHINE ORIENTALE (ÉPOQUE MODERNE) Dressée par A. PAME Échelle de h 8.000.000 E.Gift'ault,, Del. a INTRODUCTION Fig. 1. — Ruines Cambodgiennes à Angkor. Ce jour-là, les choses ne se passèrent pas de même que d habitude; tout le monde déclara que je connaissais sûrement le peu que 1 on savait et que je devrais moi-même être le conteur. VI MISSION PAME Le plus vieux reprenant la parole avec une caressante douceur : « Ce cpic nous serions heureux de vous entendre dire, c’est ce cpie vous pensez après vos voyages, vos recherches, du passé inconnu de notre vieux Cambodge ; ce que vous en direz plus tard à ceux de votre pays. « L’aimant comme nous savons, vous n’êtes pas sans avoir songé que ses grandeurs lointaines ne peuvent être un éclair jailli, éteint sans cause? Nos cœurs sont restés grands, nous le croyons, plus que ceux des peuples qui nous ont écrasés; pourquoi donc n’avons-nous pu sou- tenir le poids de nos vieilles gloires? « Sur ces sujets, sans cesse nous rêvons; parlez-nous-en? Nous prendrons votre idée, heureux de pouvoir nous-mêmes raconter ces vieux temps avec plus d’assurance? » Je savais combien passionnément les Khmers aiment redire les époques légendaires, à quel point les traces de l’art merveilleux disparu excitent leur imagination, combien l’incroyable suite de catastrophes <]ui a amené le plus brillant empire à un état d’abaissement grand vis-à-vis de voisins point moralement supérieurs, les Annamites et les Siamois, donne à tous une réserve timide, avec quelle injustice ces voisins s’empressent de les taxer d’orgueil s’ils laissent percer la pensée noble enfermée chez chacun d’un revirement possible de la fortune. Et je savais que si leurs sentiments intimes restent cachés pour ceux qu'ils craignent ne savoir les comprendre, c’est au contraire avec une confiance extrême qu’ils découvrent leur cœur à celui en qui ils voient de la sympathie pour eux. Aussi, tandis que la voix du vieillard appelait sur mes lèvres une pensée mûrie, que tous, avec F enchanteur sourire des humbles à celui qui leur plaît, avaient les yeux dirigés sur les miens, brillants d’un éclat doux et fixe forçant la volonté, je me laissai aller à dire en des phrases qui me semblaient dictées, avec ce que je savais, ce que j’avais rêvé de leur antique lointain en des marches solitaires parmi les ruines, dans les bois, au bord des eaux. VIII MISSION PAV 1E « Aux temps les plus reculés marqués par des traces de la vie humaine sur le sol du Cambodge, le Mckhong rencontrait la mer non loin d’où sont aujourd’hui les entrées du Grand-Lac. « Profonde autrefois dans ces parages comme elle l’est encore sur les côtes voisines où les apports des cours d’eau n’ont pas modifié son sol primitif la mer s’encombrait rapidement des vases du Grand-Fl cuve. « Après avoir depuis l’origine presque entouré de ses eaux les vastes terres renfermant les monts Krevanh et les hauteurs les prolongeant ou proches, elle v était séparée au nord eu deux golfes dont les soulèvements aux environs d Aranh et les sables de Chanlakam indiquent les extré- mités premières. Sud-Ouest de l’fndo-Chinc orientale aux temps préhistoriques. « Chaque siècle rapprochera ensuite l’heure où elle devra, là, céder la place a des terres lcrliles d’abord, devenant lentement, par la retraite INTRODUCTION IX. constante des eaux et l’élévation progressive du sol, des forêts clairières, des plaines herbues, incultes, désertes, les unes parce qu’elles ne sont plus inondées, les autres parce qu’elles le sont trop. « Vivaient alors sur les bords de cette mer, à l’embouchure du fleuve, des peuples simples, se nourrissant de coquillages, de poisson, de gibier. Ils connaissaient les instruments de pierre et de bronze pour les néces- sités de la vie : construction des barques, pêche, chasse, et défense. C’est tout ce qu’on sait d’eux. « Peu à peu, quand apparaissent d’immenses terres nouvelles prodi- gieusement fertiles, pouvant presque sans culture fournir d’abondantes récoltes, arrivent de lieux moins favorisés de l’intérieur ou d’autres plages des familles nombreuses qui les peuplent. « Alors les gens des pays voisins, certains d’y trouver des approvision- nements, y viennent sur leurs barques, désireux de connaître pour les échanges les produits naturels des contrées intérieures. « Pendant que le temps passe, le fleuve, au milieu des alluvions accu- mulées, poursuit ses conquêtes sur la mer. « Les relations de voisinage s’établissent de plus en plus. La région est bientôt, comme une merveille, connue dans tous les alentours ; sa renommée gagne de proche en proche, parvient jusqu’aux extrémités des mondes d’alors, la Chine et les bords de la mer intérieure de l'Europe. « On y sait les rivages habités par une population douce, accueillante, chez laquelle arrivent par le fleuve ou par terre et des îles, des épices rares : poivre, cardamome, cannelle; des parfums précieux ; bois d’aigle, musc, benjoin; des teintures riches: curcuma, indigo, laque, gomme-gutte; puis aussi l’écaille et la nacre et les soies; l’ivoire en quantités énormes; les pierres précieuses de toutes sortes; ce bois de valeur, le teck ; enfin l’or en telle abondance que la presqu’île entière se désigne partout sous le prestigieux nom de la « Chersonèse d’Or ». « Les pays de l’Inde et ceux déjà cités jouissaient dans ces temps de X MISSION PAVIE civilisations supérieures, les sciences astronomiques, l’art de la navigation y avaient atteint un degré remarquable, leurs marins savaient utiliser les vents des moussons. Bientôt ils fréquentent cette côte fortunée et lui font en tous lieux par leurs récits, par l'apport de ses richesses, la répu- tation de tei're bénie des dieux. « Leurs vaisseaux remontent ses fleuves, séjournent dans ses baies abritées souvent plus d’une mousson entière attendant les chargements longs à venir, demandés dans les régions élevées intérieures. « Chefs et matelots passent à terre une partie des longues relâches. Ils contractent des unions dans les familles du pays ; quelques-uns s'y fixent définitivement et deviennent pour les échanges, les intermédiaires avec leurs compatriotes. « Par le contact constant des étrangers, par les mélanges, la population se modifie et en même temps que le commerce se développe, une civili- sation aux origines diverses comme les gens qui contribuent à la former, amène en naissant l’établissement d’une organisation régulière facilitant les relations, assurant la sécurité. « Alors ce ne sont plus seulement les commerçants dont les navires sillonnent les eaux de la jeune contrée, les rois des empires civilisés veulent avoir des rapports avec elle et des envoyés de haut rang amènent sur de véritables flottes des présents d’inestimable prix, demandant qu’on leur facilite d’énormes acquisitions. « Les chroniques d’un ancien pays que nous nommons Judée ap- prennent que Salomon son Roi, en pleine gloire il y a trois mille ans, fit construire dans le golfe d’Egypte, en mer Rouge, des navires qui, dirigés par des pilotes fort expérimentés que lui fournissait Hiram roi de Tyr, allaient avec ses officiers dans une contrée des Indes appelée Ophir, connue ensuite sous le nom de « Terre d’Or », chercher les pierres précieuses, l’or, l’ivoire, les épices, les aromates, les bois de valeur, etc. « Elles disent qu’il recevait chaque année en telle abondance ces riches produits qu’il put faire faire cinq cents boucliers d’or massif pour orner INTRODUCTION \1 son temple, une quantité énorme de vaisselle d’or enrichie de pierres précieuses, la seule employée dans les repas qu’il donnait, un trône tout d’ivoire revêtu d’or ayant six degrés avec deux lions près des bras et douze sur les marches. Enfin, qu'avec un bois le plus beau qu’on eût vu, sorte de pin dont il ne fut plus jamais apporté en Judée, il établit les balustrades et escaliers du temple de sa capitale et aussi de son palais. « Elles disent encore que toutes ces richesses étaient en supplément de celles que les Tyriens et les marchands rapportaient à leur Roi et pour leur compte. « Et elles ajoutent que les voyages s’accomplissaient en trois ans et que sous le règne suivant la flotte de Salomon fut détruite au port. « Sans doute les relations de commerce avec la Terre d’Or existaient bien avant Salomon car un autre livre de son même pays qu’on juge écrit 500 ans avant son règne *, parlait déjà d’Ophir. Il est vraisemblable aussi que la destruction de sa flotte ne mit fin à ces rapports que pour les Judéens et que les hardis marins de Tyr les continuèrent ainsi que ceux d’autres contrées des mêmes parages. « Les savants d’Europe ne sont pas d’accord sur la position précise de la région privilégiée où de tels produits se trouvaient réunis que, malgré les moyens imparfaits de ces temps, des navigateurs aient été amenés à entreprendre des voyages de pareille durée. « Quoique l’histoire indique qu’elle était en Terre d’Or, la plupart la placent en Éthiopie ou dans celle Arabie connue aujourd’hui de vous mes chers Cambodgiens par les fréquents pèlerinages de vos hôtes d’à présent, les Kiams musulmans. La construction de la Hotte pas plus que la longueur du voyage ne seraient alors justifiées pour ces pays qui, relativement voisins de Judée, pouvaient être visités par terre. « A peine ont-ils cité la terre de Malacca si souvent considérée comme l’entière Chcrsonèse. « Un d’eux cependant suppose qu’il s’agit de Ceylan1 2. Or, cette grande 1. Livre de Job. 2. Bochart. \ Il MISSION PVVIE île que vous appelez Lanka est depuis F origine en rapports si intimes avec vous, qu’ils ont survécu à l’effondrement de votre Empire : ne serait-il pas, dans ce cas, plutôt naturel de croire que les marins de Tyr s’y arrêtaient seulement et poursuivaient vers des mouillages tranquilles une course qu’aidés par les moussons les gens du pays étaient habitués à faire régulièrement? « J’ai pensé qu’on devait identifier la Terre d’Orde Salomon avec la Ghersonèse d Or des Anciens et qu « Opliir »' pouvait être un mot grec comme « Chersonèse », et la traduction du nom, dû au culte, des habitants et de la ville qu il désignait et qu’en sanscrit, la langue plus tard eu honneur dans 1 Indo-Chine, on nomma: :\agas, Nagara1 2. « L’époque à laquelle est cité le nom d'Ophir correspond en effet à celle où FOphïoisme paraît avoir dominé dans le sud de la grande presqu’île. « L’effrayant naja3 des montagnes, rare aujourd'hui, commun alors, inspirait la crainte à tous, les gens simples avaient de lui la terreur res- pectueuse qui fait que 1 on s’incline et, ceux qu’il faisait trembler et qui le révéraient étaient connus sous son nom 4. « Plus tard, devant le Brahmanisme, le culte du serpent reculera vers les terres intérieures et y disparaîtra non sans enchevêtrer dé ses racines les dogmes de la religion nouvelle comme ensuite celle-ci cédant à son tour la place au Bouddhisme lui léguera ses bases. « On ne saurait méconnaître que FOphïoisme ainsi remplacé a laissé dans le pays une empreinte à nulle autre comparable, qu elle vaut d’être considérée et devient dans celle conjecture del identification de la contrée une indication singulièrement probante. « Dans la suite des temps, des princes puissants augmentèrent leur 1. Sans doute dérivé de: ostç, serpent. 2. Naga, nom sanscrit du serpent appliqué aux anciens habitants de l’Indo-Clnne. Nagara, la ville des nagas. 3. Ophiopliagus élaps. Le plus grand des serpents venimeux. Voir dans le vol. de la mission « Recherches sur la littérature », page wix. 4. Nagas ou Nacks. INT RODUCTION XIII prestige en se disant issus du naja et des nguocs sirènes des eaux tran- quilles « Resté le premier litre d'Angkor1 2 3 et des villes de l’Indo-Chine dont le passé brilla', gardé dans les légendes, conservé parles inscriptions et les chroniques4, le nom étrange de ce serpent arrivera jusqu’à nous grandi encore par luge, devenu chez les peuples qui habitent le Cambodge, le Laos et le Siam, l’appellatif des génies de toute sorte d’abord, puis celui élevé cl des hommes et des femmes5. « Ceux-là qui ont parlé d’Ophir n'avaient pu envisager à un point exact le passé de la Terre d’Or, ils ne savaient, quand ils écrivaient, rien du merveilleux empire d’Angkor dont les ruines sont connues de l’Europe depuis, à peine, quarante ans, et dont les dépendances rapprochées ont eu, presque jusqu’à nos jours, les noms significatifs de : « Muong-Lan-Chliang, pays des millions d’éléphants (Laos oriental), « Muong-Lan-Na, pays des millions de rizières (Laos occidental), « Muong-Lan-Piyéa, pays des millions de greniers (Siam). « Ils eussent sans doute hésité à rejeter l’idée que l’emplacement d’Ophir devait y ctre cherché si cette considération que des ports intérieurs y avaient existé s’élail ajoutée à celles-ci que toutes les productions indiquées comme ayant la Terre d’Or pour origine s’y ren- contrent et que l’étain si recherché du Monde ancien pour la fabrication du bronze provenait alors de ses seuls parages G. « Ils auraient aussi pensé que le bois employé dans l’édification du Temple de Salomon pouvait être le teck d’aujourd’hui dont les qualités de flotteur devaient rendre le transport particulièrement précieux aux navigateurs des époques anciennes et qui, provenant des vallées des fleuves 1. Entre autres, Pra Ruang, le libérateur du Siam, voir page 298. 2. Maha A'agara ou \ackone Louons; : la grande cité des Xagas ou des Yacks. 3. Trop nombreuses pour être citées. 4. à oir pages 5, 127 et 190. 5. \ack et Néack, \ang et Néang. 0. Malaisie, presqu’île Malaise, Laos, Yunnain et Chine. IL b XIV MISSION PAME de la Chersonèse d’Or, a en partie disparu de celle du Mékhong, indi- cation de la dévastation forestière qu’a pu causer une civilisation avancée et la proximité de centres maritimes. « Observant enfui que la Terre d’Or était pour les marins de l’Ouest la limite facile à atteindre et quitter à l’aide des moussons, qu’Angkor est le point capital ayant conservé des restes qui, môme s’ils 11e sont pas exactement contemporains de Salomon, indiquent qu’ils sont la suite d’un antérieur considérable, que l’ancienne capitale des Khmers, visitée aujourd’hui par des vapeurs une partie de l’année, l'était évidemment par les navires anciens aidés par la marée, longtemps même après les temps de sa splendeur et qu’ils devaient y trouver avant l’envasement un abri meilleur qu’en aucun point des côtes, ils se seraient peut-être rangés à cet a\is, que la capitale IChmère a dû succéder à Opliir. « Cherchant à me faire une idée du pays en ces temps anciens, j’y vois la population active, industrieuse et commerçante surtout concen- trée sur les bords de la rivière où s’élèvera Angkor. « L’entrée du petit cours d’eau forme le plus vaste port du littoral ; les vaisseaux s’y abritent derrière le mont Krom. « La prospérité est à son comble; la progression inouïe des recolles lient du prodige, elle permet de répondre à l’étranger étonné que le riz y tombe du haut du ciel en pluie. « Les envoyés royaux, séduits, souvent reviennent s’y fixer bien qu’à leur retour près de leurs souverains ils sont des favoris comblés. « Des autels de diverses religions y sont en honneur : des industries, des arts de tous les pays s’y développent. « Les proscrits de tous lieux y trouvent asile sûr. « Nul roi étranger ne songe à faire la guerre à un pays si ouvertement le protégé des dieux. « L’armée y est une manifestation de sa grandeur; elle a pour rôle, les honneurs dans les temples et les palais, ceux aux princes, aux chefs des flottes et les cortèges, car ce n’étaient alors que fêles, réceptions, adieux. INTRODUCTION XV « La nalure continue son action, chaque année, à la fin de la mousson pluvieuse, les dépôts alluvionnaires se montrent augmentés aux bouches du llcuve. Constamment rejetées plus au Sud celles-ci obstruent peu à peu, sur leur droite, la partie supérieure du golfe déjà considérablement rétrécie par les apports antérieurement mis en culture. « A mesure que le Mékbong avance dans cette direction du Sud, ses bouches sont moins protégées contre la mousson du Sud-Ouest par les terres montagneuses étendues jusqu’aux environs des collines de l’Hatien d’aujourd’hui. Lorsqu’elles finissent par les dépasser, leurs vases re- poussées s’accumulent, leur barrent lentement la roule, les forcent à chercher, les unes après les autres pour leurs eaux et celles du golfe trans- formé en Lac, une issue définitive au Sud-Est au milieu de vastes terres déjà émergées. « Le nouveau Lac voit alors peu à peu son extrémité Sud réduite à un canal de plus en plus étroit qui, devenu affluent du fleuve, évacue, à marée basse, l’apport des rivières tributaires de son bassin. « Combien de temps les marées refoulant les eaux du fleuve remontè- rent-elles encore jusqu’au vieux golfe favorisant la navigation, conservant à ses eaux la salure qui lui valut le nom de Lac saumâtre (Tonlé sap)? « Avec le temps, naît chez chefs et peuple le désir de suivre dans leurs civilisations les pays qu’ils ont eux-mêmes visités, dont ils entendent parler, dont beaucoup sont originaires: Occident, Inde, Chine. Tous les efforts sont faits pour attirer des hommes habiles de ces contrées lointaines. « L’Inde fournit la grande masse des immigrants, ceux-là dont la civi- lisation s’imposera et qui unis à la population seront les Khmers domi- nateurs. « Les nouveaux venus sont accueillis avec l’empressement qu’on est heureux de témoigner aux gens de races à l’intelligence cultivée, instruits dans les sciences, les arts, les religions qu’on a désirés, appelés. Consi- dérés comme un présent céleste, ils entrent dans les familles, deviennent les guides du peuple, les maîtres de la jeunesse qu’ils initient à ce qu’ils savent. XVI MISSION PAVIE « Sans cloute l'exode de l’Inde rapporté par la tradition 1 est à longs intervalles suivi d’une série d’autres, organisés d’une manière semblable à ceux plus tard effectués d’Anglcor vers le Laos, et dont l’un destiné à Luang-Prabang, composé de prêtres, de savants, d'artistes en tout genre, leurs familles et leurs serviteurs, compta jusqu’à 4,000 personnes2. « L’heure est venue où Angkor va naître, où le résultat de longs siècles du développement intellectuel d’une population aux origines diverses, primitives et civilisées, uni à l’action de nouveaux arrivants aux idées religieuses ardentes, doués cl’un sens artistique supérieur, engendre la vigoureuse puissance qui remplaçant le bois par la pierre dans la main de l'artiste, élèvera sur le sol du Cambodge les étonnantes conceptions du grand art maintenant disparu. « Et celte période brillante de la vie morale d'un petit peuple pendant la transformation physique d’une grande contrée durera plus de douze siècles! « La vue des ruines, seules irrécusables indications avec les inscrip- tions qu’on y trouve d’une civilisation raffinée amène aujourd’hui l’archéo- logue à se demander si les architectes Khmers dont les travaux paraissent surtout avoir l’art indou impressionné de chinois pour point de départ, n’ont pas eu connaissance des arts assyrien, égyptien, grec, qu’ils con- tinuent dans la chronologie architecturale. « La hauteur atteinte par l’art Khmer à son apogée sera telle, qu’elle fera dire à celui qui l’a le plus étudié3 : « Si l’on considère qu’outre leur grandeur, leur unité de plan, leur superbe ordonnance, les édifices du Cambodge sont pour la plupart entièrement couverts d’une ornementation délicate, et qu’il s’y rencontre nombre de statues, de figures réelles ou fantastiques d’une exécution achevée, on n’hésitera pas à reconnaître que le peuple Khmer était doué 1. V ers l’an 430 avant notre ère. 2. Page 35. 3. Voyage ail Cambodge. L’architecture Khmer. 1 vol., par L. Delaporte, librairie Dclagrave, 1880. INTRODUCTION XVII d’un génie artistique de premier ordre et l’on ne s’étonnera pas de nous avoir vu classer ses plus belles productions architecturales bien au-dessus de celles des autres peuples de l’Extrême-Orient et tout à côté des chefs- d’œuvre de l’Occident. » « Et encore : « S’essayant peu à peu à vaincre les difficultés que présentait l’art du bas-relief : les raccourcis et la superposition des plans succesifs, ils ont acquis une habileté technique comparable à celle des artistes grecs ou des maîtres de la Renaissance qu’ils eussent égalés peut-être s’ils eussent poussé plus loin l’étude de la forme humaine et s’ils eussent été plus souvent animés de ce sentiment de l’expression que l’on rencontre dans leurs statues de maîtres et qui se montre aussi dans quelques sujets de leurs bas-reliefs et qui sont alors de véritables chefs-d’œuvre ». « Le Mékhong portant de plus en plus ses bouches au loin, les plaines qu’il parcourt se nivellent, son fond, ses berges s’exhaussent. Compri- mées dans leur lit immensément allongé, les eaux ont leur course vers l’embouchure retardée; aux crues périodiques leur niveau dépasse celui XVIII MISSION PAVIE de l’ancien golfe beaucoup plus rapproché que la mer au niveau de laquelle il est resté. « Désormais ce ne sera plus seulement aux marées que les eaux du canal du Lac se verront refoulées; le fleuve pendant une période de chaque mousson pluvieuse, les arrêtera, les maintiendra gonflées dans leur bassin, et, un jour de terrible souvenir, eflrayamment grossi par une crue exceptionnelle ou par de nouveaux obstables à l’évacuation de ses eaux, il prendra le Lac et les terres cultivées et habitées, gagnées par lui aux temps lointains sur la mer pour exutoire, et celle étendue immense de champs fertiles, la fortune première du pays, à jamais dévastée, mourra pour ainsi dire avec ses habitants1. « Le refoulement des eaux s’accentuera dès lors dans le lac et ses envi- rons ; le niveau de son fond ne s’élèvera cependant que du léger apport des premières crues de ses affluents qui, arrêtés eux-mêmes dans leur marche, lui donneront des eaux dont les charges d’alluvions seront restées sur des terres de plus en plus éloignées. Le dépôt que le lleuve apporte à 1 entrée du Lac sera, en partie, à la fin de la mousson, balayé par les eaux en retraite; par suite, son état de profondeur aux basses eaux restera stationnaire à ce point, qu’aujourd’hui, une obser- vation de cinquante ans le montre sensiblement le même. « Le climat se ressentira d’une pareille modification du sol cl sans doute la race, anciennement maritime, souffrira dans sa constitution en devenant insensiblement population de terres intérieures et de delta, en passant peu à peu d’une température relativement douce à une chaleur torride. « Précédant la catastrophe de l’inondation, l’isolement maritime delà métropole commerciale de la Terre d’Or a depuis longtemps commencé, l’envasement de l’entrée du golfe a rendu les communications dangereuses pour les navires qui, à la longue, vont chercher la voie davantage labo- rieuse mais plus facile des nouvelles bouches du fleuve. 1. Supposé vers 1300 de notre ère. INTRODUCTION \l\ « Peu à peu les navigateurs de la Chine et de l’Inde négligeront pour de nouveaux ports le chemin de son port que d’un autre côté les marins d'Occident semblent avoir oublié après la destruction des grandes villes de trafiquants: Tyr et Carthage, ou les bouleversements des invasions barbares. « L’arrivée des Khmers ne marque pas seulement le commencement de l’ère de grandeur artistique du Cambodge, elle est aussi le début de la formation d’un vaste empire territorial qui, mille ans plus tard1, comprend encore, outre la presqu’île même, des pays en Malaisie et a pour limites : la Chine, l’Inde et la mer. « Mais les parties d’un semblable faisceau n’acceptent pas toutes volontairement la suprématie Khmère. Tandis que les phénomènes naturels, premières causes de son affaiblissement, se produisent, d’autres causes, humaines celles-là, et dont les plus importantes sont ducs aux modifications que les migrations Thaïes ell’envaliissemenl Annamite feront éprouver, sur les côtés de l’Empire, au Siam et au Iviampa, amèneront par une lamentable série de guerres désastreuses, d’invasions, d’enlève- ments de population, de troubles intérieurs décourageants, sa décadence rapide, la conduiront lentement à la ruine. « La séparation du territoire en deux royaumes distincts, Nord et Sud, laissera le Cambodge diminué, dans l’impossibilité de maintenir sous son autorité les pays tributaires qui l’abandonneront lorsqu’il combattra pour la conservation de son propre sol et de sa nationalité. « Les événements quoique obscurs commencent dès lors à vous être connus. « à ous savez que depuis l’origine, pendant près de 2,000 ans, peut-être, les Khmers ont fait tousleurs efforts pour garder, unis à eux d’abord, alliés ensuite, les Kiams, vigoureux peuple de marins, jaloux d’indépendance, qui les avaient précédés sur les côtes indo-chinoises couvertes de ses colonies. « Vous savez qu’ils ont vu ce pays du Kiampa qui, lui aussi, a joui 1. \ ers l’an G50. \\ MISSION PAME d’une civilisation élevée et profita de l’abandon maritime d Angkor, réduit à ses terres premières, succomber malgré leur aide sous l’invasion annamite, elles familles de scs chefs avec leurs derniers par- tisans venir, il y a trois cents ans, demander au Cambodge 1 asile que leurs cœurs vaillants y trouvent depuis dans leur malheur. « El vous savez que celle date de la conquête du Kiampa marque celle de l’entrée en scène de l’Annam dans le Sud du Cambodge où il s’avan- cera jusqu’à ce qu’au cœur du pays, il se trouve aux prises avec le Siam contre lequel désespérément alors vous luttez depuis cinq siècles. « Mais ce sont surtout les péripéties de ces guerres avec le Siam : succès, revers, écrasement, que vous connaissez bien. Les malheurs ont laissé en vous une empreinte plus forte que les lointaines gloires! « Lourdement tributaire des Khmers, depuis la fondation de leur empire, le Siam a vu, par l’appât des terres nouvelles de son delta en formation, sa population s’augmenter de migrations de Thaïs venus du Nord et se modifier à ce point cpie sa langue primitive est aujourd hui totalement inconnue. « Délivré par un chef ingénieux, il consacre le souvenir de sa libération par l’adoption du nom de la race envahissante et le renoncement à celui de Siamois sous lequel il a connu la servitude, que lui conserveront néan- moins scs voisins et qu’il considérera comme un terme de mépris dans la bouche de ses adversaires Khmer et Annamite. « Après de longues luîtes entre ses diverses fractions, celle population constamment augmentée, avide de pillage, tentera la fortune des guerres contre le royaume K limer qui la civilise. Les attaques se succéderont jusqu’au moment où profilant de la catastrophe de 1 inondation, son Koi viendra avec une Hotte enlever à Angkor avec ses richesses la slaluc Pra kéo du Bouddha, protectrice du Royaume. « Alors dans des guerres huit fois séculaires, la civilisation khmère reçoit une irréparable blessure. La race, plus renouvelée par suite du ralen- tissement des relations maritimes avec les pays d'origine, Inde et Chine, INTRODUCTION X\l enlevée à chaque invasion par masses innombrables, uniquement occupée de lutte, sent son génie péricliter. « En unesériede siècles d’héroïques efforts pour la défense, les Khmers voient leur merveilleuse capitale, Angkor la Grande, tomber du piédestal où une série de siècles de progrès l’avait mise, où une série de siècles de gloire I avait maintenue. Prise, pillée, ruinée, cinq lois détruite, ses monuments défieront cependant la brutalité incapable des envahisseurs. « Les Khmers cessent dès lors de lutter sur ses ruines, l’adversaire lui- même les abandonne ; elles restent à la protection de la nature. Sur l’humus accumulé pendant une vie d’une intensité prodigieuse, la végétation en une solitude de mort se développe exhubéranle, caché au soleil le sol humide où s’engendre la fièvre étourdissante des bois qui seule aura jusqu’aujourd’hui, gardé contre l’homme ces lieux devenus mystérieux. « Là, lès monuments semblent attendre que les mains de rivaux en génie de leurs immortels créateurs, les mettent, dégagés de leurs voiles, en 1 altitude dans laquelle ils contribueront à montrer qu’à son passé antique, 1 intelligence humaine a été assez développée pour causer des étonnements aux postérités lointaines et assez troublée pour tenter d’anéantir son œuvre. « Les Khmers transportent vers les régions plus au Sud le siège du Gouvernement abattu, I installent en de véritables camps retranchés successifs, Pursat, Babaur, Oudong, Lovée et Puompenh, d’où, sans cesse attaqués, ils reculent lentement jusqu’à 1 heure où leurs adversaires Thaï et Annamite se rencontrent sur leur sol, en viennent aux mains entre eux, jusqu’à celle enfin, où le malheur au comble, les plus belles provinces extorquées, la population en partie disparue, la France paraît. « Votre passé glorieux a donc lui. plus qu’un éclair, 6 mes chers Cam- bodgiens : succédant à un antérieur à peine soupçonné, encore en plein mystère, il peut être en durée comparé à ceux, évanouis aussi, d'autres pays illustres petits ou grands : Chaklée, Assyrie, Égypte, Grèce et Rome. « Vos malheurs ne sont pas une exception : Wll MISSION PAN I E « La nature, servie par un fleuve, après avoir fait vos régions prospères les a appauvries pour porter plus loin ses constantes richesses. D’autres grands empires, voyez Babylone, ont eu semblable destinée par la même cause. « Vous avez, après l’apogée, souffert tous les maux humains, lot des peuples comblés! « C’est alors que le poids des gloires s’est trouvé trop lourd. « Nombre de pays heureux ont eu pareil sort et n’existent plus. « Vous, vous êtes restés unis par l’espoir en un temps meilleur, enfin arrivé. « Le Cambodge rendu au calme, entre dans la voie depuis des siècles perdue, du repos fortuné, du développement actif; la France fait revivre son peuple rajeuni. « Cet état nouveau vous est bien connu, et je sens combien je dois aux sentiments de reconnaissance et d’espoir qu’il excite en vous, l’accueil empressé, sympathique que je reçois dans tous les villages khmers. » 11 Je me suis plu à écrire, tel qu’autrefois je l’ai fait, le récit qui pré- cède pour le rapporter ici, non pas seulement pour 1 idée qu’il exprime relativement à Ophir tendant à agrandir l’horizon des recherches sur le passé Indo-chinois, mais aussi parce qu’il fut le prélude de la présente élude. Aies auditeurs, c’étaient, avec mes compagnons khmers, quinze ou vingt des hommes de ce gros village formé à la porte de Pnompeuh, de Cambodgiens en partie descendants de Portugais, fixés au Cambodge il y a plusieurs siècles. Ceux-ci, mes bateliers, s’étaient spontanément offerts à me conduire vers les régions laotiennes, pas pour le modeste gain que comportait la INTRODUCTION XXIII course, mais afin de me montrer qu’ils étaient heureux de m’être utiles et la joie, disaient-ils, d’être quinze jours avec moi. Une dizaine d’Annamites du village à côté, avaient fait ce voyage dans les mêmes conditions. Dans l’ensemble, des vieux et des jeunes, gens aisés chez eux, mariniers ou pêcheurs. Partant à la recherche des voies de communication unissant autrefois le Mékhong au Tonkin, j’avais quitté Bangkok pour Luang-Prabang le 30 juillet 1880. Je pourrais ajouter qu’aussi (je ne m’en doutais pas alors), j’allais à la conquête des cœurs au Laos et sur la Rivière Noire. L’itinéraire c’était : le Ménam, puis son bras occidental le Nam-Pinh jusqu’à Xieng-Maï ; ensuite, le passage de la ligne de partage des eaux du Ménam et du Mékhong et la descente de ce dernier fleuve jusqu’à Luang- Prabang. Pourquoi, ayant pour but ce dernier point relativement proche, allais-je pour l’atteindre parcourir pendant près de cinq mois le Laos occidental? Je n’avais pas eu le choix de la route, mais j’avais d’autant mieux accepté une direction imposée par les circonstances que la région qu’elle allait me montrer m’était inconnue et que j'avais, avec le plus vif désir de la visiter, l’espoir de tirer un parti utile de celle exploration imprévue. L’affaire des bateliers était surtout de ramener les barques à Bang- kok quand le vapeur qui les remorquait ne trouverait plus la profon- deur d’eau nécessaire à sa marche. A partir de ce moment, changement de mode de navigation : des Laotiens m’emmèneraient à la perche sur leurs grandes pirogues. En tout, nous passâmes quinze jours ensemble. Dans les longues heures d’étouflànte chaleur et de pluies torrentielles qui marquent cette fin de l’hivernage, j’entendis, sur des sujets sans nombre leurs récits et leurs idées, jusqu’au jour où moi-même je parlai à mon tour. Stimulés par la pensée qu’ils pourraient contribuera la découverte de XX.IV MISSION PAVIE quelques documents, vieux livres ou inscriptions, jetant une lueur sur ce passé dont j’avais ravivé le souvenir dans leur mémoire, ils m’aidèrent autant qu’ils le purent. C’est ainsi que nous apprîmes dans les villages le long des rives, que je trouverais, dans les principautés de Lampoung et de Xieng-Maï, de nombreuses inscriptions dont le texte inconnu passait pour contenir d’in- téressants détails sur l’histoire du Laos occidental. Et aussi : qu’un livre manuscrit, rare, ayant cette histoire pour base, était certainement dans les bibliothèques de plusieurs des temples de ces mêmes pays ; son titre, c’était : « Nang Kiam Malia Tévi » (la Grande Reine). Quelques mois plus tard, grâce à l’aide de mon collaborateur cam- bodgien Ngin, je connaissais l’ensemble de ces documents. Mais ce fut seulement à Luang-Prabang, cl dans les conditions par- ticulières qu'on va voir, que je me procurai les intéressantes chroniques formant la première partie du présent volume. Leur acquisition en juin 1888, marqua, avec le décalquage de six inscriptions, également fait à Luang-Prabang, la fin de mes recherches sur l’histoire, closes alors par les événements. III Aussitôt en possession du manuscrit laotien de « Nang Malia Tévi », j’en ai fait la traduction avec mes compagnons cambodgiens Ngin et Soin. Ils ne parlaient français ni l’un ni l’autre, nous dûmes donc d’abord traduire le texte laotien en langue cambodgienne que je connaissais mieux. Un savant du pays nous assistait pour les passages difficiles ou douteux. J’ai pensé à placer ici, ce petit ouvrage, récit de l’histoire légendaire INTRODUCTION XXV de la fondatrice des royaumes d’IIaripoun-Saï et de Aakhône-Kélang, (aujourd’hui principautés de Lampoung et de Lakhône Lampang), prolo- gue en quelque sorte, de l'histoire du Laos occidental. Ecrit en IG 16, il ne dit que peu de chose sur l’histoire proprement dite de ces pays surtout de celui de Xieng-Maï se contentant pour ainsi dire de l’indication du nom des souverains et de la durée de leur règne. Cependant ses allusions au Siam cl au Cambodge, le nom des derniers rois qu'il cite, Opaiourach et Mékou, dont il est longuement parlé dans les chroniques du Laos oriental, pourront le rendre utile à l’établissement de l’histoire de ces parties de l’Indo-Chine. 11 ne contient qu’une date, celle de l’avènement du roi Mong-Laï, qui transporta la résidence royale de Haripoun à Xieng-Maï. Celle date, G71 de la petite ère indo-chinoise, I 309 de la nôtre, est à peu près la même que les premières rapportées par les chroniques déjà con- nues du Cambodge et du Siam et par celle qui va suivre, du Laos oriental : il est donc probable que tout ce qui la précède dans le livre, est la simple transcription de la tradition locale. Le volume forme quatre parties : 1° Histoire de Nang Malia Tévi ; 2° Liste de ses successeurs jusqu’à Atteutarach : 3° Histoire d’Atteutarach ; 4° Liste des rois successeurs. IV Le récit des événements dramatiques auxquels je dus les chroniques du Laos oriental a sa place dans une autre partie de l’ouvrage de la mission; la courte allusion laite ici montre que, dans des circonstances inattendues, un rôle tout d humanité et de sympathie, provoqua des sentiments de reconnaissance grâce auxquels j’obtins des documents XXVI MISSION PA.VIE ardemment, désirés, de l’existence desquels je n’étais pas sûr et que je n’espérais, en tout cas, devoir qu’à de longues relations dans le pays, à de patientes démarches ou de laborieuses recherches. Parvenu pour la première fois à Luang-Prabang en février 1887, con- tinuant le voyage dont il vient d'être parlé, je quittais, le dernier jour de mars, la capitale laotienne pour tenter de reconnaître une première route du Mékhong au Tonkin, Un si court séjour m’avait juste permis d’entrer en relations avec le vieux roi Ounkam, avec sa famille, avec le peuple. Une sympathie, vive pour tous, était née du premier contact. Elle devait bientôt se changer en une affection profonde, en une inaltérable amitié. Pour gagner le bassin de la rivière Noire par lequel je devais arriver au Tonkin, je remontais le torrentueux Nam-Ngoua, sous-atllucnl du Mékhong. J’avais quelques compagnons cambodgiens, dontNgin, celui qui m’a le mieux servi. Ues pirogues étaient conduites par des Laotiens, sous les ordres d’un petit fonctionnaire siamois (le royaume de Uuang-Prabang était alors tributaire du Siam). Ils devaient me laisser à Muong-Theng, centre le plus important du plateau que les Annamites appellent Dien-bien-pbu ; de là, je continuerais mon voyage par terre. Près d’atteindre le but, le chef siamois arrêta le convoi, se déclarant forcé de me faire rétrograder. Il venait, disait-il, d’acquérir la certitude de la marche menaçante d’une troupe inconnue ayant pour objectif Luang-Prabang et la rencontre de l'armée des Siamois. J'appris ensuite que Kam-Seng, vieux chef d’un district tout au Nord, sommé de reconnaître l’autorité du Siam et s'y étant refusé, s’était vu enlever les trois plus jeunes de ses bis: Kam-Sam, Kam-Houil, Kam-La et leur parent Kam-Doï, emmenés prisonniers à Luang-Prabang, et qu’il INTRODUCTION XXVII laisail marcher pour les délivrer son lils aîné, Kam-Oum, un vigoureux soldat. En route, Kam-Oum connut le départ de ses frères conduits par- les troupes siamoises à Bangkok. L’exaspération grandit parmi ses hommes et malgré ses efforts Luang-Prabang fut détruit. A 1 heure saisissante des paniques successives d’une population s enfuyant éperdue, j’eus le bonheur de sauver le vieux roi resté à sa place le dernier, et de pouvoir 1 emmener en sûreté avec sa famille à Paclay, à quatre journées au Sud. Là, sur la grande plage du fleuve, nos barques se touchaient. La population entière était groupée autour de nous. Très proche de notre groupe était la barque du chef des prêtres de Vat-Maï, un des principaux temples de Luang-Prabang. 11 avait eu, lors de l’attaque, la cuisse traversée par une halle. Dix-sept autres laotiens blessés étaient installés à terre près du bord. Chaque jour je les pansais ainsi cpic le prêtre : je lus assez heureux pour les bien guérir tous. Je n’ai pas besoin de dire quelle grande récompense je trouvai de mes soins dans les sentiments d une population chez qui la gratitude se trans- forme en un véritable culte. Je sus alors exactement que le pays de Kam-Seng, situé sur la haute Rivière Noire, c'tailpartie intégrante duTonkin dont il formait la frontière ouest du côté de la Chine. Habite par des 1 hais, il avait pour chef-lieu Muong-Laï que les Anna- mites appelaient Laï-Chau ainsi que les Chinois. Kam-Seng et Kam-Oum étaient des noms thaïs; pour les Annamites et les Chinois ces deux chefs s’appelaient: Déo-van-seng et Déo-van-tri. Je ne connus, a ce moment, (pie leurs noms cl la réputation de guer- rier du dernier qui, aux cotés de Lu Vinh Phuoc, le chef célèbre des Pavillons noirs, combattait contre les Français. XXVIII MISSION P AV 1E Je songeai que de ces hommes, redoutés de leurs adversaires, reconnus supérieurs chez eux, je pourrais me faire des amis véritables si je touchais leur cœur et je m’occupai d’arriver à rendre à l’un ses fds et à l’autre ses frères. On verra ailleurs comment ils devinrent des Français résolus, comment Déo-van-tri fut un collaborateur ardent de la mission, et tout ce qu’il fil pour la faire réussir. Ayant cité leurs noms, je leur devais ces mots de souvenir. Revenons aux manuscrits. Ce fut à Paclay que le frère reconnaissant du chef des prêtres blessé m’apporta les livresdes chroniques, qu avecl agrément du roi, il avait été, après la retraite de Déo-van-tri, chercher à Luang-Prabang, dans les décombres. Ce fut à Paclay aussi, qu’aidé de mes fidèles Ngin et Som, je les traduisis avec l’assistance d’un vieux serviteur du roi. Je consacrai deux mois à ce travail que j’expédiai en France la même 1. Les figures ont été exécutées d’après des photographies de MM. I' nquegnon, capitaine d’infanterie, membre de la mission (1); Brien, inspecteur des télégraphes (2 et 3) : Pavie (i cl 5). INTRODUCTION XXIX année, a\cc les originaux, aujourd hui déposés avec beaucoup d’autres, à la Bibliothèque nationale. V Combien il me charmait, le cher vieux roi Ounkam, dans les heures, Par moi toujours trouvées trop courtes, qu’il passait sous le toit de mon embarcation, au cours des pluvieuses journées de juin et de juillet, par- lant en regardant courir les eaux limoneuses, écumantes du fleuve. A. 1 heure du repas pris, il venait partager un peu de café sauvé dans le désastre. Appuyé sur la vieille reine, il marchait lentement les trois pas de la planche qui unissait nos barques. Je lui tendais la main, Ngin et Som maintenaient les bateaux dans le bruyant clapotis du courant. Quand ils étaient assis sur la natte cambodgienne, à la fois mon salon et ma couche, dans ce dénùmenl extrême où tous nous étions, je m asseyais aussi et je les saluais les mains levées, unies, prenant conten- tementau sourire de plaisir que ma déférence, un peu gauche mais sincère à leurs anciens usages, amenait sur leurs lèvres. La tranquille altitude de tout mon petit monde, en ces circonstances dures, maintenait leur courage. Ils attendaient pour rentrer à Luang- Prabang, le retour de leur fils, le roi d’aujourd’hui, en haie appelé de Bangkok. J y devais arriver avant eux, passant par le pays de Nan que je voulais connaître, roule longue, bien plus que celle du fleuve, mais remplie d’intérêt. Je tendais au vieillard sa tasse, bien sucrée, j’avais de suite connu son goût, faisant comme moi, il buvait lentement. L’épouse dévouée, que j aiais auc vaillante a 1 heure du péril, un peu en arrière de lui, respec- tueuse, attentive, écoutait ses paroles unissant son cœur au sien dans un regard d’une bonté touchante. Mon affection était pour tous les deux égale. La femme moins Agée d II. x\x MISSIOX P AV IE lui a survécu, mais elle l'a vu finir heureux ses jours parfois violemment agités1. Que ces lignes aillent jusque vers elle porter mon souvenir! Les gens des radeaux et pirogues, longeant la berge, reconnaissaient la barque au pavillon français; en nous voyant ensemble, ils prenaient un visage satisfait, et, en genre de salut, s’inclinaient respectueux, cessaient leurs causeries et cessaient de ramer. Le roi aimait surtout me parler des Français voyageurs au Laos qui m’avaient précédé et qu il avait connus : « Alors que mon frère Chan était roi, j’étais le second du royaume, j’eus charge, pour ce motif, d’accueillir ces Français de grand cœur qui passèrent par chez nous, examinant les peuples, la terre et l’eau : « Henri Mouhot2 ; « Commandant de Lagréc, MM. Garnier, Delaporte, Joubert, Thorel et de Carné3 4 ; « Docteur Paul Néïs*. « Je n’oublierai jamais le nom de l’un d’entre eux. Les avoir connus et aimés, m’avait rendu l’ami de leur pays. J’avais tout fait pour aider leurs éludes cl leur cire agréable. Quels sont ceux qui vivent? Si vous les revoyez, dites-leur que ma pensée leur est restée fidèle, cl quel sentiment de joie j’ai de devoir à un autre Français d’être au milieu des miens. » Il disait alors tout cc qu’il se rappelait de ses anciens lmtcs, se com- plaisant souvent à reprendre pour le refaire le récit de leur marche dans le Muong Lan-Chhang. Je lui demandais de parler des choses du passé ; il répondait pour me satisfaire puis revenait encore à 1 idée favorite; « Un seul Français est mort dans le royaume: Henri Mouhot. Eli bien cc sont précisément les gens du village où sa dépouille repose et qui veillent sur sa tombe, qui ont, ces derniers jours, avec leurs fusils 1. Le roi Ounkam, âgé de 87 ans, est mort le 15 février 1896, deux ans et demi après la réunion de son pays à notre colonie d’Indo-Chine. 2. 1858. 3. 1867. 4. 1883. INTRODUCTION \X\l défendu mon palais! Sans doute Mouliot vivant en eux augmenta leur valeur? Cinq ont succombé, leur chef et deux autres sont blessés! Gué- rissez vite ceux-ci, ils vous aiment comme moi. « J'ai exempté de loules corvées, jusque 5,000 ans accomplis, Ban- Peunom leur village. Par mon acte, les postérités connaîtront son courage et salueront les morts. » Ces gens de Ban-Peunom lui étaient devenus chers, il se plaisait à rappeler qu’ils n’étaient pas du pays, mais des Sip-Song-Pana et qu’au passage de la mission de Lagrée à Xieng-Houng en 1867, désireux d’émigrer avec leurs familles au Lan-Chhang, ils s’étaient chargés de ramener à Luang-Prabang les bagages que la mission ne pouvait con- tinuer à transporter dans son voyage devenu difficile. Dans la suite, combien j'eus moi-mème aussi à me louer d’eux! VI Lorsqu’à la lecture des chroniques laotiennes j’eus constaté que leur première date ne remontait qu’au milieu du xiv° siècle, j’interrogeai le roi, espérant qu'il m’apprendrait peut-être l’existence de quelque autre manuscrit relatant un passé plus lointain, mais je dus me rendre à son assurance qu’il n’y avait au Laos aucun écrit antérieur. C était la confirmation étendue aux régions du nord d’une obscurité historique déjà établie pour celles du sud, Cambodge et Siam, dont les documents historiques de ce genre ayant apparence sérieuse et précision, commencent à la même époque et ont vraisemblablement le même point de départ. Il restait donc à me contenter en ce qui concerne le passé, du préam- bule de ces chroniques dont on pourra rapprocher les quelques indica- tions enveloppées de fabuleux qu’elles contiennent, de celles fournies par les traditions cambodgiennes et siamoises, par les annales chinoises et annamites et par les inscriptions. XXXII MISSION PAVIE D’autres manuscrits sur les mêmes sujets que ceux présentés ici pourront être recueillis encore; il en existait certainement dans les diverses régions thaies, racontant le passé local des petits royaumes, entre autres, de ceux qui se partageaient le bassin du Ménam. Le vieux serviteur du roi qui nous assista dans la traduction de 1 histoire du Lan-Chhang, et qui avait une connaissance particulière des vieux temps, m’assura avoir vu l’histoire du pays de Nan et aussi celle des rois de Lampoung et Xieng-Maï faisant suite à celles de Nang-Maha lévi et du roi Atteutarach. Ce bon vieillard, mort récemment, répondait à mes questions en s’appuyant presque toujours sur des faits qui étaient quelquefois curieux. Je lui avais montré le manuscrit de Nang-Maba-Tévi, et demandé ce qu il lallait croire des guerres du genre de celles que les rois d’Haripoun et Louvo se faisaient d’après la légende : « Il faut être convaincu que les choses, autrefois, se sont souvent passées ainsi. Les prêtres intervenaient pour obtenir qu’on substituât au massacre des rencontres l’exécution dans chaque camp, d’œuvres semblables, dont le plus rapide achèvement indiquait le vainqueur. « Le ciel, prié des deux côtés, était considéré comme ayant favorisé ce ui qui 1 emportait. Mais la ruse et la mauvaise foi ayant presque toujours eu le rôle important firent qu’on renonçât à cet usage humain. « Les restes de ces mêmes œuvres montrent que la coutume sûrement a existé. « Mais, la preuve concluante est dans la tradition qui chez les Sao- Thaïs (Siamois), veut qu aujourd’hui les femmes se coiffent et s’habillent comme les hommes. « Il était arrivé, à une époque que précisent les annales de Louvo ou bien d’Ajuthia, je ne sais plus lesquelles, que l’ennemi était subitement venu camper près de la capitale. « Les Sao-Thaïs n’avaient rien préparé ; pris au dépourvu, leur ruine était certaine par les armes comme autrement. L’armée des adversaires INTRODUCTION XXXIII était forte deux fois ou trois plus que la leur. Ils proposèrent qu'au lieu de lutte, on élevât, pour connaître le vainqueur, un monument chacun de son côté. « Connaissant leur manque de travailleurs, l'ennemi accorda fade- ment leur demande. Puis il ne se pressa pas, cei tain de 1 emp i « Chaque mois on devait, l'un elles l'autre, vérifier l'étald avancement rjpc pmlippc I Dans ce péril extrême, pour sauver le pays du désastre, les femmes Sao-Thaïs demandèrent à prendre part au travail et pom que l'ennemi ignorât mieux la ruse, toutes se tondant la tete comme les hommes firent le sacrifice de leurs cheveux surperbes cl se vetiien en « En portant aux soldats le mortier et les briques elles jeterent leurs .. i -r, ri n monument. Plus de trente imite femmes longues chevelures au centie du rnoni et ieunes fillesase dépouillèrent &isi volonlairen « Le moment du premier examen des constructions venu 1 ennemi stupéfait en voyant leur travail presque achevé, comprit que la victoire des Saos-Thaïs ne pouvait être douteuse ; il se relira precip.tammen. riii. i r 1 rniVll SOllVCllH’ du SGI> ICC CClclltllll « Alors les Saos-Thaïs déclarèrent qu en some rendu, leurs femmes garderaient, tant que le royaume existerait, e costume stras lequel elles avaient accompli un acte s. mei.one „ , i *ii vi \x pour cela cru au lieu de la jolie « Et, « avait ajouté le vieillaid», c est pou J jupe et des coquets arrangements de chevelure des femmes du Laos, celles du Siam ont les cheveux coupés ras, et portent le langent, non Timlindmennes mais reieve entre tombant en robe élégante comme les Uamboci0iem les jambes en forme de panlalon. ,i. • - vi oiinc revenir à leur ancien et bien gentil « Pcut-etre aimeraient-etles ici. l’n.ihli du grand acte n indique en meme costume, mais la crainte que J oub o temps la fui de leur pays les retient îésignées. \XXIV MISSION PAME VII Les manuscrits traduits sur l'histoire du Laos oriental sont au nombre de cinq : 1° Histoire du pays de Lan-Chhang, IIom-Khao. 2° Abrégé de l'histoire du pays de Lan-Clihang, Hom-Kliao. 3° Chronologie de l’hisloire du pays Lan-Chhang, Hom-Kliao. 4° Histoire du Pra-Bang. 5° Histoire de Chantaphinit. J’y ai ajouté sous le titre de « Fragments de l’Histoire du Lan- Chhang », des extraits d'autres manuscrits recueillis plus tard par inter- valles et fournissant do nombreuses indications complémentaires. Ils ont été traduits comme les précédents livres avec l aide de mes collabo- rateurs cambodgiens Ngin et Som, sauf le 1“ et le IL, rédigés d’après la traduction de M. Schmitt et le IVe d’après celle de MM. Ngin et Oum. Le premier de ces ouvrages, le plus complet, forme quatre petits volumes. Son texte manque de dates ; seule, celle de l’année où l’exemplaire en ma possession a été copié, est indiquée (1857). L’ « Abrégé » cl la « Cl ironologic » qui le suivent en contiennent en abondance, I « Histoire du Pra-Bang » en donne quelques-unes et le IV" des « Fragments » qui terminent l’étude en comporte un grand nombre. Les indications, des noms de souverains, de la durée des règnes et des événements, renfermées dans les derniers manuscrits concordent avec celles que contient le premier et lui laissent ainsi toute sa valeur. L’ère employée pour les dates est la petite ère indo-chinoise (cholla sackarach) commençant en notre année 638. Cependant le manuscrit de la « Chronologie » se sert pour quelques-uns des événements qui y sont INTRODUCTION WW cités, de l’ère de Bouddha, considérée comme antérieure de 543 ans à la nôtre. Trois sur neuf de ces dernières dates ayant pu être contrôlées par la comparaison avec les autres ouvrages présentent les faits auxquels elles font allusion avec un retard de 12 à 14 ans. Je pense ces différences dues à des erreurs dans les transcription successives du manuscrit. J’at- tribue à la même cause celles qui se remarquent entre les divers ouvrages. La première date citée, 1316 (naissance du prince Fa-Ngom), se rap- proche des premières indiquées dans les chroniques modernes du Cam- bodge (1346), du Siam (1350) et du Laos occidental (1309). II est permis de croire que les livres dans lesquels elles figurent ont une cause commune d’origine, l’introduction définitive du bouddhisme au moins pour le Laos. L indication contenue dans l’inscription I. provenant de Suckolhaï1 faisant connaître que l’écriture thaïe daterait au Siam de 1283 appuie cette supposition ainsi qu’un passage de T « Histoire du Lan-Chhang », livre IL L’auteur ayant fait connaître que le Roi Fa-Ngom, époux de la fille du Roi d’Angkor, demanda à son beau-père les écritures et des prêtres pour enseigner la religion, ajoute : « Le vieux roi répondit : « Mes enfants n’ont pas les préceptes, je vais les leur envoyer ainsi qu’à tous les pays 2. » L'ensemble de ce recueil raconte la domination thaïe dans le Laos oriental; il permet l’établissement d’une histoire de ce pays de 1316 à 1836 que pourront appuyer de dates et de faits les chroniques khmères et siamoises, les Annales chinoises et annamites et aussi les inscriptions traduites par M. Schmitt. Celles-ci formant la troisième partie de ce volume apportent d’un 1. Page 192. 2. Page 32. XXXVI MISSION PAVIE autre côté une importante lumière surtout sur le passé de la vallée du Ménam. Elles comportent un total de trente et un documents provenant : 14 de Xieng-Maï, datés de 1195 à 1741. 2 de Suckothaï, — 1283 a 1361. 1 de Nagara-Jum1 — 1357. 4 de Xieng-llaï2, — 1484 à 1500. 2 de Muong-Pao, 1195 a 1502. 2 de Lampoung, 1500. b de Luang-Prabang, — 1548 à 1885 3 Les premières parties de l’histoire du Lau-Chhang sont évidemment l’œuvre des prêtres venus d’Angkor au Laos de même que la suite cl les autres manuscrits sont l’œuvre de leur successeurs dans les temples. Les auteurs ont recueilli les traditions locales, ils les ont rapportées y mêlant ce qu’au Cambodge on connaissait sur ce sujet montrant en de nombreux points du texte que les deux pays avaient eu des liens com- muns mais laissant surtout voir combien est vague ce qu ils savent sur le passé. L’ « Histoire du Pra-Bang », donne celle explication du nom de Sauana, qu’il avait été donné au pays parce que 1 or et 1 argent abon- daient dans ses terres et dans ses eaux. 11 faut comprendre qu’il y a sans doute là une simple confusion avec un autre de ses titres. L idée que 1 or y était commun autrefois se trouve partout dans les manuscrits ’. elle peut être l'indication d’un souvenir lointain du nom ancien de 1 erre d’or qu’avait eu la presqu’île. L’exposé religieux par lequel débutent ces chroniques, dénote surtout 1. Peut-être Muong Pré sur le Nam-Yom bras central du Ménam. 2. Ou Xiens-IIai. O ... 3. D'après VI. Scliniill l'inscription du V at Visoun, non datée, serait anterieure à 1548. 4. V oir pages 17 à 22 (tributs imposés par Fa-Xgom), 80 cl 1 19 a 123 (Histoire de Chantapliinit). F INTRODUCTION WW II îles iilces brahmmamques ; il montre une lois de plus que dans 1Indo- Cliine la religion bouddhique s’esl pour ainsi dire greffée sur celle quelle remplaçait ; il s’en dégage l’impression que la substitution s’esl faite pai- siblement et 1 idée que l'introduction de la morale nouvelle, loin d’être rendue responsable des maux qui marquèrent I époque de son apparition, a bien plutôt eu pour but de les adoucir ou de les réparer. La picmieie étape île 1 invasion thaïe marque pour 1 auteur la création de la population envahissante. Suivant 1 habitude bouddhique il s inspire du Ramayana pour expli- quer et décrire la naissance du peuple. La légende des courges n’a vraisemblablement pas, en effet, d’autre origine que le passage suivant de l’œuvre indoue : « Loumati, la deuxième épouse de Sagara, donna le jour à une verte calebasse ; elle se brisa et il en sortit soixante mille fils. Les nour- i ices filent pousser cette petite famille dans une couche île beurre.» L lustonc de Rotlnsen et de Nang-Kangrey 1 a, dans la partie légen- daire du préambule, une place que j’étais loin de prévoir lorsque je îesumais 1 «Histoire des douze jeunes filles »; aussi | ai regretté souvent de n’avoir, dans la suite, pas eu l’occasion de la traduire plus complè- tement. 11 reste beaucoup à apprendre pour qu'on puisse parler avec un peu d assurance du Lan-Chhang avant la conquête thaïe. Les chroniques laotiennes elles-mêmes laissent entre cet événement et la naissance du roi l'a-Ngom, première date citée, une lacune qui prolonge encore la période douteuse. Deux régimes importants y sont cependant indiqués comme l'ayant précédée: celui des Yacks et celui de Chantaphinit. Mais ces indications précieuses cependant, paraissent provenir uniquement de souv enirs trans- mis par la tradition : elles risquent de manquer d’exactitude sur plusieurs 1. \oir dans le volume de la Mission : Recherches sur la Littérature. « Histoire de douze jeunes filles. » XXW'III MISSION PAYIE points, par exemple lorsqu’elles disent que les populations étaient sau- vages quand les Thaïs arrivèrent et en ce qui concerne la série des pre- miers rois successeurs de Koun-L'a et la durée de leurs règnes. Emanant surtout du préambule de l’« Abrégé de 1 histoire du Lan-Ghhang », quel- ques-unes d’elles se trouvent contredites dans les autres manuscrits1. L’indication que le fils de Cliantaphinit aurait donné son nom, Swa, au pays ne paraît pas devoir être retenue sans observations. En etlct, dans la langue du pays, A aek et Swa sont devenus synonymes, soit parce qu’ils désignent effectivement une même race brahmanique, soit par le fait de l’oubli du passé et de corruptions successives de ces mots2 3 4 5. La même remarque s’applique à l’explication d’après laquelle le litre, Nagara, de la ville de Luang-Prabang était dû à ec qu elle avait, vue à distance, 1 apparence d un serpent1. 11 est certain que le pays qui est devenu Luang-Prabang a eu comme titres anciens ceux de Maha Nagara et de S; thaïe lui donna le nom de Xicng-Dong Yieng-Dong Luang-Prabang sous le règne de A isoun qui eut le trône de 1501 à ixvana : 1 invasion prit celui de 1520. 11 était anciennement habité par les Nagas ou Nacks \ populations indigènes gouvernées par une race de religion brahmanique connue sous le nom devenu fabuleux de Yacks et se trouvait probablement au moment de l’invasion sous la direction des successeurs de Cliantaphinit venus de Yieng-chang, qui, ainsi que Luang-Prabang, avait alors une impor- tance assez grande. L’une de ees deux \ illes devait être le centre d’autorité de la partie nord de l’empire khmer depuis la division survenue, d’après les Annales chinoises, au viuc siècle ’. 1. Le premier des « fragments de l’histoire du Lan Cldiang » montre que la popu- lation de Muong Tlicng était civilisée a 1 arrivée de Koun-La. 2. Yacksa, Yacks a, Java, Sava, Swa. 3. Page 12(5. 4. Pages 5 cl 17. 5. Vers 740. INTRODUCTION \\\l\ Elles peuvent aussi avoir eu un rôle simultané considérable1, en tout cas, Luang-Prabang paraît avoir été le dernier refuge du brahma- nisme au Laos2 3. Sa proximité de la Chine avec qui le Cambodge était en relations constantes et son voisinage de l’Annam contre qui cet empire soutint de fréquentes guerres, semblent lui avoir maintenu la prépondérance jusqu’au xm1' siècle. L arrivée des Thaïs a dû être fort postérieure dans le Lang-Chhang à 1’envahissement par celle race de la vallée du Ménam, le fait que les inscriptions thaïes y sont moins anciennes que dans le Laos occidental porte à le croire. L’empire khmer était sans doute assez fort à l’époque des premières migrations pour repousser des conquérants. Il laul supposer d’un autre côté que la tradition relative à la division du sol entre les fils de Borom peut être une allusion aux invasions successives des diverses régions où cette race s’est établie. Les indications suivantes appuyent, jusqu’à meilleure preuve, l'idée que 1 invasion de la vallée centrale du Mékhong pourrait être fixée aucou- raul du \ni" siècle alors que le désastre de l’inondation du Cambodge a rendu 1 empire trop faible pour résister aux envahisseurs cl qu’Angkor tombe pour la première Ibis : Les Annales chinoises montrent cet empire, étendu au commence- ment du \in" siècle, au nord de lTndo-Chine cl soutenant les Kiams dans leur lutte contre l'Annam \ La tradition klimère rapportée par M. Moura veut que l’inondation ait été causée par le roi des Nagas*. Dans 1 « Histoire du Lan-Chhang ». les interrogations des prêtres d Angkor aux serviteurs du roi Fa-Ngom établissent qu’à la fin du xiv° I. Les chroniques khmères disent que le roi de Yieng-Cliang envoya chercher les livres bouddhiques à Ccylan en (538. -• 11 existe encore quelques groupes brahmaniques chez les Kiams du Binli Thuan (Annam). 3. 1218. i. Par conséquent par un souverain du régime avant celui des Thaïs. XI, MISSION PAVIE siècle les régimes passés étaient considérés dans un éloignement dont lis habitants devaient avoir gardé le souvenir1 2 3 4. Enfin les différente manuscrits des chroniques s’accordent à dire qu à l’arrivée des Thaïs les anciens habitants furent refoulés dans la vallée du Nam-Ta et qu’au passage de Fa-Ngom revenant de faire la conquête du Lan-Na ils vinrent lui demander à le suivre. Leur demande devait vraisemblablement être basée sur le désir de retourner vers le pays quitté depuis un temps relativement court, et le 101 qui personnifiait un nouvel ordre de choses cul sans doute en \uc, en leur accordant 1 autorisation qu ils sollicitaient, de réparer I injustice du sort à leur égards. C’est peut-être au retour de cette race, qui fut établie sur la rive droite du Mékhong non loin de \ieng-Ghang, que 1 ancienne métropole sud du Laos dut de revenir au x\T siècle à une ère de grandeur et de prospérité. Le nom de Lan-Clihang® date seulement de l'invasion thaïe. \ oici une légende dans laquelle il semble prononcé pour la première lois et qui veut aussi en indiquer l’origine. Le roi Dombang-Kranhum (massue d ébène), usurpateur du tronc d’Angkor qui devait son nom à un bâton doué d une puissance surnatu- relle, avant été renversé à son tour, avait lance sa massue contre son concurrent à la couronne et elle s était perdue, celui-ci étant le protégé du ciel. Pour la retrouver Dombang-Kranlium avait inutilement, sur le con- seil des astrologues, fait creuser le canal qui unit Battambang au Grand- Lac v, lorsque ceux-ci lui apprirent que son bâton était allé tomber dans les plaines du Laos et qu il y avait tué, aux environs de A ieng-Cbang, un million d’éléphants. 1. Pages 36 et 105. 2. Pages 16, '24, 25, 27, 83 et 126. 3. Lan, du mot khmer Léan : million ; cliliang : éléphant en thai. 4. Vu Dombang, canal du bâton. INTRODUCTION XLI Dombang Kranhum partit pour le Laos, il y réclama l’ivoire du trou- peau ainsi exterminé ; n’ayant pu l’obtenir il se lit roi de ce pays où il mourut. La nuit sur les temps qui précèdent les faits rapportés ici comme sur ceux, leurs contemporains, connus pour la région de I Lulo-Chine procé- dant de la civilisation kbmère, a eu évidemment, en plus de l’action de la nature (thermites, eau et feu), des événements considérables pour cause. Il se peut que l'invasion musulmane à laquelle Marco Polo fait allusion comme ayant frappé le Kiampa en 1292 n’ait pas atteint que ce pays. L invasion lliaïe dans le Laos oriental, si, comme je le pense, elle a eu lieu après l inondation du Cambodge et coïncidé avec la première chute d’Angkor, pourrait être aussi bien plus que la substitution du bouddhisme au brahmanisme un des principaux agents destructeurs qui ont épaissi jusque dans ce dernier pays le voile que les inscriptions recueillies et traduites par M. Aymonier ont déjà soulevé, lèveront peut-être. XI.H MISSION P A VIE VIII Quand, en 1879. je me préparais à ma première excursion dans l’intérieur de l’Indo-Cliinc, j’interrogeai longuement M. Harmand, un de mes plus distingués devanciers dans la voie des explorations de celle x’égion, sur ses voyages au Cambodge, au Siarn, au Laos et en Annam. Sa grande expérience faisait de ses conseils des enseignement utiles. Notre ministre actuel au Japon représentait alors la France à Bangkok. Il appela en particulier, et d’une manière loule spéciale, mon attention sur M. Sclimitt, missionnaire à Pétriou (Siam). comme éianl le seul pouvant traduire les inscriptions en vieille écriture thaïe que je trouverais à relever au cours de mes pérégrinations. Fixé au Siam depuis plus de vingt ans, M. Schmitt joignait à une connaissance approfondie de la langue thaïe, celle du chinois et des langues de l'Indo-Chine, celle du sanscrit, du pâli et de la plupart des langues d’Europe. Depuis longtemps déjà il se préparait au déchiffrage des écritures anciennes du pays. L’indication de mon affectionné maître cl ami n’était pas seulement un avis précieux, elle contenait l’expression de la plus vive sympathie et de la meilleure amitié pour l’homme qu’il désirait que je connusse et qu’il me donnait pour collaborateur. Aussi j eus tout de suite le désir extrême de le rencontrer. Les circonstances firent que l’occasion ne s’en présenta (pie quatre ans plus tard. Ce fut .M. Ilarmand (pii me l’offrit. C’était en mai 1883 ; traçant la ligne télégraphique qui allait, deux mois plus tard unir notre colonie de Cochinchinc au Siam, je longeais le fleuve de Pétriou lorsqu’un matin, un coup de sifflet mit tout mon monde sur la berge. On me cria : « Lin vapeur! Le pavillon français! » INTRODUCTION XLIII Un instant après, j'embrassais M. Harmand et il me disait : « Je vous emmène chez M. Sclnnilt, sa chrétienté est à trois heures d'ici! » Prévenu, M. Schmitt nous attendait sur la rive. Des drapeaux M. Sclnnilt. lançais, des llcurs à profusion décoraient sa toute rustique habitation. Deux vieux canons chinois, reliques du temps où les bateaux marchands étaient armes dans ces parages, saluèrent notre arrivée. Trois mille chrétiens, étonnante confusion de Siamois, de Chinois et d Annamites, \I,I\ MISSION I’AYIE rangés sur le bord et sur noire passage ou debout sur le seuil des portes, s’inclinaient contents, nous regardaient avec complaisance et pour nous mieux voir se pressaient sur nos pas, envahissaient la case. Notre séjour fut court chez le missionnaire, vingt-quatre heures à peine. Comme tous ceux qui le connaissent je lus séduit par son regard doux et sa bonté touchante, par son caractère enjoué et sa science du pays, enfin j’eus pour lui, dès ce jour, la sincère allcclion que je lui ai gardée. Je lui laissai les deux premières inscriptions que j avais recueillies ; quand nous le quittâmes, il travaillait déjà. Né à Strasbourg en 1 839, M. Schmitt entra au séminaire des Missions étrangères en 1800 et partit pour le Siam trois ans après. Il y fonda successivement plusieurs chrétientés et en dernier beu celle de Pélriou où il resta définitivement. En 1808 il fut attaché en qualité d'inlcrprèlc-traductcur à la mission de M. Ducliêne de Bellecourt venu comme plénipotentiaire au Siam poul- ie traité intervenu avec la France à celte époque. En 1809 il revint en Europe accompagnant son évêque au concile du Vatican. Encore en France au moment de la guerre de 1870, il partit à la suite de nos soldats de l’infanterie de marine faits prisonniers à Bazeilles et resta à Dresde comme aumônier volontaire des 2i.000 Français qui y étaient internés, jusqu à leur complet rapatriement. Dans celle situation, grâce à la protection toute spéciale de la prin- cesse, devenue plus lard reine de Saxe, d put rendre les plus grands services aux blessés que la princesse visita chaque jour avec lui. Revenu au Siam en 1871 M. Schmitt reprit au milieu de ses chrétiens la x ie d’activité qui lui est familière, consacrant ses heures de repos a l’élude qu’il affectionne, des langues utiles pour son rôle de missionnaire. C’est là qu'avec M. Harmand je vins lui demander d’etre mon collaborateur. Bien souvent je l’ai revu depuis celle visite (pie nous lui fîmes à INTRODUCTION NLY f Pélriou. Plus dune (ois, au temps des grandes marches sans fin, j'ai séjourné sous son toîl, comme aussi sous celui de plusieurs de ses confrères, laissant passer la fièvre, reprenant des forces, retrouvant auprès de lui la I1 rance pour quelques jours. Les inscriptions que je recueillais en cours de route je les envoyais à mon ami par les occasions sûres. Il les a toutes traduites au fur et à mesure cl les présente lui-même dans la seconde partie de ce volume a\cc ses idées personnelles. Il en a ajouté quatre que M. Archer, consul d Angleterre, a relevées aux environs de Xieng-Maï et que mon distingué collègue m’a autorisé à joindre à cette publication. Lorsqu en 189.1 les événements du Siam nécessitèrent l’envoi à Bangkok d’un plénipotentiaire français M. Le Myre de Yilers, M. Schmilt lui attache a sa Mission comme interprète cl traducteur. Le représentant de la h rance eut grandement a se louer des services qu’il lui rendit dans tes circonstances délicates et sur sa demande, le gouvernement de la hépublique récompensa son rôle tout de patriotisme et de dévouement en lui envoyant 1 étoile de la Légion d’honneur. LAOS ORIENTAL 1 HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CHHANG, HOM KHAO (MILLIONS DÉLÉPHANTS ET PARASOL BLANC) Luang-Prabang et Vieng-Chang LIVRE PREMIER Aux Lieux sc trouve le Pra IuJ 00 éléphants. Il la conduisit à Dan Moun, après avoir soumis les Muongs Hin et \gao. Le pays de La n-Na avait alors pour Roi le Cliao Sam-Pli va. Celui-ci rassembla 400,000 hommes, en donna le commandement à son Scn Muong et vint s’établir à Xieng-Scn \ iIle capitale du Lan-Na. Pba-Ngom monta sur l’éléphant Hom Xieng-Tong, et, franchissant le Me-Kok '. vint avec Khoa-Kim, un de ses généraux, attaquer le Sen Muong du Lan-Na qui perdit la bataille et fut tué sur la tête de son éléphant. Le Ghao Sam-Phya se sauva dans l'enceinte de Xieng-llai5 * 7. Fa-Ngom l’y poursuivit et s’empara de tous les Muongs voisins : Muong Ixèo, MuongLem, Muong liai, Ban-Miiou. Muong Nhong Ifouo- Kong, Mouo Pliai. Muong Loue, Muong Kun cl Muong Xicng-Ken. Dans cette situation Sam-Phya sc vil obligé d’envoyer le Koun Kam, le Moeun Soun et le Moeun Kang vers le Roi du Lan Clibang. Ils lui ollrirent Xieng-llai comme tributaire de 1,000 recks°de paddy par an et lui dirent : « Nang Ansa, lille du Pliva Sam-Phya, est très jeune, sitôt qu’elle aura dix-neut ans, notre Roi vous l’enverra, il vous demande d’accepter qu elle soit votre femme et de faire préparer les oreillers et les nattes. » ils apportaient en présent : 2 moeuns d’or, 2 sen d’argent 1 i. Les Vouas habitants du \ieng-mai. a. Les Kéos annamites. 3. Rive droite du Mékhong. /|. Rivière dont le continent sur la rive droite du Mékhong est un peu au-dessous de Xierig-Sen. 5. Sur le Xam-kok. (). Charges de riz. 7. Moeun: 10,000, Sen : 100,000. MISSION PAVIE 24 la bague Yal Xieng-Scn, la pierre précieuse Pilou cl deux autres bagues nommées Yat Xieng-Hai et ^ al la-Louong. Les envoyés demandaient que le Loi Fa-Ngom se retirât a Pa-Day avec son armée; le Ghao Sam-Pliya abandonnant au Lan-Chliang ses droits sur les cantons au-dessous de ce passage. Ils avaient aussi de 1 or et des présents précieux pour les généraux. Ils obtinrent la retraite du vainqueur. En descendant vers Xieng-Dong Xieng-long, ba-Ngom trouva a Sup-Ta les Khas-Kliaos, arrives pour le saluer. Ils habitaient les forêts sur les rives du Nam-Ta jusqu aux Muongs La et Ko et jusqu’aux frontières Lues, depuis que Koun-La les avait chassés des bords du Mé-Nam-Khong. Ils demandaient à le suivre. Le Roi les accueillit avec bonté cl lut content de leur démarche. Il voulut que leur race subsistât néanmoins dans ce pays et désigna vingt familles pour retourner habiter chacun des trois points suivants : Pou-Koum, Pou-Chomleng cl Pou-Kang. Avant de les congédier, il leur dit : « Ne soyez pas méchants pour les Laotiens Thaï, ne soyez pas voleurs, ne vous combattez pas, conservez bien ces paroles : les jours, Moou Kap, Mocu ITap, Moeu Lovaï, Mocu Mcng et Mocu Peuc, sont des jours permis pour la guerre, tandis tpi au contraire les cinq jours Moeu hat, Mocu Kot, Moeu llouan, Mocu I bao cl Moeu Khâ sont des jours de paix obligée.i. 2 » « N’enlevez pas les bœufs ou les buflles les uns des autres. » « Celui qui ne sera pas respectueux de ma volonté, je le ferai con- damner ii payer pour son rachat le poids d or cl d argent de celle roche, que je fais, pour cet objet, porter à Xieng-Dong, Xieng-long. » Ceci dit, on tua des buffles qu on partagea et mangea, suivant leur i. Pa-day, limite sur le Mékliong du Lan-Chliang el du Lan-Na. a. La semaine des lvlias est la décade. HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CHHANG, IIOM M1AO 25 usage, en guise de serment, et les soixante familles reprirent satisfaites la route de leurs montagnes. Il emmena tous les autres. En comptant les femmes et les enfants, ils étaient 100,000; il les plaça provisoirement dans le pays de Pou- Bûn el leur donna pour chefs Xieng-Pô et Xieng-Pao. II chargea ensuite son général Koa-Kim de veiller spécialement sur eux. Fa-Ngom rentra a Xieng-Dong Xieng-Tong après une campagne de deux ans ; il put alors voir le visage du fils né en son absence. L’apercevant dans les bras de Nang Kéo, tille du Roi d’Enthipat, il le nomma Houn- Run (bonheur de la maison) et le combla de caresses. Peu après son retour, Fa-Ngom prépara une nouvelle guerre. \ leug-Chang 1 ne reconnaissait pas son autorité; il lit scs préparatifs et l'armée se mit en marche, lia Pô et Ha Kikè en conduisaient la tète. Le Roi suivit. Lu Thao-Kaï, descendant de Roun-Ivcll cl Koun-Kan, tenta d’arrêter lia Po, il lui tué. Jla Po lut nommé Chao de Sai, on 1 appela ensuite Sai-Pô. Celle première allairc avait eu lieu a Xieng Soin. Fa-Ngom amena 1 armée a hIla-lvcng. Sai-Po et Hakikè attendaient en avant, lorsqu’on ajipril (pie le Chao \ieng-Mong, qui gouvernail \ ieng-Chang, et le Pliva lvhao de \ ieng-Kam 2 s’avançaient avec 200,000 hommes et 500 élé- phants. Ces deux princes étaient père et fils. Ils marchèrent sur l’armée de Fa-Ngom et l’attaquèrent à Tha-\a-\cua. Sai-Pô et Hakikè étaient à Tin-Champi. Xieng-Ylong avait 1 éléphant \ ang-Bouri, Haut de huit coudées et Pliya hliao conduisait celui nommé Sen-Nang-lvoi, haut de 9 coudées. i. Capitale sud du Laos occidental, a. \ ille du Traninh. 26 MISSION PAVIE Sai-Pô montait Pèo-Riakval, Bakike était sur Ivoan-Louong-Pha cl le Roi avait son beau Hom Xieng-Tong. Rakikè tua Xieng-Mong sur son éléphant. klioa-kim combattait contre Phya-Khao, Sai-Pô arriva à son aide. Phya-Khao, voyant 1 élé- phant de Sai-Pô plein de fureur, n’osa l’attendre et se retira à A îeng- Kam. Fa-Ngom entra alors à A icng-Chang, il envoya Rakikè, khoa-kim et Ba-Sun pour s’emparer de Vieng-Kam ; mais, peu après leur arrivée devant le muong, ceux-ci lui écrivirent que Phya-Khao refusait le combat et se tenait renfermé dans sa ville qu’on ne pouvait attaquer à cause des bambous de l’enceinte. Le roi lit faire des anneaux d'or et d’argent et les envoya, disant d en garnir les flèches avec lesquelles ou attaquerait trois jours de suite, et il ordonna qu’après celte attaque on se retirât et vînt prendre son conseil. Ces ordres exécutés, les trois officiers avec leurs soldats allèrent vers Nakon-Thaï ‘. Lorsqu’ils furent à Krop-dan, Fa-Ngom donna à Rakikè le titre de Moeun Ixé et ramena l’armée cerner et prendre A ieng-Kam. Comme Phva kbao, prisonnier, ne voulait pas aller mourir à Xieng- Dong Xieng-Tong, le Roi l’y lit conduire par terre, mais il n y arriva pas et mourut à Ban-Tin-Heng, aujourd’hui Muong Song. F a-Ne o ni revint à A icng-Chang : il lit faire le dénombrement de ses o o o armées. Il se trouva qu’il avait de Iloué-Louongi. 2 jusqu’à Pa-Day au Nord, 5,000 éléphants, 1,000 chevaux et 600,000 hommes aptes îi la guerre. Il nomma Ba-Siem, Moeun Kohang et le lit chef de celte région. Depuis Pa-Nam-Iloung jusqu à Xieng-Sâ en bas et jusqu à Den- i. Nakon-lliaï; la capitale thaï, A ieng-Chang. a. Alors la limite sud du Luang-Prabang proprement dit. HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CHHANG, HOM KIIAO 27 Chang, Dan Lovek ei la frontière annamite, il avait 1,000 éléphants, 500 chevaux et 400,000 hommes disponibles. Il (il Bakoum, Moeun Chang et lui confia ce commandement. Alors Pha-Ngom chargea Khoa-Kim d’aller chercher les Khas-Khaos à Pou Ban d’en établir à Pa-Den Phatep et Nong Yieng Chang 10,000 familles, et les autres aux nongs Han Noi, Han Louong, Pou-Van-Bao et Sena-Sai '. Cette opération terminée, il appela 600,000 hommes et leva 500 élé- phants pour aller provoquer le l\oi de Lan-Piyéa Si-Juthiai. 2, laissant 400,000 hommes et près de 3,000 éléphants pour la garde du pays de Lan-Chhang. Moeun Kèet Moeun IÂohang marchèrent avec la tête de l’armée, Khoa- Kim avec la gauche; Sai-Pô conduisit la droite et Moeun Chang cul l’arrière, tandis que Fa-Ngom était au centre et dirigeait l'ensemble. On suivit la route de Bouo-Kona; et arriva à Vieng-Pan-Ngam. Le Chao de cet endroit fut pris et la marche continua dans la direction de Roï-Ett-Patou3. S’emparant des chefs de tous les pays, il soumit successivement les Muongs : Passai, Passakicn, Passing, Pannaray, Nang-Teen, Sékamat, Sapan Sikiet et Kôn-Ping-Dett. Dans le dernier il prit les Phyas Glian el Tam. Ces Phyas, comme tous les chefs capturés, étaient fils ou neveux de Koun Pahang, qui com- mandait pour le roi de Roï-Ett-Patou. Fa-Ngom, sans égards, les fit tous enchaîner ainsi que leur chef et leur Roi et les jeta dans la prison d’Ett-Patou. Puis il envoya un courrier au Roi de Si-Ajutliia, lui annonçant son arrivée et lui demandant s’il avait ou non le désir de le combattre. i. Réglons marécageuses ou inondées, sur la rive droite du Mékhong au Sud de N ieng Cliang. a. Si \jiilliia, alors capitale du Siam. 3. La ville aux cent-une portes. 28 MISSION PAVIE Et sur son passage, le vainqueur se montrait impitoyable, incendiant les villages, détruisant les temples, pillant, démolissant tout. Le Roi d’Ajuthia envoya sa réponse, il disait : « Nous sommes frères depuis Borom. Voulez-vous augmenter votre royaume? Prenez de Dong Sam-Sao à Pou Phya Phâ, limite du Nakôn Thaï. Je vous enverrai chaque année du sucre en tribut, et dès que ma fille, Nang Kéo-Yopha, sera en âge, je vous la ferai conduire pour femme, préparez nattes et oreillers. » A ce message, étaient joints en présents, 50 éléphants mâles, 50 fe- melles, 2 moeuns d’or et 2 moeuns d'argent, 1 sen noui de cornes de rhi- nocéros, une foule d’autres objets, 100 de chacune de leurs sortes. Fa-Ngom avait donné l’ordre d’apprêter la mort de tous les princes et du Roi prisonniers à Roi-Ett-Patou. Dans ce temps, suivi d’une foule humble et nombreuse, un prêtre se dirigea vers le camp du roi Fa-Ngom. Celui-ci, le regardant s’approcher, attendait pour donner des ordres, quand il le vit à cinq brasses de sa personne, il dit : « Quel motif vous a amené ici? » « Je suis venu pour vous entretenir, je suis le disciple du Maha Passa- man, qui lut votre père nourricier. » Fa-Ngom le fil asseoir, et demanda : « Que désirez-vous? » Le Mafia Teng répondit : « Quand vous naquîtes, vous aviez 33 dents, les avez-vous toujours? » « Je les ai toutes perdues. » « N’en avez-vous pas eu de nouvelles? » « 33 autres oui remplacé celles tombées. » « Quand les premières étaient vivantes, fûtes-vous heureux ou mal- heureux? » « Dès le jour de ma naissance, j’ai pu manger avec ces dents, elles ont causé mon bonheur. » HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CIIHANG, IIOM KHAO 29 « Des anciennes on des nouvelles, lesquelles onl été les meilleures?» « Elles onl été également bonnes, ni les unes ni les autres ne m’ont mordu la langue. » Le prêtre, cessant d’interroger, dit: « Ce Roi, qui a acquis (le grands mérites autrefois, a aujourd’hui une grande sagesse, il répond avec habileté aux questions les plus subtiles. » Ayant ainsi parlé, il lit une instruction aux généraux et à l’armée. Après, il dit à Fa-Ngom : « Accordez-moi la grâce du Roi de Roï-Ell- Palou et des princes vos prisonniers. » Aussitôt le guerrier rendit à ceux-ci la liberté et leurs provinces. Le Malia Teng se retira par la fenêtre cl disparut dans les airs. Plia Ngom ayant au mieux organisé ces provinces, ramena les soldats vers le Lan Clihang et s’arrêta à Vieng-Chang. Dans le Sena-Amat, il avait un vieux serviteur qui était Sen-Muong, il 1 éleva ainsi que le Moeun Koban Kobang au-dessus de tous les autres. Puis, pour commander l’armée, il nomma cinq chefs. Un, fut Moeun- Louong, supérieur aux quatre autres, les Chaos Khoa et Sai, les Kouns, Nheua et Thaï, qui avaient les titres de Moeun-Na, Moeun-Pcn. Moeun- Nheua cl Moeun-1 liai. Les deux premiers eurent la charge de la tête et les deux autres celle de l’arrière. Il eut, pour le service du palais, le Nai-Louong-Nheua chargé delà lace, et les ( diao-Koun-Micua et Nai-Louong Tliai furent chargés de l'ar- rière; ils devaient fonctionner près du Roi à la guerre comme au palais. Le chef de province le plus élevé en fonctions fut le Moeun Chang; vinrent ensuite : le Cliao Vieng-Kang, le Cliao Vieng-Kè, le Moeun Pa- Nam Iloung, le Cliao pak-Houé-Louong et le Cliao Muong Xieng-Sâ. Pour le Lan-Chhang même, il nomma quatre hauts fonctionnaires : les Cliao Muong Ken-Tao, Cliao VIuong-Nong-Boua, Cliao Muong Sai- hao et Dan-Sam-Moeun. Alors le Moeun Chang, le Moeun Kobang, le Moeun-Luong, tous les 33 MISSION PÀY1E Chaos et tous les Phyas, tous les chefs, tous les officiers, l’armée entière et tout le peuple, élevèrent les mains vers le lloi, disant : « N ous nous avez faits grands, fiers, vainqueurs de tous les pays, nous vous remercions et voulons vous élever à nouveau sur le trône de Lau- Glihang ». Le Pra-Chao Fa-Ngom, ayant entendu ce langage du peuple cl de ses compagnons de guerre, répondit : « Vous parlez ainsi, je suis cou- lent, j’accepte ». Aussitôt tout le Séna-Amat s’occupa de préparer la cérémonie, sur le terrain où fut plus tard le Yât Passac Ceci terminé, on vint chercher le Roi, et pendant 7 jours et 7 nuits toute l’armée, le palais et le peuple furent en fête, on tua 10 éléphants, 1,000 hœufs et 2,000 buffles destinés à être bien préparés en nourriture. Puis le Roi parla ainsi, aux chefs, en présence de l’armée et du peuple arrivé par toutes les rivières : « Vous allez veiller aux usages et tenir la justice dans le Lan Chhang; faites qu’il n’y ail ni pirates, ni voleurs, ni assassins, ni rebelles. » « Veillez à ce que les maîtres soient bons pour les esclaves, qu’ils ne les tuent, ni ne les frappent, mais pardonnent leurs fautes. » « Si des chefs ou leurs enfants se conduisent ou jugent mal, le chef qui les arrêtera devra faire examiner leurs fautes par d’autres juges, afin que l’on ne puisse supposer l’injustice. » « Les coupables devront être punis en raison de leurs fautes et relâ- chés de la prison au jour fixé par le juge, afin qu’ils puissent retourner dans leurs familles et tâcher d’y vivre encore. » « Il y a dans le pays des gens riches et des gens pauvres, il faut que chacun accepte sa situation afin que nous ne soyons jamais obligés de punir par la mort. » « Si des ennemis en dehors des frontières préparent l'exécution de méchants desseins contre le pays, sitôt instruits, prévenez, ne gardez pas ces choses graves en votre cœur. » i. N al Passac: temple royal. HISTOIRE DU PAYS DE E \ \ - CH H AN C., IIOM Ml U) 31 « Dans le courant des douze mois de l'année, eîivovez-moi des rap- ports sur l’état de vos provinces, et, vous-mêmes, venez tous les trois ans à \icng-Dong \ieng-Tong, pour y apporter l’impôt. » « Nous remercierons ensemble ThengFa-Koun, Theng Kom, Tlieng- Ten, Theng Chhang, Theng Teuc. Thao-Yeu, Thao-Lai, Mc-Ngan-Ngam, Mè-Mol, et leur ferons des ollrandes!. » « Nous saluerons les génies protecteurs cpii résident à : Pa-Tung et Sup-IIou, Sup-Sénan, Sen-Kao-Klia, Sup-Kan, Sup-Op, Sop-Dong, Pakap-Kè, Pa-Tang-Nai, Lac-Man, Thai-lvan Na-Rai-Diho, Pou lxhao- Klias, Pa-Koang, Kan Fan-Yep, Kan-Khai-Plia. » « A ces génies et à ces esprits, nous sacrifierons en arrivant la chair de 36 buffles. » « A ous vous préparerez pour ce voyage à partir du premier mois, il faudra cire arrivés au Muong Swa le troisième. Celui qui ne se confor- mera pas à cet ordre ne sera pas un homme droit. » Ainsi parla le Roi Fa-Ngom à \ ieng-Chang, tout ce qu’il a prescrit a été observé dans la suite, et les fêtes et ollrandes aux ancêtres et aux génies ont permis de connaître les cœurs des bons et des mauvais Chaos et Pliyas du Muong Lan-Chliang. Il dit encore qu il ne fallait pas réduire en esclavage Ios gens du royaume, qu on 11e devait point être sévère pour les fautes, qu’il ne fallait point tuer les assassins, que c était assez d un mort, qu’en faire un second était une faute : que l adultère devait être puni 5 liais d amende, enfin que les chefs ne doivent pas accepter I argent offert par les hommes appelés pour 11e pas aller a la guerre; que celui qui reçoit un ou deux bats est aussi coupable que si on lui eu donnait 100 ou 200. « Ces mauvais chefs- là méritent d être remis hommes du peuple. » Le Roi dit encore bien des choses qui n ont pas été rapportées et il congédia tous ceux qui devaient retourner dans les provinces. Puis il revint a \ieng-Dong Xieng-'l ong par la roule de terre avec ses soldats. . Indra, les quatre protecteurs célestes du pays et les quatre ancêtres du peuple. 32 MISSION PAVIE Nang Kéo, la Reine, appela lout le peuple pour venir le recevoir e! lui incllre ainsi qu’à ses compagnons, suivant l’usage, des cordons de colon blanc aux poignets. Les grandes cérémonies du sacre furent renouvelées afin que le règne eût encore de longs jours, que le Roi et la Reine eussent de beaux enfants et que les peuples fussent heureux dans la suite comme alors. Ayant conquis tant de provinces, le Roi Fa-Ngom était revenu au pays pour y jouir du repos. A celte époque le peuple n’était pas instruit dans la religion, on ne connaissait pas Pra-Put ', on ne s’adressait aux prêtres en aucun cas, toutes les prières et les souhaits allaient vers les esprits des ancêtres. On était armé de lances et de sabres, on avait parcouru la terre victo- rieux, on ne craignait, on ne respectait rien du lout, les anciens soldats se disaient « invulnérables », faisaient ce qui leur plaisait. Nang kéo ne put supporter l’oppression du pays par les guerriers, elle dit au Roi son mari : « Je vois qu’on ne suit aucune doctrine, qu’on n’observe aucune règle, aucun usage : le fort fait la loi au faible, comme une chose naturelle ; permettez, Roi et maître, que j’aille retrouver mon père. » Fa-Ngom répondit à Nang Ivéo, bile du Roi Nakon-Louong : « Eli bien! non, écoutez; nous allons envoyer demander au Roi d’En- thipat, votre père, les écritures et des prêtres pour enseigner la religion. » De suite il désigna un ambassadeur auquel il remit les présents des- tinés au grand Roi : 3 moeuns d’or, 3 moeuns d’argent et les bijoux nommés Nam-Dong, Pou-kha et Cliompetli. Lamission étant arrivée Nakon-Louong, le vieux Roi dit : « mesenfants n’ont pas les préceptes, je vais les leur envoyer ainsi qu’à tous les pays. » Il dit aux Maha Teng, Malm Passaman Cliao et Malia Teng Tépa Lankai. 2 de se préparer à partir avec 20 disciples en même temps que i. Le Bouddha, a. Prêtres bouddhistes. HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CHHANG, HOM K. HA O 3:5 l’envoyé du Roi Fa-Ngom et leur annonça qu’ils emporteraient avec eux la statue nommée : Pra-Bang! Le Pra-Bang n’avait pas toujours existé. Les gens pieux de Lanka', ayant un jour réuni leurs offrandes, avaient été saluer le Pra Maha- cholla-Nakateng1 2 et lui avaient dit : « Nous voudrions une statue du Pra-Put et avons pour la faire, ce trésor; veuillez nous conseiller. Il s’y trouve des choses dissemblables qui 11c s’allient pas d’habitude, telles que bracelets d’or, bagues avec diamants, objets d’argent, de cuivre, de fer, des pierres précieuses et de l’étain : chacun est désireux de voir, sa part même, entrer dans le mélange. » Le prêtre ayant entendu leur souhait, dit : « Bien, » et disparut. Il arriva dans la région de l’Hémovan3,. près de la roche nommée Pratom Okap4, il s’y trouvait vingt ermites. Il exposa aux deux plus âgés le motif de sa course et, pendant qu’il parlait, Pra-In et tous les esprits du ciel entendaient son langage, ils pensaient : « Pra-In est le premier ici, Maha Cholla Nakateng est le premier sur la terre, c’est à ce dernier qu’il appartient d’envoyer les deux ermites chercher le trésor, après quoi Pra-In avisera. » Cette pensée ayant été communiquée au prêtre de Lanka, comme il achevait de parler, il ajouta : « je vous demande donc de partir au plus tôt. » Pendant ce temps, l’offrande des habitants de Lanka avait été déposée dans le temple royal. Les ermites arrivèrent, l’y prirent, n’en laissant pas la plus petite parcelle, et le Roi de Lanka y ayant ajouté 100 nikas d’or 1. Ccylan. 2. Le religieux du petit serpent. 3. Ilymavana : Himalaya. 4- Prathama Kalpa, première née. IL 5 MISSION P.WIE :î'. pour le cœur et les pieds, ils revinrent à l’Hémovan après lui avoir dit de faire préparer la fête pour accueillir la statue dont I arrivée serait proche. Pra-In et lous les dieux ajoutèrent chacun une part d’or au trésor, puis le Pra Maha Gholla Nakateng et les ermites le pesèrent et le Té- vada-Visakam 1 le fondit. Cette opération eut lieu au jour naissant, le 15 du 4° mois. Alors Pra-In cl la population des cieux accompagnèrent la statue jusqu’à la capitale de Lanka. Maka Nakateng prévint le Roi. Aussitôt tout fut en fêle. Les riches offrandes affluèrent. Parmi celles que le Roi déposa au pied de la statue sainte se trou- vaient, dans un vase d’or, cinq petits morceaux d’ossements du Pra Kudom, notre maître. Agenouillé sur le sol, devant le Sena-Amat et les prêtres, en présence d’une foule immense accourue, le monarque pieux dit ainsi : « Tous, nous demandons que ce Pra, œuvre du ciel, protège les êtres dans Lanka, qu’il répande la doctrine vraie au dehors et rende lous les peuples heureux. Si notre souhait est exaucé, que ces cinq os du Pra Kudom pénètrent de suite dans sa statue. » En même temps qu’il achevait, les osselets se placèrent dans le front, la gorge, l’estomac et les deux mains du Pra tout resplendissant. Le sol aux alentours se joncha des fleurs, qu’en parlant, jetèrent les anges joyeux. Après sept jours d’exposition et de fêtes, le Roi lit bâtir un temple en un lieu très favorable nommé Sra Bang Kala, de là le nom de Rang donné à la statue neuve. Il y eut d’autres motifs, ces deux-ci : On appelle khao-bang l’action de réunir des objets comme on l’avait fait pour 1 offrande et pour la fonte ; et, on donne le nom de bang (allégé) ;i l’état dans lequel se trouvent les gens malades ou chargés de fautes qui, après avoir prié au pied du Pra, sont guéris ou pardonnes. i. \ isnhou-\ arma : un des architectes d’Indra. 111 ST O II! E 1)1 PAYS DE 1, A N-Cil 1IAA G , HOM K1IAO 35 Pcndanl que régnèrent sept Rois, Pra-Bang mil sur Lanka toutes les félicités terrestres. En ce temps, le Malia Pulla lvossa Clian Cliao1, d’Enlliipal, avant été s’instruire à Lanka, lit connaître à son retour, à son Roi, la présence dans la grande île du Pra-Bang, au\ pieds duquel tous les souhaits s’accomplissaient. Dès lors, on sut à Nakon-Louong l’existence à Lanka d’un Pra fait d'or, de fer, d'argent, de cuivre el de pierres précieuses cl pesant quatre moeuns, deux palin et cinq roïs, tout-puissant 2 3. Le Roi. avant la pensée de tous, envoya demander la statue à son ami de Lanka. Celui-ci, se souvenant du souhait fait par son ancêtre, l’accorda, el Pra-Bang arriva peu après à Enlhipat. Lorsque son départ pour Xieng-Dong Xieng-Tong fut décidé, le Pra- Bang était, depuis sept règnes de Bois, dans la grande capitale. \ ingt disciples, un grand nombre de prêtres el de gens instruits pour expliquer les livres sacrés, partirent avec le Malia Passaman Cliao et le Malia Tepa Lanka-Ghao, accompagnant le Pra-Bang. H y avait, entre autres les : Noracinh, Xorassan et Noradclh1, personnages très savants, chargés d’enseigner la magie el les sciences singulières. 11 y avait des sculpteurs habiles, des fondeurs pour les métaux et des fabricants d’instruments de musique. La mère nourricière de Nang Kéo voulant, avant de mourir, revoir son enfant dans toute celte gloire qu elle allait ajouter aux victoires du Roi Fa-Ngom, s ciait mise en route aussi, avec plus de mille parents, amis ou bien serviteurs. i. Prince des prêtres du Grand-Bouddha, a. Quarante-deux mille cinq cents (?) 3. Aarasinlia: le lion. Aarasaro : le roi. Varateja: la force. 36 MISSION PAVIE Chaque prêtre, chaque savant, chaque artiste, tous, et les serviteurs eux-mêmes, emmenaient familles et biens. Quatre mille personnes en tout quittèrent ce jour-là Enthipat pour le Lan-Chhang. Vrrivée au Muong Kè, la vieille mère tomba malade cl s’arrêta avec ceux qui lui étaient attachés, les prêtres continuant leur route. Le Chao de Kè, informé, accourut aussitôt, il lit don d’un terrain long et large de 2,000 brasses à la nourrice de la Reine, incapable d'aller plus loin, afin qu’elle pût n installer toute sa petite colonie. On donna son nom à l’endroit, Ban Pliai Mè Nom. Pendant ce temps le Chao Moeun Chang, les généraux et les chefs envoyaient demander que le Pra-Bang s’arrêtât à Don-Pra afin qu ils pussent l’y recevoir et saluer. Alors ils allèrent le joindre. Lorsqu’ils causèrent, les prêtres demandèrent aux vieux soldats : « Où sc trouve Pa-Pansay et Pa-Passac, où est Kôu-Sapoc et Nong-Chau, de quel côté rencontrerons-nous Nong-Kadè et Phang-Mâ? Les compagnons de Fa-Ngom connaissaient mieux les pays vaincus que le leur, ils répondirent : « Nous n’en savons rien. » Souriants, les Maha-Teng indiquèrent la place exacte de chaque endroit, demandant qu’on fit venir des vieillards au courant des anciennes traditions et disant: « Nous connaissons le passé de ce pays par nos livres, copies des écritures mises par le Pra-In sur les pierres d’Inthapata, Nakon Louong. Les Thaos de Xieng-Mong et Vieng-Ghang, hommes d un grand âge, arrivèrent comme les prêtres P avaient désiré, ils reconnurent 1 exactitude des livres sacrés et lurent très surpris d’entendre parler de noms qu a peine leur mémoire avait gardés comme Sawana Pum 1 et Lao-Kabann. Les Maha-Teng lurent leurs écritures à tous les Phyas réunis, on fit i. Sawana-Pum ou Muong Swa : Luang-Prabang. HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CI1HANG, IIOM K H A O 37 pendant trois jours des dévotions cl des fêtes, puis les uns par terre, les autres par eau, tous se remirent en roule. Arrivés à Yieng-Kam. le Pliyadu Muong demanda que le Pra-Bang se reposât alin ,000,000 de soldats, commandés par Thaï Ninh, prince de la famille royale d’Annam, suivaient la route du Muong-Swa ’. i. De la province de Luang-Prabang proprement dite. a. Muong-Sai étant en dehors. 3. Muong Xieng-Kho sur le Nam-Ma, lleuve qui va à la mer à Thanh Iloa en An nam. 4- Probablement celle de Dieu bien-phu. MISSION PAVIE .8 Ces deux premières armées venaient réclamer 1 éléphant blanc au Pliya Xieng-Lâ. Un autre général, Kan-Kong, vint par Muong Sai1 avec 3,000,000 d’hommes. Un quatrième, Ghouctoai Tai-Ninh, était aussi prince de la famille royale; il conduisait 5,000,000 d’hommes par la seconde roule de Muong-Swa2. Ces deux armées venaient pour s’emparer de l’éléphant blanc monté par le Moeun-Kam. 3,000,000 d’hommes, sous les ordres de Kong-Kang, montaient, venant par le Nam-houng de Xieng-Lâ 3. Enfin, par le Muong Ivo-Bang \ 3,000,000 de soldats suivaient Kong Pousset, autre général annamite. Ainsi vingt millions de Kéo-Louong " remplirent le Lan-Chhang. Le Pliya Xieng-Lâ avait réuni 200,000 combattants. Les quatre savants: Noracinh, Noralay, Noradeth et Norasan avaient 10.>,000 hommes à leurs ordres. Un autre chef, Palm Louong, disposait de 50,000 Laotiens. La bataille commença à Pou-Nong-Muongc. A la nuit le combat cessa ; Palin-Louong, qui l’avait engagé, fil des- cendre son armée au pied du Mont Pliou, afin qu elle se reposât. t. C’étaient sans doute des gens levés dans ce pays fort éloigné de 1 Annarn. a. Peut-être celle du Traninh. 3. Peut-être celle du Kammon. 4. A hauteur de Kemmarat. 5. Annamites royaux. C. En arrière de Luang-Prabang du côté opposé au fleuve. HISTOIRE DU PAYS DE LA N-G II II A \ G , 1I0M KIIAO 49 7 Les Annamites avaient perdu 1,000,000 d’hommes. Thai-Xinh, leur chef, les conduisit jusqu’à Lac-Man. Dans la nuit, les esprits vinrent lui crier, en langue annamite : « Demain, au milieu du jour, tu seras tué au centre de la ville. » Puis ils allèrent dire à Xieng-Lâ : « Demain il y aura une terrible bataille pour l’éléphant blanc. Yas- t’en. Dans ce jour, le pays sera perdu. » Au malin, Aieng-Lâ lit venir 50,000 hommes et 500 éléphants devant le quartier du palais. Les généraux Moeun-Louong et Moeun-Boun montaient des éléphants à yeux blancs; ils commandaient à 80,000 hommes et avaient 800 élé- phants. Nghan Moeun Louong était allé se placer en arrière de Tliai Midi pour lui barrer la route de retraite. Il était sur la tète d’un éléphant dont les défenses, longues de neul coudées, étaient grosses de cinq empans. Celle de droite remontait en l’air comme une épée. Son (ils avait un élé- phant rouge comme Chaya-Bang-Tong. Ils avaient 80.000 hommes et 800 éléphants. Celte armée se trouvait dans les rizières où fut depuis construit le Vat Visoun. Noracinh, clict des huit chels, prit 40,000 hommes, alla avec eux dans les rizières de Mong-Koun, pour soutenir la bataille de ce point jusqu’aux plantations de Pa-Diho. Le Uoi Xieng-Lâ était dans ces plantations. Moeun-Louong et le Cliao de klioa vinrent se réunir à eux: il v eut alors du côté Laotien 200,000 hommes et 2.000 éléphants, entre le Nam- Ivan cl le Houe Sup-Op, séparant la voile de Xieng-Dong Xieng-Tone; de l’armée de Thai-Mnh. Celui-ci allait et venait dans les rizières de Ivhao-Chao. Noracinh, commandant de quatre armées, attaqua et lit la bataille gé- nérale depuis le milieu du jour jusqu’à la nuit arrivée. 50 MISSION PAVIE Quatre fois, avec ses 200,000 hommes, il repoussa 5,000,000 de Kèos. On combattait jusqu’à cire mourant de fatigue. Les éléphants, pour aller boire au Nam-Kan, ne voyaient plus le che- min, ils savaient le côté de l’eau et cherchaient la rivière, marchant sur des cadavres si pressés, que leurs pieds ne touchaient nulle part la terre. Thai Ninli arriva devant l’éléphant blanc. Aussitôt le Chao-Khoa lâcha Ghaya-Bang-Tong, le grand éléphant rouge, sur le prince Annamite. Trois chefs Annamites se précipitent pour l’entourer, il les voit cl les lue. En même temps un chef de gauche de Thai-Ninli, nommé Duc-An, s’avance avec quatre éléphants, Mocun-Boun lâche sur eux son dépliant à yeux blancs, il tue les uns après les autres, les hommes et les bêles. A droite de Thai-Ninh, son officier Duc-lla a six éléphants ; le Louong- Nhèua, serviteur de Xierig-Lû, montait un éléphant nommé liai Mac- Nha: il le lâche; de ses défenses, celui-ci traverse les cuisses des six Ongs, renverse les six éléphants et. avec l’éléphant rouge, se retire et traverse l’eau. Le Louong-Nheua, grand-père du Chao Koum-Nheua, cl le Cliao Kienh, père de Boun-Nha-San, reconnurent à ce moment que très peu de Laotiens restaient pour combattre, tant d x en axait de moils. Alors Thai-Ninh se jeta avec tous ses hommes et scs éléphants contre Xieng-Lâ, monté sur l’éléphant blanc. Moeun-Louong et Moeun-Boun tiennent tète avec leurs derniers com- battants, l’élépliant blanc traverse et lue de ses défenses ’1 hai-Ninh et son éléphant. A celte heure avancée du jour, la plupart des éléphants Laotiens étaient morts ou avaient lui. traversant le Nam-Kan ou le Mé-Nam-khong. Moeun Louong et Moeun Boun sont tues ax'cc la loule d hommes et d’éléphants qui soutenaient la bataille de ce coté. Noracinh, Noralay, Noradeth cl Norasan, entoures dans les îizieies de Khao-Chao, sont pris vivants: les \nnamites aiguisent des piquets, les HISTOIRE 1)1. PAYS DE L A N - C H H A N O , 1IOM JvlIAO 51 mettent en terre et empalent les quatre ehels au lieu où est aujourd’hui le petit autel à leur mémoire, devant le \ id Houo-Koung. Le 1 ’ h va \ieng-La. malade de fatigue sur son éléphant, descend alors vers Xieng-Tong. Arrivé au bord du fleuve, il quitte l’éléphant, monte sur la barque Péloka, bientôt celle-ci chavire et il se noie. Les Annamites avaient amené à cette bataille 5,000 éléphants, 20,000 chevaux et 5,000,000 d’hommes. Ils y perdirent 500 chefs d’éléphants et Thai-Ninh leur prince cl leur général. Xieng-Lâ avait perdu une quantité immense d’armes, de chevaux et d éléphants dans les rizières cl les plantations de Pa Dilio. Ln chef annamite, le Ong-Vang, trois jours après, emmena l’armée vers le Muong-Lai, parce que les gens de ce pays s’y étaient rassemblés au nombre de 200,000. Au passage du Nam-Ma, il reconnut là, quelle avait été sa perle en hommes. Quand l’armée était venue vers Muong Swa, chaque soldat avait déposé au bord de la ri\ ière un caillou pris dans son lit : en retournant au pays, chacun d’eux en reprit un, tout le monde étant passé, il resta les trois quarts des pierres au las. Les chefs, de 4,000, étaient réduits à 400. Quand le Roi il Annam vil ces pertes irréparables, il en eut une grande peine, parce que tous ceux partis pour la guerre étaient les chefs et les meilleures gens du pays. H cul un profond regret d’avoir enfreint les ordres du Koun-Borom cl défendit qu a 1 avenir on allât à la guerre contre des frères. 11 donna 1 ordre que dans la coupe des cheveux on figurât l’image d’un pied sur la tôle de chaque Laotien, serviteur dans son palais, el qu’on tatouai aux autres, amenés dans le pays, celle image sur le front, afin qn en la voyant les Annamites se souvinssent de ne plus combattre le Lan-Chhang. 52 MISSION P AV I E Les habitants revinrent (les forêts et des villages lointains où, devant l’armée Annamite, ils avaient fui. Le Malia Sami-Cliao, chef du Yal-Kéo, et plus de 100 prêtres de ce temple et des Val Passa Man, lîossol cl Sounten, étaient restés aux pagodes. Les soldats Annamites ne leur avaient fait aucun mal, non plus qu’aux vieillards et aux infirmes abandonnés dans les cases. Los prêtres soignèrent leurs blessés ou malades qui 11e purent s’en aller avec l’armée : de ceux-ci, les uns restèrent dans le Lan-Chhang, les autres le quittèrent plus lard. Depuis cette époque, il vint des Annamites au Muong Xieng-Dong Xieng-Tong '. Le Pra Mafia Sami-Cliao, 30 prêtres et une foule d'habitants desccn- 1. Voici un récit populaire de cet événement recueilli à Luang-Prabang: Les Klias du Lan-Chhang, chassant dans leurs forêts, prirent un jeune éléphant blanc, remarquablement beau. Ils l'offrirent au Roi. Il v eut grosse récompense pour celle capture, faveur céleste! Le pays tout entier éprouva une joie inexprimable en se voyant ainsi sous une protection presque sainte. \ieng-Lâ, le (ils aîné du souverain, voulut veiller par lui-même sur le précieux animal, il le logea dans sa maison. A celle époque Boutcvong était prince des Pou Euns, race jalouse, perfide, tributaire en même temps du Lan-Chhang et de l’Annam. Voulant atténuer la mauvaise impression qu’allail produire à la Cour annamite l'envoi d’un tribut insuffisant, il fit connaître à l’Empereur l’incomparable trésor gardé à Luang-Prabang. Celui-ci le désira. Simple curiosité; les \nnamitcs n’attachant pas pareil prix a la possession d’un éléphant blanc. Un envoyé de haut grade fut aussitôt mis en roule pour le Lan-Chhang escorté par trois mille hommes. Prévenu à temps de sa marche et aussi de la conduite méchante du Pou Lun, Aieng-Là cacha l’éléphant à Pa-liang, très au nord. Il fil accueil empressé au chef ainsi qu’aux soldats, allu ma qu un mensonge était cause de leur voyage, très pénible, déclarant que si jamais bête autant rare était trouvée dans son royaume il n’attendrait pas pour l’offrir à son voisin, très puissant, qu’il la lui fit demander. HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CHIIA NG, NOM K H AO 53 dirent à Xieng-Kang prier le Roi Cliakapati de reprendre le gouvernement comme autrefois. Il refusa. Puis il le chargea de riches cadeaux et, dans un esprit de vengeance, il l’excita habilement contre Boutevong. En repassant par le pays des Pou-Euns, les soldats annamites furent 1res lourds pour le peuple. L’officier reprocha violemment au Prince son mensonge et comme il y persistait, il lui lit trancher la tète. Le (ils du mort devenu son successeur ne pouvait garder en lui la pensée du sort injuste fait a son père et maigre que Xieng—Là eut fait exprimer ses regrets, il mit tout en ordre dans son pays et partit vers l’Empereur. Luc nouvelle troupe mise en route pour Luang-Prabang revint comme la première, comblée mais sans ramener l’éléphant. Alors devant l’insistance du prince Pou Eun, le souverain annamite vit bien qu’il était trompé mais, devant les sacrifices qu’on faisait au Laos pour garder un animal auquel il ne tenait pas, il renonça à le voir, étant bon. Simplement , il envoya, comme dans les occasions ordinaires, des gradés ; ils avaient pour mission de demander quelques poils des oreilles et de la queue et, un ongle de la bête vénérée. Aieng-La, devant cette tournure des choses, commanda à l’orfèvre le plus habile du pays un merveilleux coffret d’or. Il y enferma poils cl ongle, objets du désir royal cl le confia pour la route à des princes de sa famille. Dans le voyage, une nuit, en pays Pou Eun, trompés par un accueil traître, tous les envoyés s’endormirent. Les gens du liIs de Boutevong osèrent alors prendre la clef du coffret et remplacer les poils et 1 ongle par des excréments d éléphant. Ils eurent soin le matin de se montrer empressés, détournant tout soupçon. Convaincu que Xicng-Là lui avait voulu faire mortelle injure l’Empereur, n’écou- tant pas les ambassadeurs confondus, leva six armées immenses. Le Laos (ut envahi, Luang-Prabang assiégé. 11 y eut une grande bataille entre le \am-Kan et les monts. tandis que chefs et soldats succombaient dans le combat, les prêtres priaient dans les temples, les femmes pleuraient dans les rues. La ville prise, Xieng-Là ne songea plus qu’à mourir, monté sur le coude l’éléphant blanc il se fit lier les pieds sous sa gorge et le dirigea vers le fleuve. Il entra dans 1 eau a Papay, au bas de la rue du palais. Gagnant le centre du courant, il obligea la bête à tenir sa trompe sous l’eau. Ils se noyèrent tous les deux. Les eaux étant, peu après, devenues basses, les deux cadavres furent trouvés dans I étang annuellement formé au milieu du banc de sable qui, à hauteur de la porte Sud de 1 enceinte, s’étend très loin longeant la rive gauche. Lu présence de cet acte, les Annamites prévinrent que la guerre était finie. Ils 54 MISSION PAME Ils revinrent encore deux lois, il leur donna alors le conseil d’aller au Aluong Phè1 chercher le Cliao La-Sen-Thai, son lils. Ils s’y rendirent, lui accepta et les suivit à cause du désir de son père, Le Pra Maha Sami et le Jloi Chakapali Pen-Péo envoyèrent ensuite appeler à A ieng-Kam le Cliao A isoun Koma pour être Sen-AIuongdu Lan Chhang. 11 fut saluer le Pra-Bang et lui dit : « Arrivé à Xieng-Dong Xieng- Tong, je ferai construire un temple large de dix brasses, long de 20, en 1 honneur du Pra-Put. » Il avait un hel éléphant, il suivit la route de terre. A son arrivée, tous les prêtres déclarèrent qu’il devait être Sen-Aluong2. Le Pra Cliao Toula était Boi depuis un an lorsque le prince Chaka- pali, son père, mourut âgé de 83 ans, à Xieng-Kang. Le corps fut mis dans une châsse d’argent. Le Phya Pliai, Chao-Muong d’Ajulhia, ayant été prévenu, lit faire une châsse d’or et une autre en bois de clian et envoya le Koun Sirasakosa l’offrir, ainsi que cinq cents coudées de soie destinées à l’envelopper. Après les funérailles, le Koun fut, la même année, rendre compte à son maître. Celui-ci lit alors partir les Kouns In, Prom cl Sirasakosa eurent pour le Roi mort des égards sans pareils et quoiqu’il ne fût pas dans leurs usages de livrer la dépouille de l'homme au feu, ils tirent eux-mêmes la cérémonie du bûcher, les habitants ayant lui. Sur le bord gauche du Mékhong, en (ace du lieu où ds avaient recueilli scs restes, ils élevèrent le petit autel (sen cliao) qu’on y entretient toujours. Le nom de Hat Xieng-Lâ est celui sous lequel le banc est depuis resté connu. Les Annamites chargèrent son fils de ramener aux villages les habitants chassés vers les forêts et les monts par la guerre. Lorsque l’ordre lut rétabli ils se retirèrent emportant les os de l’éléphant blanc qu’ils avaient soigneusement recueillis. i. Ou Pré, principauté du Laos occidental dans le bassin du Nam Aom, branche centrale du Ménam. a. Second Roi. HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CHU A N G, ROM KH A O 55 offrit- en présent les insignes royaux pour le Pra Chao Tonla dont \ isottn était Sen-Muong. Dès lors les deux royaumes furent amis cl Tonla dit : « Si mon aîné a besoin de quelque chose, laque ou benjoin, qu’il me l’envoie demander. De mon côté je m’adresserai à lui pour les étoffes, les indiennes, etc. » « Les envoyés qui viendront d’en bas s’arrêteront à Houé-Nga-Pi- Pavat, ceux venant d’en haut iront jusqu’à Nong-Boua. Marchands ou gens de service devront stationner à l’un de ces points suivant le cas. » Ces endroits furent nommés Na Sang-llac (ou Bac), rizières des amis, et on a gardé ce nom jusqu'à présent. Le Pliya Lasenkhai (ou Tonla) était Roi depuis le milieu de la matinée du 13e jour du 5r mois de l’année 1491. Il arriva Tannée suivante que le Pra Ma b a Sami, chef du Val Kéo, et son parent, mourut, le Roi fit ses funérailles, puis choisit pour le rem- placer le chef du \at Passaman et donna le chef du Y al Manourom pour successeur à celui-ci. Il plaça un nouveau chcfà ce dernier temple et déclara qu’à partir de ce moment ces trois pagodes seraient asiles inviolables pour quiconque s’yré- lugierait, et quel que lut le crime ou la faute envers le peuple, le Roi ou les princes, après bons enseignements des prêtres, le coupable serait absous. Sous son règne le pays fut très paisible; âgé de 72 ans, il mourut, ayant été Roi 40. La Boua-Nang-Teng, mère de trois Rois, fil avec le Sen- Muong A isoun, les funérailles de Lasenkhai, au-dessus duVat Xieng- Jxan; puis ils y construisirent un temple, d’abord Yat Boppa Aram, aujourd’hui Y at Boppam. Il y fut placé un chef ayant le tilre de Sangka Séna, et un savant pour enseigner le Bali et les sciences. Celui-ci connaissait les écritures de tous les pays. Son installation fut une œuvre pieuse à la mémoire du Roi mort. Il était payé chaque an G sen, ou chaque mois 6 roïs. De plus, le sel, l’arec, 50 MISSION PAVIE les oignons, le Kin cl le Mieng1 lui étaient fournis. On lui faisait des offrandes de toutes sortes afin qu’il fût content. Le Pra-Chao Ghompou, âgé de 25 ans, succéda à son père. 11 était borgne, mais très beau de corps et de visage. Trois ans après, il mourut. Ses funérailles eurent lieu devant le A at Boppam. Son père nourricier lui lit faire à cet endroit un cbadey nommé comme ce vieux serviteur: Moeun-Na. La Boua Nang-Teng fit placer les cendres de son fils dans deux coffrets d’or, l’un fut déposé au \ at Sop lïoué-Louong, auquel elle donna 200 ser- viteurs et dont le nom fut changé en celui de Vat Soup-Phya Pak-Pra- Ghompou. L’autre coffret fut élevé dans le Yat Pak-Soué où furent aussi placés un grand nombre de serviteurs. Quatre mois plus tard, une sœur du Pra Cliao Toula mourut. Elle avait nom Siu ai-Miaka. On fit sa crémation plus bas que le Yat Manou, un nouveau Yat fut élevé, Yat-Xieng-Kan. Le Muong Ban eut charge de son entretien, et 4 rizières, plus grandes chacune que 4 fuongs, en devin- rent la propriété afin que ses prêtres fussent h l’abri du besoin. L’année suivante, la Boua-Teng et Mafia Sami-Chao avec le Séna- Amat et le peuple choisirent Yisoun. Sen Muong pour Roi. 11 régnait depuis un an, quand il fit venir le Pra-Bang par la voie de terre et le plaça dans le Y at Manourom. Dans ce temps, une femme, mère d’une jeune fille dont elle disait le Cliao Xieng-Lâ père, habitait aux environs du Y at-lxéo. i. On nomme Ylieng le thé préparé pour être mâché. HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CH1IANG, IIOM KHAO 57 Visoun, se-rendant un jour à ce temple, aperçut la jeune fille et lui dit : « \ang, de qui êtes-vous l’enfant? » Elle répondit : <( de votre frère aîné Xieng-Là. » Elle devint sa femme sous le nom de Roua Nanh-Pahn-Tin-Siang. 11 y avait avant elle la première femme dont le litre était Boua-Teng. Sept ans plus tard une fdle lui naquit et mourut âgée de 3 ans. C’est pour elle que fut édifié le Vat-Assoch. La Boua-Teng mourut l’an d’après. Sa crémation cul lieu à \gon- Lin-Sen-Sao. Le Roi y fil faire un mausolée. Trois années s’écoulèrent, au bout desquelles la Boua-Nang-Pahn- Tin-Siang eut un songe ; elle vit un arbre très grand, ayant brandies et feuilles et fleurs, jolies plus qu’à l’ordinaire. Au jour, le Roi A isoun fit appeler les devins. Ils étaient trois, très savants, tous trois amis, étant ensemble venus de Xakon-Louong. Leurs noms: \oï, Tamachula, Sarapan. Ils dirent : Nous aurez un fils, il sera maître des hommes. Le septième jour la Nang fut enceinte, et 10 mois après vint un beau garçon. N isoun l’aima beaucoup. 11 désirait un fils depuis qu’il avait quitté Vieng-Kam. 11 l’avait demandé au Pra-Bang. 11 était heureux d’être enfin satisfait. 11 résolut de faire le grand temple autrefois promis, ainsi qu’un monument gigantesque. Le prince-prêtre Maha-Sami et les trois savants furent appelés et le peuple réuni afin de prendre conseil pour le choix d’un emplacement. Maha-Sami et les astrologues consultèrent les livres apportés d’En- tliipat par Maha-Passaman-Cliao. Il y était dit (pie dans les rizières Kliao Cliao se trouvait une roche de seize coudées, longue de dix-huit, autrefois placée là par le Pra Ivudom afin qu’un Roi pieux, plus tard, pût y faire des l'êtes et un monument en son honneur. On reconnut en effet qu’une pierre énorme était là, entre le Sup- Houé-Sang-A ann et le mont Khào-Kha. Le roi et la reine furent contents. Ils rassemblèrent les chefs. Le It. 8 58 MISSION PAVIE Chao Sai, le Cliao Khai, le Koun-Nheua, le Moeun Ghan et le Moeun Khè furent chargés de réunir 4,000 pièces de bois. Les Tin-Tan, Tin- Sieng Koun-Kan, Koun-Rha, Gha-Roeun eL tout le peuple eurent à apporter les terres pour élever le monument et niveler le terrain. Nang Maha Tévi. la reine, s’occupa du chadey1, et Yisoun construi- sit le temple. Les travaux durèrent 3 ans et 8 mois. La statue du Pra-Put et le chadey eurent chacun 23 brasses de hauteur. Comme propriété de la pagode et pour son entretien, les villages suivants, avec leurs rizières, furent distraits de l'administration générale du pays: Tang-Louong, Houa-Kouo et kié-Tai. formant comme un petit canton ainsi limité : Depuis le temple jusqu’à l’étang de Lin-Sen-Sao, de là jusqu’au Nam- Mao, affluent de gauche du Nam-Kan, ensuite le cours du ruisseau, puis celui de la rivière jusqu’à Thang-Khoai et de là à Tang-Luong, à Lin Sen- Sao et au temple. Le roi annonça alors son intention de faire une grande fête au Yat Boussoth-Louong, et lorsqu’elle fut terminée, \ isoim. avec les deux Maha Sami, les trois astronomes, le Séna et tout le peuple convinrent que les nouveaux temples seraient honorés 5,000 ans et que les donations faites l’étaient pour la même durée. On donna le nom de terre de à isoun au premier terrain indiqué. Celui de territoire de Boussoth-Luong fut donné à la propriété du Nat Boussoth- Louong, étendue entre la porte Est de la ville, le Sup-lIoué-Song-N ann et Tang Khoai, et enfin on décida que les terres comprises entre les précé- dentes, le côté Ouest de l’enceinte du Vat N isoun et la porte Kong-Kang au bord du Mé-Nam-Khong seraient le domaine du Chadey-Louong. Les chefs des temples ayant été installés, le Pra-Bang fut transporté du Vat Manou au N at\isoun-AramahaN ihan-Louong, et soixante-dix char- pentiers ou ouvriers divers y furent attachés, tant pour l’entretien de l’édifice «pie pour sa garde et celle de la colonne d’or du Rung de \ieng- i. Le cliadov est une sorte de mausolée élevé devant chaque temple, il contient généralement les cendres de ceux en l’honneur do qui il a été construit. HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CHHANG, 1IO.M KHAO 59 Tong et aussi pour frapper le cong aux heures réglementaires du jour el de la nuit. Les noms et les limites des terrains donnés furent inscrits sur une feuille d’or ; celui des hommes, afin qu’on ne pût les distraire de ce service pour aucun autre travail, fut écrit sur une feuille d’argent. L’architecte de Xieng-Tong et celui de MuongHat-Kan furent nom- més, l’un Moeun Val cl l’autre Palm-Pat du temple. Us eurent pour charge, en outre de la direction des travaux nécessaires au bon entretien, de s’occuper des offrandes de riz el d’eau au Pra-Bang. Leurs noms lurent nus sur l’or et leurs familles recommandées au Pra- Pul el à Koun Borom. Les cliels des temples ayant pris possession de leurs biens el les archi- tectes ayant pris la direction de leur service, le Roi Visoun et la Reine, dont le fils avait reçu le nom de Polisarach-Koman, terminèrent les fêtes en versant sur le sol l’eau consacrée, afin de porter leurs actes à la con- naissance de \ang Torom, cl des morts de la race depuis le Koun-Borom jusqu au roi Chakapali et à la Roua Teng, première femme de \ isoun. ils souhaitèrent que les gens heureux le devinssent davantage et que les malheureux fussent enfin satisfaits. Ils voulurent que tous ceux qui avaient pris part aux travaux, fonc- tionnaires, architectes et ouvriers vinssent à leur tour verser l’eau, en formant des vœux à leur gré. Depuis lors \ isoun montra une grande bonté pour tous ceux-ci, fai- sant avancer en fonctions ceux .pii étaient instruits, aidant dans leur posi- lion ceux qui étaient sans aptitudes ou ignorants. Il défendit que dans l’avenir il fût sous aucun prétexte, fait, à ceux-là, des demandes ou impositions d’or el d’argent, menaçant de punir qui- conque enfreindrait ses ordres. ^ Par la suile’ lors,l"e des particuliers eurent le désir d’élever eux- memes des constructions religieuses et lui apportèrent de l’or et de l'ar- gent pour prix du terrain, il n’accepta jamais les sommes el accorda tou- jours la terre; faisant ainsi, de sa façon de se conduire, une loi pour ses successeurs. 60 MISSION PAVIE Il donna sa jeune sœur, qui était Cliao Moeun-Na, en mariage au Chao Sai, que le peuple appelait Cliao Kieng, cl envoya celui-ci gou- verner le Nord du royaume. Une plus jeune sœur fut donnée au lits de Nang Pak Îloué-Louong, nommé Cliao Kon-Kam. Ces deux derniers étaient, plus qu’aucun, beaux dans le pays; ils allèrent gouverner le Muong Kobang, le mari ayant le litre de Pbya Muong Kobang. Le frère de Nang Pak-Houé-Louong fut nommé Mocun-Louong-Na. Le Roi envoya le jeune frère de la Reine administrer le Muong- Kassi Mais celui-ci fut tué par Ba-Kam-Ho, (pic son successeur Moeun- Na avait été chercher au Sud. Ses cendres furent mises dans un temple. Un chef dévoué fut chargé du Muong Khoa. Sous le règne de Yisoun, le pays fut heureux. Seul le Chao Muong Kobang, alors que le roi atteignait sa soixantième année, avait tenté de le troubler en ne venant pas, suivant l’usage, rendre hommage à l’époque obligée. Le Roi avait ordonné au Koun Nlieua, Chao-Sai, d'aller le prendre et l’amener, celui-ci n’ayant pas réussi, Yisoun avait lait partir un autre chef qui battit le rebellé. Pris à Pou Klialon, celui-ci demanda qu’il lui lut permis de se faire religieux. Il fut amené dans cette condition au Yat Ixéo, dont il salua le Maliassami comme son supérieur. L’année qui avait suivi cet événement, le Chao de Khoa avait été appelé pour être San Muong du Lan Chliang sous le nom de Sen Sorm Talen-Chai. i. Petit pays au Sud de Luang-Prabang sur le coté gauche du tleuve. HISTOIRE DU PAYS DE LAN-Cil II AN G , IlOM KIIAO GI LIVRE IV. Lorsqu’il mourut, le Pra-Chao1 Visoun-Arach était âgé de 77 ans. La Reine et le Séna-Amat firent la lete de ses funérailles en bas du Vat Visoun : un nouveau Yat fut construit et dix familles furent chargées de son entretien. Des rizières et plantations devinrent la propriété de ce temple, où les cendres de Visoun reposèrent. Ensuite, les deux grands-prêtres, chefs des \ats Visoun et Bossoth- Loung, parents du Roi mort, le Pliya Sen Sorin Talen-Chai, Sen Muong, et tout le Séna-Amat, prirent pour Roi le prince Potisarach, âgé de 19 ans. Trois ans après, Boua-Koang-Séo, venant de la part de l’Empereur d’Annam, arriva avec 2,000 hommes. Un autre chef, Kong-Kang, avait 1,000 soldats; il était l'officier de Roua Koang-Séo, dont la troupe était ainsi de 3,000 hommes. Les deux prêtres, parents de Visoun, dont l’un était chel du Nat Visoun, l’autre chef du Vat Boussol, moururent vers ce temps. Ils étaient très instruits : le premier avait étudié à Xieng-Mai2, le second au Nat Séli-Bon-lluon. Tous deux avaient été les maîtres de leurs successeurs. i. Titre conservé jusqu’à aujourd’hui, le plus élevé des Rois dans les régions suivant la civilisation d’Angkor. a. La plus importante des principautés laotiennes du Lan-Na, sur la branche occidentale du Ménam. MISSION PAVIE 62 ()n leur eleva un Nat nomme Sisowan levaloka. Des cérémonies eurent lieu à cette occasion clans tout le pays. Six ans plus lard, le Roi des Pou-Euns 1 * 3 * * n ayant pas envoyé le tribut, trois Pliyas lurent chargés de l’aller réclamer. C’étaient le Plna de Pak- Houé-Louong, le Pli va Chai Kouin- Nheua cl le Pliya Koum-Thaï. Leur absence dura deux ans. Le Roi étant allé demeurer à Yieng-Chang, le Pliya Ek-Aralcha, parent du Pliya d Ajuthia* et poursuivi par lui, se réfugia près du Roi du Lan-Chliang, Polisarach, qui refusa de le rendre. Le Cliao d Ajuthia, Pliya Attit, voulut faire la guerre. Le Pra-Chao du Lan-Chliang le\a 6,000 éléphants, ceux des bagages non comptés, 600,000 hommes et 4,000 chevaux, campa à Vieng-Pan- Ngam et provoqua le Roi d Ajuthia, cpn, elfrayé, ne vint point pour com- battre et prendre le Pliya Ek. Potisarach, voyant cela, ramena son armée à N îeng-Chang après dix jours d’attente. L année suivante, les Sao-Thaïs8, conduits parleur Roi, le Pliya Attit, vinrent camper à Muong-Kouc; ils y restèrent cinq jours. Le Phya Sen-loüong Lan-Chliang, jeune lrère du Roi, nommé Pra- sam, et le lils du Phya gouvernant le pays de Laklion, conduisirent 300,000 hommes et 2,000 éléphants et les attaquèrent. Le Roi d Ajuthia lut blessé d un coup de lusil et mourut en arrivant dans son pays; son éléphant, nommé Koan-_\ga-Kam, fut pris dans la bataille après laquelle les Sao-Thaïs ne revinrent plus combattre. i. Habitants du Traninh. a. Capitale du Siam. 3. Nom donne aux I liais du Siam par ceux des autres pays. Sao esl une expression employée au Laos pour désigner les jeunes tilles en âge de mariage. Sao-Thaïs peut donc être compris : jeunes Thaïs. HISTOIRE DU PAYS DE L AN-CH H ANG, IIO N! K II AO 63 Potisaracli eut un fils de sa première femme Yang-Iloua-Soun, qxii descendait du Phya Chck-Kam el de Nang-Ansa, il le nomma Ou-Ya-Nhou (il devint plus tard le Prachey Sétalirach Chao). Il eut un autre fils. Palan Ghliang, de Nang IIo-Kouong qui. elle, descendait de Nang-Kéo-Yopha, fille du Roi d’Ajutliia, el, ainsi que Nang- Ansa, était femme du Roi Sam-Sen-Thaï. D’une autre femme, il eut un fils nommé Pa Tharna. Kl, enfin, deux Iilies, Pa-Nang et Pa-Kam-Kay. Le Lan-Ghhang était très prospère à celte époque. Les Rois des Muongs : Ongkam el Kiampatirat1 envoyèrent des éléphants et de riches présents. De 1 Est arrivèrent les Annamites, Roua Rang, Ong Khoa et Roua Clmsiai, apportant en présent des soies de Chine el demandant des défenses d’éléphants. Le Roi de tous les pays suivants : Muong Ifovong-Xongtsè, Muong Songko-Sempi, Muong Phong-Louong, Muong Keng, Muong Lep, Muong Kern, Muong Xieng Phipha, Muong Xieng Iloung, envoya des chevaux à selles d’or et d’argent avec des soieries, et les éléphants Nang-Long, Sam-Koan, Sanghou en présent au roi Polisarach. Dix ans plus tard, il arriva ceci dans le pays de Xieng-Maï : Le Roi Ay-Khao ayant mécontenté le Séna, fut tué. Ses deux fils, puis son premier ministre lui ayant succédé, lurent successivement tués. i. Le Muong Ongkam paraît être la région d Attopeu-Saravane. Kiampatirat Bassac. 6i MISSION PAVIE Alors les prêtres, les chefs et le peuple ayant par trois fois demandé à Potisarach d’être leur Roi, il vint après le troisième appel, accom- pagné de 300,000 hommes et de 5.000 éléphants, laissant pour la garde du royaume 300,000 hommes et 4,000 éléphants, sous le comman- dement des Pliyas Vieil et Sen Nakon, le premier ayant autorité sur les deux tiers de celle armée, l’autre sur un. Potisarach fut d’abord s’emparer du pays de Yieng-Pa-Bung cl de son Phya, puis il s’embarqua sur une grande jonque pour aller au Muong Lan-Na. Son (ils Opaiouracli l’accompagnait. Il avait emmené trois savants, c’étaient : le Phya Rang, frère aîné de sa première femme, le Phya Silamathaï-Loc, lïls du Moeun Chan, cl un troisième, Narasoun. Lorsqu’il monta à Xieng-Maï, ses principaux officiers élaieul : un Phya Nakon, parent du Moeun Dan-lxan-Kéo, Pillita-Song-Kam. Phya Souralésa, chargé des provinces du Nord. Phya lakm-Kalai, (diaodu Muong Klioa, Phya Nliot, Chao de Houé-LouOng et Muong Plia, le Pen- Sai-Koun-Son était chef des éléphants. Alors le peuple et les princes du Lan-Na, conduits par: le Chad-Fa kliai Sampi, le Tang Plia Sipo Muong Mil, le Tang Plia Ro-Sen. le Tang Plia Muong-Naï, Tous Cliao-Fa, arrivèrent saluer Potisarach, Roi de Xieng-Maï. Dans le même temps, le Ghao-Fa Tangho envoya son délégué, le Mang Vick, lui demander son alliance pour attaquer ensemble le 'Muong Angsa et Ajuthia. Le roi envoya aussitôt le Meun Klioa et le Kanan ^ ou \ isoun pour aller avec Mang Vick au Muong Tangho Angoac (Ava), afin dy ap- prendre les usages des Muongs : Nliious, Mang et Meng1, dont on ne connaissait que les noms. i. Cliao Fa : titre sous lequel les rois de Birmanie sont connus au Laos. Muong Tangho Angoac: nom donné à Ava la capitale. Les Nliious, Mang et Meng sont les habitants des diverses régions de ce pays. HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CHHANG, IIOM KHAO 65 9 Les hommes de ces pays n’élaient pas descendants de Koun Borom, mais la doctrine de Lanka1 avait fait amis et frères les anciens chefs des deux peuples. Ce fut dans ce temps que les prêtres, les chefs cl le peuple de Xicng- Maï demandèrent cl obtinrent que le fils aîné du Roi, Pra Ou-Ya-Nhou, régnât sur le pays de Lan-Na. et que Phya Kam-Kong fui Sen-Muong. Nang Tontip fut femme de droite du nouveau roi, qui eut le titre de Pracliey-Sétak, Nang Tonkam fut femme de gauche. Puis ceux c[ui voulurent rester près de lui ou habiter le pays furent libres. Son père avait pendant son séjour pris note des hommes et des terres pour lui permettre de se conduire après son départ. Il avait instruit les chefs tics dépenses à faire à l’occasion des fêtes des pagodes, etc. Après avoir lait de riches offrandes aux temples, il retourna au Lan-Chhang, laissant son fds à la tète du royaume. Tous les présents qui lui avaient été offerts à Xieng-Maï, il les avait donnés aux pagodes et aux prêtres. En s en retournant, il ordonna que dans les grands et petits cantons, jusqu a Muong Sai, on capturât des éléphants sauvages, depuis Dan-Kang, Kan-Pou Yeugn, jusqu à Ban Ma, Xieng-kam, Tan-Tun-Pak-Pcn et Pak-Sin-Iien. Entre grands et petits, mâles et femelles, il y en eut 2,000 de capturés. Les Phyas A ieng et Scn Nakon prirent des gens du Muong Kebung pour les conduire au Roi à Muong-Sai, ainsi que des chevaux et des présents. Potisarach mit la reine en route par terre vers Muong-Louong-Ratsa- tani" et s’embarqua pour revenir par le ileuve. i. Ceylan. a. Luang-Prabang. 66 MISSION PAVIE Il choisit pour être IMiya du Muong Ivem le Phya Kam-Mou- Nakon-Kân, alors à Xieng-Sen, et ordonna que les gens lui apportassent le nécessaire. En arrivant il s’installa au Roung Xieng-Mai, maison à l’extérieur de la ville. Dans ce temps arrivèrent : Mang-Viek, Ratsatinat, Sipa-Boun, et Nhikamsi, tous quatre envoyés du Cliao Fa Tangho, que les gens appelaient Mang Ta. Avec eux étaient le Koan-Kolia et le Naï Visoun, que le Roi avait fait partir de Xieng-Mai pour visiter le royaume de Tangho, il y avait aussi des envoyés de quinze pays différents. Le Roi les ayant reçus dans le palais, les invita à attendre l’arrivée des éléphants capturés. Peu après, ceux-ci ayant été amenés à Nam-Dong (Sangkaloc) 1, Polisarach appela les Phyas Horasounel Sisatam cl leur dit de faire venir les ambassadeurs des quinze pays dans la salle de Xieng-Mai, à Xam-Dong. Quand ils furent là, le Roi monta sur l’éléphant Xang Rhai; en le voyant, tout le peuple salua. Il se dirigea vers la niasse des éléphants sauvages. Ceux-ci prirent peur, cherchèrent à fuir, se renversèrent les uns les autres, cl celui de Po- tisarach étant tombé dans la mêlée, le Roi se trouva à terre pris sous le corps de sa monture. Dans cette confusion les gens se précipitèrent au secours et portèrent le Roi dans la maison. Celui-ci pria les Phyas Horasounel Sisatam de reconduire les envoyés chez eux. Au bout de 7 jours, voyant qu'il allait mourir, il appela la reine IIouo- Soun et le Séna-Amal tout euller. leur donna ses dernières instructions, et peu après expira. i. Près du quartier do Xicng-Dong. HISTOIRE OU PAYS DE L A N - C HIIA N G, 110M KIIA O 67 Ou fil les funérailles à l’Est de Sanam, on éleva ensuite un mausolée au même lieu et le Phya Yot fut envoyé à Xieng-Mai pour y chercher le lloi Sétak. Ce fonctionnaire était Phya des Muongs Plia et Pak-Houé-Louong. Lorsqu’il fil connaître le but de son voyagé au Phya Rang, premier mi- nistre de Xieng-Mai, celui-ci ne fit point d’opposition et aida le jeune prince à se mettre en route. Le Phya Sisatam les attendait à Yieng-Kong; lorsqu’il les eut reçus, il se joignit à eux et ils arrivèrent ensemble à Xieng-Dong Xicng-Tong. Les deux Mahassami elle Séna-Amat s’étant réunis avec tout le peuple, le Roi Sétak fut élevé sur le trône des royaumes de Lan-Chhang et Lan-Na. En ce temps, le Phya Koan Dampha ayant conseillé au Cliao Polan- Chhang, fils de la seconde femme de Potissarach, et à sa femme, de ne pas reconnaître son frère aîné comme Roi et de s’emparer du pouvoir, une révolte éclata. Poursuivis, les Phyas Yot, Tien, Koan-Dampha et le Sen Lemon s’enfuirent au pays de Laklion, emmenant Polan-Clihang et sa mère, IIouo-Louong. Le Phya de Lakhon les arrêta et les remit au Phya Sisatam. Celui-ci fit mettre à mort les trois Phyas et le Sen Lemon, puis étant arrivé au Keng-Pinh, la Nang IIouo-Kouong fut aussi tuée. Polan-Chhang et sa nourrice Nang Pliong-Soï arrivèrent à Muong-Svva où ils furent placés au \ at Passaman sous la surveillance du Sen-Louong. Alors la reine-mère, le Sen-Louong et le Ratsa-Amat* donnèrent au Phya Sisatam le gouvernement des Muongs : Saï, Xieng-Kan, Kentao, Yieng-Kè, Nam-IIoung, Xieng-Sa, Iloué-Louong et \ieng-Chang avec le titre de Satama Tailouk. Le pays fut tranquille et heureux. i. Conseil roval. 68 MISSION PAVIE Le Phya Chang y fil alors, en bas de Pak-Houé-Passak, deux Vais; à l’an il donna le nom de A at Pliya-Chang, l’aulre eut celui de Vat Chan- taburi-En-Sisatama-ïailouk. Ensuite il fit délimiter les frontières. 11 y eut quelque temps après un homme du nom de Si Loman, parent éloigné du Phya Nakon, il était mécontent d’être sans situation. Il était instruit, intelligent, habile en tout. Le Roi ne l’employait pas parce qu’il était trop jeune. Il s’entendit avec le Phya Tep, le Chao Konchhang et le Cliao Xieng-Mai, frère de Nang Houo-Kouong. Ils enlevèrent Polan-Chhang et voulurent fuir vers le Muong Thaï1, mais le Sen-Louong les arrêta et les fil mettre à mort en face le Vat Boussotli ainsi que Polan-Chhang. La Ratchatévi, sa femme, brûla le corps de ce dernier en haut de ce \ al, elle fit un temple du nom de Vat I hût-Poun pour les cendres et y fil les cérémonies funèbres. Le Roi Prachey Sétak ayant levé une armée, nombreuse en hommes, éléphants et chevaux, se disposa à retourner à Xieng-Maï. Les Maha-Sami, le Séna-Amat, tous les chefs des temples et le peuple ayant en vain tenté de le faire renoncer à son dessein, le Phya Chang Sisatam, son oncle, chargea le Phya Nakon d’assister le Sen-Louong à Muong Swa. Quand il fut arrivé à Sup-Ta, le roi apprit que les gens du Lan-Na s’étaient donné un prince du pays pour Phya2, que celui-ci avait nom Tit i. Vieng-Chang. a. Ce litre sera encore souvent employé pour désigner les Rois. HISTOIRE DU PAYS DE LA A-Cil HANG, IIOM KlIAO 69 Mékou, qu’il avait épousé Nang-Kam-Deng, veuve du dernier roi, et avait levé une armée de 100,000 hommes. Le Sen-Noï, un des chefs de ses troupes, avait réuni parailleurs les gens des Muongs : Fang, Xieng-Maï et Xieng-Sen, il était venu camper à Paday. Le Phya Chaya-Sen, chef de l’armée de Xieng-Maï, monté sur l’élé- phant Koang-Muong-Ngoï, s’avança pour combattre jusqu’à Ban-Dan. Le Phya Khoa Dock-mack, monté sur l’éléphant Sompan-Tep, con- duisit ses hommes à leur rencontre à Ilal-Soï. Le Phya Sen, prince du Lan Chhang et dont le nom était Phya Nhot, chargé du gouvernement de Houé-Louong et de Muong-Lemon, montait l’éléphant Kampenh, trois de ses frères plus jeunes étaient sur les éléphants Saïdan, Lao-Louong et Koun-Cliemronn. Enfin, un autre chef, Khoa-Penh, montait un éléphant royal au centre et conduisait l’armée vers Ban-Dan. Les gens de Muong-Louong1 suivaient le Méknam-Khong ; ils joigni- rent le Phya Chaya, Sen de Xieng-Maï. Le Phya Nhot attaqua celui-ci ; leurs éléphants étant aux prises, tom- bèrent dans le fleuve où le combat continua et finit par la mort du Phya Chaya-Sen tué sur le cou de son éléphant, Koang-Muong-Ngoï. 11 y eut alors un grand carnage des gens de Xieng-Maï et de Xieng- Sen ; les Phya Fang et Anlao ainsi que beaucoup d’autres chefs périrent avec un grand nombre d’hommes et d’éléphants. Le Sen-Noï s’enfuit vers la citadelle de Xieng-Sen. Le Roi Sélak étant arrivé à Muong-Tin, appela le Phya Sen, son grand-père, et le Phya Chang, son oncle, près de lui. Puis il chargea le premier d’aller à Xieng-Sen poursuivre le Sen-Noï et s’emparer de sa personne. A Xicng-Kong, le Roi et le Phya Chang décidèrent que leurs parents ramèneraient vers le Lan-Chhang les soldats de ce pays et qu’on marcherait sur Xieng-Maï avec les gens des Muongs, Plié. Nan et Nakhon 2 dont les i. Luang-Prabang. a. Principautés du Laos occidental. 70 MISSION PA.VJE phyas étaient d’accord avec lui et avaient à cœur le succès de l’entreprise. Ensuite le Roi fit aussi aller le Phya Chang à la poursuite du Sen-Noï, à Xieng-Sen, et lorsqu’il fut parti, il conçut une grande colère contre lui, parce qu’il écouta le mal qui lui en fut dit, par les soins.d’un Phya Takina Loan-Kam qui s’clail fait aider pour cela par la Nang, femme du roi. 11 envoya Ma Louong, Sen-Moeun-Na, Son Cldiang et le Tliao Plié pour mettre à mort le Phya Chang. Ils exécutèrent son ordre. Pendant ce temps, le Phya Sen avait envoyé, après l’avoir pris, le Chao de Xieng-Sen, vers Muong Swa, mais celui-ci, malade, mourut en y arrivant. Le. Phya Moeun Loukthao qui, avant traversé le Mé-Nam-Khong, avait pu s’emparer du Sen-Noï à Xieng-Sen, lut nommé Phya Kang, chef de l’armée. Lorsqu’on voulut mettre à mort le Sen-Noï, celui-ci parvint à s’enfuir cl à se réfugier chez le Chao Fa Tangho. Alors Phya Kang leva l’armée des Muongs, Kosampi et Fa Muong- Nai et, avec elle, traversa le Mé-Nam-Khong, prit Xieng-Mai cl s’empara du Phya Mékliou. 11 ordonna au chef Mang:Chéa, d’aller chercher le Roi à Xieng-Sen et de lui dire : « Le pays de Xieng-Mai nous appartient depuis que le père du Cliao- Sai, Moeun-Koang l’a déclaré devant le Yat Visoun, et cela est à la con- naissance des Muongs Tangho et Angoac. » « Maintenant , nous voulons y placer, pour régner, le Roi notre enfant. » « Nous avons appris que le Phya Mékliou aAail voulu s’y faire souve- rain, nous sommes venus et avons pu nous emparer du Phya Mékliou et du Sen-Noï. Dans ce pays de Xieng-Maï où nous attendons, il faut que notre enfant vienne pour en être le Roi. » Sétak ordonna au Phya Kèk de choisir des éléphants pour aller les offrir en présent, puis il lit une lettre disant : « Ce pays de Xieng-maï m’appartient depuis que mon père est mort, depuis que, étant élève dans un temple, j’y ai été instruit. J’ai construit là un temple à la mémoire de mon père et j’y ai fait de grandes céré- HISTOIRE DU PAYS DE LAA-CIIH ANG, HOM KH AO 71 monies en son honneur ; ensuite, j’ai remis le royaume aux chefs et aux prêtres et leur ai donné mes instructions. » « Mais eux, ayant reçu mes paroles, n’en ont pas tenu compte ; ils ont été chercher le. Pliya Mékliou. » « Aujourd’hui que mon père nourricier, Pliya Kang, s’en est de nouveau fait maître, je désire qu’il y règne, je vais retourner au Muong Lan Clihang. » Puis il lit partir le Pliya Kèk. Le Chauffa Tanglio, d’Angoac, ne voulut pas accepter cette solution. Il renvoya le Mang Chea avec Ivèk, disant que c’était le Itoi Sétak qui devait venir prendre le trône. Apprenant cela, Sétak comprit que Tanglio voulait s’emparer de lui, il retint le Mang Cliéa prisonnier, et descendit le fleuve. Le Chauffa Tanglio, mécontent, envoya le Cliao In Mé combattre vers Muons; Teunli. Celui-ci put s’emparer du Pliya Kang-Sivitehay, du Sen-Chhang, du Thao-Noi et du Sen-Chan-Chantpakay. Depuis cette époque, l'accord cessa entre les gens des pays Laos et Tanglio. Le Roi Prachey-Sétak alla alors s’installer à \ ieng-Chang. Lorsqu’il y lut arrivé, le Roi d’Ajuthia, voulant renouveler l’amitié, lui envoya une de scs lilles, Nang-kéo-Fa, en mariage, mais celle-ci ne plut pas à Sétak qui la renvoya. Le Roi d’Ajuthia en lit partir une autre, aînée, qui lui acceptée. Dans ce temps, le Chao-Fa Mang, Ta, ayant eu à se plaindre du Scn-Noï et du Pliya Samlan, voulut les faire brûler. 72 MISSION PAVIE L’ayant appris, ils se sauvèrent, le premier chez le Phya Xieng-Kheng* qui le livra, le second au Muong Lan-Chhang. Le Chauffa Mang, la, envoya son iils In Mc pour le réclamer, mais n’ayant pu l’obtenir, celui-ci s’empara de Xang Kamkay, sœur du roi et du Phya Fakon Pra-Maha Oharach. Alors le Roi ordonna au Phya Saï d’aller combattre dans le Muong Nan ; beaucoup de Mang el de Nhious furent tués ; à son retour il fut nommé par son maître : Sen-Muong Lan Ghhang. Le Roi nomma en même temps le Sen Chhang-Thao-Pao, Phya Nakon. Peu après, le Roi de JuthiaL> fil connaître c[ue son gendre, le Cliao Sang Kao, était passé du côté du Mang, Ta, et demanda qu’on l’aidât à le prendre. Le Prachao Sélak leva alors 380,000 hommes. Phong Nang, qui était chef à Vieng-Chang, el le Phya Khoa-Doc-Mac eurent 100,000 hommes et 1,000 éléphants pour aller combattre au Muong Kem et chercher la princesse captive. Lui, prit 280,000 hommes avec 2,500 éléphants el alla chercher Song kéo. 11 attendit 20 jours, el le Chao Mang, Ta, ordonna à cinq chefs Nhious cl Mangs départir avec 50,000 hommes, 100 éléphants et 500 chevaux. Apprenant leur marche, le Pra Chao Sélak leva son armée el s’avança au devant d’eux. Il gagna la bataille, prit 500 chevaux, ne put compter les morts cl revint vers Nakon Passac. Cependant d’autres N liions, au nombre de 90,000, avec 500 éléphants, conduits par Sang-Kéo, se dirigeaient vers Dong-Louong Pak-I loué pour provoquer le Roi. Celui-ci envoya les Phyas Nakon, Pell, Paît el Sourassen. Ils combat- tirent. Ils prirent un des chefs Nhious vivant, en tuèrent 3 et en blessè- rent 2. Treize des officiers de Sang-Kéo furent tués, entre autres son oncle Chao Chhang, 503 éléphants furent pris, 205 furent tués, leurs défenses furent retirées. Le Roi revint alors à Vieng-Chang. i. Actuellement principauté de Muong Sing au Nord de celle de Luang-Prabang. a. Abréviation usitée de: Ajulbia, la capitale du Siam. HISTOIRE DU PAYS DE L A N - G HIIA N G, HOM KII AO 73 10 Les Phyas klioa-Doc-Mak, Kônlang, Ratsavat, Nhot-Sateen, ayant attaqué le Muong Rem, furent vainqueurs; ils s’emparèrent du Phya Lek, de 20 éléphants, dont un nommé Kan long était haut de sept coudées, de 400 chevaux, de beaucoup d’or et d’argent, et de la femme du Phya Kem nommée Nang Kam que l’on emmena au Roi de Lan Cldiang. Quatre ans plus lard, le Chao Fa, marcha sur Ajulhia dont le Roi envoya demander aide au Roi de Luang-Prahang, disant: « "Venez au secours de votre beau-père. » L’armée fut rapidement mise sur pied et amenée au Muong Pan-Ngam. Le Roi envoya le Phya Clian Kon-Nang combattre avec 30,000 hommes à Louvo *, où le Chao Fa, avait placé 60,000 hommes. Le chef des Laotiens attaqua et tua sur son éléphant un phya Tangho ; il s’empara de ses femmes, doses enfants, de ses éléphants, qu’il vint offrir au Roi, à V ieng Pan-Ngam. Après cette affaire, le Phya Nakon dit : « Allons maintenant attaquer le Chao Fa à Ajulhia. » Le Phya Sen dit: « C’est inutile, cet homme connaît les desseins de scs ennemis, il s’en ira et nous retrouverons Ajulhia abandonné. » Phya Nakon ne voulut point se rendre à ce raisonnement, disant : « 11 faut voir. » Alors Phya Plièt, lîls du Phya Lakon, ayant également été d’avis d’aller livrer bataille, le Roi se rangea aussi à celle idée, on marcha sept jours en descendant, et arrivé à Tépachan on traversa le Nam-Passac et joignit les troupes ennemies. Le Chao Fa envoya son Obharach pour arrêter l’armée. Il fut vain- queur, Phya Phèt fut tué sur la tête de son éléphant. Phya Nakon, voyant son fils mort, recula, alors tous, chefs et soldats, demandèrent au Roi de se retirer du combat, et pendant qu’il traversait le i. L ne des anciennes capitales du Siam. MISSION PAVIE 74 Nam-Passac, les Pliyas Sen, Chan-Kon-Nang, Pon-Notepet Saï, les Phyas Iïentao et Senokonloc ei tous les princes et soldats allèrent attaquer les éléphants de Tanglio. Le Phya-Sen chargea le Koun-Seng de conduire le Roi dans sa fuite. En deux jours cl deux nuits il le ramena dans le royaume. En se retirant ainsi, le Roi avait suivi le chemin de Sam-mâ. Quand elle étail venue l’armée avait marché par la route de Nam-Passi et avait mis 7 jours jusqu’à Tépachan. A savoir: 5 jours jusqu’au Muong Sorvassen. Le Roi étant arrivé à Vieng-Chang, on reconnut qu’une grande quan- tité d’hommes, de chevaux et d’éléphants étaient morts dans la bataille et dans la retraite. Pendant ce temps, le Chao Fa .Wang Ta put s’emparer de tout le pays de Ajulhia puis il leva les gens du pays pour qu’ils l’aidassent à s’emparer du Roi du Lan-Ghhang. Celui-ci l’ayant appris, demanda conseil au Phya-Sen, disant: Je ne sais pas comment faire. » Le Pliya et tous les chefs aidèrent de leur mieux le Roi. Le Phya-Sen fit débrousser tout le terrain de la rive droite, puis il y plaça les familles. Les Phyas Ankéo, Anpap, Thamo-Koun furent chargés d’empêcher que les N liions pussent trouver des vivres dans le pays, sur l’une ou l'autre rive. Puis il dit : « \ ieng-Chang est un pays guerrier, il faut que nous em- pêchions les ÎShious de séjourner dans le muong. » Le Roi accepta celte manière de voir. Alors le Chao Fa envoya l’Obbarach et le Chao d’Angoac qui traver- sèrent le Mé-Nam-Kliong au-dessous de Dan-Kv, ensuite ar ec son fils il vint joindre son armée. Elle s’élevait à 600,000 hommes. C’étaient des Leues, Youns, Mengs, Kuns, Longs1, etc. Le Chao Fa, Pou Kong était aussi appelé par ces différents peuples i. Thaïs des différentes familles habitant les Sipsong-Pana, le Lan-\a, la Birmanie et le royaume de Xieng-Tong. HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CHHANG, HOM KHAO 75 Lcucs, Youns, Kuns, Sao-Thaïs ; Mang-Ta-Louong, Sanpou-IIa-Cong, Ekarat, Pra Mahatami Karal-Chatirat. Cependant les Phyas Nakon et Sangkaliaram avaient parlé entre eux. d aller guerroyer dans le pays d’Ongkam où le premier désirait être roi. Tous deux étaient vieux et chauves. Dans ce même temps arriva la nouvelle que le Roi d’Ongkam était mort. A cette époque aussi, il y avait dans ce pays d’Ongkam deux jeunes princesses très jolies, désireuses d’être femmes du Pra-Chao (Sétak). Elles avaient envoyé 2 prêtres et 10 hommes porter un message. Elles avaient nom Nang Tépasara et Nang Botoumokon. Les gens du Muong Saï ne laissèrent pas passer les 10 hommes, mais les prêtres purent échapper et porter leur lettre. Ce que les deux vieux chefs avaient dit entre eux n’était pas sérieux, ils ne donnèrent point suite à celle idée, mais le Roi ordonna au Phya Sousompanit et au Phya Chanlhoa d’aller au Muong Ongkam, et il nomma le Koun-Louong Oppakan chef de l’expédition. Or, le Phya Ongkam n’était pas mort, il poursuivit, après les avoir fait fuir, les deux Phyas. A leur retour, une autre expédition fut organisée ; le Phya Nakon dit au Roi qui partit aussi : « Si nous sommes les vainqueurs, je désire être Phya d’Ongkam. » .Mais le Roi d Ongkam l’emporta dans le combat, et l’armée revint très éprouvée. Le Phya Nakon ramena le Roi qui, malade, mourut en route, ainsi qu’une foule de chefs cl de soldats. Le Phya Scn avait fui vers le Lan-Chhang avec le Phya Chan Kon- nang cl 1 hao-Pao. Il y eut un grand désordre et le pays fut très malheureux, Le Séna-Amat, les princes, les prêtres, choisirent alors le Phya Sen, grand-père d’un roi, pour occuper le premier rang dans le pays et diriger les affaires. 76 MISSION PAV1E Un an après, il voulut se faire Roi ; les chefs et les prêtres s’opposèrent à l’exécution de ce projet parce qu’il y avait, vivant, un fils du Roi Sétak. Le Pli va Sen voyant que l’avis général était imposé par le Pliya Chang, fut plein de ressentiment contre lui, le fit mettre à mort et fut Roi. Ce livre est l’histoire du Roi Borom Ratchatirat et de sa race. Il est écrit pour ceux qui vivent et pour ceux qui vivront. Les savants devront en corriger les fautes afin qu’il soit parfait. Ils devront y ajouter les événements dont ils seront témoins ou qui arri- veront à la connaissance de leur cœur ainsi que les règnes des souverains afin que tous les sachent. Je vais maintenant écrire l’histoire des Muongs Tanha, Hué-Seuk, Pliong et Phouc. Puis celle des Muongs Sen Nakon, Tinteng, Tinxieng, afin aussi qu’elles soient connues de tous. Quiconque veut s’élever au-dessus de la masse, puis grandir, doit en connaître le contenu, du commencement jusqu’à la fin. Il doit aussi savoir ce qui est écrit sur les pierres Kan Fa, mises par les Maha-Russi à Pa-Kan h Le 10° jour du 3° mois, An Lovai Cholla-Saccarach 1219 (1857), cette copie a été terminée. Le livre a eu pour auteur : Maha Akavora-Lacakou Titsapanha i. Embouchure du Ntam-Kan à Luan"-Prabanj;. o c HISTOIRE DE' PAYS DE L A A - G HIIA N G , HOM K II AO 77 clief du \ at Paliouc, qui avait pour but de le faire parvenir à la postérité jusque 5,000 ans écoulés. Je souhaite d'obtenir, grâce à mon travail, la réalisation de mes désirs, savoir, que si je suis mauvais, je devienne bon et que j’aille au ciel après ma mort. Je souhaite aussi que mes parents, mon professeur et mes amis aient part à ce mérite ainsi que mon pays et tous ses habitants ; qu’ils soient heureux dans la suite des années et obtiennent le Nirvana *. Ces caractères sont mal tracés, ma main est raidie, excusez-moi. i. Paradis. ABREGE DE L’IIISTOIBE DU PAYS DE LAN-CHHANG, HOM KH AO (MILLIONS D’ÉLÉPHANTS ET PARASOL BLANC) ( Luang-Prabang et Vieng-Chang). I. Deux solitaires venus des plateaux d’Embopan, où naît le Houé khaï, grande source du Mé-Nam-Khong, chercliaient pour s’établir une terre favorisée. Ils arrêtèrent leur barque devant une colline régulière comme un amas de riz dont le fleuve large cl tranquille répétait à leurs yeux l’image et les couleurs. Au sommet un flamboyant, liant de soixante coudées, couvrait les pentes de ses fleurs rouges, l’eau en plusieurs endroits coulait limpide des roches, le soleil, le matin d’un côté du mont, était le soir de l’autre. Le lieu leur plut. Des bornes placées au Nord, au Sud, à l’Est, le limitèrent. La pre- mière eut nom I ha-Pa-Diho, la seconde Tha-Lac-Man, la troisième, à la lisière d’une plaine riche destinée aux cultures, acheva avec le fleuve d’enclore la hauteur tout entière. 80 MISSION PAVIE Des Yacks, disparus, originaires de Lanka, avaient habité la contrée. La compagne de leur dernier chef, mort laissant une fille, Nang Kang- Ili, était sous la forme humaine devenue femme d’un Roi d’Enthipat, père du prince Rothisen 1 qui plus tard s’unit à Nang Kang-Hi. Pour que le souvenir de ce passé fût gardé, les solitaires représentèrent avec des roches Rothisen et Nang Kang-IIi sur le bord droit du Mé-Nam- Kliong, devant le confluent de la grosse rivière Nam-Kan. Après eux, vint de la région de Yicng-Chang un homme, Chang-Ta- Phinit ; il fil déboiser le terrain entre les bornes et fut le premier chef du pays. Les générations se sont répété qu’a son époque l’or et l’argent abon- daient sur le sol parmi les pierres. Swa commanda après lui fort longtemps, on s’habitua à appeler le lieu Muong Swa. 11 eut pour successeurs de pères en fils : Yepa, Yirilia, Kanlang, Nouli, Lawang. La tradition, en fermant celle première séi'ie de sept chefs, dit que sans avoir une grande origine ils furent Rois, mais qu’après eux seule- ment commença 1ère des puissants souverains. T. Aulre allusion à l’« Il istoire dos douze jeunes tilles ». ABRÉGÉ DE LllISTOIRE DU PAYS DE LAN-CIIHANG, IIOM K H A O 81 11. A Theng, au Nord, vivaient trois frères: Polan-Seuhon, Koun-Kan cl Koun-Kett. Avec un buffle, présent du ciel, ils faisaient des rizières dans la grande plaine. Après trois ans, la bête mourut; le cadavre resta à l’abandon, mais bientôt de ses narines sortit un plant de courge de proportions extraordi- naires. Rapidement étendu sur un espace de plus de mille coudées, il eut trois fruits dépassant en grosseur les vastes paniers de bambou servant dans les campagnes pour contenir les provisions de riz. Les frères se hâtèrent d’en ouvrir un. De ses grains sortirent en foule des enfants morts, presque en même temps que nés. Comprenant que les courges n’étaient pas mûres, ils laissèrent les deux autres jaunir, puis Polan-Seuhon rougit au feu une tige de fer et les perça. Il s’en échappa aussitôt une multitude de petits hommes subitement grands. Ce que voyant, Koun-Kan, avec un maillet cl un coin, fit à chaque fruit une large entaille; trois jours et trois nuits durant, la foule se répandit dans la plaine. Des trous faits par le 1er rouge, sortaient ceux qu’on nomma Thaï- Loum et Tliaï-Vi. Les grt unies entailles donnaient le jour à des Tliaï-Luean, Thaï-Las et Thaï-Koang1. O A tous, Polan-Seuhon dit de se marier et de cultiver le sol. Il prévint que les I haï-Luean, les I haï-Las et les ’1 haï-Koang étaient Laotiens, qu’ils brûleraient leurs morts; que les Thaï-Loum et les Tliaï- A i étaient des Khas, qu'on devrait chez eux mettre les cadavres en terre. i. Lues, Laotiens, Pou Euns. 82 MISSION PAVIE Sur cc vaste plateau de Theng, la population se multiplia si rapide- ment que la place manqua. Les frères durent aviser. Polan-Seulion invita les Klias à s’en aller vers les montagnes défricher la forêt. Trouvant la décision injuste, eux, refusèrent. koun Kan et Koun Ivcll durent gagner la région des nuages afin de demander secours au tout-puissant Plxya Theng. On se rendait alors près de lui, à l’aide (le la liane Kaokat. Les ayant entendus, celui-ci chargea Koun Kou cl Koun Kang de l’organisation du pays. Par leur arrogance et leur dureté ces envoyés se rendirent odieux à tous. Polan-Seulion fit repartir ses deux frères, et, afin qu’après eux per- sonnelle pût suivre le même chemin, il coupa la liane Kaokat. Devant leur plainte, Phya Theng demanda au sage Koun Borom d’aller donner satisfaction à tous. Le Koun Borom avait sept fils, les Komis: La, Kioucson, Saïphong, Polan, Lokon, Kamhin et Kiet-Koeun. 11 sépara les peuples et les leur partagea. Puis il dit à l’aîné d’habiter le Muong Swa, Au deuxième il indiqua le Muong Ixéo, Au troisième le Muong Toun, Au quatrième le Muong llo, Au cinquième le Muong Kam, Au sixième le Muong Srijuthia, Au septième le Muong Koang '. Avant de les mettre en roule, Koun Borom dit auxsept frères, ses enfants: « Lorsque vous serez arrivés dans vos nouveaux pays, vous désignerez les mois par leurs numéros, et non plus par des noms. » « Vous vivrez paisiblement en bons voisins, les aînés ne querellant pas leurs cadets. » 1! leur donna longuement des conseils empreints de sa grande sagesse, i. Partage déjà indiqué à la page i5. ABRÉGÉ DE L'HISTOIRE Dl PAYS DE LAN-CHHANG, HOM KlIAO 83 leur demandant do les graver en leur cœur, de les redire aux descendants. « Si ceux-ci, ajouta-t-il, les observent sans varier, leur régné duieia bien plus que sept mille années. » « S’il en est, au contraire, qui n’en tiennent pas un compte scrupuleux, ils verront dans leur pays les arbres cesser de porter des fruits; la foudre viendra les pulvériser, le sol, pour les engloutir, s’entr’ouvrira violemment.» « Partez, et souvenez-vous que vous êtes nés du même sein. » Ayant parlé, il prit et éleva son sabre. A ce moment , Nang-Tévi, la mère, s’approcha. Elle remit des bagues à ses enfants, leur partagea des serviteurs en grand nombre et des richesses prodigieuses. Chacun se mit en marche vers la contrée qu’il devait faire prospérer. koun-La, l’aîné, quitta Tlieng par ic Nam-Ngoua, il aperçut le Mé Nam-Khong à Palung *. Les premiers habitants du Muoug-Siva étaient sauvages. Quand koun- Là arriva, ils s’enfuirent. L’un, nommé Kanrang, se réfugia avec les siens dans les cavernes, d autres se retirèrent a P a-Nam-1 a. Koun-Lâ fut le premier Uoi laotien. De père en tils quatorze princes lui succédèrent, ce furent : koun Swa, Koun Son, koun kelt, koun koum, koun kip, koun kop, koun kou, koun Doun, koun kan, i. Montagne sur la rive gauche du Nam-llou. MISSION PAYEE 8'( Koun Pheng, Koun Saïpheng, Koun Pi, Koun Kam, Koum Rong. Leur règne, celui de Koun-Lâ compris, cul cinq cenls ans de durée. Suivaul I avis des savants, on cessa à celle époque de donner aux Unis le litre de Koun; celui de Tliao lui choisi; et Ten, fils de Koun Hong, s’appela Tliao Ten. Puis, loujours de père en iils, il y eut : Tliao Young, Tliao ^ euk, I hao Pinseuk, Tliao \ ang. On substitua, après le règne du dernier, au lilrc de Tliao celui de Phya, el Lang, fils de Vang, lui le prémier des Phyas. Les dénominations de Koun cl ’l hao désignèrent les princes de rang inférieur. Pliya Lang ne régnant pas à la satisfaction des chefs, ils se révoltèrent, le mirent en cage et le transportèrent à Pak-llou. I hxa Kamphong, son Iils. lui lut donné comme successeur. Celui-ci, devenu plus lard père d’un garçon, demanda qu’on allât puer le vieux Lang de donner un nom à l’enfant. Le Mocun Nlieua s’y rendit: arrivé près de la cage, il reçut du pri- sonnier cette réponse, qu il vint rapporter au Roi ; ABRÉGÉ DE L'HISTOIRE Dü PAYS DE LAN-CH HAN G, HOM KH AO 85 « \c viens pas parler à moi qui suis mauvais, va t’adresser à Pi- Fat *. » Entendant ce nom: Pi-Fat, le Phya Kamphong le reçut pour celui cherché, il le donna à son Fils. Déjà âgé et père de six garçons, Pi-Fat aima une des femmes de son père, qui le chassa avec son enfant aîné, ne voulant ni de l’un ni de l’autre pour successeurs. . Indra. 86 MISSION PAV 1E III. Pi-Fat mourut dans l’exil. Son fils Fa Ngom, né l’an 678 (1316) revint après une longue absence, il apportait la statue du Pra-Bang de Ceylan. 11 reçut le pouvoir en l’an 715 (1353), mais ne régna pas en bon prince, ignorant des usages du Laos il rendit le peuple malheureux. Les habitants le chassèrent après trois ans, il se retira à Muong \an auprès du Phya Kam et y mourut âgé de 58 ans en l’an 736 (1374). Fa Ngom, en venant au monde, avait été déclaré par les astrologues, dangereux pour sa famille. Exposé par son père sur un radeau, il fut abandonné au courant du fleuve. A peine au gré de l’eau, un ange vint l’abriter sous un parasol et, tout le monde le vit, le radeau, au lieu d’être entraîné, remonta jusqu’à Ban- Seng. Lu solitaire avait recueilli et élevé Fa Ngom jusqu’à 17 ans. Le peuple choisit son lils Iloun-Run pour lui succéder. La troisième année de son règne, il lit le dénombrement de la popula- tion du Muong S va : il s’y trouva 300,000 maisons ou familles, les seuls Laotiens comptés. Pour cet acte, les chefs le surnommèrent Sam Son Thaï (300,000 thaï). Lorsqu’il mourut, en 768 (1406), il régnait depuis 53 ans: tous étaient très heureux de son gouvernement juste. ABRÉGÉ DE L’HISTOIRE DU PAYS DE I, Y N -C11IIANG, JIOM KIIAO 87 Il laissa six lils. Moeun Pan. Lam Kandeng, Tliao Saï, Kaotémac, nés de sa première femme \ang Kéo-Yopha, Kan-Kéo el Lucliey, nés de Xang-Ansa, fdle du Phya de Xicng-Maï, et quatre filles. Lam Kandeng, successeur de Sam-Sen-Thaï, mourut en 790 (1 458), laissant quatre lils. dont les deux aînés sont ’l liao Promolat cl I liao Yukon et c[uatre tilles. Th ao Promolat eut le trône après son père. Il régnait depuis dix mois quand Xang-Kéo-Pumpa le lit tuer sur la roche de Pa Dilio. On appela pour lui succéder Kao Témac, quatrième fds de Sam-Sen Thaï: il se trouvait à Pak iloué Luong: il vint et fut le Phya Moeun. Le sixième mois, Xang Kéo Pumpa donne ordre de préparer sa mort : averti, il se pend dans la salle de bain de sa maison de Yieng- I ong. Pour suivre la volonté de Nang-lvéo, on s adresse au I hao-Saï, retire à Xieng-Kang. Il règne trois ans sous le nom de Phya Kliaï et est exécuté à Pa Diho. \ n autre lils de Sam-Sen Thaï, Kan Kéo, habite le pays de Xieng-Sâ; les chefs envoyés pour le chercher rapportent qu ils ont, on y armant, appris sa mort déjà ancienne. Le peuple demande au deuxième lils de Lam Kandeng de commander le pays. Sous le nom de Phya Kam, il règne depuis huit mois, lors- qu’on l’avise que Nang-Kéo veut le faire périr aussi, llsentuit, mais, poursuivi, il est massacré à courte distance de la ville. Le titre de Phya est alors donné à un vieux serviteur de Sam Son I haï, sous lequel les gens furent heureux trois ans. 11 mourut de maux d entrailles. Les principaux chels se réunirent après sa mort, ne voyant dans ces conditions que Xang Kéo Pumpa pour lui succéder, ils la firent mourir a Pa Diho. Lucliey, le dernier des lils de Sam Sen lhaï, se trouvait a MuongSaï; on lui offrit d’être Phya. Il était né en 777 (1415); âgé de “2.1 ans, il fut Roi en 800 t) 438) sous le litre de Phya Lucliey Chakrépotirach. Il eut six lils: Kom Kéo, Ten Kam, \oun, Reyahon, Chu Hôn, Lakou. L’aîné lui succéda sous le nom de Pra Cliao Xieng-Lu. 88 M1SSI0IS PAME Il envoya Tenkam comme chef au Muong Saï. Sous son règne les Annamites Pou Koang envahirent le pays, 84 J (1479). Dans le combat, au-dessous de Yat Xieng-Tong, Xieng-Lâ fut vaincu, le Moeun Louong, le Moeun Pou cl le Moeun La, lurent tués. Les cadavres lurent trouvés à Lak Man, devant la pagode Bou-Sot-Luong. Xieng-Lâ se sauva à Xieng Kang; il pria son frère Tenkam de l’aider, lui promettant le trône en cas de succès. Celui-ci accepta, repoussa a Pak Poun les envahisseurs, nui se reti- rèrent par le Pou Eun. L’ancêtre Borom avait défendu à ses enfants de sc combattre. A cause de cela, quand les Annamites approchèrent de leur pays, la foudre éclata sur leurs têtes et les tua tous. Luchey mourut à 65 ans. Scs funérailles curent lieu dans la pagode de Xieng Kang1. Tao Tenkam, son deuxième fils, né en 8 I 7 (1455), fut Phya à 35 ans sous le nom de Sowan-Balan : il régna 7 ans. A sa mort les habitants choisirent Thao-Lakou, iils de Luchey, sous le nom Phya Lasenkax. Il mourut en 858 (I 496) dans une maison de Xieng-Ngam. Il eut pour successeur son (ils ’l hao Chompou, âgé de 9 ans, qui, après cinq années, lut écarté du pouvoir, 863 (1501). Le peuple lit venir de Muong Khoa2 3 un autre fils de Luchey: il y vivait retiré sous le nom de Klioa-Thaya. Avec le litre de Phya A isoun, il régna 20 ans. Son Iils Potisarach prit sa succession à 15 ans, 882 (1520). Il régna avec le litre de Chéa Potisarach Tepedev Cheya Ivhakropot loromonet. Il construisit la pagode de Sangkaloc en l’an 889 (1527). llavait ordonné au peuple de creuser, depuis le Bang Swa \ un canal pour conduire au Nam Dong les eaux de ce marais, au centre duquel le temple fut élevé. 1. Sur la rive droite du Mékhong au Sud de Luang-Prabang. 2. Sur le \am-Hou. 3. Marais en arrière de Luang-l'rabang. ABRÉGÉ DE L'HISTOIRE DU PAYS DE L AN-C HH AN G, HOM K H A O 89 lleul Dois fils : Chao Setvansai Tetanava, Thao Tliarua et Thao Vo- rach Yongsacl trois lilles: XangKéo lŸaumarcy. \angKam, \ang Soum. L’aîné fut concluii par son père à Xieng-Mai dont il fut Loi à 12 ans, sous le nom de Chéa Prachcy Ghek Sétan. Comme le Roi Potisarach revenait à Luang-Prabang, il mourut. 909 (1547). Le peuple prit Tetanava pour lui succéder, sous le nom de Phya Cliey Sétak. Mais lui voulut rappeler son frère aîné et lui remettre le pouvoir. Puis il descendit à A ieng-Cliang et en fut Roi. A l’âge de 38 ans, étant parti de Yicng Chang pour guerroyer dans le pays d’Ongkam, Sétak s’écarta un jour de son camp, s’égara; on ne le revit plus. C’était le 3 du quatrième mois. Sa femme, enceinte à son départ, accoucha le treizième jour de ce même mois; l’enfant, un garçon, reçut le nom de Momuong. Deux chefs avaient été chargés de conduire les affaires pendant la guerre; en apprenant la disparition du Roi, ils ne purent se mettre d’accord, chacun voulant le remplacer. 11 y eul lutte; le Phya Sen vainquit le Phya Chan et régna sous le nom de I hao Prachao Sen Lan Ghhang. Il mourut dix ans après. 944 (1582). Momuong, âgé de vingt ans, régna six ans el mourut. Le peuple de Yieng-Chang prit pour lui succéder son parent Pratami, âgé de quatorze ans. Quatre ans après, celui-ci eut un fds, Opaiouk, qui, en 984, se révolta, prit sa place el mourut l’année suivante. On eut alors Ba Nan, fds du Phya Sen, sous le nom de Prapoti Sau- rach: il mourut en 989 (1627). Après lui. régna un frère d’Opaiouk, Mankéo, dont le fds était mort laissant deux garçons, Tankam et 4 ichoy. Tankam fut son successeur. A la mort de Tankam, le plus jeune de ses trois fils, le chao Sauriac, gouverna sous le nom de Thao Sauriavong Thamika radia Borom Bamapit Préséta Tiracli. 1000 ( 1638). D 12 90 MISSION PAY IE II expulsa aussitôt scs deux frères aînés. Le premier, le Chao Chompou, se retira à Hué1; il y mourut, laissant Irois enfants qui y étaient nés: Prachey Ong Hué. Tliao Nong, et Cîiao Ratcha Vongsa. Sauriac eut un fils, qui lut Katcliabout, et deux filles, Nang Roula et Nang Kiaman. Dans ce temps, le choléra détruisait la population de Luang-Prabang. I n prince Lue, nommé En, et sa sœur Kaumarey conduisirent à \ieng-Chang le reste des habitants. Le fds de Sauriac épousa Kaumarey: il en eut deux fils : ICenkelt et Enlasson. Le Cliao Lue prit pour femme une Laotienne, Nang Sam-Kam, il en eut un fds, Kramom-Noi. Quand arriva la lin du règne de Sauriac, son fils était mort, ses petits-enfants en bas âge. 1057 (1695). Ln des chefs, le Phya Cban, se lit Loi cl épousa la seconde fille de Sauriac, Nang Kiaman: mais un autre, le Phya Nakon, le combattit et prit sa place sous le nom de Phya Non Tirach. Le Phya Clian s’empoisonna. Le Chao Lue était mort, laissant son fds, que les Laotiens avaient d abord appelé Kramon Noi, puis surnommé Noc2 3, parce qu’il s’absen- tait sans cesse. A ce moment Prachey Ong llué, fils du Chao Chompou, né à llué cl ayant deux frères grands, partit de l’Annam avec des troupes. Le Phya Nakon fut tué dans la bataille. Prachey Ong llué fut roi à N ieng-Chang. Les fils de Sauriac, Kenkelt et Enlasson, n osèrent rester à N iener- O Cliang après 1 arrivée de Ong llué: ils se retirèrent avec kramom Noi cl Ong-Ek Muong Pan vers Luang-Prabang. Arrivés à Iloua IIou \ Kenkelt 1. Capitale de l’Annam. 2. Sorti. 3. Sur le haut Nain-IIou. ABRÉGÉ DE L HISTOIRE DU PAYS DE LAN-GH H AN G, HOM K H AO 91 et Kramom Noi allèrent à Muong-La, Entasson et Ong-Ek à VIuong-Lé1. Alors Cliao \ong, frère de Ong llué, vint pour régner à Luang- Prabang; mais Kenkell cl Entasson levèrent des Thaï llou el des Thaï Tlieng 2 el descendirent pour l'attaquer. Lui, ne voulant pas combattre, partit pour Yicn-Chang, emportant les statues des Pra-Kéo, Pra-Bang et Pra-Sé-Kam. Alors le Laos se trouva divisé entre les petits-fils du roi Tankam : la famille de son fils aîné régnant à \ieng-Chang, celle du plus jeune à Luang-Prabang. Le royaume de Lan-Chhang fut partagé. Vieng-Chang eut pour limites : Aieng-Kang, Sup-Mi, les rapides de Salapi3 * 5, Pou Sang Tang lloé et Ba Kam Tankao. Et Luang-Prabang eut Aieng-Kang, Pa-Kandai, Kang-Phé-Khao. Les Sipsong Cliau Thaï1 el les Opan Tanlioc"' remontèrent à Luang- Prabang. Celle division se ht en 106'J (1707). Prachey Ong llué eut de la fdle de Ong Ek un (Us, Onglang, père de Oug Pou11, qui cul les Chaos En, \an et \nouc6. Kenkell. régnant à Luang-Prabang, mécontenta la population. Elle le chassa et le remplaça par Kramom-Noi. i. Pays Thaïs dos frontières du Yunnan. а. C’est-à-dire des Thaïs, des Muongs : Itou et Theng. 3. Chutes de klionu:. 4- Les douze cantons Thaïs, dans le bassin de la Rivière Noire. 5. Muong Iloua pahn ha tang oc: Pays des mille sources et des cinq cl six cantons. Il y avait onze cantons, cinq relevaient de l’Annam et six du Lan-Chhang. б. C’est sous le règne d’Ànouc que Vieng-Chang fut détruit par les Siamois. 92 MISSION PAME Mais celui-ci, continuant par ses absences à mériter le surnom de « \oc », fut oblige de s’en aller; on lui préféra Entassom. Kramom-Noi se retira à Xieng-Maï, dont il devint Roi1. i. Voici comment la tradition raconte la destinée qu'aurait eue ce roi au carac- tère bizarre, surnommé: Noc ou Ong-Noc; le prince Sorti. Peu après qu’il eut reçut le trône à Luang-Prabang, les habitants se fatiguèrent de le voir toujours absent du palais, négligeant le règlement de leurs affaires, ne s’occupant en rien de celles du pays. Un jour qu’il revenait d’une longue promenade avec quelques serviteurs, il fut surpris en rentrant en ville devoir que les gens le saluaient d’une manière plutôt contrainte ou l’évitaient, et, il resta tout interdit en arrivant au palais d’en trouver les portes fermées, solidement closes'. Les fonctionnaires qu’il rencontrait se sauvaient en le voyant ; des enfants attroupés le regardaient curieusement. Questionnés, il lui dirent : « \ ous n’ètes jamais là ; les chefs et le peuple ne sont pas contents, ils ont fermé les portes alin que ne pouvant entrer vous quittiez le pays. » Ong-Noc s’en alla tristement devant lui. Après avoir passé le Nam-Kan il entra dans la pagode de Xieng-Lec, v dormit et, le lendemain se mit en route pour gagner Muong-Luoc. En s’éloignant, exaspéré de ne voir personne répondre à ses appels, à ses questions, comprenant que chacun confus de lui faire pareil affront était bien décidé à ne pas le rappeler, il se tourna vers la ville et la maudit. « Je souhaite, » cria-t-il, « que ce palais d’où l’on me chasse, brûle une fois dans chaque année ». Lorsque dans son voyage, il se trouva au bord de la petite rivière Nam-Tap qu’il fallait franchir sur un tronc d’arbre vermoulu servant de pont aux passants : « Si je dois encore régner, » dit-il aux fidèles qui l’avaient suivi, «ce bois se rompera sous mon poids ». Comme il parlait, la passerelle craqua, il eut grand’peine à gagner le bord opposé. Scs serviteurs durent traverser le cours d’eau beaucoup plus haut, à un gué. Il arriva à Xieng-Maï et s’v lit prêtre à la pagode Xicng-Phuoc. Dans ce même temps la contrée était sous le coup d’un grand danger. Les Birmans l’avaient envahie en partie et Xieng-Maï se trouvait menacé. Son roi ne savait à quel parti se résoudre. Ou lui parla de Ong-Noc. Alors, ayant sans doute idée qu’il tenait le meilleur mode de salut, il sembla considérer l’arrivée du prince déchu comme voulue par le ciel et convoqua sans larder, la population tout entière, pour le lendemain sur la rive droite du Nam-Ping. L ancien roi de Luang-Prabang et lui seraient mis, seuls, chacun dans une barque ABRÉGÉ UE L’HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CIIHA.NG, 11ÜM KIIAO 93 Eniassom régna alors sur Luang-Prahang avec les titres de Tha Hacha Enlassom Boromopapil Si I akana Oulanak Chakrépotiracli (diao Ong. 11 eut trois lils : Chain Nout et N ong, et quatre filles. tirée au sort. Livrées au cours de l’eau, il serait clair que si une d’elles, au lieu d’ètre entraînée, remontait, les génies protecteurs du pays, indiqueraient par là le prince qu’elle porterait comme devant conduire l’armée et repousser l’invasion. La foule vint immense au rendez vous. kramom- Noï, vêtu en prêtre, intéressait bien autrement que le Roi. Chacun était convaincu qu’il allait nécessairement l’emporter. H entra en priant dans la barque qui lui échut cl ne parut pas surpris, non plus que tous, de la voir, lorsqu’elle eut été poussée au large, s’en aller vers les remous et, prise par eux, remonter rapidement ramenée à la berge un peu plus haut. On se précipita vers lui l’acclamant, personne ne songeant au Roi emporté dans sa barque échouée au loin comme un las d’herbes sur les vases. Ong-Noc dut quitter la pagode, prendre les armes. 11 déclara hardiment qu’en l’apercevant, les Birmans s’enfuieraient. Chacun en fut persuadé. Quoique inquiet du résultat, le Roi qui avait peut-être désir de se débarrasser du lourd fardeau des affaires en une époque de périls, fit connaître, que, si le succès était dû à Ong-Noc il quitterait son trône pour lui. En tête de ceux marchant par devoir il suivit celui que tous regardaient comme envoyé par le ciel. A cette toute petite année se joignirent tous ceux songeant au butin et la loule innombrable allant comme à un spectacle à la défaite bien certaine de l’armée des ennemis. Lorsqu’Ong-Noc arriva avec sa cohue enthousiaste devant le camp des Birmans chacun songeait à laire preuve de bravoure, sans danger. En cher inexpérimenté il laissa ses gens s’établir belliqueux, sans précautions, sous les yeux de l’adversaire étonné. Quand on lui demanda des ordres, ne sachant vraiment que faire, il remit sa réponse au lendemain, jour propice! Dans la nuit on entendit un grand bruit chez les Birmans. Au matin, on vit qu ils s’étaient enfuis. Ong-Noc devint Roi à Xieng-Maï. Les gens de Luang-Prahang en furent contents. Ceux qui venaient au Lan-Na pour allaites l’allaient voir ; il ne leur en voulait pas de leur conduite passée cl leur rendait tous les services qu’il pouvait. Malgré qu’il regrettât au possible la malédiction lancée contre la ville dans un moment de colère, le feu obéit à son malheureux appel et chaque année, tantôt dans un quartier du palais tantôt dans I autre, il y brûle quelques maisons. MISSION PAYIE 94 (Miau lui succéda; il eut un règne court, pendant lequel Yong se retira en Annam. Noul lui succéda; mais alors Vong revint par le pays d’Opanli- Tanhoc, avec une troupe Annamite. Son frère, ne se sentant pas capable de lui résister, se relira à Kéou- Las chez les Khas. ' ong régna six ans et mourut. Août redevint Roi. Dans ce temps Nan, lils du Chao Poun de N ieng-Ghang, vint assiéger Luang-Prabang et s en empara par trahison. Le Chao Août se réfugia a Rangkok'. Luang-Prabang resta quatre ans sans Roi. Après son retour, Nout régna encore vingt-six ans et mourut âgé de 83 ans, laissant sept lils et quatre biles. L «Lié Rang, âgé de 43 ans, lui succéda, régna vingt ans et mourut en 1 1Ü8 (1836). II laissait sept lils et quatre biles. i Bangkok venait de devenir la capitale du Siam, Ajuthia ayant été détruite trois ans avant par les Birmans. i.a tradition raconte. Vyant su que Noul était retenu malgré lui par les Siamois à Bangkok, le Chao de Muong Saï, canton important dans le Nord de Luang-Prabang, descendit avec une petite troupe par le Nam-Hou et le Mékhong, gagna le Ménam à I itchay et arriva a la capitale des I liais. Scs hommes, vêtus comme des Ilos, ne laisaient aucun mal au peuple; ils demandaient de la nourriture dans les villages et payaient. Ils regardaient tout, curieusement, et causaient eux mêmes de l'étonne- ment sur la route. Le Chao de Saï demanda au roi de Siam de laisser le roi de Luang- Prabang revenir avec lui dans son pays où il était nécessaire. Il obtint satisfaction sur le champ. CHRONOLOGIE DE L’HISTOIRE D U PAYS DE LAN-CHHANG, HOM KHAO (MILLIONS D'ÉLÉPHANTS ET PARASOL BLANC) Luang-Prabang et Vicng-Cbang A partir de l’époque où Koun Borom envoya son fils Koun-Lâ régner à Muong-Luong, le titre de Koun fut celui des Rois jusqu’à Koun Kong. Les savants le remplacèrent alors par celui de Thao qu’on garda cinq généra lions. On adopta ensuite le lilre de Pliya qui lut porté depuis Pliya Lang cl Pliya Kàmphong. Quand le Prachey Séla s’en alla régner à Yieng-Cliang, il y avait déjà eu 35 Rois en ne comptant pas le Prachey mort de mal de ventre qui était du peuple1. 11 y eut alors à \ieng-Chang une suite de dix Rois. Quand aux Phyas usurpateurs Sen, Nakon, Gitan et Man, on ne les considère pas comme Rois quoiqu’ils l’aient été réellement. Prachey Ong Ilué et Kenkett, petits neveux de Sauriac, partagèrent le pays en deux. . Ramkeut. 96 MISSION PAYIE Ong Hué régna à Yieng-Ghang, Son lils, Ong Lang, onl Ong Poun qui eut trois lils. En, Nan et Alloue. Kenkett régna à Luang-Prabang. Depuis le lils aîné de ivoun Borom jusqu’au Chao Mang ThaTorach*, on compte 54 Rois sans parler des hommes qui s’élevèrent. 921 (1559) Prachey Séta quitte Xieng-Sen. 922 (1560) Mort de Nang Khèma sa soeur. 923 (1561) Construction de la pyramide de Xieng-Maï. 924 (1562) Nang Kéo Fa, jeûné fille du pays d’Ajutliia, est offerte à Prachey Séta. 925 (1563) Prachey Séta va honorer le Bouddha à Nong Han. Il y reçoit une jeune fille du pays de sa première femme. 926 (1564) Le Ghao Fa Emé vient prendre le Second-Roi el 1 emmène à Ava. 927 (1565) 928 (1566) 930 (1568) 931 (1569) 933 (1571) 934 (1572) 936 (1574) 937 (1575) 939 (1577) On va prendre le Phya Pou Eun, Pa-Khao.1 2 Prachey Séta va faire la guerre dans le Muong Sang Kéo. Prachey Séta va combattre contre le Phya Chan. La guerre éclate à Pac Xgim. Prachey Séta s’égare dans le Muong Ramalac3, Onkam. Phya Sen prend le trône à 4 ieng-Chang. Le Ghao Fa Emalé, vainqueur à \ ieng-Chang, s’empare du Phya Sen et place le Second-Roi sur le trône. Quatre chefs Mangs viennent faire la guerre pour Pra Nomuong, lils de Séta qu'ils gardent à Muong Ava. Apparition d’une comète qu’on peut voir de tous les pays. 1. Mang, mort en i83G après 20 ans de règne. 2. Au Traninh. 3. Probablement la région d'Atlopeu à l’ouest de Bassac. CHRONOLOGIE DE L'HISTOIRE DU PAYS DE LAN-CHHANG, HOM KHAO 97 940 ( 1578) La guerre éclate à Muong Xieng-Khô Une invasion de sauterelles, mauvais présage, se 941 ( 1579) On entend dire que le Roi Prachey Séla est ressuscité dans la plaine d’Altopeu. Le fils d’un chef d’Attopeu se prétend Prachey Séta ; tous les Tliaos et Phyas venus le voir le recon- naissent. La guerre éclate à Attopeu. Le Second-Roi meurt. 942 (1580) Le Pliya Son Lan-Chhang monte sur le trône de Vieng- Cliang. 944 (1582) Mort du Pliya Sen Lan-Chhang, du Phya IŸuoi Pao, du Phya llo Muong. 945 (1583) Les fils du Phya Sen et des autres Tliaos Phyas sont em menés au Muong Ava. 946 (1584) Les quatre Phyas prennent Nomuong le fils de Séta pour Roi. 947 (1585) Pra Nomuong dans l’intention de trahir quitte les quatre Phyas et s’enfuit. Le Prince de Xieng-Maï se sauve aussi. 948 (1586) Phya Kéo, un des Phyas ayant le plus la confiance du Phya-Luong (on l’appelait le cœur du Phya Louong), se sauve à Sri-Ajulhiâ. 950 (1588) Phya Kéo revient avec Lalsii. 2. 951 (1589) Les Phyas remportent la victoire sur Latsi, arrêtent Pliya- kéo et le brûlent vivant. 952 (1590) Cliao Fa Pang Khac monte sur le trône. 953 ( 1591) La guerre éclate à Muong-Dong. La même année le pays est inondé. 955 (1593) Pra Nomuong va faire la guerre dans le Muong Onkam. i. Sur le Nam-Ma. Pays déjà indiqué à l’ouest du Thanh-lloa. a. Latsi était sans doute le chef d’une troupe siamoise. II. 13 98 MISSION PAVIE 957 (1595) Pra malia Bang liac Kama (?) 958 ( l .>90) Mort de Pra I lion Phi, Pra Wo lui succède. 961 ( 1599) La guerre éclate au Muong Pra Lan Chcy '. Pra Thami monte sur le trône. 964 (1602) Son père fait la guerre à Muong Ivhouc, 965 (1603) L’armée de Muong Luong2 arrive. Le père se fait bonze. Cette année pas de pluie. 973 (161 I) Luang Khai va à Muong Wo. 978 (16 16) Le père de Pra Kéo se sépare(?). 979 (1617) Mort du père. 980 (1618) Apparition de deux comètes. 981 (1619) Pra Kak Tida meurt. Le Pra Bang arrive à 'Pliât Touc Pliou Soung. 982 (1620) Le Pra Bang arrive à Muong Luong. 983 (1621) Le Pra Cliao vient à Muong I ruong. 984 (1622) Le 1cr du 4° mois Opaiouk règne à Yieng-Ghang. 985 (1623) Mort d’Opaiouk. Le 3 du 5e mois le Phya Malia Nam se fait Cliao de Vieng-Ghang. 986 (1624) Le Pliya de 4 ieng-Chang veut trahir le royaume, il brûle le tribunal. La même année les habitants de Muong Nan quittent leur ]iays et viennent s’installer à Muong Luong. 987 (1625) Le 8 du 9e mois le Pra Potisarach Cliao dépense 20.000 tains d’argent. Les Tliaos Phyas donnent 140.000 tains au Roi pour aider à embellir la fête. 988 (1626) Le 7 du 3” mois Pra Mom W ong se sauve. 989 (1027) Le 12 du 9e mois on donne toutes les affaires du royaume à sa grande sœur qui devient Tbema Kéo. (Elle avait un fils, Pra Racli Koma.) r. 4 icng-Chang. a. Luang-Prabang. CHRONOLOGIE DE L HISTOIRE Dl PAYS DE LAN-CHIIANG, HUM K H AO 99 Beaucoup d’habitants meurent de la petite vérole. Le 3 du 5e mois mort de Pliya Sen Ivoman, lils de Pra Ten Kéo. 99 4 (1632) Au 10° mois Chao Fa llô Ivham1 envoie à Muong Luong, liai Muong, grand mandarin. 995 (1633) Mort de MomThotSac? 996 (1634) Pas de pluie. 997 (1635) Pas de pluie. Le 6 du 6e mois on tue Pliya Clian i\okon. 998 (1636) Mom Pliak, Mom Chompou, Prapalhoum et Mom Phom se mettent d’accord et brûlent le palais du Roi. 999 (1637) Le 2 du 7e mois on tue Mom Dé Lôô. 1000 (1638) Le 14 du 6° mois, mort de Pra Tham Maillé No. Son fils Pra Bach Tiracli lui succède. 1001 (1639) Le 8 du 6° mois Pliya Anouk llach s’évade de Muong Lakhon. 1002 (1640) Mort de Pra Anosa. 1004 (1642) Tremblement de terre, le I" du 5° mois on voit le llolos(P). 1010 (1648) Guerre entre Muong-Luong et l’Annam. 1021 (1659) Chao Ong Kliam et toute la famille du Chao Ralchahout vont à N icng-Chang et à Bangkok. 1053 (1691) Le pays est inondé. 1096 (1734) NgoLao vient faire la guerre contre Pliya Sen Lan Chhang. 1118 (I 756) Le 2 du 2e mois le Pliya llouo Plian meurt sur le bord du fleuve à Pitchay2. 1124 (1762) L’Annamite Ong-Chet vient s'installer à Queng-Yang. Le riz devient très cher. La paix règne dans les villes et les villages. 1126 (1764) Les Birmans prennent Chao N ong et l’emmènent au Muong Ava. i. Chao Fa llô : Gouverneur du 4 unnan. a. Sur le Mcnam. 100 MISSION PANIE 2319 (1776) 2325 (1782) 2326 (1783) 1148 (1786) 1150 (1788) 1153 (1791) 2335 (1792) 1154 (1792) 2338 (1795) 1157 (1795) 1160 (1798) 2342 (1799) 1163 (1801) 2345 (1802) Le 10 du 6° mois, un éléphant féroce vient dans la ville. Mort du Roi Pou Lun Ral Hong Muor. Les Birmans arrivent nombreux à Muong-Luong, les habi- tants ne pouvant résister s’enfuient de leurs demeures. Le Cliao 1 ôn de \am Bac soutient une autre guerre. Mort du Chao Vong. .Muong-Luong est détruit. Le 2 du 2° mois, mort de Chao Nout à l age de 82 ans, après 28 ans de règne sur le Lan-Chhang. II avait pris le trône à 40 ans. Quatre chefs Birmans, venus à Xicng-IIaï, s’avancent pour prendre 1 éléphant brun du Pou Lun, Bat Fa Luom, ils s en retournent dans la même année. Le Chao An Camom, revenu de Bangkok, règne à Luang-Prabang. \ieng-Chang est détruit par l’armée Annamite. Le Chao Mang succède à son père Nout. On va faire la guerre à Muong Theng1. Le 3 du 4° mois le Pou Eun, Bat Fa Luom vient prendre le Muong et y règne. Mort du Chao Ong Luong, le 11) du 9° mois. Le Phya Chan monte sur le trône à sa place. Le Prachey Ong Hué est déclaré roi à la place du Phya Chan. Au douzième mois le pays est envahi par l’armée de Lakhone. Mort du Pou Eun, Bal "N isoun. Muong kliouc est détruit par l’ennemi. Ong Quang2 vient recevoir les soldats pour aller faire la guerre au Muong Pou Eun. i. Dien-bien-phu. a. Titre d’officier annamite. CHRONOLOGIE DE L HISTOIRE DU PAYS DE L VN CHIIANG, HOM KHAO 101 1164 1 I 65 2346 2349 I 170 1174 1177 1178 1184 1186 1187 (1802) On va faire la guerre à Xicng-Sen. (1803) Le sommet delà pyramide deïhâtCliom Si1 est foudroyé. (1803) Le 14 du 12° mois, l’armée de Muong Luong va faire la guerre conlre le Cliao Ton à Nam Bac. (1806) Le lor du 3° mois le Chao Nan conduit une armée au village de Na Rang. • Le Muong Luang-Prabang est délruit parce qu’un traître a ouvert la porte de l’enceinte au Chao Nan2 de N ieng-Ghang. (1808) Le Cliao Pra Ong va former une armée à Muong Saï. (1812) Fa Meng Tha vient à Muong Xieng-Maï. (1815) Le Roi agrandit la pyramide tliât Luong de 4 coudées de large et de 20 coudées de hauteur. (1816) Mort du Roi. (1822) On va jusqu’à Muong Iloung faire la guerre conlre les Lues. (1824) Le choléra règne, le nombre des morts est incalculable. (1825) Apparition d’une comète dont la queue est dirigée vers l’Est. Tremblement de terre partout, on n’avait jamais vu rien de pareil. Voici la liste des monts qui s’affaissent: r. Nom du temple élevé sur la colline de Luang-Prabang. a. « On combattit à coups de fusils du dedans cl du dehors », disent les anciens, « mais, sans se joindre. Après quelque temps de siège les gens de \ ieng-Chang, manquant de vivres, se préparaient à se retirer lorsque Nang-Kéo, une des sœurs du Roi de Luang-Prabang, ayant su leur résolution, lit une lettre pour le Chao Nan. Elle lui disait de ne pas renoncer à son entreprise, qu’avant trois jours elle lui ferait tenir les clefs de l’une des portes. Pour faire parvenir la lettre, elle emplit de poudre un tube fait de bambous, mit la lettre au bout d’une baguette dont l’autre extrémité enveloppée de chiffons fut mise dans le tube, et, dirigeant le coup vers le campement ennemi, lil partir son artifice. La missive alla au destinataire qui eut les clefs dans les trois jours. Luang-Prabang fut pris. Nan épousa Nang-Kéo. » D’autres disent qu’il n’v eut ni trahison, ni mariage, simplement que la porte fut forcée dans une attaque. 102 MISSION PAVIE 1188 (1826) 1189 (1827) 1189 (1827) 1190 (1828) 1202 (1840) 1207 (1845) CliaEn, Plia T uong, Plia Xieng Kliao, Plia Ho, Plia lloong, Plia Nam, Tha Nang üuc. Invasion de sauterelles. Elles se battent entre elles et beau- coup périssent depuis Sop Kan jusqu’à Bac Ngoc. Les corbeaux et les vautours se battent entre eux depuis 3 ans. Le passage de Pak Seung est obstrué, l’eau n’y peut plus circuler, on lui donne le nom de Dan Ma Dèn. Le Gliao Anouc, parti pour guerroyer à Bangkok, revient. Les Siamois le poursuivent. Après le combat ils détrui- sent A ieng-Chang le 2 du 6" mois. Le Phan de Muong Ngaï et le Phan de M uong Boun amè- nent comme d’habitude les éléphants pour être offerts au Loi d’Armani. Ils les conduisent jusqu’à Pou Som, Les Siamois s’emparent du Cliao Anouc de \ ieng Chang. Le Nam-H ou déborde le 9 du 8e mois, les rochers s’enfon- cent, les montagnes s’éboulent depuis Sop Ban jusqu’en bas. Les Siamois, les Laotiens et les Toung Dam 1 vont faire la guerre au Muong Pou Eun ; ils s’emparent des Chaos Koung et Khan Rot qui sont emmenés à Bangkok. i. Toung Dam; ventres noirs, surnom donné auv babitants de la principauté de Xieng Mai parce qu’ils se tatouent depuis les pieds jusqu’au-dessous du nombril. HISTOIRE DU PRA-RANG Celui qui fui plus tard le Pliya Fa Ngom était né avec 33 dents; tous les chefs ayant été de cet avis qu’on ne pouvait garder dans le royaume un prince qui s’annonçait ainsi comme devant être mauvais, l’exposèrent sur un radeau et l’abandonnèrent au courant du fleuve. Au loin le radeau s’arrêta à la berge. Un Maha Passaman Cliao, supé- rieur d’un couvent, ayant appris le motif de son abandon, recueillit l’enfant et l’éleva. Le lloi d’Enthipat, informé de l’action du prêtre, lui envoya demander le petit prince et l’adopta. Lorsqu’il eut atteint sa seizième année, il lui donna pour femme sa lille, Nang Kéo. Plus tard il l’envoya régner sur Xicng-Dong Xieng-Tong avec sa lille comme Reine; celle-ci, ayant pour litre les noms de Nang Néparalana, N isila Mahiti-Pati. RatsaTévi, Soi Enthipatha Ratchaboutri. Après des conquêtes nombreuses et de grandes victoires, ils obtinrent le pouvoir. Le pays de Lan-Chliang étant alors heureux, le Roi et la Reine deman- dèrent au Roi d Entliipat de leur envoyer le Pra-Bang, et, pour faire con- MISSION P AV IE lO'i naître à leurs sujets la doctrine religieuse : des prêtres et le Maha Passa- man Cliao, père nourricier de Fa Ngom. Le Roi d’Enthipat accorda ce prêtre, son parent et son ami. De plus, Maha Tépa Lanka Chao et son disciple, Maha Nanti Panha Cliao. Les trois prêtres étaient originaires de Ce vlan. Le Roi accorda également le Pra-Bang, statue du Pra Put qui avait été faite à Lanka. Les irois prêtres étaient de grands savants, de grandes intelligences; ils connaissaient tous les livres sacrés, savaient le Bali, étaient astro- nomes et prédisaient l’avenir. En outre, cinq autres prêtres et leurs cinq disciples eurent aussi la mission de partir. Avec le Maha Passaman Chao, le Maha Tépa Lanka et les prêtres, se mirent en route : leurs parents cl leurs familles, leurs amis et leurs familles. Un groupe était formé parles Nai Saranakon. Un deuxième par les Nai Xieng Phan. Un troisième par les Achar Nha Na Noi. Un quatrième par les Achar Tarn Ma Choun La. Un cinquième par les Achar Soméla. Un sixième par les Nai Soupe. Un septième parles Nai La lloun. Un huitième par les Nai Pota. Ces huit groupes comprenaient 500 familles; elles étaient envoyées par le Roi de Nakon Louong pour accompagner les prêtres. Le Roi de Nakon Louong fil partir par ailleurs vers Nang Kéo, sa fille, quatre grands artistes, connaissant toutes les écritures, le dessin, la fonte des métaux, la construction des statues de Pra Put, quelle qu’en fût la grosseur. Ils se nommaient Noracing, Norasan, Noralay et Noradèth. Ils accompagnaient Me Nom, la mère nourricière de la reine Nang Kéo leur groupe était de mille personnes, tous serviteurs du Roi de Nakon Louong : il les envoyait rejoindre et saluer sa fille. IUSTOIRE DU P H V - R Y N ( 1 105 14 Le Roi avait confié aux prêtres les livres concernant la doctrine, les usages, les lois, etc. Après un long voyage ils arrivèrent à Vieng Cliang; ils y restèrent sept jours, puis se mirent en route par terre et atteignirent Vieng kam. Ce lieu-là, le Pra-Bang ne voulut pas le quitter pour gagner Muong Swa, où on n’observait ni religion, ni lois. On l'v laissa; les prêtres et tous, continuèrent leur route par terre et parv inrent à Xieng-Dong Xieng-Tong, leur but. Le Pra Cbao Fa Xgom et Xang Kéo firent installer les prêtres dans les rizières de Klia Ivbaos et reçurent les écritures qu’on lit connaître au peuple. Autrefois des solitaires avaient limité le Muong Lan-Cbhang avec des bornes ou Sema. Ils avaient dans le côté liaut du pays considéré les noms de Pou Cbhang et de Pou Seulion : dans le centre ils avaient remarqué le Pou- Kliao Kba, et du côtédeTak In, ils avaient observé Pou Cbliang Louong; l’examen de ces montagnes peuplées d’éléphants les avait conduits à donner au pays le nom de Lan-Cbhang. Quant au nom de Laos, ses peuples le doivent à ce qu’ils sont sortis du fruit Mak Nam Thao Poung, aussi bien les chefs que les gens1. Savana Na Poum, autre nom de la région, lui venait de ce que l’or et l’argent abondaient dans sa terre et dans ses eaux, ainsi que les pierres précieuses, le fer, le cuivre, le plomb. Ses rivières étaient remplies de poissons. Cette explication donne l’origine du nom de Muong Swa. Les prêtres de Nakon Louong interrogèrent ainsi les habitants : i. Courge. 106 MISSION PAVIE « Où se trouve Pou-Man? » « Où es! Pou-Nang-Kang-11 i? » « Oii est Koc-Thân? » « Où est Xicng Ngain? » Et, pendant qu’ils parlaient, ceux qui écoutaient comprenaient qu’il s’agissait des noms oubliés, d’un Passé très lointain. Et les m;V : Xicng Peng, Sen-Khao-Kam, Xieng Kéo, Louang Pliya cl Nam-Téan, hommes de grand âge sachant bien et les terres et les eaux du pays, ayant gardé souvenir des traditions, répondirent au Malia Passaman Chao, le premier entre tous : « Ces lieux sont situés sur les bords du Mé-Nam-Khong. » Alors celui-ci reprit : « Où sonl : Xieng-Lec? Xieng-Ngouoc? Pa-Tat-Kê? Pa-Tang-Naï? Sup-lNam-Dong? Sup-OpP cl Sup-Op d’en haut? » Le chef des prêtres ayant ainsi parlé, le Roi Fa Ngom dit : « Moi je n’en sais rien. » Puis il ajouta : « Mais tous les ma le savent et leurs souvenirs s’ac- cordent avec les événements racontés par ces livres que vous ferez con- naître au peuple et à ses chefs. » Le Pra Passaman Chao continua ainsi : « 11 esl encore écrit dans l’Histoire du Passé que le PraSopanhou Kantana Chao2 esl venu dans ce pays et qu’il a marqué sur la roche l’empreinte de son pied aSup Op d en haut: que le Pra Aranhtao-Chao, son disciple, a laissé celle du sien à Pou-Ivhao-Ixhâ. » Après ces paroles, il dit au Roi : « Puisque, grâce à vous, ces livres ont pu être apportés de Nakon Louong, le peuple sera instruit. » Dès lors la doctrine fut enseignée. Lorquc arrivés à Xieng-Dong Xieng-Tong, les religieux furent reposés, ils dirent au Roi : i. Les docteurs du pays, a. Le Bouddha. HISTOIRE DU PRA-BANG 107 « Maintenant qu’appelés par vous, nous voici dans votre royaume, en quel lieu nous ferez-vous construire un temple? » Le Roi Fa Ngom leur répondit : « Dans ce pays de Lan-Chhang, dites-moi, d’après les anciennes écri- tures, quelle place est la plus favorable? » « Lorsque vous aurez choisi ce terrain, je donnerai les ordres pour la coupe et le transport des bois de bonnes essences destinés aux travaux : « Mai Chinli », a Mai Pong » ; on les coupera partout, sauf dans mes jar- dins royaux. » « On prendra ces arbres sans distinction, en ne respectant que ceux nés avec 1ère du Pra Put Chao, notre maître. » « Et lorsque le temple sera achevé, il sera fait grâce à tout chef ou homme du peuple, criminel ou coupable de faute quelconque qui s’y réfugiera. » Le Pra-Maha Passaman Chao installa les familles des prêtres, celles des Noracing, Noralaï, Norasan et Xoradeth, et tous les serviteurs de Nang Kéo, au bord du ruisseau appelé Sup Op d’en haut, là où se trouvait l’empreinte du pied du Pra Put Chao. Lorsque le Pra Passaman Chao se fixa en ce lieu, c’était au quatrième mois, le troisième jour, la veille de celui consacré au jeûne; il resta une semaine recueilli. Dans ce temps, les prêtres semèrent les graines de figuier, apportées de Ceylan, afin qu’on eût de ces arbres pour orner les abords des temples et des monuments. Les graines furent mises en terre le neuvième jour du quatrième mois. Le Roi Fa Ngom, la reine, les chefs et tout le peuple passèrent ces sept jours en fêtes. Le septième jour du sixième mois on construisit une pyramide auprès du premier plant de figuier. Le Pra Mafia Passaman Chao y plaça 108 MISSION PAV 1E un osselet du poignet du Pra Put Cluio, ainsi qu’une boule de cristal, présent du Roi de Nakon Louong. Deux ans après le temple fut achevé. Nang Kéo offrit un morocot pour être placé au creux de l’estomac de la statue destinée au temple ; on attribua ensuite des serviteurs et des terres pour le service et les besoins des trois grands-prêtres; il y en eut vingt familles, les champs furent ceux qu’elles cultivaient. Cinq familles eurent pour charge de frapper le gong et cinq autres celle de balayer le sol. Les gens venus de Nakon Louong avec Mè Nom et ceux des familles des prêtres, ainsi que ceux restés en arrière et non arrivés, relevèrent tous de la pagode, furent placés en quelque sorte sous sa protection. Mè Nom, la mère nourricière de la Reine, était restée malade au Muong Ivhc. Le prince de ce pays s’était empressé de lui offrir en don le terrain, à sa frontière, sur lequel elle s’élail arrêtée. Il était appelé Kan-phai, avait une largeur de 2,000 brasses sur une longueur de 1,000. Le Chao de Khê le lui donna afin qu’elle put y faire des jardins et des champs pour son entretien et celui de ses gens. Ce prince fil ensuite informer le Roi Fa Ngom et la Reine de ce qui était arrivé et de ce qu’il avait fait. Ils le remercièrent et déclarèrent que les gens de Mè Nom faisant partie du personnel attaché au temple, cette terre ainsi donnée ferait natu- rellement partie des biens de la pagode. On la nomma Ràn Chai, Mè Nom, N al Ivéo, de la réunion de l’ancien nom, de celui de la mère de Nang Kéo cl de celui du temple. Depuis cette époque, le Pra Put Chao fut honoré dans le pays de Lan-Chhang, les chefs y devinrent meilleurs et le peuple heureux. HISTOIRE DI P~R A - B A N G 109 . 9,700,000. (?) Les souverains, en consacrant ainsi aux temples des terres et des ser- viteurs, s’assurent le bonheur sur la terre et acquièrent des mérites sans nombre pour l’autre vie. Dix-sepl ans après l’édification du \at Kéo, sous le règne du Roi Sam- Sen I liai Pouvonat, fils de Fa Ngom, fut élevé le Yat Manourom. Ce Roi fit fondre pour ce temple une statue en bronze qui nous est parvenue. Ella avait un poids de 9 lan 7 sen1, elle fut placée sur un socle de pierre. 11 fit plus tard construire le A al Bossol en face du A at Kéo, ce fut la troisième pagode. A sa mort Sam Sen Thaï fut brûlé à Soun T en. La reine et tous les chefs construisirent une pyramide et élevèrent un temple qui prit le nom de A at Soun Ten. Après lui beaucoup de Rois se succédèrent jusqu’à Chakapati Pen Péo qui, la troisième année de son règne, remit à neuf le A^at lvéo, dora et argenta son toit et fit bâtir en face du temple un appartement pour v dé- poser les livres apportés de Nakon Louong. Il donna au Pra Alaha Tépalanca le litre de Alabasami Yisola Outama Charinha Navicé Savicha Nbataï A lia pitaka lvara Pavara Tépalanka Cbao, chef du A al Kéo. Chakapati Pen Péo avait, en terminant les travaux du temple, de- mandé d’avoir un règne heureux. 11 eut cinq fils : les Prachaos Xieng-Lâ, Poten Kam, Pra-A isoun Ara- cha, Pathaotépa, Palasen Kaï, et cinq filles : les nangs Koung, Ket, Kam, Ken et Si AA'agnaka. La dernière, âgée de douze ans, fut atteinte de la petite vérole et mourut. Elle fut brûlée au A al Manourom; pour ses cendres on édifia le 110 MISSION PAVIE Vat Xieng Kang; les maisons rapprochées et les familles des habitants y furent attachées. Un prêtre en fut nommé chef, il eut le litre de Maha Sangka Séna Assenac piromac Ontonna Sami Silavicésa Tépalanka Cliao. Dix gens riches furent chargés de son entretien. Ceci est dit pour qu’on le sache. Que tous les Rois qui se succéderont entretiennent ce temple de Yat Kéo, qui est le premier construit du pays et nous vient de nos ancêtres. En 961 (1502) le Sen Téan Amat ayant fait des fêles et des offrandes en l’honneur de ses parents morts, fournit l’or nécessaire pour dorer la statue du temple, cinquième jour du septième mois. Il versa sur la terre l’eau sainte en présence des prêtres principaux : Le Somdeth Ratcha Krou Cliao Rong Kam. Le Somdeth Sangka Ratcha Krou Chao Tato Luong. Le Somdeth Ratcha Chao Obosol Luong. Le Somdeth Sangka Ratcha Visoun Luong. Le Somdeth Maha Vêla Krou Chao. A l’extérieur se trouvaient le Phya Lok et tous les gens de la \dle et le Sen N ha Lantaha, vieux serviteurs du Val Kéo. En outre, le Sen Kouan et le Sen Loun Na. Ce même jour, Sami Chao Soun Ten offrit de l’étoffe blanche et des terres. HISTOIRE DU P R A. -B A N G 111 II. Maintenant, parlons de la construction de la statue du Pra Put-Chao par un de ses disciples nommé Arankhalen, dans la ville de Lanka, statue clairvoyante et puissante comme le saint lorsqu’il était vivant et destinée à protéger le pays et répandre sur lui les bienfaits pendant 5,000 ans. Pi a Put-Komac fil avertir, en ce temps, scs fidèles que les gens do Kolia Nakon s’étaient levés pour venir combattre au bord de l’eau ltohini cl les conquérir. Maha-len réunit alors tout ce qu d fallait pour fondre la statue. Les anges cl les hommes lui apportèrent beaucoup d’or et d’argent et d’autres objets précieux en quantité. Le prêtre réunit en une seule masse l’or, l’argent, etc., fondit le tout ensemble, le rendit liquide comme de l’eau cl le versa dans le moule. Le mélange des métaux à Lanka se dit « üang », de là le nom de Pra- llang donné à la statue par les anges et les hommes. Lorsqu elle fui relroidie on la polit merveilleusement, et après l’avoir décorée des insignes de la Majesté sainte, on la plaça sur son piédestal. Les anges, avec le Pra-ïn, les gens de Lanka derrière leur lloi, les gens de I extérieur conduits par un Mafia Kalana kalen. apportèrent leurs offrandes pendant 7 jours et 7 nuits. l’ms le Mafia kalana kalen déposa de\ anl la statue une boîte d’or conte- nant cinq osselets du Pra Put Cliao en disant : « Si le Pra-Bang doit pendant 5,000 ans protéger les hommes, que ces saints ossements lui entrent dans le corps. » MISSION PAVIE 112 Le Maha-Ten-Chao cul à peine parlé (pie les ossements allèrent d’eux- mêmes se placer dans la gorge, le front, le creux de l’estomac et les deux mains de l’image du Pra Put. On reconnut ainsi sa puissance : dès lors il resta exposé à Lanka à la vénération et aux offrandes des anges et des hommes. Cela pendant combien de temps? 1,400 ans. Jusqu’en Cholla Sacca- rach 218 (856). Régnait alors à Lanka un Roi nommé Suppiranat. Entliipat, Nakon-Louong, avait à la même époque pour souverain Sirichou Lanta. Il nous est parvenu (pie ces deux grands princes étaient animés d’une véritable amitié l’un pour l’autre. Siricbou-Lanta ayant eu connaissance de la puissance du Pra-Rang, avant su que les désirs et les souhaits des Anges et des hommes, exprimés devant lui, s’accomplissaient, l’envoya demander au Roi son ami. Suppiranat embarqua la statue sur un navire qu’il mit en route pour Entliipat afin que le Pra-Rang lut exposé dans ce pays à la vénération du peuple et le fit heureux jusque dans les temps, loin à venir. HISTOIRE DU PRA.-B VN G 113 15 III. Parlons à présent des Rois du pays de Lan-Chhang. Les savants racontent qu’en Cliolla Saccaraeli 677 (1315) naquit un fils de Pi Fat descendant de Koun Boromarat, qui tous deux régnèrent sur le Muong Swa, Anarata Si Salana Gana-Ot, que les Thaïs appellent Lan-Chhang. Lejeune prince reçut de ses parents et de leurs amis le nom de Fa- Ngom. Lorsque, succédant à son grand-père, il devint Loi, appelé par leSéna entier, on lui donna le litre de Phya Lalarani Sisalana Gana-Ol. Ce Pliya était 1res aime du Roi Ivékaral d Enllnpal. Nakon-Louong, qui lui avait donné sa fille pour femme. Fa-Ngom demanda le Pra-Bang à son beau-père pour le faire honorer dans son Jiays, cl le Roi de Nakon-Louong le lui envoya. Il fit aussi partir pour le Lan Chliang un Pra Mahalcn nommé Mafia Passaman avec quaire prêtres, des disciples et trois de ces savants, vêtus de blanc, attachés aux temples. Le Pra Mafia 'l'en vint en barque, il apportait des graines de figuier, venues de Lanka même. Le Roi Fa-Ngom fit venir le Pra Rang par la route de terre : arrivé à Vieng-Kam, le Phya du pays ayant demandé que la statue y fût laissée pour cire honorée, se vit accorder celle faveur. Fa-Ngom se dirigea vers le Muong Pou Eun pour y chercher son ami Kam-Nhor, après quoi il revint à Xieng-Dong, Xieng-Tong. Plus tard les prêtres, étant arrivés à Xieng-Dong Xieng-Tong, cons- truisirent un temple en haut de Sup-Op cl semèrent des figuiers qui, ainsi. lli MISSION PWIE existent dans le pays du Lan-Chhang depuis l’introduction de la doctrine sainte. Les habitants donnèrent à ce temple le nom do Yat-Kéo comme le MahaTen l’avait désiré. 11 arriva qu’un éléphant devint furieux. Il appartenait au Pliya-Vieng qui ne put le retenir, el le laissa échapper. Gel animal fil de grands dégâts, et entre autres il bouleversa le Yat où était déposé le Pra-Bang, démolit le temple en partie el renversa la statue dont l’avant-bras gauche fut légèrement abaissé ; l’éléphant s’enfuit ensuite dans les bois. Dans les mêmes lieux vivait un éléphant sauvage; ils se rencon- trèrent, se battirent : la bête en rut fut tuée. Les habitants ayant constaté sa mort déclarèrent qu’elle avait reçu la punition de son crime ; la puissance du Pra-Bang fut ainsi établie. Le Phya Fa-N gom ne se conduisant pas bien, le Séna et le peuple le chassèrent en 735 (1393). Enfin Ph\a Luchay, fils de Samsenlliaï, né en 777 (171 5), âgé de 22 ans, ayant été élevé sur le trône, régna longtemps à Xieng-Dong Xieng-Tong. 11 eut le litre de Phya Ghakapati Pen-Péo. Son plus grand désir était de faire amener dans sa capitale le Pra- Bang, toujours déposé à A ieng-Kam. 11 l’y envoya chercher pour l’offrir à la vénération du peuple au Muong Louong Ratsalani. Ceux-là qui l’allèrent prendre le placèrent sur une barque et arrivèrent sans difficulté au Kong Clian' ; en voulant franchir ce rapide, ils coulèrent à pic. i. Le rapide le plus dangereux du fleuve. HISTOIRE Dl PRA-BANG S’étant sauvés, ils vinrent prévenir le Roi, disant : « barque et statue ont disparu au fond du Fleuve. » Le Roi, attriste, se contenta de dire : « Nous n avons point encore acquis suffisamment de mérites, le Pra Rang ne peut venir jusqu’à nous. Cet accident est pour le pays un présage de grands malheurs. » Il ne déclara point coupables les gens cpii n’avaient pas réussi dans l’entreprise du transport. Dans ce temps, les Anges reliraient la statue du Ivong-Clian. Pendant la nuit, ils la remirent à sa place dans la pagode de Xicng Kam, permet- tant que dans leur sommeil les gardes la vissent en songe descendre et se placer à leur tête, disant: « Moi, je veux continuer à demeurer dans ce lieu avec vous. » A leur réveil, s’étant rendus au Fleuve pour se baigner, ils se dirent leur songe, surpris d’avoir eu le même, se demandant s’ils devaient croire que le Pra s’était arrêté en route volontairement. De retour pour faire leur prière, ils aperçurent, en s’agenouillant, la statue a sa place habituelle. Remplis de joie et d’étonnement, ils coururent avertir le Maha-Ten du temple, et celui-ci envoya prévenir le Roi. Alors les offrandes affluèrent, tous ceux du pays vinrent honorer le Pra-Bang et saluer sa grande puissance. Quant aux habitants du Muong-Louong Ratsatani, ils se demandaient avec inquiétude comment un pareil événement avait pu se produire et ce qu’il présageait. Ce fut trois ans après qu’ils se rendirent compte de l’étendue de leur malheur. L’an 831 (1 i69) le Roi des Annamites leva toutes ses armées, envahit Ici ^an-Chhang et le conquit. Le Roi Cliakapali se sauva versXieng-Kang. 11 y mourut après la guerre. Alors le Chao Sowanna Rabin, que les gens du pays appellent aussi I alen-Kam, son fils, édifia une pagode conservée jusqu’à nos jours et nommée \at Sup Xieng-Kang. Il fut ensuite choisi par le Séna el élevé sur le trône du Lan-Chhang. On le fit venir de Xicng Rang à Muong Ratsatani el il fut installé à Xicng- 116 MISSION P AV J E Dong Xieng-Tong comme les anciens Rois. Il mourut sept ans plus tard. Le Thao Lasenkai, fils de Chakapati, lui succéda. Connaissant la puissance du Pra-Bang et la grande protection donnée par lui ou v hommes comme aux Anges, il résolut de faire enfin arriver à sa destination la statue du saint, noyée sous le règne de son père, qui, d’elle-même, était retournée dans son ancien temple. Il prit la précaution de la faire transporter par terre cl cul le bonheur de réussir ; elle arriva dans la capitale cl fut placée dans le Yat Xieng-Kan où se trouvaient les cendres de Xang Sivai Yaka, jeune fille du lloi Chaka- pati Pen-Péo. Lasenkai fit bâtir le Val Manou-l\om dans lequel le Pra-Bang fut trans- porté. Ce Roi eut 10 ans de règne. Le Thao Si Petsapha Ratsakoma, autre fds de Chakapati, âgé de 34 ans, prit le pouvoir sous le nom de Pra Yisoun Ralsatani Si satana kana-out, pavouli \imil, parce que le Pliya Ten lit resplendir les cieux et tonner la foudre en réjouissance, cl rendit le peuple heureux. Pendant son règne il pensait au Pra-Bang constamment. Il lit pour lui un nouveau temple, très riche, très beau, achevé en 1 an 875 (1513), il y fit porter la statue, retirée du Yat Manourom : de grandes offrandes d’or et d’argent furent faites, vingt familles furent données pour le service du temple cl tout le pays y vint honorer l'image du Maître jusqu’aujourd’hui. Le Roi Yisoun régna 20 ans. Les noms des gens consacrés au service du Pra-Bang furent écrits en lettres d’or pour être conservés à la connaissance de tous pendant 5,000 ans. On ajouta celui des personnages qui devaient veiller à leur conser- vation et ensuite ces mots : « que ceux qui effaceront ces caractères soient pour jamais précipités aux enfers avec les démons. » \ isoun, mort à 54 ans (882) (1520), renaquit au Soukotéviman. Agé de 15 ans, Pra Polisaracli Koman, son fils, lui succéda. La 7e année de son règne il pensa à apporter des réformes aux tcles religieuses. HISTOIRE DU P R À - B A N G 117 Il voyait les gens faire des actes pieux à l’adresse des morts, des génies, etc., ce qui était erreur. Il lit rejeter ces coutumes superstitieuses et édifia le temple de Xieng- Dong, qui fut exclusivement réservé aux pratiques religieuses et à leur enseignement. Il fit faire un parasol d’argent, à trois étages, et aussi une marmite d’argent, cl les offrit au Pra-Bang avec une grosse somme. Il régna 27 ans et mourut en 909 (1547). Pra Cheya Sétatirat, son fils, fut Roi à 14 ans. Il lit faire pour le Pra-Bang une couronne d’or et un temple pour les trois kéos (923) (1561). Puis il fut résider à Changlaboury Ratsatani1, il y éleva un cliadey par- dessus celui édifié parle Pliya Tamasocoratli. 11 l’entoura d’une maison à trente compartiments pour les prêtres. Il prépara ensuite les offrandes d'usage pour honorer Mafia Saricatat : on ne saurait dire quelle quantité il en fil apporter tant il y en eut. En l’an 933 (1571) il mourut. i. \ ieng-Chang. HISTOIRE DE CHANTAPHINIT LIVRE ÉCRIT PAR NOS ANCETRES. Nous allons parler d’un homme ayant de grands mérites, une puis- sance supérieure, et à l’époque duquel l’or et l’argent étaient communs comme au temps des hommes de hien. 2,000 ans après que le Pra Si kia Kaya Mouni Ghao fut monté au ciel, Chantaphinit, habitant le Muong Chang1, faisait pour vivre le com- merce du bétel, il ne se reposait que pour dormir dans la maison d’un Maha-T en qui, autrefois, avait habité le Muong Louvo. Un jour qu’il était livré à un sommeil profond, Chantaphinit eut un songe. D’abord un bruit éclatant, extraordinaire, prit son attention, puis il reconnut le Maha-Ten, son ami, lisant les livres du Passé. Et il comprit que ces écritures disaient que lui, pauvre marchand de bétel, serait Roi au Muong S va. Le Malia T en l’éveilla ; effrayé, Chantaphinit lui dit : « J’ai vu en songe un ermite descendant des airs et s’arrêtant au- dessus de mon las de riz. » (( Est-ce un bon ou un mauvais présage P » Le prêtre répondit : « Tu le trompes, c’est ton propre corps qui était placé ainsi. » Et il ajouta : 7. N ieng-Cliang. 120 MISSION PAYIE « Tu seras Roi heureux au Muong-Swa : va chercher un bateau, appelle tes amis pour aller comme d’habitude vendre avec toi. Gagne le Muong S va. Lorsque arrivé en haut de Pa-Tatkè, Pa-Tan’g-Nai, tu verras les perches arrêtées, accrochées dans des roches d’or, ne prends pas garde à cet or, ne le ramasse pas ; continue ta route, va jusqu’à Dan-Sai-Khoa-IIà, à l’embouchure du Nam-Ivan, au pied de l’arbre \am-\hc, arrête-toi là. » « A Dan-Sai-khoai-IIa et à Dan-Sai-Khoai-Phum, cette tête du pays, tout est or sur le sol. » « Cet or est pour toi. Rcspecte-le 7 jours et 7 nuits, le 8° jour fais-en prendre par les hommes. » Très content des paroles entendues, Chanlaphinil, au jour naissant, cherche un bateau, appelle ses parents, ses amis pour aller commercer au Muong Sua, pays où l’or et l’argent abondent. L’entendant, ils furent heureux de l’accompagner, ils achetèrent des marchandises, et la barque étant chargée, ils partirent. Le premier jour ils couchèrent à Xieng-Kam, dans le Vat Sai-Tao. Dans la nuit, Chantaphinit rêva qu’il mangeait des excréments ; au jour, il interrogea le chef du temple qui expliqua ainsi le songe. « Près des lieux d’aisance il y a des aubergines, va en cueillir, mangc-lcs avec de la pâte de poisson, lave-toi ensuite soigneusement. Tu es appelé à une grande fortune. » Chantaphinit sc conforma exactement aux indications du prêtre, puis nuit et jour il remonta le Fleuve. Il arriva à Talké, Pa-Tang-Nai, et ainsi que l’avait dit leMaha-Ten, la perche se prit dans des roches d’or, en ramena des parcelles qu’il rejeta à l’eau. A mesure qu’on avançait, ou en trouvait davantage ; les perches furent arrêtées encore plusieurs fois, il rejetait l’or, ses compagnons en avaient envie, mais il s’opposa à ce qu’on en recueillît; « perchez avec ardeur, » leur disait-il, « les jours qui viennent nous en montreront da- vantage. » Ils lui obéissaient joyeux ; arrivés à Ban-Saï-Khoai-Na, chacun courut chercher des bambous pour faire une case. Ce jour-là, un homme du pays vint échanger des marchandises. Il HISTOIRE DE GIIA NT APHINIT 121 tenait une roche, Chanlaphinit reconnut qu’elle était d’or. Il le lui dit : celui-ci la laissa tomber, et voyant à la cassure un bel or rouge, il comprit les mérités de Cliantaphmil, et lui dit, en s’inclinant : je ne le demande rien : elle est à loi ; s’il le plaît de me donner quelque chose, que ce soit de ton plein gré. Le même jour, à Dan-Sai-Khoai-Ha et à Dan-Sai-Khoai-Phum, les roches se changèrent en or. Sepl jours et sept nuits durant on se contenta de voir. Le 8e jour. Chanlaphinit ayant permis à ses gens d’en prendre, ils recueillirent une énorme quantité d’or qu’il leur partagea également. Ils étaient très joyeux et disaient : « Où trouverait-on un homme ayant les mérites de Chantapliinit, il n’y en a point. » Les gens du pays pensaient et disaient de même. Après s’être con- sultés, ils résolurent de le faire leur roi. L’ayant pris, ils le firent asseoir sur un tas d’or énorme et le nommèrent: Pliya Chanlaphinit Salit Snva- napoum. Ce jour même, ils se mirent tous à débrousser le terrain entre Snai- I ong cl le confluent du Nam-Kan. afin d en faire la résidence du nouveau roi. On trouva une grande quantité d’or en remuant la terre, et on nomma pour ce motif le lieu Lohac-Passac. Lorsque la maison lut debout, on lui donna le nom de lloung Xieng- Tong, maison de la rive d’or. Chantapliinit amassa un trésor prodigieux, il s’en servit pendant qu’il fut roi pour rendre le peuple heureux à 1 extrême, ayant tout en abon- dance. (iliaque matin il appelait les gens pour les instruire. En ce heu un ermite avait déposé une colonne de pierre portant une inscription indiquant l’emplacement de la grande ville de Ratsalani Xieng- 11. 16 122 MISSION PWIE Dong Xieng-Tong, à ce peuple de Ghantaphinit, observateur des dix pré- ceptes et des jeûnes prescrits par les ancêtres. Il était aussi dit dans celle inscription que ses descendants auraient de grands défauts, seraient orgueilleux et irréligieux. Alors un disciple du Pra Put, nommé Pomso Koun Latera Chao, voyant cet abandon de la religion dont on était menacé, dit au roi Chan- tapliinil que, plus tard, le peuple serait malheureux, que loulc religion étant laissée de côté, on se tuerait, on se détruirait. Chanlaphinit résolut alors d’aller avec le prêtre chercher des osselets du Pra Put, des 6 couleurs. Lorsqu’ils se les furent procurés, ils se dirigèrent vers une caverne que contient le mont Seuhon, portant les os dans un coffret d’or. Le Séna Amat les suivait conduisant les offrandes, richesses sans pareilles, impossibles à compter. Pendant sept jours, on resta en tète devant les reliques saintes, puis on emplit la caverne d’or, d’argent et de choses précieuses. On en ferma l’entrée avec des roches très grosses. « Afin, dit le roi, que ces richesses qui ne sont pas pour le peuple soient en sûreté. » « Dans la suite des temps, si la religion vient à être restaurée, pour la faire florir et pour le bien du pays, on pourra les reprendre, mais les gens sans mérites n’y pourront toucher, seuls ceux-là qui en auront d abon- dants, les retireront de la caverne, ils y trouveront un trésor pour cons- truire, entres temples et pyramides, 8,600 monuments. » Le roi ayant ainsi parlé fit, en maçonnerie, un gros héron. 11 le plaça devant l’entrée de la caverne pour la garder. Le règne de Ghantaphinit fut très long; à un grand âge, malade, d mourut. Sous lui le peuple avait été sage et heureux. Son fils lui succéda, v écut comme lui de longs jours cl expira a Aicng- Dong Xieng-Tong. HISTOIRE DE C H AN TA PIII MT 12:i 11 n’eut pas de successeur. Vprès lui les Laos, habitant le pays, se firent Pliyas, Thaos, chacun dans sa famille. 11 n’y eut plus de peuple. On ne sc craignait point. L histoire de Ghanlaphinit est celle d’un homme de grande vertu, de grand mérite, qui étant simple homme du peuple, parvint à être heureux et puissant et à connaître ce qui se passait ailleurs. De son temps, les gens étaient égaux. bu 1221 (18o9), 5° mois, 5° jour (Mœu Kap-Si) quand, au milieu du jour, le coq chanta, le Phya Louong Panlana Loue Thao vieillard, sa femme, scs enfants, ont eu dans le cœur la pensée de faire copier ce livre, œuvre religieuse, destinée à perpétuer ce qui y est raconté pendant 5,000 ans. Celui qui l’a écrit prie qu’on l'excuse d’avoir mal tracé ses caractères. FRAGMENTS DE L'HISTOIRE DU LAN-CHHANG' Pour faciliter l’installation de Koun Borom dans la région de Na-Noï, les Maha-l\ussi y avaient laissé les anciens habitants. Celle population obéissait à des chefs appelés Thaos. L’architecte de la ville cpic Borom occupa avait élé A islinukarma lui- même. Il avait construit, en outre des maisons pour le peuple, des édi- fices destinés à la religion, au théâtre, aux jeux et au logement des chefs. Pendant que Borom gouvernail Na-Xoï, le pays lui florissant. Le lhao Y eu et le tliao Laï, la mè Ngam cl la me Mot, étaient à leur mort, devenus pour toujours les protecteurs du pays et de la race. Lorsque longtemps après l’ouverture des courges cl la naissance des Thaïs, le pays fut devenu trop étroit pour la population rapidement aug- mentée, les Thaïs demandèrent aux anciens habitants qu’ils appelaient K lias, d’aller s’établir dans les forêts et sur les montagnes et d’y vivre du défrichement des terres, fécondes là plus qu’ailleurs. Ceux-ci refusèrent de se déranger, disant qu’ils étaient les premiers occupants ; ils montrèrent, pour donner une idée de leur ancienneté sur ce sol, un panier en rotin, tressé à leur manière, qui enlacé par les branches d’un arbre s’était élevé avec elles. Les Thaïs attendirent la nuit, et ayant choisi un arbre plus grand encore, arrangèrent à son sommet le plus usé de leurs paniers. i. Extraits de divers manuscrits. MISSIO N PAN I K 12-j Au matin ils dirent aux Khas : « Voyez combien nous sommes plus anciens que vous ici : votre panier a été élevé à peine à quatre hauteurs d’homme, celui-ci, l'ail par nos pères, est au sommet du plus grand arbre des alentours. » Les lvhas étaient des gens simples, ils se rendirent à celle preuve et quittèrent la plaine. Ce fut 250 ans après sa descente sur la terre que Borom partagea son peuple trop nombreux entre ses fils et que Koun-Lâ fonda la ville de Swa Lan-Chbang à Xieng-Dong Xieng-Tong, pays choisi dès l’origine par les Maha-Russi. A cetle époque, un peuple qui avait Kanrang pour chef était établi à Nam-Ta, pays des Sip-Hou. Koun-Lâ vint les combattre et les repoussa jusqu’à la ville de Hou. Ces gens de llou sont appelés Khas depuis cette époque. 11 y avait une autre population descendant de Nang-Kang-lIi, un génie dont le mari était homme. Koun-Kett cl Koun-Kan étaient les chefs de celte race. Etablis à Xieng-Dong Xieng-Tong, ils n’y purent rester après l’arrivée de Koun-Lâ et allèrent s’installer à Xieng-Xgou que l’on appelle Cliin- Mou de nos jours. C/est là que Koun-Lâ vint les attaquer. Il les vainquit, les poursuivit jusque dans les bois et s’empara de Koun-Kett et de Koun-Kan qui étaient frères. Alors, il ordonna de les noyer avec leurs enfants. Koun-Kan retenu à un rocher par ses vêtements put se sauver et se cacha. Koun-Lâ rentré à Xieng-Dong Xieng-Tong fut proclamé roi de tout le pays par la population qui vint en grand nombre habiter autour de son palais. Celle ville était aussi nommée : Çri salta naga nahut, ullama raja dhani. Bâtie sur la rive du Ménam-Khong, son quartier du nord avait la forme de la tète d’un serpent, ensuite ses habitations s’étendaient en serpentant jusqu’au Sud lui méritant son nom de « la ville des cent mille serpents ». FRAGMENTS DE E HISTOIRE DI' LAN-CIIIIANG 1 >7 Fa Kliam Iléo, huitième roi de sa race, eut deux fds el deux filles. Peu après la naissance du plus jeune des deux princes, on constata avec surprise qu’il avait trente-trois dents. Les principaux du royaume virent tous là une indication bien certaine de malheur pour le pays. Ils demandèrent l’cloignement de l’enfant, firent décider son départ. Un radeau de bambous fut construit sur le lleuve pour confier à ses eaux le petit exilé el l’emmener au loin, hors de la contrée. Six serviteurs dévoués : Pum, Kim, Pô, Sicm, Ivikè et Pa, eurent charge d’accompagner l’enfant. Avec eux : leurs femmes, leurs enfants et d’autres serviteurs, en tout 133 personnes, quittèrent Xieng-Dong Xieng-Tong à la suite du jeune prince âgé de deux ans. La Nang-Fa, sa mère, le tint dans ses bras jusqu’au moment où détaché de la berge, le radeau fut pris dans le courant. Alors, élevant les mains, elle le recommanda aux génies et aux rois Nacks des rives. Elle demanda qu ils ne le laissassent pas périr cl lui permissent, en conservant sa vie, de montrer parla suite que naître avec trente-trois dents n est pas un signe de malheur, qu’au contraire c’est une indication signalant à tous un être prédestiné à la grandeur de son pays. 128 MISSION PAYIE « Prouvez que j’ai raison ». dit-elle encore, « cl ramenez mon fils pour régner avec gloire sur le trône de Xieng-Dong Xieng-long. » Après avoir prié les génies, la mère fit scs recommandations aux serviteurs : « Là où vous irez, laites qu’on sache que vous conduisez le fils de Kham-IIéo, ne l’appelez jamais orphelin. » Et pendant que le radeau emporté par les eaux fougueuses tournoyait dans les rapides, elle était assise auprès de son enfant, le couvrant de caresses. Elle ne revint à la ville qu’après l’avoir longtemps accompagné. Partout où le radeau passait, les habitants accouraient offrir vivres cl présents. Un jour, il y avait un an qu’il était parti, il s’arrêta devant 1 habita- tion d’un chef de prêtres bouddhistes, nomme Passaman-Ghao. Celui-ci, apprenant qu’il emmenait un enfant ainsi sépare de sa mère, vint prendre le petit prince dans ses bras et l emporta chez lui pour I élever. Fa-Ngom avait alors trois ans. Lorsqu d eut, auprès de son père nourricier, atteint sa quatorzième année, le roi de Nakôn Louong eut connaissance de sa présence dans le pays; il se le fil amener cl le garda pour l’instruire à sa cour pendant sept ans encore. Alors il lui donna sa fille Néang ixéo en mariage. Puis il assembla les astrologues et leur demanda ce qu’étaient devenus les parents de son gendre. La constellation du Lan-Chhang fut consultée et l’on sut que le père, la mère et le frère de Fa-Ngom étaient morts, qu il restait donc 1 unique représentant de la famille de Xieng-Dong Xieng-long. Le roi de Nakôn Louong songea aussitôt à l’établir sur le trône doses pères. 11 décida de lever une puissante armée. Les astrologues prédirent que non seulement le jeune prince ré- FRAGMENTS DE I.IIISTOIRE l)( 1. A N - G II IIA N G 129 17 gnerail sur \ieng-l)ong Vieng-Tong mais aussi sur le Lan Pivéa Ajulliia dont il ferait la conquête en même temps que celle du Lan-N a Xieng-Mai cl des royaumes des Lues, de Ivliien et Chutlani. Ln outre les astrologues apprirent au roi d’Angkor que son gendre ne mourrait pas à \ieng-Dong Yieng-Tong, mais dans un pays florissant de l’Occident. L ne année après celle prédiction, le roi assembla chevaux, éléphants, toute 1 armée, et sacra Fa-Ngom sous le nom de Pliya Fa la Dorani. Il désigna quatre chefs pour préparer la guerre. L’armement fut mis au complet : sabres cl lances, piques, haches cl poignards. Les astrologues examinèrent de nouveau les astres cl fixèrent le départ. Fa-Ngom, après avoir quitté Nakôn Lôtiong et conquis le royaume de Promolal, avait continué sa marche vers le Nord et était arrivé devant le Muang-Krepang. Phet-Bû, roi de ce pays, marcha en avant, monté sur son éléphant pour entraîner son armée au combat. Il n en cul pas le temps, déjà tout fuyait devant le vainqueur. Fa- Ngom le prit et le noya. Oc Phet-Ba avait eu pour ancêtre Phel-Bâ Pra-Jn, lils d’une femme accidentellement tombée dans l’eau, morte noyée. Avec une hache on lui avait ouvert le ventre pour en retirer l’enfant auquel elle était près de donner le jour. Ainsi était né le Phel-Bâ Pra-ln. Celui que Fa-Ngom rendit à l’eau à sa place était le septième roi de cette origine. Son frère lui succéda sur le trône. i;so MISSION PA.YIE III. La principauté de Muong-Nan, à l'ouest de Luang-Prabang, amie et alliée du Lan-Clihang était en constantes relations d affaires avec lui. Pour éviter toute méprise dans l’envoi de la correspondance royale entre les deux pays, ou avait fait pour enfermer les lettres, une boîte en argent dont le Lan-Chhang, grand royaume, avait le fond cl Muong-Nan, petit pays, le couvercle. Lorsque l’une des contrées faisait partir un courrier, elle remplaçait la partie en dépôt chez l’autre par une plus simple. \ l’arrivée, oh vérifiait, en substituant à celle-ci la partie véritable. FRAGMENTS DE L HISTOIRE Dt LAN-Cil H A AG 131 !\. En l'an 1085 clc l’ère du Bouddha (1723), Enla Som enleva la couronne du Luang-Prabang au roi Ong-Noc. Il régnait depuis treize ans, lorsque Nixa Saia Sane, fils de Ong-Noc, se mit d’accord avec Phya Xieng-thaï, Tliao In-nam-Pa et Phit Sauvane et réunit 800 hommes pour s’emparer de Luang-Prabang. Le projet lut connu et rapporté au roi. Saia Sane et ses principaux partisans furent arrêtés et exécutés au confluent du Houé-Hop. Enta Som eut huit fils, il eut le pouvoir 26 ans cl mourut en 1111 (1749). L’année qui suivit la mort d’Enla Som, l’Empereur d Annam mécon- tent parce que ce roi n’avait pas envoyé le tribut, fil partir une troupe sous les ordres de Ong-Chien Tliiem pour combattre Luang-Prabang. Devant ce péril, les chefs considérant qu’Enla-Prom fils cadet d’Enla- Som était plus capable que ses frères, l’élevèrent au commandement. En si.\ jours il repoussa Ong-Chien I liicm au-delà de la frontière. De l’accord de tous, Enla-Prom fut alors placé sur le trône, 1112 (1750). Après huit mois, le jeune roi se dit en son cœur : « Mes frères sont nombreux, je suis le cadet et cependant je gouverne 132 MISSION P.VV1E le royaume: il ne serait pas convenable de ma part de rester roi plus longtemps. » 11 réunit les chefs et les prêtres. Dans une cérémonie conforme aux usages, il remit le pouvoir à Tiklia Koma, son aîné et abdiqua. En 11 15 (1753), le roi de N ieng-Chang écrivit au roi d’Angvac1, lui demandant son alliance contre Luang-Prabang qui, disait-il, « était agressif cl rendait la vie insupportable au peuple de Vieng-Chang par toutes sortes d’injustices ». Le roi d’Angvac lui envoya le chef Po \anor, avec une troupe, J liika-koma à la tète de l'année de Luang-Prabang marcha au devant de Po \anor. mais il fut battu et un de ses frères, Sauria \ ongsa, fut pris et emmené à Angvac avec 600 Laotiens. Quand Tikba-koma était dans la quatorzième année de son règne, il arriva cpie le roi d’Angvac, voulant soumettre les Muongs : La et Men. territoires relevant de la Chine, y envoya pour combattre, Sauria \ongsa, avec les 600 Laotiens prisonniers et une troupe de Birmans. Vrrivé dans celte contrée, Sauria \ ongsa pensa à son pays, laissant là les Birmans, il se dirigea vers le Lan-Chhang par Muong Lé, Muong- Ilou-Taï cl Muong Hou-Micua et s’arrêta à Muong-Tlicng. Il écrivit à son frère, roi de Luang-Prabang, lui annonçant sa fuite, demandant à rentrer et à reprendre son service dans le royaume, I P26 (1761). I. N va, capitale de la Birmanie. K Il A (J ME N T S DK I. HISTOIRE Dl I, A N - CII II A N G 13:5 Le roi demanda au conseil s’il était sage d’accorder 1 autorisation demandée par \ ong.sa. Ses frères el les grands furent d’avis que ce prince ayant un caractère méchant, il se pourrait qu’avec les 000 hommes qu’il ramenait, il disputât au roi son trône et ses richesses. Tikha Komu, pensant comme eux. lit écrire à son frère qu’il lui interdisait l’entrée du royaume. Au reçu de celle réponse, Sauria \ongsa, aidé des Annamites, leva des hommes dans les Sip Song Chau Thaïs el les Hua Panli ha tang hoc ; ensuite il réunit ses bandes aux environs de Luang-Prabang el un soir vers onze heures pénétra dans la ville. Le roi n’eut que le temps de s’enfuir avec sa famille et quelques princes et chefs. Il se dirigea sur \am-lI01mg. Au matin du lendemain. Sikliam-Kang, seconde sœur de Sauria- \ ongsa, alla le trouver et lui demanda où il voulait en venir. « Mon désir 11’cst pas de mettre le désordre dans le royaume, ni de troubler notre famille, » répondit-il, « j’ai fui le pays d’Yngvac pour revenir auprès de vous. Le roi refusant de me recevoir je 11’aurais pu rentrer si je 11 avais agi ainsi. » — « Si vos intentions sont bonnes comme vous le dites, il faut, pour être cru que vous prêtiez serment au roi, devant les princes et les prêtres, en présence du peuple. » Sauria s’v engagea et remplit sa promesse. La cérémonie terminée il envoya chercher le roi. sa famille, les princes el tous ceux qui avaient fui pour qu’ils reprissent leurs fonctions comme autrefois. lin l'an 1 l‘27 (1765), le roi Thika abdiqua, remit le gouvernement à Sauria Y ongsa et se retira à Tha-Ho-Rhoï où il éleva un palais. Les relations furent alors rétablies avec 1 Ynnam comme autrefois. MISSIOK PAVIE 134 l^n 1133 (1771), Sauria Yongsa voulant se venger de A ieng-Chang qui avait excité les Birmans à la guerre dans laquelle il avait été fait prisonnier, part avec son armée pour s’emparer de ce pays. Le roi Boun Yalane voyant qu'il ne pourra résister demande de nouveau secours au l\oi d’Angvac, qui envoie 5,000 hommes commandés par Lek-Sing-Po et Po-Soup-La pour attaquer Luang-Prabang. Apprenant la marche de celte armée, Sauria-A ongsa laisse le siège de A ieng-Chang commencé depuis deux mois et va au devant d'elle, mais quand il la rencontre à Phou-Lao-Pi sur la route de Muong-Kassy elle a déjà pillé Luang-Prabang, Il combat contre elle pendant quinze jours, lorsque l’armée de Aieng- Cliang arrivant par derrière le force à demander la paix. En 1136 (1774), des ambassadeurs du roi de Siam arrivent à Luang-Prabang chargés de demander l’établissement de relations amicales et porteurs de présents royaux. En 1 138 (1776), Sauria-Yongsa fait partir des fonctionnaires avec des cadeaux pour le Boi de Siam et une lettre répondant à son offre et l’acceptant. En 1 140 ( 1778) les rois de Siam et de Luang-Prabang qui avaient eu beaucoup à souffrir des excursions des Birmans, se mirent d’accord pour se défendre et épargner à leurs peuples les maux de la guerre. Dès lors ils cessèrent les relations avec le royaume d’Angvac. Le tribut était dans ce temps porté tous les cinq ans à Pékin ; Sauria A ongsa voyant que les difficultés de la roule allaient toujours en FRAGMENTS DE L'HISTOIRE DI LAN-G HII AN G Kio augmentant, chargea ses ambassadeurs de demander à l’Empereur de Chine cpi’on ne fil plus ce voyage que tous les dix ans. L’Empereur accorda celle autorisation. Uien ne fut changé pour l’Annam. Depuis leur séparation Luang-Prabang et \ ieng-Chang rendaient hommage à Hué chacun de son côté, mais pour la Chine, le tribut des deux pays devait être réuni à Luang-Prabang. Sauria-A ongsa gouverna encore longtemps Luang-Prabang; il mourut dans la 26m0 année de son règne en 1 153 (1791 ). Anou Roda, son frère, lui succéda, le Chao Nakha fut second-roi et le Chao Manglha, fds de Sauria, devint Ratchavong. Il y avait un an que le règne du nouveau roi était commencé lorsque le Roide A ieng-Chang. \an-Ousen envahit le rovaume de Luang-Prabang. Leroi A nourot ta leva rapidement des hommes et quand Nan-Ousen arriva, il trouva la capitale en bon état de résistance. Après deux mois de siège le roi de Vieng-Chang se voyant impuis- sant à vaincre, écrivit à Nang Tenkham, femme du Roi défunt Sauria- A ongsa, lui demandant d’ouvrir une porte à son armée, promettant de la prendre pour femme cl de lui donner le trône de Luang-Prabang après la guerre. « Il ne tient qu’à vous », disait—il, « que je sois vainqueur. » Tenkham accueillit bien celle offre. Quelques jours après la garde de la porte Pak-AIau ayant été confiée à Noua Panh Atuong qui lui était dévoué, elle envoya un émissaire à Nan-Ousen. L’armée de A ieng-Chang se présenta aussitôt et entra dans la ville massacrant un grand nombre d’habitants, I 15't (1792). MISSION PAVIE 136 Le roi Anourolta se sauva au Siam, laissant le Pliya louong Muong Sen pour administrer le pays. iNan-Ousen emmena beaucoup de lu milles de Luang-Prabang en captivité à A ieng-Chang après quoi il revint soumettre les pays des Pou Euns, des Houa Panh lia Tang boc et des Siji Song Cliau Tbaïs. Le Phva Luong Muong Sen administra le royaume pendant quatre ans. En 1 157 (1795) deux des principaux de Muong-Saï allèrent exposer la situation à l’empereur de Chine et lui demander de l'aire revenir à Luang-Prabang le roi Anourolta. retenu malgré lui ii Bangkok où il s’était réfugié. « Sans votre protection », lui dirent-ils. « le royaume verra sa fin prochaine, car il n’y a plus d'autorité et le désordre est général. » Entendant cela, l'Empereur chargea Plia si Pang Vang, un llo, d'aller à Bangkok avec les deux fonctionnaires, porteur d'une lettre. Le roi de Siam l’Iira Puthi Yatfa ayant reçu la lettre ne mit plus d’empêchement au départ d \nourotta. Plia Si Pang \ ang fil aussi dire «à ftan-Ousen de renvoyer a Luang- Prabang les familles capturées pendant la guerre, mais malgré cela, il en resta quelques-unes à \icng Khane, Pak lluangct dans d’autres localités. \nourotla revenu en 1158 (1796) fil élever plusieurs temples. Il donna à celui de M al-Mai. bâti en un lieu qu'il affectionnait, le nom de W al-Maï Chanta. 11 mourut en 1180 (1818), dans sa 82mc année après un règne de 25 ans. Man Kl lia, fils de Sauria-Yongsa, lui succéda. O ^ FRAGMENTS DE L'HISTOIRE DI LA N - GH II \ N G 137 Kn 1189 (1827), le roi de\ieng-Chang envoya au roi Mangtha, le \ack Proumine, porteurs de riches cadeaux cl d une letlre lui deman- dant de s allier à lui contre le Siam avec qui il allait être en guerre. De son côté, le Uni de Siam lui demanda également de l’aider. Le roi de Luang-Prabang se dil : « Si je prends parti pour l’un et qu'il ne réussisse pas. l’aulre portera la guerre dans mon royaume. « Dans celle circonstance, je ne prendrai parti pour personne cl je ferai bonne ligure aux deux pays. » Il chaigea le I hao Muong 1 heu daller auprès du roi Auouc e! de le tenir au courant des événements. Il envoya au Siam le Cliao Souka Soeum pour le même objet. Les armées étaient déjà en marche lorsqu’il arriva que le troisième lils du roi Mang, le prince konua Thong, qui était prêtre, se trouvant en pèlerinage à un temple dans la région du Mé-Vun Sack, pays faisant partie du Siam, lut pris par l’armée du \ ieng-Chang et conduit à celle capitale. Le I hao .Muong-1 lien I ayant su. se rendit au campement du roi Anouc et sollicita la liberté du jeune prince. Sa demande ayant été agréée, il lit ramener konua Thong à Luang- Prabang. Le roi de Siam ayant placé à la tète de son année le Pbya Soupha \ed\, celui-ci lit tomber A ieng-Chang et se mit avec une partie de 1 armée a la poursuite du roi Anouc qui avait pu s’échapper pour gagner l’Annam. Le roi de Luang-Prabang voyant comment les affaires tournaient II. 18 MISSION PAVIE 138 avait envoyé une armée de 3,000 hommes pour augmenter l’armée siamoise a \ ieng-Ghang, sous les ordres du second-roi. Celui-ci. en l’absence du Pliya Soupha Yedy, considéra que les familles de Yieng-Cliang restées dans le pays pendant la guerre, élaienl innocentes el ne devaient pas être emmenées captives au Siam, il leur permit d’aller s’établir sur le territoire de Luang-Prabang. A son retour le Pliya Soupha Yedy, apprenant cela, écrivit au roi de Siam que le second-roi de Luang-Prabang devait être de connivence avec Yieng-Cliang. Le Pliya de Pitebaï avec ses partisans arrêta le second-roi et l'em- mena à Bangkok, I190 (1828). Ensuite les familles de A ieng-Ghang réfugiées dans les territoires de Luang-Prabang lurent conduites en captivité à Ban Houa Mac, province de Pitcliaï el à Ban lacké Ilang. En apprenant ces faits, le roi de Luang-Prabang envoya quatre de ses fils vers le Boi de Siam, mais dans le même temps le second-roi mourut à Bangkok. En 1191 (1829), Maha-Yong, roi de Xicng-Iloung, envahit Luang- Prabang. Le roi Mang envoya son armée sous le commandement du Cliao Om-Kéo, pour le repousser. Maha-Yong ne put résister, ses soldats se dispersèrent et s’enfuirent vers les Sip Song Panas. Lorsque la guerre avait éclaté entre le Siam el Yieng-Cliang, le roi Anouc avait été à Hué réclamer l’appui de I \nnam. L’Empereur ne put pas envoyer à son aide en temps utile, mais il ne tarda pas a commcneei la guerre contre le Siam qui chargea le Pliya Soupha Yédy, devenu Cliao Pliva Bodin Déclia, de repousser l’armée annamite, 1195 (1833). FRAGMENTS DE L HISTOIRE DU LVN-CIIHANG 139 V. A Luang-Prabang, le Cliao Mang, mort en 1836, avait laissé sept fils et trois filles. Trois de ses lils eurent successivement le pouvoir, les Chaos : Seum Clian et Ounkam. Le Cliao Seum mourut en 1851. Sous le règne du Cliao Clian, son successeur, l’explorateur français Mouhol visita le premier Luang-Prabang, où il mourut en 1858. Le Cliao Clian reçut aussi la mission de Lagrée qui y séjourna en 1867. 11 mourut en 187'?, et eut pour successeur son frère Ounkam l. Vers ce temps, les relations furent interrompues avec la Chine, à cause de l’état de trouble dans le 5 unnan. 1. Mort en lévrier 1896, a eu son lils aine pour successeur. 140 MISSlOiN PAME VI. Lorsque le roi Prachcy Séla avait quitté Luang-Prabang pour s’établir à \ ieng-Ghang, il avait emporté le Pra-Bang. \ près la prise de \ ieng-Cliang, les Siamois avaient transporté la statue à Bangkok (1 828). Sur la demande du Pra Chao Clian, ils la renvoyèrent à Luang-Prabang en 1229 (1867). Elle arriva à Kok-ltua, le 22° jour du 9" mois, y séjourna I i jours et lit son entrée à Luang-Prabang, où on la plaça dans le petit temple en face du palais. FRAGMENTS DE L HISTOIRE DU LAN-CI1HANG 1 i 1 \ 11. Le roi Ghantaphinit ayant caclié d’immenses trésors dans la caverne du Mont Sculion, avait placé à l’entrée un héron en maçonnerie. 11 avait mis là cet oiseau, aujourd’hui appelé: Ngoc \ang, autrefois nommé : Can-nou-soc, non seulement pour garder ces richesses, mais aussi afin que les gens, en le voyant, se souvinssent de l’énigme des douze questions, depuis le héron jusqu’au serpent, destinée à leur rappeler leur origine, !" Pourquoi ce héron ne crie-t-il pas? Parce qu i! ne passe pas de poisson. 2" Pourquoi le poisson ne monte-t-il pas? Parce qu’il y a beaucoup d’herbes. 3" Pourquoi y a-t-il beaucoup d’herbes? Parce que les bullles ne viennent pas les manger. Pourquoi les bullles ne viennent-ils pas manger les herbes? Parce (pie le maître ne les laisse pas en liberté. 5" Pourquoi maître, ne laisses-tu pas les bullles paître librement? Parce qu’ils n on! pas achevé de manger le riz qui leur a fait mal au ventre. h'’ Pourquoi le riz leur a-t-il fait mal au ventre? Parce qu’il est mal cuil. 7" Pourquoi riz, n’es-lu pas bien cuil? Parce qu'il n’y a pas eu assez de feu. 8° Pourquoi feu, n’as-tu pas été suffisant? lili MISSION PAV 1E Parce que le bois est humide. 9U Pourquoi bois, n’es-lu pas sec? Parce que la pluie m’a mouillé. 10° Pourquoi pluie, as-tu mouillé le bois? Parce que les grenouilles pleuraient. I 1° Pourquoi grenouilles, pleuriez-vous? Parce que les serpents voulaient nous manger. 12° Pourquoi serpents, vouliez-vous manger les grenouilles? Parce qu elles sont notre nourriture. Les savants ayant d’abord rappelé que: Le serpent est aïeul, père et mère du pays, donnèrent à ces douze questions vingt-quatre explications. LAOS OCCIDENTAL HISTOIRE DE NANG En 1 an 1008 (1646 (le noire ère), le bonheur régnait dans le pays de Pinli, des ossements du Bouddha avaient pu y être apportés. Ce livre a été écrit à celle époque, pour (pic les faits qu’il relaie lussent portés à la connaissance du peuple. Cinq prêtres quittèrent un jour le même temple pour se faire ermites. Pasélovo, l’un d’eux, s’arrêta au mont Sulep. Le jour même, venu se baigner au ruisseau \am-kar, au pied de la montagne, il trouva dans les creux faits par les pieds d un éléphant, d’un rhinocéros et d’un bœuf, trois couples do nouveau-nés, garçons et filles, fl les emporia et ayant prié Pra-In de remplir scs mains de lait il put les abreuver journellement. Les enfants grandirent très \ile, ils devinrent maris cl femmes. Peu après l’ermite trouva encore deux enfants très beaux dans la foret. Il appela le garçon Ixonali cl la fille Millo kaumarev : il les maria quand ils lurent grands et en lit les chefs de ceux trouvés dans les pieds des bêles. Pasélovo installa ce petit peuple, qui se multiplia rapidement, à Mika Sangkara. MISSION P AV IE l'»6 IConali fut 17 ans le chef ét mourut. Son fils Konali Kona lui suc- céda. Peu après, une vieille femme vint trouver le nouveau roi et lui exposa que son lils élail méchant, qu’il la battait constamment et lui demanda de le punir. konali-Kona la renvoya sans s’occuper de l'affaire, disant : « Ecoute vieille: ton cas, c’est celui d’une clochette dont le battant bat la boîte. » La vieille fut très fâchée; ne pouvant aller à un autre juge, elle leva les mains au ciel implorant les anges. Dans la nuit, ceux-ci vinrent lui dire : « Prends ton bagage, appelle les parents, les amis, abandonnez tous au plus vite le pays. Dès qu’ils lurent partis, il commença à venter et pleuvoir de telle sorte et si longtemps (pic le pays fut submergé; le roi, ses parents et ses amis furent noyés. Ce lieu, les gens l’appelaient autrefois Rakmanimak, maintenant on le nomme Etang du vent. Le vieux solitaire Pasclovo voyant ce pays ainsi détruit se dit : « Cela est arrivé parce que le chef n’était pas bon! Où irai je chercher quelqu’un juste et bon, tenant bien les usages;' Dans cette région-ci ds sont rares! Alors il se rappela Sokotôn, un des quatre ermites partis autrefois du temple avec lui et qui était installé à Louvo1. Il pensa : « Je vais aller le trouver. » l n auge, caché dans les bambous, connut son désir cl lui dit ; « Ne le dérange pas, je vais faire la commission. Écris sur un mor- I. Vncicnnc capitale du Siain. HISTOIRE DE NANG KIAM MAHA TÉVI l'»7 çéau de bambou la pensée née dans Ion cœur, jette ensuite le bambou dans le \am-Pinh. je ferai qu'il arrive à son adresse. » En un lieu nommé Tha Sompau, l’ermite Sokolôn se baignait. Il aperçut le bambou apporté par le courant, lut et comprit l’écrit. Il partit vers Pasétovo et lui fil connaître qu’au pays de Louvo, se trouvait un roi tenant droit la justice dont la fille scrupuleuse observa- trice des saints préceptes réunissait toutes les qualités. « Il faut, » termina-t-il, « aller demander celle princesse au roi, pour régner à ce grand pays des sources. » Pasétovo dit : « C’est très bien, je vais chercher les présents que mon ami empor- tera pour le roi. » La fille du roi de Louvo se nommait \ang Iviam, elle était la femme du second roi cl avait le litre de Mafia Tévi. Le roi père ayant accepté la demande des ermites, le mari avant con- senti à la séparation, Nang Iviam se décida au départ. Vprès un an de préparatifs elle se mit en roule. Cinq cents prêtres l’accompagnaient. Des ouvriers en tout genre, des serviteurs nombreux, la suivaient avec l’armée chargée de l’escorter. Tout le long du chemin, en remontant le Nam-Pinh elle donna des noms aux lieux où elle s’arrêtait. Parvenue à peu de distance de l’endroit où se trouve aujourd’hui l'i 8 MISSION PAY J K Lampoung, clic Ht amarrer toutes les barques à la berge et faisant venir le meilleur de scs archers, elle lui dit: « Dans ce pays je veux élever la ville qui sera ma capitale. Prends ton arc, lance une flèche, les génies la dirigeront vers le point qui en sera le centre. » L'archer obéit, puis, il courut à la recherche de sa flèche. 11 la trouva, restée suspendue en l'air près du sol et vint prévenir la reine qui donna aussitôt des ordres pour la construction d’un monument en briques, à ce point exact, et celle d'une enceinte autour, qui contien- drait la ville et son palais. Quant les 500 prêtres furent logés, ainsi que tous ceux venus de Louvo, la reine fit construire son palais, puis lés ermites qui lavaient appelée, les prêtres cl le peuple procédèrent à son sacre. Sept jours après Yang Mafia Tévi mit au monde deux fils. Elle nomma I aîné Mohonlayol elle second Enlévoln. La ville reçut le nom de I laripoun-Saï. Le pays était dans ce temps riche et beau. On y comptait plus de 4,000 villages: ceux qui n’étaient pas auprès des cours d’eau, des étangs avaient des bassins magnifiques creuses par leurs habitants. Quant aux autres hameaux, le nombre en élail tel qu’ils ne pouvaient être comptés. Les gens construisirent alors 2,000 temples pour que les prêtres venus avec la reine y enseignassent les préceptes du l'ra put. La reine établit les gens de Louvo dans I Est de la ville à part des anciens habitants. Ceux-ci furent placés: les gens de Mik.asank.ara à l’ouest, ceux de Naraknimon au sud. Nang Mafia Tévi fit faire autour de la ville des autels aux génies de toute sorte, vénérés dans le pays. Elle pria les anges de préserver le royaume de toute invasion ou HISTOIRE DE \ À N G IvlAM MA II A TÉYI 149 guerre, au moins tant que ses iils seraient jeunes, et leur demanda qu'ils lui donnassent la possession d'un éléphant extraordinaire, supérieur en tout, bon pour la guerre et (pie ses enfants pourraient monter plus tard. Il y avait dans ce temps un superbe éléplianl blanc dans un troupeau des monts Vnsrang. Son corps était blanc comme l'argent, ses défenses avaient des reflets bleus. b n jour il vint jusqu’aux environs dllaripouu près des autels élevés aux génies. Les anges lirent aussitôt pleuvoir sept jours et sept nuits durant. Le Nam-Pin b déborda. La bêle ne sut plus où aller. Elle tomba dans un endroit profond de la rivière d’où elle ne sut sortir, les berges étant à pie. Les habitants l’aperçurent, ils pré\inrent de suite la reine. \ang Malia Tévi au comble de la joie, remercia le ciel et lit capturer l'éléphant. On lui éleva une case dans le palais au nord-ouest. Les cloisons et le plafond furent tapissés d’étoffes riches. La reine donna au précieux animal des anneaux d’or et des bijoux des sept sortes afin qu’il fût parfait comme les éléphants montés par les rois. En présence d'un éléphant aussi fort, les gens malades (pii lui faisaient simplement l’offrande de petites bougies étaient subitement guéris. 11 se trouvait dans le voisinage du royaume des populations sauvages: on les appelait Lovacs. 150 MISSION PAVIE Leur Grand Chef ayant su que Nang Maha Tévi était belle, la de- manda en mariage. L’envoyé ayant présenté ses cadeaux dit à la reine : « Le maître de mon corps, le Pliya A ilangka, qui habite les monts Taman et est aussi le maître de tous les chefs Lovacs, m'a chargé d’aller vers la reine lui demander d'être la première de ses femmes. » La Nang dit : « Envoyé! jusqu'ici je n’ai, de la sorte, vu personne! Ton maître, comment est-il? « \ ilangka est, en tout, semblable à moi.» — « Il a le visage comme loi! il a pour tout vêtement un petit linge comme toi! Sors de ce palais très vile. » La Reine étant ainsi en colère, le Lovac s’en alla. Les serviteurs dirent à la reine : « Cet homme est venu pour entendre de bonnes paroles, il en a entendu de mauvaises, il va les rapporter à son chef qui armera ses gens et marchera contre nous.» Ils dirent encore : « N ous avez parlé avec colère à ce Lovac, son chef ne permettra plus au riz de descendre nous nourrir, dans ce pays, dans ces villages, nous mangeons ce (|ue les Lovacs cultivent.» Nang Maha Tévi répondit à ses serviteurs : « J ’ai été offensée par ce Lovac et je me suis fâchée. \ oilà! Et elle ajouta : « A l’avenir si des Lovacs reviennent il vous faudra leur parler bien. » Le roi Lovac attendait impatiemment son courrier. Lorsqu’il entendit le message il entra en fureur, et dit : HISTOIRE DE NANG KIWI MVIIV TEVI loi « Nous l irons combattre et nous l’aurons! » Mais il n'en fit rien. \u bout do quelque temps, Irois ans peut-être, ne pouvant oublier son idée, il envoya de nouveau un message à la reine. Les serviteurs lui répondirent poliment : « La reine est accouchée celle nuit, elle ne saurait donc, dans l’étal où elle est. aller vers votre maître pour être sa femme. » Après cinq ans le Lovac envoya de nouveau demander Nang Malia Tévi. Les serviteurs firent la même réponse. Le Lovac attendit encore sept ans et envoya son courrier. Les serviteurs répondirent : « La reine nourrit un tout petit enfant. Elle ne peut pas être la pre- mière femme de votre maître. » Ayant entendu celle réponse, \ ilangka, roi des Lovacs, se fâcha. « Nous l’avons envoyé demander quatre fois, on nous a menti ne voulant pas qu elle viennent à nous. Nous allons lever des hommes pour nous en emparer.» Ceci dit, il appela et mit en marche combien? 80.000 hommes ayant sabres et bâtons plein les mains! Ils les arrêta dans les plaines de rizières près d'Haripoun. Ils remplissaient combien P trois plaines! N ilangka envoya vers la reine. Le courrier parla ainsi : Mon maître a dit : « Si Nang accepte d être ma femme qu’elle vienne vile, si non qu'elle ne me cache pas son sentiment. » Nang Malia Tévi répondit : 152 MISSION PAY I K « Je 11e serais pas contente d’êlre la femme du chef Lovac, je ne l’aime pas. Retourne vers lui ; sors! » Puis elle appela son armée et lil préparer l’éléphanl royal. Elle ordonna à son fils aîné, Molionlayot, de monter sur le cou. cl à son fils cadet, Enlévola. de se placer sur le dos avec un serviteur en croupe. Molionlayot partit avec l’armée. Les Eovacs en voyant approcher 1.000 soldats bien ordonnés, en apercevant les princes Moliontayol et Enlévola sur l’éléphant supérieur, aux défenses luisantes et comme enflammées, prirent peur cl s’enfuirent vers leurs montagnes, jetant leurs armes tous les 80.000. Les soldats de Molionlayot les poursuivirent. A Th a-Lovan, les Eovacs se reconnurent vaincus. On les appelle depuis, pour cela: Lovan. Plus loin, ils jetèrent leurs bracelets et leurs boucles d’oreilles, pen- sant que les soldats s’arrêteraient pour les ramasser. On nomme depuis cet endroit Koum-kang. La poursuite ne cessa qu’aux bords des forêts du pays Lovac. Le lieu est appelé depuis Muong-Tcen, parce que la nuit avait obligé les soldats à allumer des torches pour y arriver. Les fils de Nang Mafia Tévi revinrent alors vers leur mère qu’ils ren- dirent heureuse par le récit de la victoire. La reine songea à placer Molionlayot sur le trône. Elle prépara les insignes : couronne, colliers, bracelets, sabre avec fourreau, souliers d’or, tout se trouva à point. Elle le couronna sous le litre de Mafia Ivoma Molionlayot. Les fêtes avec théâtre durèrent sept jours. Puis elle éleva son second fils comme Obbarach (deuxième roi). Jusqu'à l’avènement de ses fils elle avait régné 17 ans. HISTOIRE DE \ A XG K IA M M VII V Tl'lYI 153 20 Enlévola, Obbarach, pensa : « Mon frère, mon aîné, est né le même jour que moi, il est cependant le souverain! Je voudrais être roi comme lui. » 11 alla vers sa mère : « Mon frère et moi sommes nés le même jour et mon frère est roi de ce pays d’il aripoun e( au-dessus de moi: je voudrais être roi comme lui dans un pays autre. » Nang Ma ha Tévi ayant entendu parler son lils dit; « Enfant et ami, reçois les paroles de ta mère qui a écouté les tiennes : « Mère et enfants, nous sommes dans ce pays parce que les ermites l’ont désiré : je vais leur envoyer demander conseil. » Elle adressa un serviteur à Prasétovo porter ces paroles : « Demandée par vous au roi de Louvo mon père, pour être reine de ce pays d’1 [aripoun, j’ai régné. « Lu cliefLovac, \ilangka, a levé combien? 80,000 hommes pour me combattre et m’obliger à être sa femme; j’ai donné à mes deux lils aimés 1,000 soldats et l’élépliant supérieur: devant eux le Lovac et. son armée ont fui et disparu. « Après cela, j’ai fait mes lils: Moliontayol. roi d’I [aripoun, Enlévola, Obbarach au-dessous de lui. « Maintenant Enlévola désire être l'égal de son frère? » O Pasétovo lit venir Enlévola. Il lui indiqua un chemin qui passant par les montagnes Ghanléba- répol à l'csl d’IIaripoun, Chouhabarépot, près delà rivière Nam-San, le conduisit à celle de Louhabarépot. Là sc trouvait un chasseur, nommé Kélang, connaissant les sentiers des forêts. Entévola lui offrit des présents cl s’annonça comme venant de la pari de Prasétovo el allant vers l’ermilc Soproma. MISSION PAME 154 Heureux de lui être agréable le chasseur le mena à Khao-Ngam, près de la rivière Mé-vang Néati. L’ermite Soproma semblait l'attendre. Enlévola le salua respectueuse- ment. Après un moment <|ii linté\ola était assis. Soproma lui demanda le but de sa \isite et l’ayant appris, parla ainsi: « Tu veux la fortune cl le pouvoir royal de.ma main, je veux te les donner. » Aussitôt, accompagné du chasseur, il le conduisit en un lieu très beau, proche du Mé-Vang-Néali, d y fit subitement naître des habitants et avec Kélang, organisa une Aille où les gens se trouvèrent riches et très heureux. Soproma appela le pays kélang-Nakhône, du nom du chasseur et en lit don à Entévola qui en devint roi. Enlévola, roi, songea à montrera sa mère son royaume, ses richesses, et désira qu’elle y fut baignée d’eau lustrale. Il envoya un de ses chefs, avec suite nombreuse et présents, qui lui parla ainsi: « Maintenant que votre fds est roi de Kélang, il souhaite que sa mère A'icnnenl le visiter. « Dans ce pays très beau, il y a des villages grands et petits: les populations sont riches, les terres bien cultivées. Les éléphants, les chevaux, les bœufs sont nombreux. Il y a des soldats pour le défendre. « ^ enez ô reine, voirie royaume d’Enlévola votre fds. » \vanl entendu le langage confié par Enlévola à l’envoyé, Nang Maha HISTOIRE DE \ A \ G K l AM M A 11 \ TÉ VI 155 Ic\j lui tonIcnle a l o \Iren le. Elle cul ledcsir d aller voir les liions de son lils. Elle alla dire à Yialia-Mohontayot ce qu’elle venait d’apprendre. Le jeune roi s’en réjouit beaucoup avec clic et lui dil : « Vous voulez aller voir le royaume de mon lrère, vous qui êtes ma mère! Vous pouvez partir! » Loi sque Lntevola apprit que sa mere était sortie d llaripoun, il alla la recevoir à mi-route et la conduisit vers iSakhône-Kélanc O * N oyant combien le royaume de son lils était admirable, elle fit appeler les prêtres, les chefs, l’armée, le peuple et, ayant préparé les cinq insi- gnes, elle le couronna. Les tètes avec théâtre durèrent sept jours. Keconnaissanlc a 1 ermite Soproma, \ang Maha l’évi voulut 1 aller voir sur sa montagne et le remercier. Lorsque sa mère lui revenue à Ivélang, Eutévola fil préparer pour le liaiu, la case appelée Mandop. il lui demanda d’y monter: alors les prêtres Murent avec I eau lustrale et le jeune roi élevant ainsi \ang Mafia Tcvi au-dessus de lui, prononça ces paroles: « Je vous salue, ù ma mère, el vous souhaite de régner de longs jours sur ce pays suivant les 10 préceptes. » I uisil la fil baigner pendant que jouaient les instrumentsde musique : sco, rouai. salaï el trésanij. MISSION PAYIE 156 Ëntévola construisit ensuite une habitation pour sa mère en un lieu qu’on appela Muong-Lampang, nom conservé jusqu’à nos jours. Vui” Malm Tévi resta trois mois dans le royaume de Nakon-Kélang, puis elle dit adieu au roi Ëntévola, son lils, et revint à Horipoun. Sept jours après elle tomba malade; les médicaments furent inutiles, en deux mois, la mort l emporta. Mohonlayot pleura sa mère, les obéis et le peuple des Alliages la pleurèrent aussi, car tous 1 aimaient. Le roi envoya un courrier à son frère lui apprendre la triste nouvelle et le prier de venir au plus vile pour les lunérailles. Ëntévola pleura sa mère avec tous ceux de son pays qui éprouvèrent une grande peine de sa mort. Puis, il convoqua les chefs et régla son départ. Ëntévola, arrivé à llaripoun. se rendit au lieu où était déposé le corps desamère. Il \ pleura abondamment, puis les deux hères discutèrent l’arrangement des cérémonies et leles funèbres. Elles eurent heu dans le bois des ^angs1. Le théâtre joua pendant sept jours et sept nuits, après quoi les 500 prêtres venus de Louvo et ?,.>00 autres, ayant reçu, des deux princes des vêlements neuis, entrèrent prier auprès du corps de Nang Maha 1 évi. I. N an" : dipteroenrpus locvis, arbre à huile qui atteint une très haute taille. HISTOIRE DE \ A N ( ; Kl AM MAU V TÉVI 157 Les deux rois frères allumèrent le bûcher de leur mère. Ils recueil- lirent scs cendres cl les placèrent au sud du palais. Le mausolée les contenant reçut le nom de de Savanak Chéang Kha. ils placèrent ses cheveux, son peigne, ses insignes et ses vêtements dans le sanctuaire auprès des cendres. Quand plus tard l’éléplianl blanc mourut, scs défenses furent aussi déposées dans le mausolée. Les cérémonies terminées Enlcvola retourna diriger son royaume comme auparavant. Mohonlayot, pendant son règne, tint droit les usages et la justice, instruisant les chefs et le peuple dans leur observance pour qu ils fussent gardés exacts comme ils les avaient reçus de la tradition. Ayant ainsi constamment rempli son devoir de souverain, il mourut âgé de 80 ans. Dans ce même temps le roi Entévola de Nakhône Kélang étant mort, les chefs vinrent apporter scs cendres dans le bois des û angs. LOIS SUCCESSEURS JUSQU'A VTTENTAUAC1I Roman, fils de Mohonlayot fut son successeur ; il mourut à Hari- poun après 50 ans de pouvoir. Nonla succéda à Roman son père, et mourut sept ans après. Sovanamang, fds de Aonta, régna 50 ans cl mourut. 158 MISSION l'WIK Songsa lui succéda et mourut après 80 ans de règne. Ensuite vinrent : Botoumak, 50 ans de règne. Kolotéva, 7 ans. Maliarach, roi venu du pays de è ossak Mala kakhone s’empare alors du pouvoir par la guerre, règne 1 an et meurt. Lacatarach, après lutte, peut aussi régner sept mois. Tosla, fils de l’ancien Roi Kolatéva. (pii avait fui du royaume, ayant réuni une armée, vient combattre, reconquiert Ilaripoun et meurt I an et trois mois mois après. Takarach, son Jils, règne 5 ans 7 mois cl meurt. Tassaracli a ensuite le pouvoir 10 ans, 2 mois, 15 jours et meurt. Kotorach règne 2 ans, 3 mois cl meurt. Malaracli règne aussi 2 ans, 3 mois et meurt. Trapakarach, son lils, lui succède. Très courageux, il conduit son armée faire la guerre au pays de Louvo. Le roi de Louvo, Ochet-Takia Kovo, lève ses soldats et va au devant de lui. Un roi, Ghivacrach, du pays de Srey-Tliomarala, sachant que les deux armées sc préparent à combattre marche contre celle de Trapa- karach. Ce que voyant Ocliet, roi de Louvo, va vers Ilaripoun et y arrive le premier. Toute la population sc sauve vers le sud. Ochcl devient maître cl roi du pays. Trapalarach s’enfuit hors du royaume. Le roi de Kampoulcha 1 vient alors attaquer Ochet et règne 3 ans: puis il sc retire abandonnant armes, chevaux, éléphants. 1. Cambodge. HISTOIRE DK VWG KIWI M.V1IA TKYI 159 Le roi Ochel pria les anges ainsi : « Si le roi de Kampoulcha vient encore pour prendre le pays, je demande aux anges de faire périr toute son année.» Cela dit, il lit graver sa prière sur une pierre qu’on enterra à la fron- tière Est de Haripoun. Ocliet régna, en tout, 3 ans et mourut. O kamanclia lut roi 20 ans et mourut. 11 y eut à celte époque une grande épidémie de dysenterie. Les habitants s’enfuirent vers le pays de Sotam-Nakône. Depuis, quand arrive la saison du riz nouveau, on fait des oll'randes aux parents morts, leur demandant de veiller sur la santé de leurs descendants. Iviakavoté, roi du pays de Aplii Kouinu \arala Nakône arriva avec une armée, s’empara d’Haripoun, régna 4 ans et mourut. Passélévak régna 3 ans et mourut. Nhiéyakrach lui succéda (?) Maharacli, venant de Sakapassa, combattit, prit Haripoun, régna 10 ans et mourut. Sennackracb régna 53 ans et mourut. Ivanlia régna 3 ans cl mourut. Langkaracb régna 4 ans et mourut. Ponloulak régna 20 ans et mourut. Entavolak régna 30 ans et mourut. Atteularach régna après eux. 1 GO MISSION PAVIE HISTOIRE Dl ROI ATTELTARACII Le prédécesseur d’Alteularacli avait J;iil creuser le bassin de Lam- poun : lui, put se procurer des ossements du Bouddha qui dès lors protégèrent le royaume. Atteularaeli était déjà depuis longtemps sur le trône lorsqu’il leva des troupes et marcha sur Louvo. Devant l'enceinte de la \ ille il arrêta son armée. Il envoya vers le roi de Louvo : « foulez-vous me donner votre ville, \os villages? l’réferez-vous me combattre, répondez-moi? » Le roi de Louvo entra en grande colèi'c, mais il réfléchit, se calma : — « Inutile de combattre. Je vous propose ceci : « Les deux armées vont, chacune dans son camp, élever un grand monument en briques ; celle qui la première aura terminé, aura la victoire. « Si lu l’emportes, je t’abandonne mon pays, si au contraire c’est moi, loi et ton armée serez mes esclaves. » Leroi flleularach ayant répondu: « 1res bien, » on convint du jour pour commencer. Quand les deux monuments étaient également avancés, le roi de Louvo lit travailler, de nuit, des charpentiers. Ils terminèrent l’édifice avec des bois qu’ils recouvrirent d’une toile peinte de la couleur des briques et du mortier. Alors, comme le jour naissait , le roi de Louvo fil battre le cong trois HISTOIRE DE \ \\2 8 •2 1 » va régner à Xieng-Maï en 67 1 (1309 île noire ère). ROIS DE \IENG-M\1 DEPUIS M ONG-LAI JUSQU A FA SAVAIT règne 20 ans. — 10 Mong-Laï Tliao-Prain 166 MISSION PAME Sen-Pou 7 Kam-Vou 15 Cliao Payou — 12 Ménai 23 Téloka 45 Pra Yol Cliéan — 4 ChaopliyàKéo — 31) Ivelt 30 Thao Chaï 4 Ko II — 9 Opaiourach — 1 (Interrègne) — / 1 Phya Mékon *21 Fa Savali » ans. qu'on nommait Monou-Rata-Mang. TRANSCRIPTION ET TRADUCTION m. s G H M I T T RECUEILLIES AU SI AM ET AU LAOS AUGUSTE PAV TRANSCRIPTION ET TRADUCTION PAR M. S Cil MI TT DES INSCRIPTIONS EN PALI, EN KII ME R ET EN THAÏ RECUEILLIES AU SI AM RT AU LAOS PAR AUGUSTE PAYIE NOTICE PRELIMINAIRE LES INSCRIPTIONS KIIMÈRES ET THAÏES Dans ses différentes missions en Indo-Chine, \l. Pavie passait, en glanant sur sa roule tout ce qui pouvait intéresser la science et l’his- toire; c’est ainsique dans ses visites aux monuments et aux pagodes, il collectionna de nombreuses inscriptions I haies qui seront pour l’épigra- phie une acquisition nouvelle non sans quelque valeur. Sans pouvoir prétendre à la réception enthousiaste qui acclama les inscriptions sanscrites du Cambodge, à laquelle celles-ci avaient droit parleur apparition subite, comme monuments d’une civilisation ancienne et grandiose, que rehaussait encore leur mérite littéraire : ces inscriptions auront leur importance au milieu de la pénurie de documents pouvant nous faire connaître l’origine des principautés thaïes du nord, qui ont vécu avant l’empire d’Avuthia. cl vers lequel elles furent comme un acheminement. Tes Thais ne sont arrivés dans le bassin du Më-Nani que par étapes, cl c’est toujours, dans la marche de ce peuple vers le II. > 2 170 MISSION PAME golfe de Siam, le nouvel empire naissant au sud qui emporte la suze- raineté sur ceux du nord qui l’ont précédé. Sukliôdaya qui vint immédiatement avant celui d’Avutliia, et qui n’avait été connu, même par les 'Pliais, que par quelques fables greffées sur le nom de leur roi légendaire Pliayû Ruang, nous est révélé par ces inscriptions comme un empire conquérant et puissant. ( .clle du roi Rûma-Kliomheng, la plus ancienne et la plus importante, après nous avoir fait assister à la naissance de cet empire, nous montre, à la fin du règne, des frontières considérablement reculées, grâce, sans doute, aux victoires royales. Déjà tout le liant Mc-Nam est au pouvoir des Pliais, la puissance des rois 1I indou-Bralimes du Cambodge, fortement entamée, se maintient encore formidable dans le sud. par ses forteresses de \apliapuri et Dvaravadi, qui bientôt sera la nouvelle Vvutliia, capitale des 'Pliais. Celle résistance que rencontrait Sukliôdaya du côté du Cambodge, l’obligea naliircllenienl à diriger scs conquêtes vers le sud-ouest dans l’ancien Pégou et dans la presqu île Malaise où la Irontièrc s étendait jusqu’à llangsavadi et jusqu’à Cri Dharmarâja (Ligor). Ces inscriptions donnent le nom de « Javas » aux habitants de la presqu’île qui sont les Malais d’à présent. Les successeurs de Rama- Ivlionibeng ont continué la guerre avec ces Javas ou Malais, et il est probable qu'ils oui conquis toute la presqu île, v compris Malacea et Singapour. Les Annales de Quédali sont en cela d’accord avec ces inscriptions. Il est à remarquer que dans I énumération des villes de son royaume le roi Râma-Ixhomheng ne cite nullement la ville de Cliannapura située à la même hauteur que Sukliôdaya, mais sur une branche orientale du Mc-Vain: elle était donc encore au pouvoir des rois du Cambodge. Cliannapura est la ville où s’arrêta le pèlerin chinois au vir siècle de notre ère, sa dernière station avant d arriver à Cliampapura qui lut probablement le Cliampâ-sak actuel. Ce Cliannapura lut donc la ville 1. Cliannapura s’appelle aujourd’hui Pliitsanulôk (N ishnulàka). INSCRIPTIONS 171 frontière des Cambodgiens pendant le règne tic ll;ima : mais elle ne larda pas à être englobée dans le royaume de Sukhùdava ; sous le roi Dharmarajâdbirâja, elle csl énumérée comme ville au pouvoir des Tliais 1! Ces successeurs de Ilama-Miombeng devaient avoir vivement attaqué les possessions cambodgiennes, pour voir les Tliais maîtres de tout le bas Më-\am en 1350 de notre ère. époque de la fondation de leur nouvelle capitale Ayutbia. Ce caractère de ces inscriptions thaïes date du commencement du vin' siècle eaka. Celle du roi Ilama-K bomhéng nous apprend qu’anlé- 1. Les documents déjà connus ne permettent pas encore de li\cr la vraie limite du xastc empire des rois du Cambodge ; mais il est certain, et la publication complétée des inscriptions thaïes et klunères le prouvera, que cet empire cambodgien s'étendait au sud jusqu’au golfe de Siam. et prenait, remontant vers le nord, la rive orientale du Me Nam ou il possédait les villes tortifiées de Dvaravadi, Navapura et Channapura sur la branche orientale de ce llcuvc dans le nord. Quant à la rive occidentale dans le sud et aux branches occidentales dans le nord, on peut douter que les rois du Cambodge y aient étendu leur puissance : néanmoins, il reste acquis que les populations Minières occupaient la contrée de Sukhùdava et peut-être même une partie de la presqu’île malaise où ils vivaient mêlés aux Malais qui s’êten daienl tout le long des côtes maritimes de l’Indo-Cbine. Dans tout le bassin du Me Nam les Khmers se sont tondus avec les vainqueurs. Les Malais, qui sortent d’une souche commune avec les Tliais, auraient eu le même sort, n’eùl été leur cou version au Mahométisme qui devint un obstacle insurmontable à la fusion. La tradition indigène que je vais faire connaître ici donnera une idée de l’état politique de l’Indo-Cbine au moment où les Tliais étaient campés sur le liant Cambodge à\ieng-llai d’où ils sont descendus vers te sud: L’Indo-Chine au com- mencement de notre ère fut envahie par les Ariyikas (Aryens). Ils v établirent un peu partout des colonies qui paraissent avoir été très florissantes. Suivant celte tradition I Indo-Chinc était divisée en cinq contrées ou deçà : Le Aavanadeça au nord sur h1 liant Mè-Kong, occupant le liant Laos : il .s'étendait sur le Tongking. Le Sayam-deça a I ouest du Yavana deçà s'étendait depuis Sukhùdava sur la liante Birmanie jusqu’à Manipula. Au sud-ouest, le Ramanva-dcça comprenant tout le l’égou. Le Cliampà-deça au sud du l'ongking dans I kiinain. Enliu, le Kambuja-dcça ou le Cambodge que tout le monde connaît. Ces noms sont restés à ces peuplades alors corvéables et qui ont remplacé les \ri\ikas leurs maîtres. Les Indo-Chinois appellent les Annamites: \ avana qu'ils prononcent Yuen : Chams, les Malais du Champà ; Cliainbujas, les Khmers; ÎShans ou Savams, les Tliais; Man va, prononcez Mènes, les l’égouans. 172 MISSION PAV IE rieui'cmenl les Tliais n’avaient pas d'écriture ci que ce roi fil venir de Lri-Dharmarâja (Ligor) un lellré Ariyika (Aryen) qui composa l’alphabet des Tliais. Ce nouvel alphabet se lit en modifiant légèrement les lettres sans- crites alors en usage dans toute lTudo-Chine, fait dont témoignent les inscriptions sanscrites recueillies par là et récemment publiées. Cet alphabet sanscrit avait servi au\ Chams et aux Khmers à trans- crire leurs langues sans modification des caractères ; pour ces idiomes recto tono, il n’y cul point de difficulté. 11 n’en fut pas de même pour le Thai qui se présentait avec scs sons musicaux. L’auteur dut trouver une méthode pour marquer ces intonations. C’est ce qu’il fit, et son système parait fort ingénieux. Il conserva, avec une faible variante, les caractères sanscrits, chan- géant la \ aleur phonétique suivant les exigences de la langue lliaie. Y oici la table comj tarée Sanscrit k kli g gli n gutturales. Thai k kh kh kh ng Sanscrit c ch j jh n palatales. Thai c ch ch ch y Sanscrit t th d dh n cérébrales. Thai t th th {h n Sanscrit t th d dh n dentales. Thai d et t1 th th th n Sanscrit P ph b bh in ph bh labiales. Thai b et p2 ph ph ph m f f3 y r 1 V semi-voyelles. y r 1 V ç sh S sifflantes. S h s s aspirée. Voyelles o‘ a â i I U ü rii rii li'i lii e ë ai ô ao aiii a : 1. Le I sanscrit se lit d ; avec une petite échancrure au haut se lit l en thai. 2. Lep sanscrit sc lit lr, une petite prolongation ou queue en fait unp. 3. Une petite prolongation ou queue en haut de ces deux lettres fait les deux /'en lliai. 4. La lettre o sert comme base pour les i, u, ü, a quand ces voyelles commencent un mot. INSCRIPTIONS 173 C’esl à dessein que l'auteur fit entrer dans son alphabet plusieurs lettres d’une même valeur phonétique, il avait en vue la division en trois catégories, c’est-ù-dire : En lettres élevées: kli. ch. Ih. th. pli. (son dérivé) 1. ç. sli. s. h. En moyennes :.. k. c. t, t. d. b. p. o. En basses : toutes les autres lettres de l’alphabet. Donc avec l’addition de deux accents : le jihmûmülîya -|-' et le trait vertical | il obtint les cinq tons musicaux : 1° Les lettres élevées par elles-mêmes représentent le ton montant; avec le jihvâmülïya, le tou descendant ; avec le trait vertical, le ton circonflexe ; 2° Les moyennes sont naturellement recto lono; surmontées du jdivâmCdlva elles descendent: surmontées du trait vertical elles sont circonflexes : 3° Les basses sont également recto lono: surmontées du jihvâmülïya elles prennent le ton grave; surmontées du trait vertical, elles prennent le ton bas ou descendant. 1. Ccl accent ne se rencontre que clans l’inscription du roi ltàma-Khomheng et se transforme dans les suivantes en un petit pareil à notre point d’interrogation. INSCRIPTION THAÏE DU ROI RAMA K110 M ï I E N G GROUPE SAJJANALLAYA SUKHODAYA Receuillie au Val Prakéo à Bangkok en août 1883 (Planches 1, 2, 3, f\.) NOTICE Celle inscription nous l'a11 faire connaissance avec deux anciennes villes du Sayam-deça, colonies fondées par les Ariyikas (pii sonl venus par Çrî Dharmarâja, ville el porl de mer silué entre le 1" et le 8" degré de latitude sur la côte malaise. Ce Cri Dharmarâja-nagara, ainsi que Ions les anciens chefs-lieux de province, suivant l’usage du pays, fut communément appelé nagara (iNakhôn ou Lakhoii) parles T’hais: et les Portugais qui ont encore reconnu l’importance de ce port en ont fait Ligor. C’est le nom que donnent les caries. L’administration a conservé I ancien nom de Çrî Dharmarâja. Cette province est peuplée des descendants des Ariyi- kas; quelques familles \ ont conservé les pratiques brahmaniques el c’est là (pie les rois de Siam recrutent de tout temps les hralnnes pré- posés dans leur capitale aux cérémonies des râia-vithîs el au sacre des rois. En général, tous les x 11 luges sonl buddhisles, mais les hommes mariés portent à la façon brahmanique la chevelure longue ou juta. Cri Dharmarâja fut certainement la première et la plus importante station commerciale des Ariyikas dans Tlndo-Chine. Il sera peut-être 176 MISSION PAVTE même permis de croire que les fondateurs d’Angcor-vat ou plutôt les premiers colons brahmcs du Kambuja-deça ont pris terre à Çrî Dharma- râja-nagara ; et cela suivant une tradition des Khmers du Siam qui dit que les brahmcs qui ont fondé Angcor, sont arrivés à Kemarât au nombre de mille individus; là, ils auraient construit des radeaux de bambous et se seraient confies au courant. A l’entrée du grand lac, la contrée leur plut : le sorl fixa le terrain propice et le campement fut décidé. Les ruines de Sukliôdaya sont connues; elles se trouvent situées entre le 17e et le 18° degré de latitude sur la rive gauche de la rivière qui porte son nom et qui est un affluent considérable du Më-Nam : coulant autrefois au pied des murailles de l’ancienne ville, celte rivière s’en est détournée de plusieurs lieues. De cette immense ville, il ne reste que quelques pans de mur d’anciennes pagodes cl de nombreuses statues appuyées contre les murailles ou gisanl par terre. Le pays est déserl : toutes ces contrées, du nord, dévastées par les guerres avec les Bi rmnns, u ont presque plus de population. La ville, qui aujourd’hui représente l’ancienne en qualité de chef-lieu de la province du même nom, se compose d'un groupe de quarante à cinquante maisons bâties sur les bords de la rivière. En même temps que Sukliôdaya, 1 inscription mentionne Sajjanâlaya autre capitale des Thais et qui semble même avoir été plus ancienne que Sukliôdaya. Ses ruines se retrouvent à côté de celles de l’ancienne ville de Sanghalôk, sur le fleuve qui baigne les rives des deux villes. L inscription se trouve placée eu ce moment sous un sala dans 1 enceinte du palais royal à Bangkok tout auprès du Yat-Phra-Këo. Elle lut apportée de Sukliôdaya en 1834 par le prince royal qui régna plus tard sous le titre de Somdcc-Phra : Chom-Klao-paramendra-mahâ- Mongkut, père du roi actuel, Somdec-Phra : Chula-chom-klao-mahâ- Chulalankara. Elle est en langue thaie : le caractère est de forme carrée fort élégant. Elle occupe les quatre côtés de la pierre qui est bien con- servée sauf trois ou quatre petits éclats occasionnés sans doute par son transfert. INSCRIPTIONS 177 Hauteur de l'inscription 0m,45 Largeur 0m,33 Dates çaka 1205 —1209 —1214 =:A. D. 1283 | 1287 —1292. C’est de tous les documents épigraphiques lhais le plus ancien el le plus important. Le roi Râma-Khomheng, après nous avoir l'ail connaître ses deux prédécesseurs : Çrî Indrâdilya, son père, qui fut probablement le premier roi tliai de ce royaume, et son frère Ban. nous raconte les aventures de sa jeunesse. Il donne ensuite la constitution de son royaume, tant administrative que religieuse. Il a l’ail graver sur celle pierre la loi qui régit son royaume, pour que le peuple en prît connaissance. Les usages civils et religieux indiqués sur celle inscription sont encore aujourd hui mis en pratique, dans le pays de Siam, sans changement notable. Celte inscription est restée la base fondamentale de leur vie ch ile cl religieuse. Inc particularité la distingue: elle la11 entrer, contrairement à l’écriture sanscrite dont elle dérive, tonies les voyelles dans le corps du mot. Les i, u, ii, qui devraient être marqués au-dessus cl au-dessous des mois, cuire les lignes, sont placés dans le mot sur la même ligne. Les diphtongues, ai el ci long, dont la tête sort du mol. s'élevant I un \ ers la gauche, le second vers la droite, dans les inscriptions suivantes, ne dépassent point ici la hauteur du mot. Celle méthode fut-elle géné- rale au commencement de I écriture lhaie dont nous avons ici le premier échantillon, ou bien le lapiciclc a-t-il fait exception à la règle pour ne pas gêner I incision des accents et rendre ainsi scs caractères plus nets P On ne peut le savoir. Je crois, pour ma part, que le lapicidc a voulu faciliter par là son travail et donner de la netteté à ses caractères. J ai accepté une transcription naturelle, sans lemr compte de la pro- nonciation. souvent arbitraire, faisant suivre les lellrcs. telles qu elles se présentent dans leur ordre d écriture thaïe. Dans les mots sanscrits, pour les laisser reconnaître plus facilement, j’ai donné à ces lettres la valeur qu’elles ont dans celle langue ; tandis que pour les mots siamois, j ai adopté la valeur phonétique qu elles ont prise en langue lhaie. 1 ouïes les stèles de ces inscriptions klnnères cl thaïes son! en grès. MISSION PAME 1. TlhWSCRlPTlOY Premier côlé de la pierre. I" Phô kü ju srï indrâdilya mée kü ju nân süeoii phi küju hân mücon 2° kü phi non llion dyoi liâ khon phü jây sâm phü vin sôii phi pliüco 3" o phü oâv lây câk phüeoo boni lee yaiig lok mueoo kü kliiin liyài dai 4° sïh kcâ kheâ kliun sâmjon cea mücoii chod mû lliô mücon lak phô kü pai roi) 5° kliun sâm pin livov sâv kliun sâm jon khahh ma livov kliva kliun sam G" jon klüeon kheâ plm'ii la luîâ lai ]iho kü ImT yo yây phây co cee 7" ii kü ho hnl kü klii jaii buk hala1 2 3 kü khahh kheâ kon pho kü kü lu 8° jâii dvoV kliun sâmjon ton kü pliün jâii klnm sâm jon l\ov jü 9° mâs mücon phee kliun sâm jon phây lml pho kü cin kliün jü kü 1 0° jü plira : râma khomhccii phüeoo kü pliuii jâfi kliun sâm jon miieo 11° o jvov pho kü kü bofnrœ 1 kée pho kü kü boriirœ kéc mèc kü kü dai Ivov 12n nüeoo Iyoy plâ kü coâ‘ mâ kéc phô kü liü dai limâk soiii limâk hvâ 13° n ami dû km orôy km dl kü coâ mâ kéc phô kü kü pai lï 14° linon nvaiig jâii dai kü coâ 1 mâ kéc phô kü kü pai ihô lian ihô müc 1. llala, mot sanscril ([uc les Tliaïs prononcent plion, armée. 2. Mot klimer. 3. Prononce/ ao. 1 N S CRI PT ION S 179 15° on clai iân dai nvan dai pvov dai nàn dai nüeon dai thon dai eoâ1 * 3 J 6° ma ven kée pho kü php kü lây yaïig phi kü pliràm boihrœ kée phi 17» kü vang homrœ kée pho kü phi kü lây cin dai müeon kée kü thang 18° plionla* miieoo jvov plio kliun râma khomheen müeon sukkhôdai ni dï nai nâih 19" mï plâ nai nâ mï kheâ ccâ müeon ho eoâ chob nai phrâi lu thân phüe “>0" on cmig vvm pai kliâ khi mâ pai kliày klirai cakk khrài kliâ jân khâ klirai 21“ cakk khrài khâ mâ khâ klirai cakk khrài khâ iiüeon kliâ thon khâ plirài là lmâ klirai 22° lük ceâ lük klnm phü dai lee lodi lây hây kvâ yâov l’üen pho jücoo 23“ süeoo khaiii manu thang lük mïyoy yïv 1 khea plirài la kliâ lhai pâ 24° hmâk pâ phlü pho jücoo manu vai kée lük manu sln plirài la 25° lük ccâ lük kliun plu lee phll pheek lee kvân kann svon dü 20“ lliec lee cïn leen khvam kée khâ dvoy ju ho klieà phü lakk makk 27“ phü son lien klieà thân ho khrài plan lien sln Ihàn' ho khrài diico 28“ d khon dai s! khây mâ liâ plià müeon mâ khü khoy lmüeoo liieo 29“ o kü manu ho mï iân ho mï mâ hô mï pvov ho ml nàu'i bô mi niieo 30“ n ho mï thon liai lée mann khon manu taïïg peu hàn jicn müeo 31“ ïi dai kliâ lüeok khâ süeoo livoi pliün livov roh ko di hd khâ ho di nai 32° pâk plü mï kadiïi ami îiün kliveen vai hann plirài la lmâ 33° sai klân hàn klâïi müeoïi mi ihoy mi klivàm ceh Ihoïi 34° klioiï cai mann cakkklào lliüeii ceâ ihüen kliun hd rü pai sann kad 35” in ami ihàn kliveen vai pho kliun râma khoiiiheen ceâ müeon dai 1. Prononcez ao. “2. Corruption de sanscrit pliala, fruit 3. Prononcez mia via. î. Du sanscrit cïladâna. 180 M1 SS10A PAVIE Deuxieme cülé de la pierre. 36“ yïn ryok müéoo lliâm svon klivâm tée mann dvoyjù p lirai nai 37° müeoi'i sukkhôdai ni eïii joih sâiï pâ hmâk pfi phlû ihvov müeo 38° ii iil lliuk héeû pii plirâv ko lilây nai müeon ni pfi lân 39" kù hlây nai miieon in hmâk mvoiï ko hlây nai miieon ni 40° hmâk kliâm ko hlây nai miieon ni khrai sân dai vai kéc mann 41" klâh müeoii sukkhôdai ni mï nâih Iraphang pliôy si sai kin dï 42“ sai tang kin nâiii khôn 1 mücoo leen rob miieon sukkhôdai ni Irï 43° para dai sâm phann si roy vâ klion nai miieon sukkhôdai ni 44° makk Lhân makkdron2 3 * sïlamakkôoy Ihân8 phôkhun râma khomheen w h -f- 45° cea müeon sukkhôdai ni lhaûgjâv meé jâv eeâ tlivôy pvov (livoy nâ 46“ n lük eeâ lûk kliun lhang sin lliaiig hlây Ihaiig phü jây phü yïii 47" luii thvoy mï sradhâ nai plira : buddha sâsana droiï sïla mueoo vrana 48“ sâ' Ihuk klion miieoo ôok vranasâ krân kalhïna diieon nüii et 49“ il lee\ mueoo krân kalhïna mï plinoih5 * biyoy mï phnoiii hmâk mï n0° phnoiii dok mai mï limon naiig limon non parïvâra kalhïna ôo 51“ y lliân lce pï lce yib lân pai sud0 yadd kalhïna lliüeh o 52° rai yik phün müéoo cakk kheâ nnâ vyon ryoïï kann lee orai 53“ yik phün llieâ livov lân domhoiï klioih dvoy syoïi phâd syoïi plu 54“ n s y o ù lüéon syoii khahh khrai cakk makk bien bien khrai ea 1. Kliôug, est une corruplion de ganga, fleuve; delà, Më Kliông, le lleuve du Cambodge. i. Drong, mol klimer; drong sïla observer les préceptes, se prononce « song si la » 3. Ooy lliân, expression khmère : l’aire l'aumône. 1. Vranasâ, du sanscrit vàrsha, la saison des pluies. 5. Phnom, mot klimer. monlajïne. b. Sud, mol klimer. prier. INSCRIPTIONS 181 55° kk makk livov hvov klirai cakk makk lüeon lüeon müeon su 50" kkliôclai ni ml si pâk plü hluon liyon yom khon syod kann 57° klieâ ma dû lliân pheâ tliyon lliân laie11 fai müeon sukhôdai ni. 58° mï lang cakk feek klâii müeoiï sukhôdai ni mi vihàra mï 59" plira : buddha rüpa llioii ml pln a : allhàr+ça1 2 3 * 5 mï plira: buddha" rupa 60° mï plira : buddha rüpa ami hÿai mï phra : buddha rüpa ami 61° rama mï vihàra ann hÿai mï vihàra ami rama mï pü 62° klirü 1 mï sangharàja mï thera mï mahà (liera müeon Ivaim lok 63°'miieon sukhôdai ni mï aryyika pbô khun'ràma khoihheen kalhàiii 64° ôoy lliân kée mahà (liera saiigharàja pràûü' ryon cob pilaka Irai 65° hvov kok kvà pü kbrü liai miieon ni lliuk khon luk lise miieon srï dha 66° rmmarâja mà nai klàn aryyika mï vihàra ann min mon 67° hÿai sün ïiàin nakk mi phra; allliàr ça ann nüïi luk yiion 68° il büeon tvann ôok miieon sukhôdai nï mï vihàra mï pü klirü 69" mï thaïe lilvoïi mï pâ limàk pft p h I ü mï rài mï uà mï thïn lliân 70° mï bàn hÿai bàn lek mï jifi mvoïi mï pâ kliàm du iiàm lang klec Troisième côté de la pierre. 71" n büeon tïn non müeon sukhôdai nï mï la là l pa 72" sàn mï plna: cou mï pràsàda mï pâ limàk phràv pâ limàk 73" làn mï rài mï nà mï ihin ihàn mï bàn liyài bàn lek büe 74° on hvov non müeon sukhôdai nï mï kudï" vihàra pü klirü 1. Uhârça est le nom qu’on donne aux petits statuettes du Buddha; je ne m’explique pas le jilixâmüllva placé entre les deux lettres de la lin, je ne crois pas qu’il marque ici le ton. 2. Le lapicide a fait ici une erreur. 3. 'Du sanscrit guru. i. Corruption de sabbannu (omniscient). 5. Lire kuti. 182 MISSION PAVIE 75° yûo rat srï dabhoi'isa1 2 mî pà phrüv pâ lâiï mï pâ rat on pâ khâm 76° ml nâra kliôk mî plira: khapliun phi devadâ liai klieâ ann mirai 77° peu liyài kvâ thuk pliï nai müeon ni kliun plui dai iliii müeon 78" sukhôdai nï lee livai dï plilï tliük müeon ni ihyon müeon 79" nï dï phï livay bodî pli II bd lliük phï nai klieâ ann bd khum bd 80° krei'i müeon nï liây 1214 saka pî marnîi pbo khun raina khoih 81" lieen eeâ müeon çrï sajjannâlai sukhôdai ni plük mai lâ 82" n ni dai sïb si klieâ cïû liai jân faim khdâr liln Lang hvâiï 83" klâii mai lân ni vann düeon dabb dücon ôok pccl vann van 84" n düeon lem dücon bân peel vann luiî pü klirü (liera maliâ (lie 85" ra khün nàng linüeo khdâr lira sud dharmma ké üobâsok ~ lu 86" n llivoy câiii sîla pbî jài vann süd dharmma phd khun rama khoriiheen 87" eeâ müeon çrî sajjannâlai sukhôdai khün nàng hnüeo khdâ 88" r liïu liai lïiîi llivov lük eeâ lükkhun fün (livoy iliii bân iliii 89" müeon kann vann düeon dabb düeon lem Ihân leeja3jâû pliiie 90" ok kraphadd syâû thyon yom llion nàm taïig4 5 * 7 vâjù rüpa çrî 91° phd khun râma khoiïiheeiï khün khi pai nob plira: viliara" aryyika lee 92“ eoâ° niâ' eârük ann nün mï nai müeon jalyon sakhâbok vai 93" dvoy plira : çrî ralana dliâlu eârük ann nün mï nai ihâm ju lliâth 94° plira : râma yûo fang nâiii soinphây eârük ann nüïi mï nai Ihaiii 95" ralana dhâr* nai klvoïi pâ lân nï mï sâlâ soïi ann ann nün jü 1. Du sanscrit tnpasya. 2. Du sanscil upâsaka 3. Du sanscrit lèjas, l. Lecture probable, la pierre est en défaut. 5. Lecture probable, pour la même raison. G. Prononcer ao. 7. Signe de ponctuation. .S. Du sanscrit dhârâ. INSCRIPTIONS I8:t 96° sala phra: mas ann nüiï jii ljuddlia bala khdar lnn ni jû ma 97° naiïg çilâ mâlra sthübok* vai hïn cïn lhang hlûy lien Quatrième côté de la pierre. 98" pliô klmn plira: rama khoiiiheen lükphôkhun çrï indrâditya pe 99° n khun liai müeon çri sajjannûlai sukhôdai lhang ma kâv lâ\ 100° lee thai müeon lai hlâ la ton tluing2 3 4 5 thaijûv üo jâv joh mû oo 101° k 1209 saka pî kurs haikhud coâ' phra : dhàtu ook lhang lilây 102" lien katliûiii püjâ bomrœ kée phra: dhûtu dai düeon hok vann cl 103° h eoâ1 Ion faiïg liai klfuï müeon çrï sajjanâlai ho phra : ce 104° di' hnüeo hok klieâ cîïi leev tahg vyon plia lom phra : ma 105" lia dhûtu sûm kheû cîiï leev mueo kon lûy sü thai ni bo 106° ml 1205 saka pî mamee pho khun rûma khoiiiheeiï liû kbrai cai 107° nai cai lee çai lûy sii thai ni lûy sü thai nï cïiï mï phue 108" o khun phü nann çai vai pliô khun phra: râma khoiiiheeiï nann lia 109° peu tliûv peu phra: khru kée thai lhang hlûy bû peu 1 10" khrüoâcûrya6 sang son Ibai lhang lilây hai rü 111° bun rü dharmma lliee tée khon ann ml nai müeon thai dvoy 1 12° rü dvoy hlvakk dvoy kleev dvoy liûn dvoy kliee : I 13° dvoy reenhûkhon cakk sainœ7 mï dai oûc prûb8 fün khü 114" siiek mï müeon kvüiï jût’i lilûy prûb büeon tvann o 1. Stliapaka. 2. Lecture incertaine, pierre en défaut. 3. kur, emprunté au klnner ainsi '..\JL-i u»#-> V I WTT3 O* > —' — — - » 0 eyfjiviüii r.nj]© i&udo g£J u ceo 6&æ ra ^ enlnü aff) @éj UPflosiD ©3UG0i JS3Î 33 U iri &&U SülSdJDDDQ Q U1 U) SW3 O GÏÏG1 lAJcWLJ ^TJO 3Ulaul30 UC331AJ2S1 CÜTii G&ÜÜFD2jUlf3?JDCCD + v- i • —_ > < .«.. Jl - ,W«M x.-> «k-/ •. m I —». » M r t »■ *• \ n k t « I a. ■' “! * /"\ A U)^(snJ3 DCtüiî33 U33 wa-iiüinao^u'iaicQaïL) o @6 u eseo ifcRWS’îîPMÔtni) S ®TÜÜG üëWâUVOêlO D9..U ifl M&UfCUÜ o sps iA/ôo5o ûcyo criiA/atn r?o v (s&ccd) coirâtosiï'pa&D'd ®ur?o GB3i5^d®ioiuienp[-tnia4if©^i^q-Gj!âiwù]QU£n U n U U 80OQ UGTQLIÜÂÎU ŒOdQ COItfïCttfr VUcG) eOVPÜŒQ üîu qpa aa^a rQ$S cuH*p cnbi/Ucfai^n^ü ü) in uumi BÜT'.^i'.'1 uncâu cnn ëùu^éÊi^uréQOGiciivi es\ sroûra ad) uvân oirugff) 633 u aîa obd êcùÆï dcràhso inoo œ(2sil!oo3=iauîi®u nui© ctin o (sc ud ooè^© mzw m c&cttui ©u! liXD^u ud m ‘Sj r>ns; i^Gürà^càs ü pu ziAjïâdvnzmj o &2££Èè s gj u&i? n si ghti? en #âiïï>i£# wj©fî^'àiInfnrOT^aïDa^QD(oiaQM{ri3i/)3aforia^'tjiûi^^.r 2^Cfflc3(œuac5®fr35GnifüTi|jaHnciiià®cîl!3uuy®:3D c ©:â5 o 5Ti ui u ud) 3 Ô£S3fiHHÆiüa£i ocatf?i/iFfo arc?u? u) 33 01 Ciïl 23 5* CDSV^O ^UU1U OTÙQ O D GTS) C31U1 cEJp 5SJ D G) Ulj> CTüut^ amaêiMu cifo xnd 'd u ôUDQ os v 14 £/0 <3ü Ü U SU 3 3WL) GEHJ CG) C ÜP U CUE U c^F S. iffidï WQ&TOcJràà «M*®® U4IÂIïI(2nX>U(2l^>U^U0J» '©facVIQtoJCIB.'CK)© gOlfOc) OU>yuG\>P^ la unaw^cüD m u imu oj&uÿrS^B^“ iAF.-3imv)s^vut3 Wirua; av\i vSâS’u eu w cduj vapt-oiaj ir& -oviu©a3n»în (°ou USTUQD G£)UÙ?3® STUS3 C? tà^'PLD 0Ü (DU ©IA! WS"' GUôU&ft (Byiotà trCD d ©u ift wino ®u ?t (duio (du en u rnu , rnu irai ^iîcü- Ifriçc a ai œpj ui vào oj üi siu oq :n us X) crôp i\scniI'Tïon i. Plancho 3. O @TÙ3 3 — 3TUQej© UU c) UU CTD UOUlî ŒT6IS U CQ U UTJ U tth 32f)D®ü qaasrwoQ^îouiuuaso uu)odo**êo@ssvu]œ^ vu ® u s-") u Qcciiî 3 gau u u wr^BHp5,aAî>u a en " ^ ®5* Cl 53ÎXU ©6flQ ©U £ U 0CU3 3 SC£J O 5 GT> u Q ?3 Oc)U UV«n (ÏÏK raU^)J3>LD 65*0) Q UU @QJ 3 dJbJ^m (sè CO p ww u ôq W'âxAnu tn ®y©o uu ©osorcu «?ucp spa ^ T?uaœoO)G^U0Lf®u3oà)^^ouuouiÇ(2ODr3®àr i I u xkuikjoudcî^v)D3irur)üGiftu I\SCRIPT JO > I. Planche ». 20 li vu 03 ixyus'tT) wtaccH3ÎJ23oï in/BuaunDuun (roke/cü' vw8 usu @cuop®u5,sa»'),' uszær&punn îâijocnasno cf3?u)@u832oma)üp tcnMTOs?ingna2?î 3)330Dunro- oin uqivoi3J3} vorace® uns-; ») jd?o scgb u uioauuas a LSI ^^C^O®WO3(DLr^^U0?3Qiaff,"Cü , 6, 7.) NOTICE Hauteur de l’inscription Largeur o 0m85. 0">28. MISSION PAVIE 20 A (1 c den \ Souverain s, père et lils : Ilidaya ou Rilliay cl IM i a m i n i k a râj à d h i r â j a avec lesquels nous ferons connaissance dans l’inscription thaien°III. I n (ait bien surprenant, cesl la rencontre deçetle inscription klimère it Sukliùdava. province lhaie depuis au moins un siècle, il faut nécessai- rement en conclure la présence d’une nombreuse population khmère qui serait demeurée la, apres I en\alussemcnl des I bais; par conséquent les Khmers auraient précédé les derniers dans ces provinces au nord-ouest du Mc-nam. Il reste douteux néanmoins cpie la domination des rois Kambujas s’étendît jusque sur la contrée de Sukhôdaya, qui fil partie, sans aucun doute, du Savam-deça. Il faudra toujours distinguer entre Khmers et Kambujas; ces derniers furent les vainqueurs et maîtres des premiers. Aujourd’hui tous se sont fondus avec les races (baies. Sur la rive orientale seule du Mc-nam, les Khmers ont conservé leur langue nationale. La dernière partie de l’inscription nous livre un fait historique important, elle mentionne une expédition à Chudamânanagara pour châtier les Jàvas, anciens habitants de Lnang Plira : bang. Les caractères de celte inscription sont les mêmes que ceux des inscriptions sanscrites ou pâlies de la même époque, qu’on retrouve sans changement notable dans les manuscrits sanscrits cl pâlis que possèdent encore le Siam cl le Cambodge. Pour être à même de donner la traduction complète de celle inscription, j ai pu me procurer une ancienne traduction lhaie qui est déposée à la bibliothèque du palais cl qui lut laite avant la détérioration de la pierre. Elle devait, à cause de son importance, trouver place au milieu de ces deux inscriptions thaïes. Je n ai donc pas hésité à l’y associer comme un document précieux, malgré son texte khmer. 1N SC1U1’ TtONS 205 11. TRANSCRIPTION. Premier côté de la pierre. 1° D 1269 çaka kur l>ra : pàd kamralen an hrdayaja 2U va jeta jà... bra : pàd kaihralen an çri dliarmma 3° raja nàiii son à bala bavnlia phon avi cri sajjanâlaya... 4° 5° 6° r i sandarl lcy stac gaii laiiiraii svey raja vibhava li 1 l" cri sajjamilava sukliôdaya no cbmuii 22 1\ : la 1283çaka chlù saiiilec 1pavilra prc raja pandita do afijen maln'i çàmi sangbaràja la màn çilà 1 o" ry y ana cap bra : pilaka Iray a la sdilli no laiika d\ ipa la màn cilâcàrv va I i° ru kçinà grab plion créa aihvi nagara canna mok Iv : lamârggânlara depa l.i" prc silpi larhlap san bra : kudi viliàra kaiiilvan braisvav la màn lo 1G y diça paçcima sukhodaya ne : prab rrâp cak kçec snme llivc madav 17 prabai sapa dira ru bra: vislniukarmma gi la nirminâna kâla... nuim saiiilec 1(SU bra : rnahâ llicranubhikçu sanglia plion mok bra : pad kaiiiralcn an prc l!)u laihtap sla lec dyan dliùb puspa kalya vrkça sia don llivc pùjà Ira I’ margga prc amalya inanln ràjakula plioâ do dal dval pùjà sa 21 kkara aiiivi sruk no la mok Iv : jyan don lal çruk bail candra '' l);,ù 'îic r\\ac Iv: sukliôdaya ne : mvay xvat depa prc pos krâ 23'1 ç jaiiira : bra : raja màrgga arhvi dvàra li pùnva do Iv : dvàra li jiaç- cima lal la 2 i" lirai svay na san kudi \ iliài/a sdliàn syaâ lassaau vilàna la vicitra 2o ccainlcn rvvac raçmiyâditya invat baalàv pancangaja vanikà raihvval dnj 1 2li" y Irap grabanlrûl krâl nu vaslrà paûcarànga ccaiiilcii li la lui ^/ cielIîa pad eu. la dliarani sapa aide llivc bujà kri\à plion cren I. Lecture incertaine; probablement doit sc lire don jay (pavillon). INSCRIPTIONS 207 28° cel bbain âc li gananâ thâ pi oss lcy do : nu prvap mol bra : 29° raja mârgga no : prabai yvar slvargga râliâna pblù svargga dopa ârâdhanâma 30° lia sâmi sangharâja pvas bra : varsliâ oss Irai mâsa kâl nu chu! bra : 31° varsliâ tlive mahâ dâna chlon lira : saihritlii git pralvan lira : aiig bra : bu 32° ddlia kamrateii au pratillhân duk kanlàl sruk sukluidava no : 33° toy purwa stliân lira : maliâ dliâtu no : slap dbarmiiia sapa tlingai amvi mvay. 341 11 ko! lu : pûrnnami ta gi raja drabp krtsnâpra : dânamâsjyaii 10 pra 35° k jyaii lOôdalâra I 0 slà 2 civara kçc 4 bât bicu : klmey kbnal kande 36° 1 nie no : jkak ri kriyâ dâna pravar phon la do li sot ayt 37° gananâ aneka prakâr^' k al purana bra : varsliâ 1 \ : aslami ro 38° o buddhavârapunaxbbasû rkça nâ lngâc llingai no : bra : pâd karhrate 39" n an cri çûryya van ça rama niabâ dbarnuiia râjâdbirâja kçamâdâna oila /i0ü jâ lâpasa vos brabnek bra : suvarna pralitnâ la pratislhân le ■110 raja maudira nâ star namaskâr pûjâ sapa llingai llioy dopa afijc \2° n rnahâ sâmi saiigbarâja tlierânulbera bliikçn sangha phon tlile 130 n lo borna prâsâda râja maudira dopa pvas jâ sâmano : 44" kâl na nu pvas sùiii oila nobra : pâd kaiiiralen an crî 45° çûryya vança râma mahâ dharnuiia râjâdbirâja slac jhar Ihvo the 46° lck afiguli namaskâr bra : suvarna pratimâ nu bra : pilaka Ira 47° ya li pralap duk lo lira : râja maudira nu mahâ sâmi saiigbarâja ,i8° adhisthân ro : b no : nu pliala puma li an pvas ta sâsana bra : 49" buddha kaihratoii an rrav no : ail bbaiii rllinâ cakravalli sampalli 50° nuira saiiipatli bralnna saiiipatti an rllinâ svaüi 1 eil an aeâu jâ ni" bra : buddha pi nâiii salva phon chlon Irai bhavane : gu : adbithân ro: 52° no : llioy depa yok Irai saranâgama„ kçana no plidai ka 53° rom no : kakrok sapa dira adiltbân pvas lliov dopa dra 1. Ce signe, qui sc roneontre souvent dans ées inscriptions ici et ailleurs, déter mine la tin d’une période ou d’un récit, d’un paragraphe. 208 MISSION PAVIE 54° n bra : carat eu : aiiivi suvarna prâsâda pâda car do lv : ta bra : 55° lirai svày ^ nâ stec pratittbân bra : pâda eu : ta dharani tal pra 56° thavi ue : prakampat vid sapa disa sot ta gananâ ca no : Fin du 2e côté de la pierre. Quatrième côté de la pierre. 1° le tbnal do tal 2“. mo : ta jâ audil ley „ mon stac tbve 3° bra pâramî ta kâl no : pi mân malmçcaryya rûv no : gi 4° stec pre pratisthân çilacârika ne : lcn ta jana gana 5° phon gi pre pracai punya papa nvat tbve punya 6° dharmma... mân pramâd sapa nak ley„ nâ pbdai karo 7° m krey ruv ne : olu kbmi rr ta mân ariibe punya dharmma plio 8° n mun bbam tel yen yal rrv ne : naval yen stap na 9° k bol kamlvan dharmma gu : ne : olu pi yal pliai punya pra 10° kat la kracyak gvr |)i janagana phon pvâyâm ta kuça 1 1° la punya sapa nak ri pâpa phon bbam tappi Une ley^... 12° rnahâ thera Irai pitaka la mok avi lanka dvipa sathid no 13° bra : sidol toy dakçina lirai svây duk bra : gâ 14° thâ saraser bra : yasa kilta phon nâ stae Une bra : pbnva 15° s gi srec câr çiIâ duk kaiiilvan baddhaçimâ nâ lirai svây 16° toy diça paçcima sukhôdaya ne ; INSCRIPTIONS 209 II. TR \ 1)1 CTIO\. Premier cillé de la pierre. Eu çaka 1269, année cyclique du porc, le roi lira : pâd kaiiirateii an hrdaya-jaya-jcta tomba malade. (Son fils) Bra : pâd kaiiiralen an çrîdhar- m a raja alors a Sajjanalaya, rassembla une armée el le builièmc mois, (juin-juillet) le cinquième jour de la lune croissante, il se mil en marche vers Sukhôdaya, où il arriva le jour de la pleine lune. Ayant cerné la ville, il y pénétra par toutes les portes à la Ibis, culbuta les révoltés cl fit mettre a mort tous les principaux chefs. I l monta sur le Irone, où il remplaça son père et gouverna le royaume de Sukhôdaya avec sagesse el gloire, suivant ainsi les glorieuses traditions de son illustre famille. En l’année cyclique du cheval (1276 çaka),eul lieula cérémonie du Sacre : le roi, entouré de ses vassaux accourus des quatre points do 1 hori- zon. reçut la consécration royale cl prit le lilre de Bra : pâd kaiiiralcn an çrî sùrya vança Rama mahâ dharmarâiâdhirûja'. Le roi, dont le cœur lui aussi vaste que I Océan, était doué d une com- passion extreme pour les salvas (êtres). Les richesses eurent pou de prise sur son esprit : aussi ne voulut-il recevoir les offrandes et les biens doses sujets. 11 leur persuada de les employer de préférence à faire des aumônes aux bonzes et aux temples, et par là acquérir des mérites religieux. Oeux. parmi le peuple, qui avaient le cœur pur et pieux, se réunis- saient autour de Sa Majesté, pour entendre sa prédication el sc livrer aux I. Les pieds augustes, noire maître, de la race solaire, Ràma, le grand roi du dharma, le roi des rois. 210 MISSION PAVIE exercices delà contemplation : le roi prêcha la loi à tous sans distinction. Six mois après son couronnement. Sa Majesté fut prise du plus vif désir de faire l’aumône de sa x ie pour arriver au svarga1 : elle aspirait unique- ment à l'état de Buddlia. Elle méprisait les biens et les jouissances de ce inonde et ne recherchait d’autre plaisir que celui de conduire dans le Nirvana les êtres qui souffrent et tournent dans le cercle de la transmi- gration. Plus d’une Ibis. Sa Majesté, émue de compassion au souvenir de ses sujets, qui, pour un délit quelconque, gémissaient au fond des prisons, puisa de l’argent dans le trésor royal pour acquitter les dettes de ces malheureux prisonniers et leur lit donner la liberté. Les habitants qui, des quatre points de l'horizon, arrivaient à Sukhô- daya, les uns en char, lesaulres à cheval pour leurs affaires de commerce, ne manquaient jamais, après avoir entendu la prédication du roi, défaire l’aumône et d’observer les préceptes, accomplissant ainsi toute sorte d’actions méritoires. Par tout le royaume, on célébra par la suite les louanges du roi. le nom île Bra : pâd kaiiiralen an çrî Sùrva vança Bâma ma lui dharma rajadhiraja fut dans toutes les bouches ; on disait que dans aucune contrée, jamais pareil roi n avait régné. Pour illustrer son règne par un chef-d'œuvre, Sa Majesté commanda à ses artistes (çilpi) de lui construire un immense palais (maliima prêsadajà quatre façades et resplendissant d'ornements multiples, pour quelle pût s v livrer à la science tic la méditation. C’est à celle époque que le roi, mettant à profit sa science en astrono- mie. corrigea le calendrier cl lixa av ec certitude le premier et le huitième jour lunaire du mois âshada (juin-juillet), ainsi que le jour de la pleine lune de ce mois2. I. Buddha, dans une de ses générations, se serait offert en pâture à un tigre ; de là la croyance des buddhisles qui font donner leur chair à manger aux animaux pour arriver au svarga, ciel d’Indra. 2. Ce calcul fut nécessaire pour préciser le jour où commençait le carême buddhislc, le calendrier contenant des erreurs. Ce carême commence à la pleine lune d’àshàda pour finir à la pleine lune de katlika, c’est-à-dire 4 mois. V Siam, ce carême ne change I\SCRIPT 10N S 211 Aussitôt après, sa Majesté fit construire des kuti vihàras (temples)avec un immense ceti va (reliquaire) pour y renfermer les reliques. 11 fit, en même temps, fondre une statue de Buddlia d’un mélange de différents métaux. Mais la piété de Sa Majesté lira : pâd kaiiiraten an y ri sûrya vança llâma malià dharmarâjâdhirâja, nullement satisfaite de tant d’œu- vres glorieuses, lit ordonner à ses cilpis (artisans) de faire couler en bronze une statue de Parameçvara lâpasa çri arya(Çivu) cl une autre de \ ishnu- karma : le treizième jour de la lune claire du mois âshâda, un vendredi, sous les auspices du pùrvâsliâda (mansion lunaire), le roi, entouré .des bonzes, lit élever avec grande pompe ces statues de Parameçvara et Vishnukarma dans l’enceinle du dcvâlaya mabà Kçelra1, qui se trouve dans l’intérieur du parc des manguiers. Sa Majesté y établit en même temps des brahmanas et des tapasvis, pour y faire des sacrifices suivant le rituel et y entretint un culte perpétuel. La Majesté lira: pâd kariiraten an çri sùrya vança Rama mabâ dharma ràjadbiràja, ayant étudié Deuxième côté de la pierre. patiemment le (raya pitaka, le vinaya cl l’abhidharma, composés par le lôkâcârva, réunit autour d’elle les yatis, les brahmanas, les tapasvis poul- ies instruire. Sa Majesté (somdecpavitra) s’était pénétrée de la science des vèdas, du sâslrâgama cl du dliarmafiâya, elle possédait à fond le prajyotisâstra qui donne les formules pour déterminer le premier jour lunaire du mois qui ouvre le carême, les éclipses du soleil et de la lune. Elle excellait dans toutes les branches des arts et des sciences, elle savait rectifier et compléter l’année astronomique au cours du çakarâja, rien aux habitudes journalières des lalapoins. sinon qu’ils ne doivent pas découcher pendant ces quatre mois. I. Nom qu’on donne aux temples brahmaniques (séjour des dèvas). 2 12 MISSION PAVIJ£ introduire les mois et les jours intercalaires, et calculer la marche des nakçalras. Sa Majesté (somdec pavilra), par sa parfaite connaissance en la matière, savait éliminer, conformément aux méthodes scicnlîques, les erreurs qui s'étaient glissées dans la chronologie, qu'elle rectifia par ses calculs avec une concision qui dénote en elle un talent sans pareil, au- dessus de tout éloge. Le prince (staej régnait à cri Sajjanâlaya Sukliôdaya depuis 22 ans, quand, en çaka 1283 année cyclique du hœuf, il envoya un ràja pandila (lettré de la cour) pour aller inviter un malui sâmi sangliarâja (chef des bonzes) qui possédait à fond les préceptes du traya pitaka (le canon bud- dliiquc) et qui demeurait en file de Lanka (Ceylan)où tous les cilâcarvas (précepteurs religieux) avaient une connaissance complète des kaçinas1. Sa Majestéc (informée) que le bonze (malui sâmi)était arrivé à la ville de nagara Cannal, (où ayant débarqué) il devait reprendre la route par erre, envoya les çilpis (architectes) construire les kulis vihâras dans le parc des manguiers situé à l'occident de Sukliôdaya. Ceux-ci nivelèrent le terrain en y faisant porter du sable, et embellirent tout le parc, au point qu on aurait pu croire que \ ishnukarma était venu momentanément sur Ja terre y accomplir ses prodiges. Le somdec malui thera (le grand bonze) suivi de la bhikçu sanglai (la congrégation des bonzes mendiants) allait se mettre en marche (vers Sukliôdaya). Leroi (Kaiiiralen an) avait préalablement fait expédier de I arck, des cierges, des bâtonnets odoriférants, des fleurs, des arbres artifi- ciels, des pav il Ions, qui, offerts devaient être dressés tout le long de la route. 11 (le roi)avait, a cetetlcl, dépêché scs amaccas (ministres), sesmaulris I. Ces kaçinas, cliez les buddhisles, sont une sorte de contemplation physique qui consiste a concentrer toute son attention en fixant son regard sur des objets physiques au nombre de dix : la terre, l’eau, le feu, etc., jusqu’à produire une hallucination complète. -• Canna ou Cannapura, aujourd’hui Philsanulôk (\ishnulôka), fut visitée par lliouen tlisang, pèlerin chinois, au \uc sièclcdc notre ère. D’après son itinéraire, après avoir quitté Dvaravati qui devint plus tard \yuthia, en remontant le lleuvc, il arriva a Cannapura et de là, par terre, à Campapura : probablement le Campasac actuel. I N SC II I PT IONS 2l:i (officiers), les ràjakulas (princes), présenter des oll’randes d'abord à la station (Cannapura) où s’étail arrêté (le bonze de Ceylan). Ces offrandes, suivant l’ordre du roi, devaient se renouveler aux differentes haltes, à Xieng-long, à mu’ang Gandra, à mu'ang l> an g. eL à mu’ang Vâr1, puis à une dernière balte, à la distance d’une portée de voix de Sukhôdaya. Le roi avait lait balayer et nettoyer la roule royale, depuis la porte orientale jusqu’à la porte occidentale et de là jusqu’au parc des manguiers, où l’on finissait de construire les kutis vihàras, habitations splendides, vastes, brillantes, pareilles à l’arc-en-ciel aux cinq couleurs. On y avait entassé des montagnes de Heurs, tout le long de la roule; des tapis aux cinq couleurs couvraient le vestige du Buddlia elle parvis, tout autour. Tous les objets offerts furent d’une incomparable beauté et ne se lais- sent pas décrire. La route royale fut si belle qu’on ne peut la comparer qu’au ciel ou à la roule conduisant au ciel. Dès que le malià sâmi sangharûja fut arrivé, le roi I invita à ouvrir l’observance du carême qui dura trois mois. En sortant du carême, pour inaugurer la statue en bronze du Buddlia de grandeur naturelle que le roi (Kaihralen an) fit placer au milieu de la ville de Sukhôdaya. à 1 en- droit où l'on avait autrefois enterré les reliques2 et où 1 on avait l’habitude d’assister à la lecture du dharina, tous les jours, à partir du premier de la lune jusqu’au jour de la pleine lune, on fil la distribution des aumônes. Le roi distribua en aumône : dix litres en or, dix livres en argent, dix sortes d objets précieux, des civaras, diverses sortes d’arêk du prix de \ ticaux. des coussins, des oreillers en colon, des nattes, des mets, des confiseries, puis toute sorte d ustensiles, impossibles à décrire. Yprès le carême, le huit de la lune décroissante sous les auspices du Nakçatra punarbbassu, vers le soir tic ce même jour le roi Bra : pàd karinraten an çri sùrya vaiiça Raina mahà dharma râjùdhiruja entreprit l’observance des préceptes, en vrai ascète, les yeux tournés vers la statue 1. Ces differentes localités situées entre Nagara Canna et Sukliôdava n’ont pas été identifiées et sont aujourd’hui inconnues. 2. \ oir l’inscription de ltàma Kliomlicng. 214 MISSION PAYIE en or placée clans le palais royal (râjamandîra), où Ions les jours il lit ses adorations. Sa Majesté invita ensuite le inahà sûmi sangharàja et les bonzes de sa suile à venir au palais royal (hema prasâda raja maudira), où elle reçut les ordres de Sâmanera. En demandant la réception de ces ordres, le roi kamrateii an eri sùrva vança rama malia dliarma rajadluraja se tint debout, leva ses mains et adora la statue cl or, le Iraya pilaka, cju on avait placés clans le palais (raja maudira), ainsi cpic le mâlia sâmi sangharàja, cjui prononça le vœu suivant : cc Que ces mérites accpiis par N otre Majesté, en devenant reli- gieux, suivant les préceptes de Bucldha, ne vous conduisent ni à la puis- sance d'un empereur, ni à la gloire d’un Indra ou d’un Brahma ; mais, ce cpii est votre désir, cpi'ils vous fassent parvenir à l’étal de Bucldha, pour que vous puissiez conduire tous les êtres (salva) en dehors de ces trois mondes. » Aussitôt après cette prière, le roi récita le saranagama (la prière du refuge). A ce moment, la terre trembla dans toutes les direc- tions. Après les prières de 1 ordination, le roi, prenant son bâton, descendit du palais cl or (suvarna prasada) elserendit à pied aupare des manguiers. \ peine eut-il louché le sol de son pied cpic la terre trembla de nouveau clans toutes les directions, outre mesure. Troisième côté de la pierre. Depuis le glorieux jour où commençait le carême, chaque fois que le roi sortit prendre son repas, les nuages, contre leur habitude, couvrirent le firmament, codèrent le soleil, la lune et les étodes, comme pour alïcc- ler un air de tristesse, jusqu au jour où le roi fut ordonné bhikeu (bonze mendiant) dans une pagode consacrée (baddhasimâ)1. V ce momenl-là, du côté nord de Sukhôdaya, le roi des serpents (nagaraja), élevant sa spatule bien au délit de la hauteur d'un homme, 1. Encore aujourd hui les talapoins ne peuvent être reçus bhikçus que dans une pagode en maçonnerie el entourée de situas ou bornes traditionnelles. INSCRIPTIONS 21 o fixa do son regard le parc des manguiers, puis, s’agitant el traversant les airs à une grande élévation, il redescendit tout à coup sur la terre, suivi d’une grande traînée de lumière. Aussitôt on entendit une sonnerie de cloches, suivie d'une musique, symphonie céleste dont les sons parais- saient tellement rapprochés, qu’on put les croire provenir d'instruments placés tout auprès. La foule énorme des spectateurs fut témoin de ces prodiges. Ces faits miraculeux provenant des mérites du roi furent nombreux : ils se multiplièrent encore quand Sa Majesté eut entrepris l'observance des huit çilas 1 cl l'exercice des pâramitâs2 3. Ce (pii fut surtout remar- quable, c'est que pendant la saison d’été, les pluies ayant absolument fait défaut, grâce aux mérites du roi dans l’exercice des pâramitâs, la terre trembla cl le ciel laissa tomber des pluies abondantes. Nous notons ce fait, le gravant sur celle pierre, Tous les manlris, amaccas, pandits, les piges, les astrologues, les riches propriétaires qui, à l’exemple du roi, s’étaient laits bonzes et avaient pratiqué la vie religieuse, se réunirent pour prier Sa Majesté de vouloir bien quitter les ordres. Sa Majesté (somdec pavitra) en référa au grand sâmi sangbarâja el lui demanda de convoquer en assemblée tous les (lieras cl bhikçus ainsi que les princes du sang dans le santbâgâra sâlâ (hôtel de ville). Là au milieu des tlieras, pleins de mérites par une rigoureuse observance des préceptes, le roi (sadec), sur la décision des aggasàmis et de la sangha (assemblée) renonça aux ordres et déposa les habits jaunes (kâshâva vastra); aussitôt on lui donna le titre de Bra : pâd kamralen an çrî dbarmika râjâdhirâja. Il y eut en ce moment un étrange spectacle : d un côté les hommes pieux el anus du dharma, désireux de marcher dans les quatre sentiers : à leur suite tous les bonzes qui. pleins de joie, avaient atteint les huit 1. Ces çilas ou préceptes sont au nombre de cinq pour les laïcs: huit ou dix poul- ies talapoins. 2. Les pâramitâs ou vertus sont au nombre de dix : miséricorde, sagesse, résolu- tion, etc. 3. Les quatre degrés de perfection qui conduisent au Nirvana. 216 MISSION PA.YIE degrés de perfections et de mérites (ashlanga mârga phala)1 demandaient ?i retenir le roi pour leur servir de précepteur et de guide. D’un autre côté, les amaccas, les manlris, le senA (l'année) cl tout le peuple suppliaient le roi de venir sans larder gouverner son royaume. C'est alors que parut le grand bonze Ari va sangha sAmi sangharAja; il fil voir aux bonzes l'inopportunité de leur demande et l'impossibilité pour le roi de demeurer précepteur de leur communauté, quand le peuple était unanime à vouloir faire retirer Sa Majesté de la vie religieuse. Pour trancher le différend, le mahA sAmi sangharAja, comme s’il sacrait nou- vellement Sa Majesté, roi successeur de sou père, lui imposa le litre de lira : pAd kaihralen an çrî tri bhava dliarani surijali mahA dharmika rAjAdhirAja2. Bientôt après Sa Majesté, se ressouvenant de sa chère ville de Sajjanà- laya, voulut s’y rendre, en emmenant son armée. \ cette nouvelle, les habitants de Sukhôdaya furent consternés. Pour les tranquilliser, Sa Majesté, connaissant d’ailleurs le respect que professait le peuple pour son père lira : pAd kaihralen an lirdaya, (il venir de la ville de llAng Garnira mie statue du lluddlia en or massif, qu elle installa dans la ville et qu’elle fit sacrer roi (abliisek), sous le titre de son père lira : pAd kaihralen an krdaya ; lui conférant la dignité royale, elle se reposa sur elle du soin de veillerai! bonheur et aux biens du peuple de Sukhôdaya. C’est alors que Sa Majesté alla châtier la ville de GhudamAna rAja mahA nagara ', située au nord de la ville de Cri SajjanAlaya. Ce roi, connaissant le mauvais état des routes et la difficulté qui en provenait pour le peuple qui allait el venait pour son commerce, fil creu- ser un canal muni d'une chaussée servant de route, à partir de la ville de Sukliodav a jusqu a cri Sajjannlaya et de la a travers MahAgarala nagara. I. (.os mômes quatre degrés avec tes fruits ou mérites qui en proviennent. -• ljt's pieds augustes, noire maître, illustre soleil qui éclaire les trois mondes, ami du dliarma. roi souverain. Chudainànà ràja malià nagara, d’après une inscription trouvée à huang l’tira : bang, serait une ancienne dénomination de Luang Mira : bang, alors entre les mains d’une peuplade appelée Jau'i. IN SCRIPTIONS 217 28 contournant au loin dans la contrée. Les habitants pouvaient dès lors circuler à leur gré, qui en barque, qui à pied, sans difficulté et sans crainte des voleurs. Celle bonne action, le roi l’accomplit en mémoire de son père et pour lui créer des mérites. Quatrième côté de la pierre. Toutes ces actions merveilleuses et méritoires dues à ses vertus, le roi les fait graver sur cette pierre, pour qu’elles servent d’instruction aux générations futures, qu’elles les persuadent à quitter le mal (punya papa) et à observer le dharma (punya dharma): que personne ne se permette de sen moquer! Ces tremblements de terre auraient-ils cessé pour ne plus reparaître? les bonnes actions des anciens seuls auraient-elles pu produire ces faits miraculeux, que nous n aurions jamais vus. que nous aurions seulement entendus, parce que quelqu’un nous en aurait fait la lecture dans un passage du dharma? lié bien! cela doit suffire ; dès que nous les avons entendus de nos oreilles, nous devons, tous tant que nous sommes, recourir aux bonnes actions (kuçala punya) et n’en plus com- mettre de mauvaises (papa). Le ma lia lhera traya pilaka qui est venu de latîka dvipa (Ceylan) repose auprès d un lira: sidol (touffe de bambou) du côté oriental, dans le parc des manguiers. Celle pierre, où sont gravés les galbas célébrant la gloire du roi et toutes ses belles actions pendant sa vie religieuse, se trouve placée ici au milieu des baddhaçilâs (pierres consacrées) dans le parc des manguiers, à l’occident de la ville de Sukbôdava. INSCRIPTION II. Planche 5 . C$UJ[VTcïï\cJj (TO^'^Tnà/ •? \ • w’N-Jtèî' ^ <3 o) X*. « n J N' V?/> & &5 flg cft c fu 0J3G) 8 C (7£f) csjj S î/^ O ^ H1 PJJJ L W ^odiü QSÿ)<5ü?^fnrftAjc§5flr - ejjrü^v^^ |ÿ^r üüS0POo Sff)K»C6ir tiin D’cciTi-îigj^ cuncin^gj h^.wj F-çfrj fcft Oj; fj}ijdi/u en 0) ftp 3? &t§eU fajpujj<£ 1 c«f^ù5J /? po^-b es e» .ujtp en; sgjfrguufrn wrgjn mtv c. r. Ves* u sa 01 2^o y^BX/ia.lj CV CC5> 0 c-iQ qctfg'rut/ CD&J en ccn ^rr^^cg^cc' c^g&Stfi ce irtor eu w @ #ê^0--nc tn g k 8 jprôylerf} g::uj y fficà iâgp g&o w c^ 3îm ; 0& fyj c®%jZ?'è0)ïliï 8 S 0 JtôW cj cj^ccn £ sy g 6 £J$ueU rJ ga£*cS. Oîi ; cÿ es Ç,7J •*;i,N l. cri ■. -, ~ cr^c5 ^ ci c ^ 3 j CS'ftg Jpâgîon msijjfo Wj cafeo (UjUcHoJ [cj «n s>y mtÆ):çLKf?j eu fcj sîTe/n jc g g ^ ccru j-tuid&S a&}cgbiLmcr)£CfpQ.(g:û?ejü>&S)(ynjzç£j:HD,[g:tj g [ÿcft aHë){uft)Çi} g $ jpoj tf>&i canænu «l-T Céftcuc/J to,ccg r.^3nm^ C£)î*Jîja^hSüÏÏ>HSg Planche 11. INSCRIPTION II. INSCRIPTION II. / Planche 7. qc5cÔ5îC»cCf3CCW%Ç © c'fen : Stèj hJcvJ coiw: *.' - 1 rtr \ 15 <-» 65 cO CD c? § G<£nft l : >, 4 ~ •j jj b ,- cr9 cz-/o îfaï ftn Ban aï? c £ -■ gco c. §s&£ fi an WÊüt rn?o ü £î 4® cgq 5) Bi^^y Hi s Mil h^goj eu-» âc(Scü^(TJc:tëT'a;ïê[|®6^'R^<:a£l5I CL^,G^) oH /3 jfcê) as CCUC GU6U| S Gfl® GGU C<^U^r >?raai fl cqifiscR^gî; eu eu © 05 ipçaqffigi^^ ©4» Wÿcp a-^pcin b «fo» sS^s* » • arcttoîG© eu c 3j;nf>(cpfi^J.çu ^ ® *5 ■ *v il en aü Çca-ù&vf^ G§oacxrm III. INSCRIPTION THAÏE DU ROI CRI SURYA-MAHA-DHARMARAJADHIRÀJA GROUPE SAJJANALAYA-SDKHODAYA Hecueillie à la Bibliothèque royale à Bangkok en août 188;!. (Planches 8, !), 10.) NOTICE Cctlo inscription, déposée actuellement au musée royal à Bangkok, provient d une localité dite Nagara Juin, inconnue aujourd’hui, mais qui était située dans la province de S ajj a n â I a y a-S ukhôd a va. La stèle, en forme de pierre tombale, est en grès. L’inscription occupe un seul côté de la pu i n. <_( IIc-ci s est efleudlee en plusieurs endroits cl les dernières lignes au lias de 1 inscription ont presque entièrement disparu. Les caractères sont fort nets, du même type que ceux de l’inscription du roi Itàma- Kliomheng, mais déjà les voyelles i, u, etc., ne sont plus comprises dans le corps du mol, lü s y trouve encore. Les accents sont de la même forme aussi : mais il m’a été impossible de noter l’accent vertical, qui, à cause de sa faible incision, se sera trouvé effacé par le temps. Hauteur de l’inscription lm35. Largeur 0'"42. Date unique — eaka 1279 — A. D. 1357. Les jours de la semaine, en plus de la dénomination sanscrite em- pi untt e aux Khmers, sont désignés par leur nom siamois. De même que les années, les Thais supputaient les jours de la semaine, au moyen de 226 MISSION PAME deux cycles, l’un de dix nombres qui fait une décade, 1 autre composé des douze signes du zodiaque; de sorte qu a chaque nouvelle série, le signe zodiacal changeait avec le chiffre de la décade. Je ne saurais dire où ils ont emprunté ce système, qui est encore en usage dans ceilaines contrées du Laos. Ils ont commencé ce conquit avec le signe zodiacal du cheval et le nombre un de la décade qui correspondent a un dimanche. Voici leur méthode : un. ruang jaiigà. cheval dimanche deux. lao mol. chèvre lundi trois, kâ san. singe mardi quatre, kab rao, coq mercredi cinq, hah set, chien jeudi six, liai khai, porc vendredi sept, mœng chai, rat samedi huit, pœk p lao, bœuf dimanche neuf, kat ,i*’ tigre lundi dix, Lot mao, lièvre mardi un, ruang SI, gr. dragon mercredi deux, lao sai, petit dragon jeudi et ainsi de suite. Celte inscription nous donne la succession des rois de Sukhùdaya, depuis RAma-Khomhcng jusqu à Dharmarâjàdhirûja, qui lut probable- ment le dernier roi indépendant. En acceptant le père de llama comme fondateur de celle dynastie, nous aurons : Cri Indrâditya Ràn RAma-Khomheng Siia-thai lit ha\ Cri sùrva vaiïça RAma maliA Dharmika rAjûdhirâja. i NSCRIPTIONS 227 Il est certain que cri Inclra.dil.ya régnait vers la lin (In onzième siècle eaka: le royaume de Sajjamdaya-Sukhôdaya, sous les rois Iliais, a donc fourni une durée d’un siècle. Pendant le règne du roi Rlhay, les Pliais ont envahi le bassin du Më-nam et fondé la future capitale du Sud qui va bientôt établir sa supré- matie sur le royaume de Sukliôdaya et les autres principautés du nord. Celte inscription fut gravée à l’occasion d'une translation de reliques et de la construction d’un reliquaire. C’est l'époque, en Indo-Ghme, de la dévotion aux reliques, qui s’est au jourd'hui perdue. Les reliques censées du Buddha, placées dans des tubes, furent toujours renfermées dans des cetivas ou stupas, maçonneries en briques de forme eomepic ou pyrami- dale, souvent de très grandes dimensions. Les reliques, du moins dans le Siam, se mettent dans le haut du slûpa, là où il s’arrondit en iôrine de cloche. Le Bodhi ou peuplier sacré est considéré, lui aussi, comme relique du Buddha. L’inscription donne ensuite les signes progressifs de 1 anéantissement de la religion buddhique. D’après la tradition, Buddha aurait assigné à sa religion cinq mille ans d’existence. Le roi Dharmarajadlnraja, proba- blement l’auteur de celle inscription, développe celle prophétie et prédit l’arrivée du dernier Buddha Cri Mailreya. Un éloge du roi, en grande partie indéchiffrable, termine I inscription. 228 M1S SIO_\ PAVIE II. TRANSCRIPTION. J Ciikaruja I J79 " pi rakü dieon pced ook lia kliani vann sukr lion tlïai kadd reâ pü ' l'iiaiin sakuni nakksatlra miéo yâm ann slhâpanâ naini pen liok khâiii lce phrayâ3 ridai\ raja pim peu liik phrayâ sieo lliaiy pen lilân kee phrayâ râma râja mieo dai. i s\ey iaja nai niieon çii sajjanalaiy sukhôdaiy dai râjâbhisek ann lun thâv à plnayâ lhang hlay ann pen unira sa : hay ann mi nai si disa ni teén krayâ don \â O” y Ion lak Innak mâlâ mâ hvai bannayatlya5 abhisek peu lliav pen phrayâ 7’ ein kliin ji eri sürya phra: maliâ dliamma râjâdbirâja hâk eoâc pbra : çri ralana mahâ dhalu an n slliâpanâ nai niieon eri juin7 ni pi uann phra: mahâ dbâtu ni jai dliâlu au 1. Lecture iuccrlaine. 2. Phrayâ, de même que phra : vient du sanscrit vara. 3. Prononcer rüthav. 4. Swcy râja, expression khmère : manger le royaume ; régner. .). Dérive du sanscrit panna âdaya. (>. Lire ce mot, ao (ainsi dans la suite). 7. Juin, localité anjond hui inconnue. INSCRIPTIONS 229 9° sâmân khi plira: dhâlu lliee cin lcc cou iuk téc lankâ dviba1 pliun mû dây eoâ tliaii 10“ gbija2 plira: çri maliâ bôdlii ami plira: buddlia ccâ rcâ sdcc \ü lai ton lcc miéa 11“ bala3 4 5 * 7 kliun mârâdhirâja clai prâb kcc sarvvcjnakc nfiâna ’ pcn plira: buddlia 12“ mâ plïik bieoii lilaiig plira : maliâ dhâlu ni phi pliii dai dai livai nob kathâiii büjâ" plira : 13° çri ratana nialiâ dhâlu lcc plira: çri malià bodhi oui âsai ml pliala ânison sabarâm samie 14° o datig dai nob aiig plira : pcn ccâ bail lcc klivâm daiig ni rcâ bo mi hâk lhalây khâuii ph 15° ra: buddlia ccâ rcâ hâ rang bok vai eau sai mica plira: pcn ccâ dai pcn plira : bu 16“ ddha vann nann janamâ0 vidlii rcâ klion ni yaiig liai roy pi scc lcc mica nann cc 17“ l1 ma thieii badd ni vâ sai jana rcâ klion khlâ câk roy pi lcc badd ni tlioy pi ni loii 18 pai lcc yaiig lcc kcâ sib kcâ pi lcc pin mi klion lliàm va ni lcc khla roy pi nann lee 19° yaiig klioii lcc kcâ sib kcâ nann dai ki pi lcc siu liai kcc vâ daiig ni miéa pi na 1. Lire: lankâ dîpâ, Ccylan. 2. Lire bïja. 3. Les Thais prononcent phon ; mol qui a passé dans leur langue. 4. Celle orthographe sanscrite prouve que le buddhisme, à cette époque, était sanscrit, dans le Siam. 5. Lire püjâ : le p sanscrit devient ordinairement b chez les thaïs. 13. Lne l'aule du lapicide ; il faut janamàya. 7. Prononcer lee. MISSION l'AVIE 231) 20° nn pliraya malia dharmma raja ko plira : dliâtu ni jana klion ilioy câk roy pi nann ai 21° cl1 * roy sàm sib kcâ pi lee pi ann thoy nann va sai nai pi thô : lee pi nann ma lco 22" lun ceâ klmn brâhmana sreslhi ilioy câk peu malâka peu di kliao lee nann lcc ya. 23° nglîiii ru balvakk h5ra lliây oyâ oyükk Ilioy lcc nann lee bo job mi di le 2 1° y plu nn klion Ilium daiig ni sai lee vann plira : ceâ reà dai peu plira: buddlia nai lai to 25° n plira: çri maliâ bôdlii ma lliiei'i vann slhâpanü plira : çri raddana (lliâlu ni vai llieü dai 26° ko bai kee va daiig in plu cakk nabb dvoy pi dai pliann kcâ rov si sib Iîok pi na 27" nn plira : dai pou plira : buddlia nànn nai pi vok phi cakk u abb dvoy dieon dai 28° \ib hmien si pliann hok sib dieon dieon ann plira : dai peu plira : bud 29" (Ilia nann liai dieon hok pürnami plu cakk nabb dvoy vann dai ccd sccii cli 30" mm" si roy hok sib peed vann vann plira: dai peu plira : buddlia nann nai van 31" n buddlia vann bon (bai vann Icâ yi phi mi klion lliâm sâsanû plira: ]iei i ceâ ya 32 iig llien dai cakk sin ami liai kee va daiig ni (ce pi ann slâhpanà plira : raddana3 1. Prononcer dai. Lire : hmien que les tliais prononcent ; niün. 3. Lire ralaiia. INSCRIPTIONS iîl 33° tlluUu ni mica lnifi dai sâin phann keâ sib kcâ pi ciii cukk sin sâsana phra : buddha 34° ccâ' ann nii'i sod nabb Icc pi slhâpanâ phra : malia dhâtu ni pai nui nagara jum dai 35" kcâ sib kcâ |)i lliieii liai pi kur an va phra : pilaka Irai ni cakk hay lee dhâtu ni ca 36» kk rü ilîcc lec mi dai ley yaiig mi khon rü kann salck sanoy sai dharmma dcsa 37" nâ ann peu ton \â phra: mahâ jâli liâ khon svod Icc mi dai ley dharmma jâtaka an 38° n ün sai mï Ion hâ plâv nu dai mï play lia ton nu dai ley lapinok phra: abhidharmma 39» sai phra : pallhâna Icc phra: yaihmakka Icc h â \ mica nann lcc Icc nann pai mica 70" linâdai pliann pi sôd füii bhikçu saiigha ann câuii si la Ion siksâ pada si ann yaii ml si \ 1° ksâ pada ann hnakk Iniâ hâ mi dai ley Icc nann mica Imâ dai pliann pi sü 42° d ann vâ thn ji cakk tliroii pliât civara hâ mi dai ley tlicâ yaiig mi phâ hliean no 43» > nin lineb nai lin tee rü cakk sâsanâ phra : pen cca day tcc nann mica hnâ 44° dai pliann pi sôd ann va cakk rü cakk phâ civara cakk ru cakk sramana noy ni 45° n hâ mi dai ley dhâtu phra: peu ccâ llii hni ko di liecn ton ko di yaiig.... I. Ponetualion. MISSION PAYIE ri 6“... mica pi ann cakk sin sâsanâ plira : buddha peu cca.... Iliaiig lilây 47" .... dieon hok pürnami vann seâr1 ann (liai vann kobsann vai- sâkliâ ca 48° kk tliien miéo vann dangnann lee plira: dbâiu iliang lilây ann mi liai pheen 49° din ni kopi nai devalôk ko di nai nâga lôk ko di ho : pai klâii hàv lee pai phaji ka 50* nn nai laiikâ dvipfr klieâ oyü 1 nai klvongralana mfilikâ plira : slliüpa Ici1 3 * 5 n ciii cakk 51° liô : pai oyü' nai ton plira: cri mahâ bodlii tlii plira: buddha peu ceâ Irass" nai 52° sarrvejna leja fuma pen plira : buddha miéo kon ann cin cakk pliai 53° fai limai plira: dhâtu tliaiig ann sin lcc plev6 7 8 pliuii kliin khung bralunalôk 54° sâsanâ plira : buddha cakk sin liai vann daiig klâv ann lec lee nann miéo 55° hnâ fun khon ann cakk rü punya dharmma liâ mi dai lilây lev vom cakk ka 56" tliân bâb karmma lec cakk eoa1 lonpaikicd* nai îharaka sai lee ni miéo hnâ fiï 1. Lire : sao. 2. Lire: lankâdipâ. 3. Lire: \ü. 1. Lire : \ü. 5. Trass, mot klimer. (). Lire: pieu, mol klimer. 7. Lire : ao, 8. Lire : kœl, mol klimer. INSCRIPTIONS 2311 57° n sâdha sadbürusa1 lliang hlay cun reii katliâiii puuva dliarmma nui sâsanâ plira : bu 58° ddliamiéo yangoyü1 2 ann jvov3 4 reâ badd ni mi punya linakk !mâ ciii ca .)!)n kk dai mû kicd ’ lhann sâsanâ plira: peu ceü sai cun lliang lilfïv hmann 60° kalhâiii büjâ5 * 7 plira : slhiipa celiva plira : cri mahâ bôdhi ann sa mi enr> dan g ton G!" plira: ceâ reü phi pliü dai dai lee büjâ ‘ dvoy cai sradliâ8 daiig ann ji cakk prârtba 02° nü9 pai kicd10 liai mieoii la cin Iralod plira : çn ârva uiailri Ion nia lien 63° plira: buddlia yiy11 12 13 mükied liai mieon din ni kliâb dyov ko dai tiiy phi mi khon thâ 64° m daiig ni sôd daiig ri lee pai ru rabbob pi dieoii vann khin ann llio\ tbee 6.)° daiig ann pliü dai lia rang vicâranü saiikliayâ l; klirü du lee 1T1 lliec daiig ann si G 6° 11 liai jâiimi caiii daiig pliü klirü" saiikliayâ vicâranâ dû ann U11 Ion phrayü çri 1. Lire: sappurusha, 2. Lire : r Ci. 3. Lire: jao. 4. Lire : kœt, mol Minier. 5. Lire:püja, G. Lire samœ, mot Mimer. 7. Lire: pûjâ. 8. Lire: çraddha, remarquer la dérivation sanscrite. 9. Prârtlianâ, est employé comme verbe, c’est ce qui devient souvent le cas pour ccssubstantifs sanscrits. 10. Lire: kœt. 11. Lire : yia. 12. i icâranâ sankbovâ: comme plus haut, employé comme verbe. 13. klirü : le guru du sanscrit. H. 30 •234 MISSION PAY IE 67° sürya phra : mahâ dharmmarâjadhiraja lee phrayâ maha dharmma- râja nann ■f- 4", 4*. 4" 4*. 68° yaiig miguna ann ru dang ri ban ann liai khan vil dang ni phrayâ dliarmma 69° râja nann klion pahca sila tliukk ... pli nai raja.. n 70° r bolion khâl sakk vann 71° pai nob plira: dhâtu ann 72“ nob dliarmma desanâ 73° n astlianga sila tliukk 74° pli dai 75° n d.... lliera 76°... guna.. lee mi 77° ceâ visai cakk peu 78“ m cakk bâd dang INSCRIPTIONS 235 III. TRADL CTIOY 1° En çaka 1?79, année cyclique du coq. huitième mois, cinquième lunation, jour de çukra 1 que les Tliais appellent Kad ro2 3 * 5 * ; 2° la constellation des oiseaux fut visible à la première veille delà nuit. Le (lendemain) sixième lunation. lut faite cette fondation ’. 3" Le Pli raya llidaya-ràja, fils du Phrayà Sua Thaï et petit-fils du Plirayâ Râma-râja, 'r ne régnait plus sur le trône de Sajjanfdai Sukhôdai*. Les Thao 5° prayâs ses alliés, accourus des quatre points de I horizon, avec des fruits rares de la forêt, G" des grappes d arêk, des guirlandes et autres offrandes, avaient déjà sacré roi (son successeur), qui prit le titre 7" de Cri Sùrya phra : mahà dharmarâjàdhirâja. Celui-ci, s’étant emparé de celte illustre et précieuse relique, 8° est venu en faire la fondation ’ dans la ville de Nagara Jum°, en cette même année7. Celte importante relique n’est pas 9” une dérision, mais c’est bien une relique vraie et réelle. Ensuite, on 1. \ endredi. 2. Ce vendredi correspondait avec le kadro des tliais. 3. De la relique dont il est question quelques lignes plus bas. i. Leroi Ridaya-ràja était mort. 5. Cette fondation consistait ordinairement dans la construction d’un sliipa où l’on renfermait la relique. (i. Celle localité est aujourd’hui inconnue i elle était probablement située à proxi mité de Sajjanàlai. 7. C’est-à-dire en l’année çaka 1279, indiquée en tète de! inscription pour marquer l’époque de celle fondation. MI SS 10 .N PAME 236 avuit amené de 1 île de Lanka (Ceylan) un rejeton de l’arbre Bodhi dont ÎO la semence provient de l'arbre plira : cri malui Bodhi qui servit de refuge au plira : Buddlia notre maître, quand celui-ci, 1 1° après avoir été humilié par l’armée du (démon ) Màrâdhirâja. parvint, grâce à la méditation à l’omniscience cl à l’état de Buddlia. 12° Ce rejeton du Boddhi lut planté à côté de cette relique. Tous ceuv donc qui, par 1.1° dévotion, leronl des oH'randesà cette relique et à cet arbre du cri plira : ma lui bodhi. auront une part de mérites aussi grande que s'ils laisaicnl leur dévotion 1 ’i° au plii-a : Buddlia en personne. Ce que nous allons rapporter main- tenant u est poml emprunté aux paroles du plira : Buddlia, I o mais c est notre propre dire : \ 1 époque où notre maître devint plira : Buddlia. 16" la \ie des hommes s’étendait régulièrement au-delà de cent ans : 17" mais a présent, la vie des hommes n atteint plus cent ans; 1 8" elle ne dépasse déjà plus quatre-! ingt-dix-neuf ans. A celui qui voudra savoir quand la vie des hommes est resté en deçà de cenl ans, 1' cl ne dépassé plus quatrc-vingl-di \-neul. je répondrai que ce changement 20 eut lieu cent trente-neul ans avant cette année, où le roi l’hrayâ malià dharma lit la fondation de celle relique ; 2 1" c’est alors que la vie des hommes commença à ne plus dépasser cenl ans, et ce changement s’opéra, en l'année cyclique du lièvre. 22 (, est a partir de celle annee-la, (jucla caste des hralnnesel des hommes riches perdit sa considération. 2.i Avant celte époque, une foule de savants connaissaient encore les traités d’astrologie et de médecine : à partir de là il n’y a plus rien qui vaille. 2 i Si quelqu un pose celle question, à savoir combien s’esl-il écoulé de temps depuis que notre maître devint plira : Buddlia, sous l’arbre 2.) du plira : cri maha bodln jusqu au jour de la fondation de celle pré- cieuse relique 2 INSCRIPTIONS. 237 20° Je répondrai ccci : Si l'on compte les années, il s'csl écoulé mille neul cent quarante-six années, 27° L’année où le plira:1 devint phra: Buddha, fut l'année cyclique du singe. Si l’on compte les mois, 28° On obtient vingt-quatre mille soixante mois. Le mois où le plna: devint phra: Buddha, 29° lut le sixième mois à la pleine lune. Lu comptant les jours : on obtient sept 30° cent dix mille quatre ccid soixante-huit jours. Le jour où le phra : devint Buddha fut 31° un mercredi ditTaoxi2 parlcsTliais3. Si l’on inc fait celte question : Quand prendra 32“ fin la religion du plira : Buddha ') .le répondrai ceci : \ partir de l’année de la 33° fondation de cette relique, je compte trois mille qualrc-vingl-dix-ncul neuf années ; celte époque arrivée, la religion du phra : Buddha s’éteindra. 3'i° Déjà, dans quatre-xingl-dix-neuf ans après l’année de la fondation de celle relique 35" en la ville de Nagara Juin, dès l’année cyclique du porc le phra : Irai pilaka* sera introuvable : celte relique également 36° ne sera plus guère connue ; quelques personnes à peine en auront gardé le souvenir, 37° Le dliarma desanâ (traité de prédication) dont le principal est le phra : inahà jâli, ne sera plus lu par personne. 38° Quant aux ouvrages du dliarma jâtaka (les incarnations), les uns 1. Ce mot plira, généralement donné à Buddha et aux bonzes, peut se traduire par vénérable, illustre: esl une corruption du sanscrit vara. 2. Tao vi est la dénomination I haie correspondant à ce jour-là. 3. Ces calculs concordent avec la date généralement admise de la mort du Buddha. 3. I.o Irai pilaka (les trois corbeilles) est la somme complète des ouvrages bud- dhiques. 238 MISSION PAV!E manqueront du commencement, les autres de la lin. Les traités de l’abliidhanna (métaphysique), 39° le plira : patthâna (le traité des causes), et le plira : yamaka (le traité des contradictions) auront été perdus. iH Encore mille ans pins lard, les bhikçus sanglia (bonzes mendiants) observeront encore en partie les préceptes qui sont les quatre çikçapadas absolument nécessaires, il” mais il ne sera déjà plus question de tous les autres çikça-padas (règles de discipline). Puis encore mille ans plus tard, 42° et l’on ne verra déjàplus de bonzes revêtus du civara, et de ces babils id" jaunes il sera difficile de ramasser un morceau assez grand pour se bouclier une oreille ; ce sera la fin de la religion du maître. \ V' Encore mille ans de plus et on ne verra plus ni civaras ni çramanas. ■iÔ° Alors celle relique du maître, l'endroit où fut planté ce! arbre (ne seront plus connus). ■16“ L’année où prendra fin la religion du plira Buddba notre maître...tous... Î7" ...àla pleine lune du sixièmemois, un samedi qui répond au kab san (des Thais), au mois de Vaicakba1 : iiS° Ce jour-la, foutes les reliques qui se trouvent dans ce monde-ci, /jfi° dans le monde des dèvas, dans le monde des nâgas, s’envoleront à travers les airs, où s’éparpillant 30° elles iront se réunir en l’îlc de Lanka (Ceylan) dans le creux du ratana mâlikà plira : sthûpa2 : •) I' ki elles s envoleront pour se réunir à l’arbre çri malui bodlii où le plira : Buddba notre maître, ;)2° grâceà la méditation atteignit l’omniscience et l’état de plira : Buddba. 33“ Là toutes ces reliques s’enflammeront et brûleront et celte flamme montera jusques au monde des bralimas. L Le mois de \ icàklià répond au sixième mois des Miniers et des (liais, à nos mois d’avril cl mai. 2. Malika, vent dire guirlande, mais il parait être ici le nom donné a ce plira : slliùpà. INSCRIPTIONS 23‘.» 54° La religion du phra : Buddha aura cessé d’être pratiquée ce jour-la, comme déjà je l’ai indiqué. .45° Dès lors les hommes justes ne seront plus guère nombreux. 56° Les hommes commettront alors de mauvaises actions et s'en iront renaître en enfer. 57° Pour ce motif, que dès à présent tous les hommes pieux s’efforcent de faire des actes méritoires dans la religion du phra: Buddha ; 58" puisque ...nous tous nous avons eu la bonne chance 59" de naître encore à temps dans la religion de notre maître : prenons 60" courage, portons des offrandes à ce phra : sthûpa cetiya ainsi qu’à cet arbre du phra : crî mahâ bodhi, ce qui équivaut aux offrandes 61" faites h notre maître en personne. Tous ceux qui de la sorte, faisant des offrandes d un cœur pieux, formeront le désir à l’exemple des bonzes, 65" d’aller renaître dans le ciel, y renaîtront et y demeureront jusqu’au jour où le phra : cri àrya Mai tri1 viendra sur celle terre et de- viendra 63" phra: Buddha. \ ce moment ils renaîtront sur cette terre une dernière fois puis mourront. 64" Voulez-vous maintenant savoir quel est l’astrologue qui sait si bien faire la computation des années, des mois, des jours, addi- tionnant ici, retranchant là : 65° qui sait calculer raisonner les saisons avec une entière précision? 66° L’astrologue, qui sait faire ces raisonnements, ces problèmes, n’est autre 67" que le phra vàçrî sùrya phra : mahâ dharmarâjâdhirâja. Ensuite, si 68° vous désirez savoir quelles sont les autres qualités du phrayû mahâ dharma raja? 1. Arva Mai tri est, pour les buddhisles, le Buddha futur, successeur de Gotama. Son nom se trouve généralement écrit au frontispice des pagodes dans le Siam. 240 MISSION PAME 69° Je vous dirai que le plirayâ dharma ràja observe les cinq préceptes, tous dans le royal 70° ..... lejourkat sat 71° aller honorer les précieuses reliques, qui 72“ honorer le dharma de la prédication 73° les huit préceptes, tous Planche 8. 31 INSCIUPTION NI. _ _ 0 dîu 9^3 aas'G u o 2jow s uuiïiïi uumûilçî} y ?r}£) 01 TKxfTv j-^çjriTÛg ©?mîcy êlSifti ootfu tra y ccnt^f Q0jéj r0bffi| r#3 £j soirtuViJoa ©?^â- itàjg2/> fânfr ticGnsi © t ïp 0 uu fe w|jj“ ÜUJ cyo UÎ99îy3^3£J'P UU Gif U jjjEi U$ Æ ?r ifc UC' 033 tf® do èfi $ mui

|p0q®u driicc©sn-ao'Pu^iî ir&uur cvdi tjwîsnjwm^uüs': ÿ^àfyu nu qs^-, ç]t ggteS i voü?&uS Sera S’ouu q üü uu u18 dkS.Scft?çïSuuÿiiL ^ g i w n uo u ai c a-y ^ 0-0 u m 9 e tfuu39 -Cfifl C rO 03î?C3b ÇKPUU u Q à u vvfo wn ÿ GQQ 5113- g^ u uu^ : r© rtî u inj? : uy w y u û’u ’cû f at? © y s (^ 9 ü uu $à h r § ouü^ Qj>ùw$u% i/uuum^Sty c§ o-u râ 0 us u u^v ^ Aciïc ùnwr: iruu5 C)luÜUCUGS oUÜlÇUJOJ |?iTdQQUUU 00D 0 U'U(T© C9 Ü ÜlÉj) îîulgr^i w^Suggi^uu 3u u cjîtmr?; umf ton àitu^U^suu GgM||pil| feinvv c^ciSa w§uouucScÆ^ èspMH^^cr 10 u ci?sî^u.1 cftçf)uiru uUGcjn^rjg^ü^IRS®Su ^ 1 BSD INSCRIPTION III IviTi fil 43Ï&* ; F* Planche 9. 1 Qflr CCOlCC3 ù c J)«U 03-99Üff)'UΩUUcraçp-uemCT^ ÎMJUBina Au G^uou3omjsr^ umj sd 8 urfë u aa ç c c 31? !f§ ca sj ^ niuâ-jflfl.p;' p ®u ctijèutnQ&n uu cêvWM w) œutfeS (rluu^u^^c'câiAjy; tjujtà cc â une; sus uutf crâ'cçeo ^•«ictiiriiuuVÆoÿsSfp-g^Q^ quusDSoiQ!)^^ üiiiâ hî) 39 u m iïuuwiîmiviitivjj \$ifà cà v Gcouüuc&inù^,—— q eu u 21 idts cjo| uv n)D i?(nto3 om qj 99 mmm _ y 8 d cÆ3y fàvrî ngy 395) iaj^g^u cin ©Ve; gg qü «u lêt) uu U uuâ?8 liU ÿ) 3 Q 9? 3 9 9 tn|üu^ à 5)5) f 2 99^ 5'U^ ~ ' * Çjt)Cc3 Ü S?*)9 in;T: COT G30VÎütttQ&ÇGi^Souip8 G^1 S (T ©é-il tf)9U£& i2ÉMfe>l ôUUTÛ3.SU U QEJa- 09GuoaM0(|pH^BM^Gj.m9|^ip(é0uu(? cQ^ J ©ë e^unr&çgpfô /Su5a?!?9 0 q gÜ)^to^i 9m? 3 Gcacfr . différentes en cela de celles de l’inscription de Rûma-khomheng, se prolongent ici, inclinant leur tête la première à gauche, la seconde à droite au-dessus du mot. L accent -j- s est changé en'y, figure ressemblant à un deux. L’a bref dans le corps du mot, indiqué dans le modèle par une consonne redou- blée, est ici figuré par un signe pareil à notre es avec queue. Le signe o au-dessus d'un mot indique un m, ou bien le son de l’o bref pour la voyelle commune à 1 a et à I o brefs, quand il se trouve placé au-dessus de celle voyelle. Aux noms sanscrits des jours et des mois, l’inscription joint la déno- mination tliaie, qui, pour les mois, est le chiffre de la série de douze: pour les jours, le nom est double : dix noms différents (pii forment une décade, puis les douze dénominations cycliques comme les années, qui sont : le cheval, la chèvre, le singe, le coq, le chien, le porc, le rat, le bœuf, le tigre, le lièvre, le grand serpent, le petit serpent. Le nom de la décade se place le premier; après cela le nom de l’animal. Le jour de la INSCRIPTIONS 2'i9 II. 32 décade s’associe donc un nouvel animal h chaque lourde la série, ce qui doit fixer un calcul que je ne puis expliquer. Je ne connais pas davantage la signification des mots de la décade, qui sont : rvang, tao, kâ. kah, hab, bai, mœng, pœk, kad, kod. Les noms des bêtes sont : jaiigâ, mot, san, rao, set, kbai, chœ, plao, yi, mao, si, sœ. 250 MISSION PA YI F. IV. TR VNSCRTPTION Recto Jre feuille'. han V.. °l/m 2“ sakarûja dai I 173 kliâiii nai |>iI rvan col dai plialguna mâsa sukâ- pakça pu 1. Ce cercle, pour n’en parler qu'une fois pour loules, est d’inlroduclion hrali- manique cl désigne le Zodiaque indien. Les douze divisions figurent les douze signes du Zodiaque. Le carré du centre figure la terre, et les chiffres : 1, le soleil. 2, la lune. 3, angâr (Mars). 1. praliaspati (Jupiter). 5, buddha (Mercure). G. çukra (Vénus). 7. sani (Saturne). S, ralm (le nœud ascendant). 9. ketu (le nœud descendant). On appelle lillii la trentième partie du Zodiaque dans le parcours de la lune el nàdi la soixantième partie d’un lillii. INSCRIPTIONS 251 3° muni gi dai lluii bliàsâ va dievr G pheh mve van buddlia (liai piek sai dai 11a Recto 2° feuille. 1° kcal Ira rkça Lva ji vassalesa devatà prâkol nai karakata ràn ma "2" na mvau cin plià thîn sel het nan somdec selthâ parama bophirtrâ 3° vara malià dhàmikà râjâdliirâja ccà ton purnyahyai khim sviey mieoii 4° jvaii limai llii ni pen klileà llial nan phra mahâ ubparâjâ narin v .j“ dâ ton pen vara kanithâ lee ceâ raja bu là raja natâ aggainahe- ' ✓ Q| UlUîflm^lâîîtEÎD^âQQ^SQSÎiDiUîOTQîî CCÎICH âîfUS G 3 P aJ tn (HtH >«5* v CJ £/ , ✓■ ; <7N *7ÎD ü)üâaü0U^3mJîlttl8eiîâWS3ÜUipuU33O^viüU3Qmtf33îiGÇa •U"* *GY „ ’ ^ " O , J38«ÎIQOOaO3CGaauafO3tnCQ30S33Gîrt33 V I ^-«5^ ^ v/- 4/Cj" ^ 1 w' Ic^m^iîW^sûéitMînjîiatroa o^qgq^u; Toq e^^-^fDSQsi&SSîînJsâtfî^Oâca^' 0ftnauGQt)îrusmmâîJiisî5O3Qâ5^â,3GGa,3 uu suimauttansisçlsre ciQîTsQ^tn^iSaorî^^tié^èîtJCsu^aSouTinStAJÎmii^intAi^mao ti^ija'm§iü^a^i,3U3')33aâ|)3injÙ3^uu SSotjcffaiaâna^v uussi ^Q^cÿtnGÎutAJîgpGG^tttnaaio'tui&âotoQSasiâjftM CosiGsag ^3D«/r&G^UG^U^lJufu\îîg3GG^UC3P338U53^0U^GG?a3mG38^ L?tr)7îgi(§3C®0QM§^SÙUGa'U,)3GUsilJGGl)T}3S^95iffit)OriîjimiG^ CQ5HU G3 II 51U13 3UaaUSJ® ÙsÛlftltl 3 Q%fTu 6§fc(I&r Planche 26. INSCRIPTION VII. ) çpssja t# gpü3 tOJMtHÿwgiu: bù süüiaGui’qj t^TrâuirisQya m ‘ % il A c> îp5tromn(^ S^QCiTaosé-’ | s wmj Guy us Oj ?)âcj Guy 143^6^3 inamub s oui) cou GtfSJUO cî.a^^Sâ&tïl^'Uîâ3Sm38)ïÎ3 mO^^îGuÿtruaSTU33UU3^tnjfS3t«GI3^Su333 m3tfuu3QGS)3afltmri(ï $)3 $j$Qinupn@y3 33 tîsroGusmo ssmuot , cji JiC5qc ta' *' » <2i i ô tj Gïti) 83UU3t)GW3$M3 StëhOT TOÜGîJOTUGatJGima OîttJUO SttTtttnJttf QCU33U3U 3l53UU3GGÜlGUfl3UrÜ32IU9 ÇQ3,GUS)9GGflaU3UWUoSaaSs: - 0_.. r. î*? A A AolAâA ia.^a i^AAtd A«Ot/AO«OtA4*r\0lf üo»&§£S P tn^tÆutnèGSâtajs^triaaa&^àiouüWULnéan GÜaâ3S)UaSiaua33U3QU?î)ÜâmjSGOU93în.{j3Q2|J3ÜTJUà0,UàGGÜ3D *%< .Jk J A... -r- Jçn"...s» «A i£LÆr.-. üumn3G3r1)sjuGSâUGuii 33 sjo ooei GGfiatrussi INSCRIPTION VIT. Planche 29. II. U BP INSCRIPTION VII. Planclic I»0. VIII. INSCRIPTION THAÏE DU VÀT PAT-PIN II GROUPE X1EXG-MAI (Planche 31.) NOTICE Cette inscription se trouve sur une stèle en grès dans le A at Pan-pinh situé dans l'enceinte du palais de Xieng-mai. Elle fut relevée par M. Pavie, le 30 décembre 1886. Elle est en langue thaie; les caractères sont pareils à ceux des ins- criptions précédentes. Vu-dessous de son zodiaque, dont les calculs son! plus complets que dans les précédentes, il n'y a (pie deux lignes de texte. Le dernier mot Phra : bu(ddha) n’est pas achevé. J’en conclus que le reste du texte porté sur le revers de la pierre n’existe plus. Celle-ci se sera effeuillée, comme il arrive souvent aces pierres en grès. L’inscription a été faite pour perpétuer le souvenir d une offrande de statues faite à la pagode par la princesse Ja : lùn et ses enfants. Ces inscriptions multiples trouvent leur raison d’être, dans ce lait que les pagodes et les objets offerts restaient la propriété des donateurs. Ceux-ci se réservaient seuls le soin de réparer ou d’embéllir ces pagodes et ces objets. 326 MISSION PAVIE VIII. TRANSCRIPTION. Cula : sakrâja : dai 943 tva nai pî rvan sai dien cyan phe cula çaka avoir 943 ans en Tannée petit dragon mois premier midi nhmînja: lùn mee luk mi saddliâ dai sânphra:bu‘ princesse Ja-lùn mère enfants avoir dévotion avoir fait bu(ddha) (ddha rùpa) statues. 1. La suite était nécessairement buddha rùpa : c’est-à-dire que la princesse et ses enfants ont fait faire des statues du buddba. INSCRIPTIONS 327 VIII. TRADUCTION. 943... ère cu!a çaka 11669... mois lunaires 418... Le nombre des yOS"165 parties de jour, qui restent de- puis la fin du jour ar- tificiel jusqu’à la (in du jour naturel courant. j 2 ) Les degrés et mi- (nutes marquant la ,, (.distance de la lune au soleil. /LaLune \ Saturne \ /lu \ /Soleil \ /meirwe \/Tènus \t/upiler/ 344604. .jours lunaires 131626... Les 800mcs parties du jour qui restent après le retour du soleil au même lieu du Zodiaque. 1391... Le nombre de jours échus depuis le retour de lapogée de la lune au commence- ment du Zodiaque. ggj Les degrés et mi- ' mites du Zodiaque (pour le parcours de ''la lune. En l’ère cûla çaka 943 année cyclique du pelif dragon à la pleine lune du premier mois la princesse Ilmin Jalûn avec ses enfants fit faire ces statues de Buddha. INSCRIPTION VIII. Planche 31. II. 4 2 IX. INSCRIPTION THAÏE DU ROI PII A MM LU A UE LA CAVERNE Dl MONT DOI-T1IAM-PHRA (Planches 32, 33, 34.) NOTICE Celte inscription thaie fut relevée par M. Pavie, le 26 janvier 1887, dans une caverne, sur le mont Dai-tliam-phra (montagne de la sainte caverne), situé à une demi-journée démarché de Xieng-rai. Le premier côté comprend seize lignes, le revers delà pierre six lignes d inscription. Le bas du premier côté de la pierre est mal reproduit et doit être assez fruste ; deux ou trois lignes sont illisibles. Le zodiaque en tète de la stèle n’est plus déchiffrable. Date. — Cüla-çaka 846 — A. D. 1484. Dans cette caverne, le roi de Xieng-rai Phalimlua avait fait ériger une statue du Buddha; en commémoration de ce fait, fut gravée l’inscription qui note les esclaves, les maisons, les rizières devant servir, suivant l'usage de l’époque, à l'entretien de la caverne cl de la statue. 332 MISSION PVVIE IX. TRANSCRIPTION. 1° Sakarâja dai 846 tva nai pî kâb si dien. 2° pheng mev van pliud thai van kad sai riksha. 3° ji rohinï phahmlva ceâ mieong thâv müy jya 4° ng rây ma sângrüb plira : phudha ceâ nai kheâ 5° thïnî jvan nakbunya lliang lilây pen ton 6° va ceâ limin jvâ tbyang ceâ hmin jây aâ 7“ y phahmlva ceâ vai kliâ phra : phudha ceâ 8°. (thong) rien ning.... ni phü ning khrva ni. 9° (ao) ngien sâm roy thang aây rien ning. 10°. royhâbâd... rien ning yân. 11° sangkâ rien ning (jyang khây) rien ning. 12°... rien ning kon rien ni. 13° 82 14° 1 5° pen 50,000 (mai bân)1 16" dai... 50,0002. 2’ côté de la pierre. 1° tü vai peu khong püjâ lce rakçâ phra; 2° phudha pen ceâ nai lliâiii tlu ni sib (pai) 1. Les mots entre parenthèses sont d’une lecture douteuse. 2. Probablement des rizières. INSCRIPTIONS 333 3° phon hâ plian pï ceâ jun nakbu \° nva thang lilâv plut dai kheâ püjâ plira : 5° peu ceâ thï ni ycoa1 anumôdanâ 6° (klioy) rakçâ plira : peu ccâ lltin. 1. Cet « a » est rendu dans le texte par les deux points (:) ce qui est fréquent à la fin des mots. MISSION PAVIE 331 ix. TRADUCTION. En çaka l'àja1 8 4 6, année cyclique du grand dragon, au mois de. à la pleine lune, le mercredi dit kad sai (jour du petit dragon) par les Thais, à la mansion lunaire... dite Rohinï : Le prince Phahmlua, roi de Xieng-rai, est venu placer dans cette montagne une statue du Buddha. A celle cérémonie étaient invités tous les hommes dévots, dont les principaux furent : le prince Suâ Thyeng, le prince Jây-ây. Le roi Phahmlua fil offrande d’esclaves pour l’entretien de la statue. une maison du nommé Thong.. un individu, puis une famille qui coûtèrent trois cents2 3, ensemble avec une maison le prix monte à cent cinq ticaux *,... une maison le nommé Xân.. le nommé Sangkâ ainsi qu’une maison le nommé Jyang-khây ainsi qu’une maison. . une maison.... (kon) une maison ce qui lait 50,000 dans le village de .... avoir... 50,000 2- On plaça (celte statue) dans celle caverne, pour y être honorée et recevoir des soins, pendant la durée de cinq mille ans. On invite tous les dévots, quels qu’ils soient, à y pénétrer pour honorer la statue, pour lui donner des soins, en actions de grâce au Buddha. 1. La cüla-çaka est également appelée çakaràja. 2. La monnaie de ces trois cents n’est pas indiquée. 3. Le tical vaut de 3 à 1 francs. INSCRIPTION l\. *r?#v 1 Planche 32. Planche 33 'i3 nSClUPTfON l\. Planche 3'». INSCRIPTION IX. X. INSCRIPTION PALIR EMPREINTE DU PIED DE PHRAY MENG-LAI AU VAT PII RA: S ING LU AN G (Planche 05.) Kuçalâ dhammâ. Akuçalâ dhammâ. Abyâkatâ dhammâ. Bonnes qualités. Mauvaises qualités. Qualités ni bonnes ni mauvaises. NOTICE Cette inscription pâlie, réduite à une simple sentence tirée du Pâti- môkkha, fut relevée par M. Pavie, le 26 janvier 1887, dans le Yat Phra : Sing luang à Xieng-rai, au-dessous de l’empreinte du pied de Phrayâ Meng-Lai. (Meng-Lai est sans doute un des nombreux vocables donnés au Buddlia.) Celte inscription n’a d’intérêt que par la forme de ses carac- tères, qui doit être assez ancienne et que je n’ai pas retrouvée ailleurs. Les inscriptions pâlies sont rares dansle Siam; quand on en trouve, ce sont des sentences du Buddlia. Les inscriptions sanscrites ont cessé avec la domination des brahmes. 11 reste acquis que les textes sanscrits ont de longtemps précédé le pâli, dans tontes les colonies bindou-brahmaniques de l’Indo-Cbine ; le buddhisme même, à son introduction ici, fut sanscrit. Ce fait est parfaitement établi et prouvé par les mots sanscrits qui ont passé dans les idiomes indo-chinois. Pour s’en rendre compte, il suffît :j'i2 MISSION PAV 1E d’examiner ces mots dans les inscriptions tliaies, on leur trouvera tou- jours une orthographe sanscrite. Cette physionomie sanscrite peut même s’observer dans le dictionnaire Pallegoix. Comme nous l’avons vu dans l’inscription klimère de Sukhôdaya, c’est en çaka 1283, que les textes pâlis furent amenés de Lanka. Dès lors les manuscrits pâlis remplacèrent dans toutes les pagodes, les textes sanscrits. L’étude du sanscrit fut entièrement abandonnée par les Indo- Chinois. Le caractère d’écriture sanscrite servit à copier les textes pâlis et se conserva sans nouvelle modification jusqu’aujourd’hui. XI, XII, XIII. XIV QUATRE INSCRIPTIONS THAÏES GROUPE I. U A N G-P R A BA N G NOTICE Ces quatre inscriptions thaies ont, été relevées par M. Pavie, au mois de février 1887, dans les pagodes de Luang-Prabang. Les deux plus anciennes n’ont pas cent ans cl les deux dernières sont contemporaines, l’une étant datée de 1884, l’autre de 1885 de notre ère. Elles ont par conséquent peu de valeur comme documents historiques. Elles nous rendent compte de translation de reliques, de constructions de cetiyas et d’offrandes de textes palis, en quoi elles ressemblent aux anciennes. L’écriture n’est plus la même que celle de Sukhôdaya, qui se trouve remplacée par un lype tout nouveau, resté en usage dans tout le Laos. Au seizième siècle de notre ère, des envahisseurs venus du nord- ouest étendirent momentanément leur domination sur les princi- pautés laotiennes. Ils introduisirent le texte pâli birman dans loules les pagodes, qui sont les écoles de ces pays. L ne nouvelle écriture nationale se modela sur celle écriture et l’ancienne fut abandonnée. Les caractères laotiens ont donc aujourd’hui une certaine analogie avec ceux des Birmans. II. XI. INSCRIPTION THAÏE DU Y AT (Planches 3G, TAT-SI 37. 38.) TRAASCRIPTIOY Première Jeuille. 1° cûlaçakaràja dai 1200 tva plî piek sed clien 4 pheng mü teâ cai van 5 titliî nok 15 346 MISSION P AV IE 2° iva tithî nai 15 tva nâdî tithî 2G Iva riksha I 1 tûk nâdî rikslia 45 yâm lüd bây miea dai râlhanâ 3°.. sarîla dhât ceâ long su umong mü nan van nan yâm nan lce 2 mâssaken dang ni 14853 4° avamân dang ni 286 horakun dang ni 438632 Deuxième feuille. 5° çrî sumangalâ pavara bât malui çakarajâ dai 2382 6° tva pli co samrethi saka tliai va pi piek sel dieon phalâguna mâsâ khün 15 khârh 7° van 4 mü rvang khai riksha 10 lùk mabâ somdec akkhâvorâ râjâ khrû tham ceâ Ion prak 8° ot dvay ...cetânâ liliem sai nai vorâ buddba sâsanâ dvang ying cing klio nimantânâ vorâ ceâ %/ 9° raddhânâ plira sarîla dliât sabanyû ceâ sadec long lot Idem pâsiet an pâdab pâdâ 10° pal dvay klirieâng alangkara thang mvan nai yâm tûd sây pbây nai mi mabâ somdec aklia 11° vorâ râjâ khrû ton pen ceâ mulla saddbâ ceâ lee vora sangha ceâ thang puang kab an... 12“ kliii sa thang hlây pliây nok mi ceâ bliummi pala plira maha kra- satrkbattiyâ râjâ devî râjâ 13° bull râjâ nata senâ amât sabburuça plirom thang ubpasaka ubpasikâ pajanarât «1/. 14° mâ hee ceâ plira sarîla dhât sabbanyû cea long su v umong an prâdab prâdâ pai dvay INSCRIPTIONS 317 15° mî cvang can gandhârâsa khong lioin lë keev liveen ngin khârh v 16° liai pen llii thapannâ heeng phra sarila dhât ceâ lee 17° pen fon jonlathâ lok long ma nai pathavî... Troisième Jeuille. 18° vorâ ràjâ khû eoâ ook sang pha : cetiya lûk nî tlü cakkhâ hai pen khâi'n. Y 19° pen ngin 2 hmün 60 tang bo mi pheek thi ceek liai pen beay 2 làn 8 seen 8 lnnün 20° .... an sanghya tee fung cetânà mû pheû : nan lee sang nân sâm pi pai bo cîng lee bo 21° (ribun) lee kho hai phala : bun tliang lilây fung ni cûrii phee phây yây pai ihieng pho mee pù yâ tâ yây lee 22° pho khû ûbpaja ûcàn lee ûbpâsika ùbpasikâ yâtti vangçân lee thâv pha : yâ mahâ ka : 23° sat thang in tliang pham yammâlâja nâng nâk ddhorânî isûm nâk khût mânûshâ debâ phây lum âvi (ci) 24° pen thi sût lvang sùng mî bhâva akanittha phom lvang kom mi *1/ ânantâ cakrâvân pen thi sût kho hai 25° dai saviey sukk 3 pa : kàn mi nirabhùn pen thi leev yâkhàt kheev ûy khon jù tva thee ko khà thien nibhâno : palcaiyô liôtû. 26° 348 MISSION PAVIE XI. TRADUCTION En cula-çaka 1200. année cyclique pœk set (duchien), à la pleine lune du quatrième mois, la cinquième férié lao cliœ (jour du rat), à quinze titliis tant extérieurs qu’intérieurs, à 26 nâdi-tilhîs, à 1 I rikshas et à 15 nâdi-rikslias, on entra dans le souterrain pour en retirer les reliques. En ce jour-là, à ce moment-la : le mâsaken était de 14853 (mois), l’avamân était de 286 (parties), le horakun de 438632 (jours). Deuxième feuille. Honneur aux illustres pieds (du Buddha) en mahâ-çaka 2382 (ère du Buddha) année du chien, dernière du petit cycle, dite pœk set par les Thais, au mois de phalguna, le quinze de la lune croissante, à la qua- trième l'éric dite kvang khœ (jour du porc, mercredi) au dixième rikslia (mansion lunaire) : le somdecagga-vara-ràja guru le cœur pur, très dévot à la religion du Buddha était allé retirer les précieuses reliques de l’omniscient (Buddha) qu’il avait placées dans un précieux luhe richement orné. Le lendemain matin à l’aurore, le Malià somdec agga-vara-râja guru, dit le seigneur Mula-Saddhn, accompagné de toute la Sangha, entra dans le souterrain ; à l’extérieur se tenaient le puissant roi Kshatriya Chao-bhumi-pâla, la reine, les princes et princesses, les hauts dignitaires et les ollicicrs, les fidèles des deux sexes et la population tout entière .... Tous accompagnèrent processionnellemenl ces pré- cieuses reliques à leursortiedu souterrain, qui avait été bien orné et d’où se répandaient les parfums de sandal et autres substances odoriférantes INSCRIPTIONS 3'i9 les pierres précieuses, l’argent, l’or on avait renfermé les précieuses reliques la pluie tomba en abondance arrosant la terre. Troisième Jeuille. (Le Mahâ somdec) vara-râja guru avait fait bâtir (pour y déposer les reliques) une cetiya, dont le cakra fut en or massif.... les dépenses élevées à 30060 pièces d’argent, sans erreur dans les comptes, on avait distribué en outre deux millions huit cent deux (mille) cauris compte rond. Ce fut à dessein qu’on avait fait durer la construction pen- dant trois ans Je demande à transmettre tous ees mérites à mes père et mère, à mes ancêtres, à mon guru, à tous les fidèles des deux sexes mes parents, à tous les phrayâs et rois, à Indra, Brahma, Yâmarâja, à Nâng (déesse) dharani. à Iswara, aux nâgas, garudas, rna- nushas, dêvas, jusqu’au fond de l’avîchi, que tous arrivent à l’akaniltha bhavanam, jusqu’au sommet de 1 Ananla cakravâla, qu’ils jouissent des trois félicités! enfin qu’ils obtiennent le Nirvana tous sans faute et sans exception. Que le Nirvana soit ma récompense. Planche 36. INSCRIPTION X. r\ Planche 35. INSCRIPTION NI. INSCRIPTION XI. Planche 37. Planche 38. INSCRIPTION XI. XII. INSCRIPTION THAÏE DU Y AT V ISO UN (Planclios 39, 40.) TU WSCmi'TlON jàtà sàngdharmma slong dharmma lee. Vivants observez la loi, honorez la loi, voilà 1 ou plutôt : faites faire des manuscrits copies do la lo; et oflrez-les à la pagode. I" 3) culla sakraja dai 1 198 Iva |)li rvây san dien 4 keng ineiig van 358 MISSION PAME '2° angkliân lhaiy klâ kliaiy fiai slong dlmrmma nai vihân lilvang viju 3° r lin ni lee 31 clhamma likkliila jâtaka buddha sânanà 4° pafica vassa sahassâni 5 | nibbâna paccayo (e) 5° lio tu no iïiccam. 5 | Deuxième feuille. V A 1° cullasakrâja dai I 198 tva pli rvay san V'.. 2° yang mî mahâ tbera ceâ ton nüng ji va kaiïcana âranya vâsi nneong 3° phree pen khleâ lee sissa ceâ lliang invar cradien thet ma tee mieong phree yvr bon 4° paccimma disâ kheâ ma tliieng mieong lilvang Phrabâng lân jâng tbi nî leev ko daînam ao na bu 5° nya kliin tliing ceâ mieong lilvang Phrabâng ton ji vâ mangdhâ pen khleâ lee râjja vang mieong lilvang 6° Phrabâng pen pradhân plirom kan sâng yang akkhara dharma kampi v. irai pitaka lliang rnvar vaiy V.. .... 7" jâtaka buddha sânana 5 phan phra vassa lee 3 | dai sralong nai dien 4 plieng v.... 8° meng van angkliân thaiy klâ khaiy cing leev pvar mvar van nan lee 31 ’!/- sang rom dharma thang mvar dai 0 „^ ^ #s, <^«sr u o, ci ^ ^ c G-. ^ o ° 9 g §P<^|g ^N8S -SN3J wcg OCpc^c^oc/^^c'ooggS'joC'^ oç^Doc^cl^oofi^s^ no ^ o /-. Ok. _ _ /•• ° ^ «>81°«*»*>/’ »? R, „ É1°I° °’*$?{s?G& =5, P g%$ % ™£^?(ps3^^ci S' r\ 'p , p ^ n ^ > J A-'ca^ v C> S?0g5«æ&*' «T** 8»»|«S^' 0"c; grc'°F^^38^é°-è;<3o<«o0o,%s ^ $vGifci f ® ‘^^"8^c*?e'®ê^c>§,C^SK2'3(^dCiDO Ü 9 f ■o jmo r--°° C- o v pxo o? » ü àc y (?ü/> ^|fs; Planche 'i0. XIII. INSCRIPTION THAÏE nu Y AT XIENG TANG (Planche 41.) TRANSCRIPTION v; 1" cùla sakralâja dai 1247 tva pli rap reâ dieon 11 2° khün 15 khâiii van 6 yâm krong leeng limang mi phû thaiy jà nan phva mea mi 3° cal sai saddliâ peu an ying kap thang lûk teâ jù khon phrom kan v. 4“ sang yang phra mahâ cetiya dhât lûk ni vai kap sânanâ 5° theâ 5000 phra vassâ kho liai phalla ânisang thang hlây fûng ni 6'' cong phe pai khârii jù plio mee pû yâ là yây yâlikà vangsâ mit 7° tjahây dàsà dàsi nakhur khur khâ thvâ phrayâ mah 8° hâ kasat brâhmana làja loyà lâja buttî butta 9° meen và scnûpatti phrayâ inda phrayâ phrom phrayâ yammarâja phray 10" â vessuman thvâ catu lôka pân thang 4 nâng megalâ nâng dhalani isur 11° naga garuda manussâ dephalâ mahesakkhâ dephatâ yamma dephatâ 12° lee âkâsa dephatâ 2 ton dai raksâ phra bhumasthân val va âl 13° âm dhât.... sahha sal thang hlây kho liai plion tliuk thang mvar ko khâ 14° thien nibbâna patcaiyo liotu me. 366 MISSION PAME XIII. TRADUCTION. En çaka cûla 1247, année cyclique rap-reâ (du coq), le quinze de la lune croissante du 11"'° mois, (oct.-nov.) à la sixième série : Jù nan, un riche phû thai et sa femme, tous les deux très dévots, de concert avec leurs enfants firent construire ce celiya dhâlu qui, ainsi que la religion (du Buddlia), devra durer les 5000 ans. Ils font vœu que la somme entière de ces mérites soit transmise à tous les officiers riches en mérites (religieux), aux lliao phrayâs, rois, brahmanas, princes, princesses, senâpatis, aux phrayâs : Indra, bralnna, A âmaràja, Yessuman, aux quatre gardiens du monde, à la déesse de la pluie, à la déesse de la terre, aux isvaras, nagas, garudas, manushas, devas, aux mahesakkhâdevas, yâmadevas, aux deux âkâcadevas afin qu ils président à ce lieu, ce vat, cet a rama dhàtu. Ils forment également le vœu que tous les êtres soient délivrés de toute souffrance. Que le Nirvana soit ma récompense. Planche 'il. I \ SC IU l'Tlü \ \lll. XIV. INSCRIPTION THAÏE DU VAT N ONG (Planche 42.) TKWSCIUPTION. I" ailla vaya plna buddlia sassanâ an liliiam lab dab \ai Iva dai 2556 phra va 5° ssâ... bmây mi malm somlec saiighalajâ 3° kliur vayâ val si gùr mienâih ao \ok dliallu pbra go 370 MISSION PAVIE 4° tama cea ma thapana a ai thi visel Pliye râjâ balai lion cîng 5° dai lilicm ssai ralana ccllana nai vara liuddha sâssanâ pen (5° an yîng cîng dai nâiiim bhanyâ lliang bulla bntli bandliu vangça, be 7° llakî1 setlhakâ ceâ ma kho ao yang phra dliâtu ong phra go g/ 8° lama kab mahâ râja khù ccâ pliura vangçâ cîng dai pbrom kap 9° dvay phra sahglia coa val bnongdai sang plira ccli hlang ni V 10° vai kap sâssanâ phra gotama ceâ pen lak In liai J1" lliicng sâssanâ plira sî ariya : mclteyya lliyang llioc dî di 12° kbo long kliâ lliang lilâv plion câk narok lliang hlây klio liai rvam sâssanâ phra 13" métrai ceâ dai tliieng arabantâ. ko khâ ihien. I. Probablement pour peltika. INSCRIPTIONS 371 XIV. TRADUCTION. En culla-çaka ) 2 46, année cyclique liap san (du singe), à la pleine lune du 8° mois (juin-juillet), la deuxième férié dite pœk jaiiga, (le jour du cheval) à midi eut lieu la dédicace de ce cetiya. Ce fut (depuis le commen- cement du culla-çaka) le 15414° mois lunaire, à 526 parties de l’avamân, le 445198“ jour lunaire. La religion du Buddlia avait vécu déjà 2556 années : le (bonze) malui somdec Sangharâja, remplissant alors les fonctions de guiu dans le Vat Si-Khun, ramassa une relique du Buddlia, pour lui trouver un endroit convenable où la placer. Le prince Phye-râja-balat en ayant eu connais- sance, fut pris d’une grande dévotion : en conséquence il amena sa femme et ses enfants, ainsique ses illustres aïeux, pour demander cette relique de Gotama, au Mahâ-râja-guru prince d’une ancienne famille ; d’aeord avec les bonzes du Vat Hnong il lit bâtir un cetiya qui sera comme un monu- ment de la religion de Gotama, jusqu’à l’avènement de celle de Çri Ariya Maitreya qui sera la vraie, la bonne. Je demande que tous les êtres puissent revenir des enfers et réunis dans la religion de Maitreya arriver à l’état d’arahats voilà! Planche '|2. INSCRIPTION \ I \. XV. INSCRIPTION THAÏE D U ROI PII R A : R A J A A Y A KÂ-MAHÂ-DE VA AU Y AT TUAT (Planche 43.) NOTICE Cette inscription de sept lignes, ornée d un Zodiaque, fut relevée par M. Pav îe le 19 lévrier 1887, dans le \ al I liai, à Luang-Prabang. Date de l’inscription : Cula-çaka- 910 — A. I). 1548. Elle fut gravée à l’occasion d un dépôt de reliques fait par le roi Phra : raja Ayakâ-mahà-deva, origine également du nom de la pagode : Vat Thaï, pagode de la relique. Ces Vais Phra : dhàtü, en tliai : val thàt, sont très nombreux, par le fait que les souverains mettaient un grand soin à trouver des reliques du Buddha et à leur consacrer des pagodes. Ec but de 1 inscription, comme pour la plupart de scs pareilles, fut de mentionner et de perpétuer les dons en rizières et en esclaves laits à la pagode, pour l’entretien des reliquaires en particulier et pour le service de la pagode en général. Celle-ci nous signale même les noix d’arëk. dont il se fait dans ces pagodes une consommation considérable. Le caractère de l'inscription appartient encore au type de Sukhôdaya. L inscription est fort détériorée, sa dernière ligne est illisible. 376 MISSION PAVIE XV. tuwscmptjoy mesha l- Culii sankraja 910plpieksandien7ook I I kliâiii vansukmii rvi'iv\i va I. Les mois entre parenthèses ont (juasi disparu sur le texte. INSCRIPTIONS 377 II. 48 111 Pbat sin ruhasta.. phra raja aiyakâ mahâ deva ceâ tang phra : mahâ dhâtu ko ô 3° kat >at n5,h kh°y kha ki,l) mm lee (pliaigi va) ban dôm khea ngvat 200 kiengbân khâng 4° nSvat (khea) sa" secn ,lüng bân.. chan (ngvat) kheâ (pliek) 20 kieng brui liai1 ngvat Imi 50 flk 4 mat ban chïm ngvat hmak 3 mat bân javâk ngvat hmâk 2 mat nâ phü ku(e) (’° '"uo° (,lla) mvan baJ Pei1 na (khea) phra : cea lee klioy phra : ceâ kin thâv ma lun. 7° 1. H y a ici un point dans le texte qui paraît notre qu’un défaut de la pierre. 378 MISSION PAVIE XV. TRADUCTION. En cula-çaka 910, année cyclique pœk san (du singe), le septième mois, le onze de la lune croissante, le vendredi jour du tigre, à l'aurore, sous les auspices de la mansion lunaire la main: sa majesté Phra : râja- ayakâ-mahü deva lit déposer des précieuses reliques. Profitant de 1 occa- sion. elle fit amener des esclaves pour le service de l’ârâma : elle chargea ensuite le village de Dôm de livrer 200 kiengs1 de riz. le v dlage de Khâng de fournir cent mille (mesures) de riz blanc, le villagede'Clian de lourmr 20 kiengs de paddy, le village de liai de fournir 4 mesures d’arëk. le vd- lao-e de Cliim de fournir 3 mesures de noix d’arëk. le village de Jaiakde fournir 2 mesures de noix d’arëk. Toutes les rizières dites plm-ku-Nüa furent désignées, comme ayant à livrer le riz pour le service des gens de la pagode cl furent appelées rizières du Phra : chao (du Buddlia, ou du reliquaire). I. Ces « kiengs » cl autres mesures pour les riz, ainsi que les « mat » puni li noix d’arëk, sent difficiles à déterminer aujourd’hui. Pour les riz blancs, a m< *mc en usage fut probablement la noix de coco. Pour toute autre mesure plus forte, le clntlre de cent mille serait exorbitant. , T Aujourd’hui, cet usage de faire des dons à perpétuité aux vais est abandonne. Le talapoin pourvoit par l’aumône de tous les jours à son entretien quotidien. Planche INSCRIPTION XV. XVI. INSCRIPTION THAÏE DU ROI PRA-CRÎ-SIDDHI AU VAT WISOUN (Planche 44.) NOTICE Celle inscription comprend neuf lignes seulement. M. Ravie la releva dans le N al Wisoun, à Luang-Prabang, le 2 I février 1881. Ses caractères sont élégants entre tous, mais la pierre a beaucoup souffert ; une cassure part du haut en bas, mais sans faire perdre la lec- ture d un mot. Sur les deux côtés de la largeur d’un pouce la pierre est fruste. Hauteur de l’inscription 0m,33 Largeur 0m,25 Point de date. Comme les caractères appartiennent au modèle de Sukhôdaya, et qu ils ont subi quelques modifications, on peut admettre, sans se tromper, qu elle appartient à la fin du treizième ou au commen- cement du quatorzième siècle de notre ère. On serait tenté de la croire plus ancienne, a cause des donations que le rov y fait à Plira Naray (N ishnu), dont le culte était déjà fort en déclin à l’arrivée des Thaisdans ces colonies brahmaniques. On regrette l’absence de date. 382 MISSION PAVIE XVI. TRANSCRIPTION 1° Subhamastu phra raja âcaryâ somdec (çri) 2° pavitra phra pen ceâ ton pen phra (çri) 3° (Si)ddhi liai dâna mieong phra noy pen u(dtis) 4° (dâ) na kee phra naray1 2 ceâ tliang bâ(n). 5°. bân nvad thâ dukhân ban phôn .... 6°... ng lee bân pun phrâ khrâv lee. 7° (bâ) n thin khârh deen hlâng deen di. 8°. lee ngvad ngâ vâ kon theâ dai 9°.. limai ko di hai ven vai kab vij.... 1. Les mots entre parenthèses manquent dans le texte d’où ils ont disparu. Il y a un accent placé dans le texte sur les consonnes iinales que je n’ai rencontré nulle part, serait-ce le viràma? Il y a en plus le signe de l’a bref et de l’o bref, mais diffé- rents de ceux des autres inscriptions du type de Sukhôdaya. Les deux accents dont il fut question précédemment sont'égalemcnt de forme un peu différente. 2. Phra narav ceà pour nàràvana (4 ishnu). INSCRIPTIONS 383 XVI. TIUIH GTJÜ Y 1° Gloire au royal maître Somdec-çrî- 2° pavitra notre roi régnant sous le titre de Phra-çrî- 3° Siddhi qui donna la ville de Phrâ-noi en offrande 4° à Phra-Naray (Vishnu). en même temps que le village de 5° le village de Nuet-tM-dukhûn, le village de Phôn.. G° celui de Pun-phrâ-khrâo, ainsi que 7° le village de Thin-khâm, mais dont le territoire extérieur 8° fort bon fut réservé en attendant. 9°.. selon le désir (du roi) pour être donné séparément à Vij. 1. Probablement le nom de la pagode, peut-être (Yijuna) que les Laotiens pro nonccnt N\ isoun. 49 INSCRIPTION XVI. Planche 44 XVII. INSCRIPTION TRAIE DU VAT KET (Planches 45, 46.) Cet estampage fut pris par M. Pavie en décembre 1886, dans le Vat Kcf. à Xieng-mai. Le Zodiaque et les calculs astronomiques qui la sur- montent se refusent a la lecture. La slcle en grcs est très fruste. La der- nière moitié seule conserve quelques lignes entières, Les caractères appar tiennent à 1 écriture de Sukhôdaya. Hauteur de l’inscription lm,10 Largeur 0'n,50 Les dates n’y apparaissent plus ; on peut, sans crainte de se tromper, la faire remonter au neuvième siècle culla-çaka. Les quelques mots lisibles de la première partie laissent deviner qu'il s'agit de l’érection d’un cetiya (reliquaire). La seconde partie, mieux conservée, donne une liste de noms d’esclaves inscrits pour le service delà pagode ou du cetiya. Des princes, des princesses cl d’autres personnes ont offert ces familles d'es- claves fort nombreuses ici. Celle coutume, ainsi que j ai déjà fait remarquer, est tombée en désué- tude. Mais, bien que ces ollrandes d’esclaves n aient plus lieu aujourd’hui, les descendants des anciens inscrits continuent à payer l’impôt ou cote personnelle et annuelle ; relativement très forte, elle se chiffre au taux de 18 à "2 I licaux par an. Jusqu à présent cet impôt n’a été ni aboli ni trans- formé dans leSiam : certaines pagodes en retirent des rentes considérables. 3S8 MISSION PAME XVII. TIUASCRIPTIOY 2" 3° 4" 5“ 6” 7° 8° 9° 10° 11- 12° 13" 14" 15» 16° 17“ 20 klion pliai celiya (pliong se) klion cea khon ning v cea leev ci ni peu lii v sang celiya cea lee. ma thang ban mahâ. v_ celiya cea. y_ ,. cea llinu S thi an pen llii dvy ârâ- g 1.... dieu 4 plieng ârâma phra : parama l\ ang khi da 1 phinë 63 va.... khon thang mvn ancak lliang hlay ma phrom , ■ • ngien cea plnng vmeng. mec lïik tva 10 khon jây 3 ying 7 yi... lïik 1 jây non' liane; hmin kane yin g.. nang hmin nai 18" • • j«y1 ying ■ ■ • 1 jây I ying.. jây 1 ying. . 2 jây 4 ying 19» . ro (1)jây 1 ying nâv roy kliâih lfik ro %} O *1 \J 1 jây 1 ying lïik 2 jây 1 ... 1 jây jalimân 20» . (phrang)ro 1 jây 1 yinh... ro 2jây2 ying- 1 jay. lâm. ro 1 jây 1 ying plio INSCRIPTIONS 389 21“. • • ro 1 jay i ying.. ro 1 jay 1 ying... plio iâ 1 jày 1 ying lük 3 jay 2 lan ying pho(h) Deuxième feuille. 1".. ro 1 jây 1 ying lük sâm.. lee.. I jây I ying.... ro 3 jày 1 jây l ying 2° (ng) oây.. I jây 1 ying lük yingoây.. ro 1 jây 1 ying lük 1 jây . ro 1jây 1 ying... ro 1 jâ- 3” y 1 ying lük I ying oâyro I jây 1 ying mee ro. 1 >'inS 4° plio (phat) ro 3 jây 4 ying plio khüaro 2 jây 3 ying lük 1 ying 5° ro 2 jây 3 ying (sindüb) ro 2 jây 3 ying âcân ro 1 jây 2 yingoây. ro 1 jây l ying... ro 1 jây 1 6° ying plio tlieâ ro 1 jây 1 ying kvan pvang ro 1 jây 4 ying.. (jp) ro... ro 1 jây 1 ying phü l jây 7° ro 1 jây 1 ying oâyhlâin ro 1 jây 1 ying krânat ro 1 jây 3 ying. 1 jây 1 ying luk 1 ying jây mea ro 8" 1 jây 1 ying lük 1 ying —1 jüm yü ban kha : nimâhlang keâ ro 1 jây 9° 1 jay 1 ying lük (4) jay lâm (nâcak) ro 1 jây 3 ying ceâ lük ro 1 jây i ying lük 1 jây hlân ro 1 jây 1 10° ying lük 1 jây nânghmïn (kràv khrva) 2 ying lük 1 jây nang theâ pana: vangkhrva 1 ying lük 1 jây mee thâv khroa 4. mee %/ 11° lab khrva 1 ying lük 1 jay tlian noy ro 2 jây 1 ying song phok ro 1 jây 1 ying oâyjvtro 1 jây 1 ying nângsong thâng 1. Le trait du texte indique la fin d’une période, je le remplace par (—). 390 MISSION PAVIE ] 2° khrva I (j) 4 ying kvàn dâih joy ro 2 jay ] ying lük 2 jay I ( ) oây %/ hun ro 1 jay 1 ying oây cun ro 1 jay J ying lük 1 ying 13° oây lun ro 1 jay 1 ying lük 2 jay i nâng kvân rün khrva 2 ying lük 1 ying mee nek hhrva 1 jay 2 ying —jümbân.. .rieeng 1 4° oay kan tliâ ro 1 jây 2 ying lük 4 jây hlân 1 ying oây cân ro 1 jây 2 ying luk 1 jay oay keev no 1 jây 1 ying lük 15° 1 ying oây nym ro 1 jâv 1 ying lük 1 ying nâng ta khrva 1 ying lük 1 jây nâng (hun) khrva... jây nâng... hlân khhrva •... *5/ 16° 1 ying lük jây 1 ying 1 —jüb ro oây hmâk sâ oây hlang ro 1 jây 1 ying lük 1 ying pho hâ ro 1 jây 1 ying lük ] jây cânvrien •. V* *1/ 17° ro 1 jay 1 ying keev bâ ro 1 jây 1 ying —juin bân khrva mï pho khâm ro 1 jây 1 ying lük 1 ying pho hiyeng ro 1 jây 1 ying.. ■ 18° ro 1 jây 1 ying lük 3 ying oây rieom ro 1 jây 1 ying — jüm lvâ fai âkâng ro 1 jây I ying lük 1 jây 3 ying joug ro 1 jây i ying 19° pho suk ro J jây 1 ying nâng klam khrva 1 ying lük I jây nang pva khrva 1 ying luk ying nâng yun khrva 1 ying —jüm oâm see(e). 2 0“ khmin noy lyk ro 1 jây ying lük ying hlân 1 jây nâng can khrva 2 ying lük 1 jây nâng ieob 1 ying lük 1 ying mee. 21° ying lük 1 ying —jüm bân oâkâ plien süth bonro 1 jây 1 yingtânoy ro 1 jsy- • • (jàng) ro 1 jây 1 ying(câj)... 22° 1 jây 1 ying lük 7 ying mee nâih... ying lük 1 jây (P) yü. 1 jây 4 ying... 23° limin phi ro 2 jây 4 ying lük 3 jây 1... ro 1 jây 4 ying lük... •- -Y jay 1 — yü ban 24“.. - 1 jây 1 ying... 1 jây 1 ying... 1. Les mois entre parenthèses sont douteux. INSCRIPTIONS 391 XVII. TRADUCTION. 6 nsdls 1° O" ■V 4° 5° 6° 7° 8° 9° 10° I 1° 12° 13“ 15" 16° 17° 18° 19“ 20 personnes, le père la cetiya (?) les gens du prince, une personne... le prince qui fut. après il fit don. ont construit le cetiya, le prince... le terrain fit partie de Tûrûma ainsi que le village maliû.. I. le nommé Phing 1.. à la pleine lune du quatrième mois . le cetiya, le prince.... le prince arrive à l’ârâma phra : paramaluang — . 63 brasses.... toutes les personnes qui . toutes ces personnes vinrent ensemble l’argent du prince Phing-mieng... la princesse Ilmin-kâng mère et enfants 10 personnes 3 garçons 7 filles. Le nommé \i. .et ses enfants I garçon une sœur... la princesse Hmin-nai . garçon 1 fille... 1 garçon 1 fille.. 2 garçons 4 filles. . une famille 1 garçon 1 fille. Nay-soy-khâiii ses enfants une 392 MISSION PAVJE famille 1 garçon 1 fille avec deux enfants 1.. .1 garçon. Le nommé Jahmân — 20° phrang une famille 1 garçon 1 fille... le beau-père 1 garçon 1 fille, ses enfants 3 garçons 2 nièces 21°.. une famille 1 homme 1 femme... une famille 1 homme 1 femme... le père de la femme une famille 1 garçon 1 femme, trois enfants dont 2 garçons, une nièce. Le père... Deuxième feuille. 1° une famille : 1 homme 1 femme, trois enfants.. et. .1 homme 1 femme.. 1 famille ; 3 hommes... 1 homme I femme 2° (?)le nommé.. 1 homme 1 femme, une fille. Le nommé. une famille; 1 homme 1 femme 1 fils... une famille: 1 homme 1 femme.... une famille 1 homme 3° 1 femme, 1 fille. Le nommé.. une famille : 1 homme 1 fille. La mère... une famille... 1 fille. 4° Le père (Pliât) une famille : 3 hommes 4 femmes. Le père Kliûa, une famille : 2 hommes, trois femmes, I fille. 5° une famille : 2 hommes 3 femmes. (Le nommé Sindüh) une famille : 2 hommes, 3 femmes. Le nommé Acliân une famille : 1 homme 2 femmes. Le nommé.. une famille : 1 homme, 1 femme. une famille : 1 homme 1 6° femme. Le père Thao une famille : 1 homme, 1 femme. Kvân puang une famille : 1 homme 4 femmes.. (?) une famille, une famille : 1 homme 1 femme. Phù : 1 homme 7° une famille : 1 homme, 1 femme. Le nommé Hâm une famille : 1 homme, 1 femme. Krânat une famille : 1 homme, 3 femmes 1 homme, 1 femme, 1 fille. Pây-Mao une famille: 8° 1 homme, 1 femme, 1 fille. — Réunis au village kha : ni il y eût : Illanghao, une famille: 1 homme, 3 femmes.... une famille : 1 homme, 1 femme, un fils. Le père Bun, une famille: INSCRIPTIONS 393 9' 1 homme, 1 femme, 4 fils. Lâm-nâchak, une famille: 1 homme, 3 femmes. Chao-lük une famille : 1 homme, 1 femme, un fils ; leurs neveux une famille 1 homme 1 10° femme, leur garçon. La princesse (Krao) une famille : deux femmes, un fils. La princesse Pana: vang une famille: 1 femme, un fils. La mère Thao, une famille : 4 femmes. La mère 11° Lab, une famille: 1 femme et son fils. Thân Noy, une famille: 2 hommes, une femme. Song-phuek, une famille: 1 homme, 1 femme. Le nommé Juet, une famille : 1 homme, I femme. La princesse Song-thang 12" une famille : 1 homme, 4 femmes. KuSn-khamjoy, une famille; 2 hommes, 1 femme, deux fils. 1 fille. Le nommé Hun, une famille: 1 homme, 1 femme. Aichun, une famille: 1 homme, 1 femme et leur fille. 13° Ai-Lun une famille: 1 homme, 1 femme, deux fils, 1 (fille). La fille Kuân-run, une famille : deux femmes, une fille. La mère Rœk, une famille : 1 homme, 2 femmes. — Réunis au village. (Khrieng). 14° Ai-kan-thâ, une famille: 1 homme, 2 femmes, leurs quatre fils, leur nièce. Ai Chan, une famille: I homme, 2 femmes, un fils. Ai këo, une famille : 1 homme, 1 femme, leur 15° fille. Ai Niem une famille : I homme, I femme, leur fille. La fille Pâ, une famille : 1 femme et son fils. La fille (Ilun), une famille: 1 femme cl son fils. La fille.. lân, une famille : 16" 1 femme, son fils et sa fille. Jüb, une famille le nommé flok-sâ. Ai hlang, une famille: 1 homme, 1 femme, leur fille. Le père lia une famille: 1 homme, 1 femme, leur fils. Chamrœn 17’ une lamillc : I homme, I femme. Këo-bü, une famille: 1 homme, 1 femme. — Se sont réunis au village Khrua-.Mï ; lepèreKhâiii- une famille ; 1 homme, 1 femme, leur fille. Le père Hieng, une famille 1 homme, 1 femme,. 18’ une fa nul le : 1 homme, 1 femme, leurs 3 filles. Ai-Riæm, une famille: 1 homme, 1 femme. Se sont réunis à Lua-faï ; Akàng. il. 50 394 MISSION PAN IE une famille ; 1 homme, 1 femme, leur fils et 3 filles. Le (nommé) Jieng, une famille: 1 homme, 1 femme. 19° Le père Suk, une famille : 1 homme, 1 femme. La fille klam, une famille: 1 femme, sa fille. La fille Pua, une famille: I femme, sa fille. La lillc 4 un. une famille: 1 femme. — Réunis à Am- sëla. 20° Le prince Noy-liek, une famille : 1 homme, 1 femme, 1 fille, 1 neveu. La fille Clian, une famille : deux femmes, un petit garçon. La fille Jœb, 1 femme, 1 fille. La mère.. (1) 21° femme et sa fille. —Se sont réunis au village Akâ-phen, le nommé Suth-bou une famille : J homme, 1 femme. Fa \oy. une famille : 1 homme.. Le nommé (Jang) une famille : 1 homme, 1 femme. Le nomme (Châj). 22° 1 homme, 1 femme, leurs 7 filles. La mère Nam.. (1 femme, son fils— (ceux qui demeurent au village. ... 1 homme, 4 femmes, .... 23° Le prince Phi, une famille : 2 hommes, 4 femmes, 4 garçons 1.. une famille : 1 homme, 4 femmes, enfants... homme, 1. — Ceux du village 24° .... 1 homme, 1 femme. 1 homme.. femme.. INSCRIPTION XVII. ■3mm y. » smmm 'Mr£§$m. .ri.>v*r. .». £>?£* •*§£}$ ï SfeSîpï'S»'®-. WîVW ^;-; /. '-' '^OyV iy uv;5? Èkmm •K-'C fe$j î)«. XVIII, XIX. INSCRIPTIONS THAÏES DE L A M PO UN-11A RIPUNJ A P U RA YAT LOUANG ET PA - M A- DA B-TA O (Planches 47, 48.) NOTICE Ces deux inscriptions ont été relevées par M. Pavie en décembre 1886, dans la ville de Lampoun : le n° XVIII dans le Vat Louang et le n" XIX dans une ruine, sur la montagne Pa-ma-dab-tao. Le n° XVIII comprend 17 lignes sur une seule face. Le papier trop épais a produit des empreintes fort imparfaites et la lecture en devient incomplète. Le Zodiaque ne laisse apercevoir que deux chiffres. L'ins- cription est tronquée, par suite, sans doute, de la cassure de la pierre. Hauteur de l’inscription n° XVIII 0,n,65 Largeur 0m,47 Le n° XIX ne laisse voir aucune date. Peut-être, s’en trouve-t-il dans les trois lignes illisibles du commencement. Celle inscription, également fort difficile à la lecture, par suite d’un papier peu favorable à prendre des empreintes, est également tronquée et incomplète. Elle ne consiste pro- prement qu’en une suite de quatre lignes, qui se répètent deux fois. La MISSION PAVIE '.00 simililudé de scs caractères avec ceux du n° XVIII permet de la rapporter à la même époque. Toutes les deux doivent leur origine à 1:érection de monuments religieux et elles font mémoire des esclaves et autres objets d’offrandes consacrés à 1 entretien et au service de ces édifices. Lampoun est un nom moderne qui remonte à l'invasion des Tliais et à leur établissement sur les rives du Mè Khong. L’inscription du n° \\ 111 nous donne heureusement le vrai nom de cette ancienne \illc d’origine brahmanique et qui fut Haripunjapura. Ce Haripunjapura lut dans le haut Laos la station la plus reculée vers la Irontièrede la Chine, et sans doute nous avons là la capitale du Ya- vana-deça, qui, du temps de la colonisation brahmanique, comprenait la contrée du haut Mè Khong, probablement toute la partie longeant la fron- tière de la Chine, entre Xieng-Mâi cl le Tongking. Ces Yavanas, ainsi que je I ai noté plus haut, ne furent autres que les (( Huans ou fans » des his- toriens chinois ; les Indo-Chinois appliquent encore aujourd'hui ce nom de Y avanas, qu’ils prononcent « ï ucn », à toutes les races annamites. Ne pourrait-on conclure de la que les \nnamiles se trouvèrent à l’époque des ^ avanas campés dans ce Yavana-deça? I n seul roi de Haripunjapura nous est nommé dans les Annales des 1 liais. le Pliayà Abhaya-gâmmuni, auquel la légende donne pour fils I haya luiang, qu elle tait régner a Sukhodaya. Dès l’origine de l’empire des J hais, Haripunjapura fut supplanté par Xieng-Mai, qui est resté jusqu a pi osent la capitale du Laos occidental. Haripunjapura, ruiné et abandonné, n’est plus qu’une petite localité appelée Lampoun, située entre le 18“ et 19° degré latitude Nord. INSCRIPTIONS '.01 XVIII. (Planche 47.) TRANSCRIPTION 1° Subhamasttu karnâ sabbaça sakarâja ganana va dôy t liai y vohar vâ pava ma v. 2° (sakarâja) dai 862 lva nai pï kad san than mrigaçira mâsa pürnamî di dôy t liai y 3°.. dieon (yong) pheng mve van candratkaiy van dab medsârhrec v dvay phra : c V_. 'V 4° (cea)... db.. 1 dvay karani nakçatra sârhphardh dvay pan- narasa litbi mi varrdhamâna câm1 2 3 %/ o° somdec pavitra malia raja ceâ peu adbipati nai çrl pliing râshtra jyai hang m 6° kab phra : kinlüng rak argarrâja ma ta mï nâna- yutlariguddha 3 7° (tnera) liai hân klia lâ pen llicâ pcn müla nai lia- ripü n j apura 8° kanndâl prasâda ovy cai khvar sampati pliai. 1. Los mots entre parenthèses sont douteux. 2. La lecture de ces trois mots est certaine, le dernier est incomplet, les deux, trois mots qui suivent sont illisibles et de la sorte empêchent de déterminer le vrai sens de « mi varrdhamâna », expression que du reste je n’ai pas rencontrée dans les autres inscriptions, les Tliais lui donnent généralement le sens de prospérité. 3. nànayuttarïguddha (nom propre). IL 51 402 MISSION PAVIE 9° tr ma nieong nieong nann püjâ phra : maliâ. dliâln celiya : •v 10° cea an pen. oh 2 mahâ O dhâ thuk pi dïeon mâho mi kliàt somdecphra : 11” raja cca thang song raja dharrma an uttama di mï phra : raja hrdaya. V. 'V 12° an ying cing liai sang phra : dkarrma mandyr an âkyar(dvay) 13° pen ascarrya atireka seka pliai j. 14° 15° cing liai sang phra : dharma an ]icn. Ith... n sâtthakathâ tlkâ ni ti. 16° thang suvarrna buddha rupa cea lee srec ju i P AV IE ÏOÏ XIX. (Planche 48.) TRANSCRIPTION 1° 2° 3° raja 4° danda an hnak nak khi cak lliiong koc an ni llice cing lec «) piakur ning yang vai khon khrvaningjü kliâih soy miening lük sâm yi- H" ng vai ban ning jü bân kavân liai pcn thï yü sïlâpâla yang cak rakÇa panan an ning cea seen yï vai khon khrva ningjü aüy 8 danda an bnak nak khi cak lliicng kee an ni (bec cing lec 0° prakâr ning yang vai khon khrva ningjü khâm soy mic ning lük sâm yî- 4 no V y. y _ v. I U' ng vai ban ning lü ban kavân bai pen thï yü sïlâpâla yang cak Moi- -. ’ II îakça pa nan an ning cea seen yï vai khon khrva ningjü aay 12° prakâr ning yang vai khon khrva ning jü khârii soy mie ning lük sàmyi- V’. *1/ By çy 1-i ng xai bân ningjü bân kavân liai pen thï yü sïlâpâla vang cak w o l - -. v ■ v rakça pa nan an 11111g cea seen yï vai khon khrva ning jü aâ(y). 1. Les trois premières lignes sont indéchiffrables par suite de l’usure de la pierre. L inscription se compose de quatre lignes qui se répètent deux lois, moins la quatrième ligne qui ne se répète qu’une fois et qui manque dans la seconde répé- tition ou il n’y a que trois lignes. Quelle fut la raison de cette répétition, je ne puis me l’expliquer? Planche 'i7. INSCRIPTION WHI. INSCRIPTIONS 407 XIX. TRADUCTION. 1“ 2° 3° Par le roi 4° sera infligée une grande punition jusqu’à lel point, immanquablement, 5° On offrit alors une famille (dont le chef) s’appelait khâm-Soy. (il avait) une femme et trois tilles, 6° Un village du nom de Kavûn, à l’effet d’y pratiquer les çïlâs, lut éga- lement offert (à la pagode). 7" (Ce village) eut à entretenir le parc (de la pagode). Le prince Seen-à I lit ensuite offrande d’une famille (dont le chef) s’appelait Ai, etc. 8° reproduit intégralement la quatrième ligne. 9° — cinquième ligne. 10" — sixième ligne. Il" — septième ligne. 12° — cinquième ligne. 13° — sixième ligne. 14° — septième ligne. INSCRIPTION MN. Planche 48. y; non g m.iîiMm aîiccip ce 5) auu Ce mîQca C'-S <3> cy'Oi <4>- ^O0 > C lisa^uâüâtanuoâ3tit)30!)güÊü 3aip83îw :l7Ê^ cdov M ?$?_ Ç>»q^W d G'- ^ 3t3üîuu9éiînu!)ïnau/)cuuMuarç^ti0383fiS) ^ CT- -/■ o o ô c. 5S)lfl.U3UU 3 2iU 3 GeDCCcïüQjlsauasaU34S“JÜ oj) */ <^~ <5^ Q O watio3ium5)US)0as)ca3GCS)|üU SGwaâçcs ^ Z' ^ i. .C^-' •>*' .-v /"> C G ustosu t—,. , O ^ G) CT) U3Ü3WOUfl§3U2ai ,3tf3VS0U©S3U3a0DSfî. g? (h •z' /^S O <=T usamuramuîcitaim c o UU'MWOCÜ J ■ n »’> -‘Ver o % au3 u u say^ u rot uub g uu lo y a y 3 a a c ^ ~ O cy^ —fcp cN. sSIWTOUU. 3liU3G3‘)GG3ïiCl3L3BU053lÎ3ava3O G, ^ yf* J caille. 7° rab oât yâ phra : ceâ limîn noy khâiii klion plira : Y_ ._ 8° pea cea pbu 1 plia klion dâb rien pim l lifang lee 9° cea mieng jyang ray kliâiii lân limîn klivâ yâ la : ding 10° khi'i jyang rung rü hmln nâiii hlva suk hmln nâ hlang pho I 1 hmln na hlang nia Ihoa mieng klunii neng llieâ mieng kong 12° plivk but hâ rin (j) bangrung phan jieng bud thi mâ 13°. fak bnangsi yâ sidhi kheâfung ni rü jü klion (llieâ) I 4°.. mieng svn pra : limrâ llieâ mieng INSCRIPTIONS 4 15 XX. TRADUCTION. 1 En çaka-raja 862. année cyclujue du singe, le dixième mois. (sous la constellation) vicitra... un vendredi : 3° la reine Mahâ Dèvi-chao lit graver celle inscription dans le val -A" maha Bodin Khong... (Ont oflert) khao-yâng 72 familles... (khy)-yâna-rai-chi o? familles ; (si).. et Khun (ils de 1 lno-K,ëo-OEv : les princes Hmin châ, Hmin noy-Kham I G lamille.. Ay-lxlmn I (famille), kliôd 1 famille, âm femme de Od 1 (famille). Deuxieme feuille. 1 sai-lun 1 ;ya-rangsi I : kâm-phon I : ây-mun I : sam kao 1 ; 8° sâm-sëng 1 ; nâ roi 1 ; sui Ida I ; sai mùy I : mâha-mâhi 9° 1 : \ i-lun 1 ; ây chai I ; ay-may I : yim-dad 1 ; an kao 1 ; thit lût 10° 1 : yâ-rangsi I ; pho-kon 1 : khim-but l : ây-këo 1 ; hâ 1 ; ây- I 1 limao 1 : thit-bon; jong vua I : sa lemme Ai des rizières en arrière... 12“... kon! : noy sâm 1 : sa femme (si) 13°... (y) I; ây Ticng 1; lliil-lao 1 : sai 14°... (m) 1; sâm-pheu; sâm-linai l:1. 15° 16° I. Ce chiffre 1 indique chaque fois une famille. 416 MISSION PAVIE illustre figure illustre soma1 1° ây-noy une (famille); kol-pliat 1 famille; ây-king 1 ; sai-lao 1 ; yi- 2° kong 1 (famille) ; khun-joy 1 : la femme de Sai-tâng 1 famille, puis 1200000 rizières, 3° de la cire pour25760 pièces d’argent ainsi que de l’huile pour 102500 pièces d’argent, 4° de la cire avec chandeliers 7950 pièces d’argent. Que chacun se rassure! le prince Jao- 5° yân a confié la direction du gouvernement au prince Khao-Cliao, à Hmin-këo-dâh- 6° rœn, a Phuek-yâna : Khang-khâ-tong-tëm, à Suen-sî-tong-tëm : Deuxième feuille. 1° Ont reçu, pleins pouvoirs, le prince llmin-noy-khâm, officier du Phra : 8° peu chao (roi), le prince Phâ-khon-dâh-rœn ; du côte du 9° roi de Xieng-rây, le prince KMm-lan, le prince Hmin-khuû-yâ la : ding- 10° khâ ; (du coté) de la ville de Xieng-rung, le prince Ilmin-nam-hlua- suk, le prince Hmin- 11° nâ-hlang-pho; le prince Nâ-hlang-ûlâ, le gouverneur de Muang Khâm-rceng, le gouver- 12° neur de Muang kong, Pliuek, le fils de ITârin.. gouverneur de Bang-rung, Plian, gouver- 13° neur de Xicng Buddhnnà... secrétaire (le chef) ^a-Siddhi- lvliao. Tout ce groupe, 14° (le gouverneur)... de Muang Suen, Pra : hmâ le gouver neur de Muang .... I. Cette ligure du texte paraît devoir représenter le Zodiaque. INSCRIPTION XX. Planche 49. 11. 53 Planche 50. INSCRIPTION W. Planche 51. I N SC I\l l’TlON XX, Planche 52. INSCIUPTIOA W. INSCRIPTIONS 425 XXI. (Planches 5.°», 54.) TRANSCRIPTION 1° devï... (râ) hlây khâ nâ pû 2° ... : buddha : ceâ kab jâv ceâ .... : thang hlây 3° vat hmin rai ni 20 khrva là yâ hi phü dai klab .... 4°... (ihin) va an phra : ma : lia therâ : ti pitra : ka : 5°. pen .... G0 7° sa tha : an sai nai 8°. phra : budha : ceâ Verso. 1°... khvra 1 pho liai : khrva 1 tliit phum 2° khrva 1 ngien rong khrva 1 pho noy khrva 1 pi noy khrva 1 3" khâ thang hlây 20 khrva ni lee son phra : ma : hâ sâmi(n) 4°. kumâra ton pen ceâ vat nï lee cea hva seen yu nai (e) 5°. *1/ nï kab hva cea hmin ceâ hmin 6° i 8°... mieng thang hlây 9°.. (kleâ kho) il. 426 MISSION PAVIE XXI. TRADUCTION. Recto. \° (la reine) Dêvi.. (?) tous (prix des rizières et terrains). 2°.. du Buddha chao, les vingt princes... tous 3° le vat, le prince Ilmin-rai 20 familles, avec défense à quiconque de 4° s’en aller.. (thin) dire que le Plira : maint lliera (bonze) Irai pitaka 5°.. être... 0° 7° (?) qui pur dans 8°. le Plira : Budlia Chao Verso. 1°.. (ont offert). 1 famille ; les nommés Plio-liai 1 famille ; Tliit- 2° pHum 1 famille; Ngœn-roug I famille; Pho-noy 1 famille: Pi-noy I 3° famille, tous ces esclaves au nombre de 20 familles furent la part du Plira ni; dià- 4° Sami (u.. .) kumâra, qui fut le chef de ce vat : le prince Ilua Sën resta. 5°.. (-ci) avec le prince Hua-Chao-hmin.. .:1e prince Hmin 0° 7° 8°. tous ces Muangs 9°. (dire demande)? Planche 53 INSCRIPTION \\f Planche b'i. INSCRIPTION XXI. XXII. XXIII. XXIV. XXV. INSCRIPTIONS THAÏES DU GROUPE XIENG-MAI C A RR ÉS MAGIQUES (Planches 55, 50, 57, 58, 59, GO.) NOTICE Cette série d'inscriptions relevées par M. Pavie dans le courant de décembre 1887, forme une catégorie à part. Ce sont des calculs et formules, partie astrologiques, partie magiques, qui servaient à dresser l’horoscope, à la fondation de la ville et des remparts. Sur le côté recto n° XXII (pl. 55) on trouve : 1° En tête — le signe du Çiva, dit œnuloma. 2° Des gâthâs coupés par syllabes placées dans des petits carrés, d’après un procédé qui m’est inconnu. 3° Un yanta, se composant de neuf chiffres magiques, placés dans des petits carrés, ou dans les neuf divisions d’un cercle. Ces chiffres des \anlas représentent : 1 — le roi des Nakças. 2 — les deux aunes célestes. 3 — les trois mondes. 4 — les quatre (levas ou lôkapâlas. 5 — les cinq rsliis — les cinq vi jhalùkarnas — les cinq Buddhas — les cinq lndras. 432 MISSION PAVIE 6 — les six anges de la pluie. 7 — les sept nâgas. 8 — les huit arahâs. 9 — les neuf dêvas. Ces personnages et choses désignées par ces chiffres doivent protéger la ville et les remparts. Tandis que les Chinois peignent ces personnages qui doivent effrayer les diables, les Indo-Chinois les indiquent par un chiffre, qui produit le même effet protecteur. 4° Un carré magique dontjignore le procédé. 5° Un petit carré de gâtliâs. 6° Quatre lignes de texte qui donne deux dates : cûla-çaka 1100 — 1103 = A. D. 1738 — 1741. époque de la construction de la ville de Xieng-Mai. Le côté verso (pl. 56) donne Ireize figures de Zodiaques — trois carrés de gûthas — et neuf carrés de Tanlas. Le n’XXIII(pl. 57) donne : 1 “Un carré \ an la. — 2° Deux cercles Vantas. Le n" XX IA (pl. 58, 59) donne: six cercles \antas. Côté verso : 1° l n carré Tanta. — 2° Un carré magique où la somme des chiffres des lignes transversales et verticales ainsi que de la ligne entre les angles opposés est la même. Le n" XXV (pl. 60). —En tête trois signes anuloma. — Un carré ma- gique pareil au précédent n" 15. Puis un carré de gâllms incomplet. INSCRIPTIONS 433 TRANSCRIPTION 1“ Sakka dai 1100 tva dieon 6 cea tang mieng câmnen malin v 2° hnakhnâ sang nivesana. :. ma ni leev nai sakka 1103 (tva) y 3° sang hnie khetr bâng kong kâng sded. :. peu ceâ molli hon 4° tang kee narà naron mâ tee dissa nânâ tâng lâng lee. II. 55 MISSION PA\IK 434 TRADUCTION. J0 en çaka IJ 00. le sixième mois le roi lit bâtir la ville qu'il fortifia bien 2° (par des murailles) ce nivesana (palais)... fut achevé en çaka 1103 3° on l’a bâti sur le klietra de 13ang Kong Ivâng, le prince ... le roi Mohihon 4° bâtit la ville pour les hommes qui voudraient venir de toutes les contrées. Planche 55. INSCRIPTION XXII. INSCRIPTION N Ml. Planche 57. INSCRIPTION XXIII. INSCRIPTION WJ Y. Planche 59. INSCRIPTION WIY. Planche 00. INSCRIPTION WV. XXVI, XXVil. DU VAT GH AY DIE SU PIIA N (Planches fil, G2, 03, 04.) NOTICE Le 20 janvier 1887, M. Pavie releva deux inscriptions (haies sur les ruines d’un ancien palais, dit \ ang-Pâ-pao, dans le Vat Cetiya-Suvarrma, situé à une journée de marche de Xieng-rai. Date — cullaçaka 864e année cyclique du singe — A. D. 1502. L’au- teur de l’inscription fut le roi ou gouverneur de Pâ-pao, Cliao phayâ Hlua-yâna-vilàra-yat. On y mentionne des vihâras, élevés par les souve- rains et les princes, avec les noms des esclaves offerts au service de ces vihâras, Le n° XXVI (ut pris sur une stèle en grès portant inscriptions sur les deux côtés, avec un Zodiaque en tête. La mauvaise qualité du papier rend la lecture difficile et incomplète. 2e côté Largeur Le n" XXVII, avec inscriptions sur les deux côtés, porte (rois figures de Zodiaques, toutes trois frustes. Des inscriptions les entourent, mais MISSION PAME 448 illisibles. Comme dans la précédente, le roi et la reine Maliâ-Dêvi, mêmes personnages, énumèrent les présents et les esclaves offerts. Date : 857-858 culla-çaka — A. D. 1495-1496. Hauteur des deux côtés 0m,34 Largeur 0m,29 INSCRIPTIONS 449 XXVI. (Planches 01, 0*2.) TimSClUPÏIOY 1° Subha : mastu sakkrrâja dai 864 nai pi teâ sed dieu pim thai hon buddha ; bânvâ 2° dien 5 pheng van âthid lhai van meâ cai dai rikç 15 ji udtala : plial- guna iik 3U lee eeâ phayâ hlva yâna vilâr yot sang mahâ vibâr ni vai mea vai lük 4° peu khâ phra: pen khon va kbon eeâ mica van la : yâ vai klin thang blây hi pen kbâ 5° kbâ mea lnk 6 khrva pen khon 16 pbây 5 ying Idan khrva ning 4 kbon pliek khrva ning 3 khon lâm 6" lun khrva ning song khon niâ sui khrva ning 3 khon oân hlvang khrva ning song khon (ban) nô 7° khrva ning song khon kâking khrva ning phü ning va si tva kyan song Idem hi pen khâ khâ (ee) 8° mec lnk lee hi raksâ phra : lee lhatnan 9° ngien 3250 mây coâ khon lliang hlây 12 khrva 45 khon khleâ lun g ni pen khon bân 10° klieâ cun kliâih khrva ning 6 khon ngien 300 bün veen khrva ning si khon ngien 300 nây thât 11° khrva ning song khon phyn khrva ning sam khon syng khrva ning 50 pü keev khrva ning 4 khon ü. 07 MISSION P AV I E 453 12° 340 nâng lilâ khrva ning pü khrva 3 ngien phankheâ klirva 3 khon 30 ngien (ieb) lâ 13" khrva ning 5 khon 200 ngien oây noy... (lây) khrva ninli 4 khon 340 lâm keev khrva 14° ning 2 khon 50 lliit noy khrva ning song khon 350 lâm lun khrva ning 5 khon 6 40 kheâ thang 15° hlay ni vai pen khâ phra : ceâ thî nï lee ml... khan yû thï eoâ ngien ook ma lhee 16° n lecv hea lii hnï that nan lâm nom khrva ning khon (50) plil ïey khrva ning 3 17° khrva ning ceâ ni khon ngien mahâ sâmi ceâ lee sân nan pen khon phayâ ceâ limin nai 18° ma : hâ devï ceâ 19° 20° lee yang cak vai khon thang hlay mec kan la : 21° yâ nï (y) lee thang hlây. mec cea ceâ •V nâ dvay ju khonthien. 1 erso. 1° pi teâ sed dien 6 thaiy ok 6 kliam van ka rea mea 2° van phud ceâ limin noy yon kab ceâ i'oy lilm kab (e) 3° ceâ sib oây noy ban hlvn hlvng khon cea plian keev 4° plivk rieo mi khong rab... phra : pen cea mee luk 5° thang song nâ va phü dai cak eoâ... sâng viliân heeng mieâ dai kho 6°.. hi dai ning hlak aân (1) vai hi liman hi thyng ceâ y_ ’v cea phan keev thârii... kab ceâ hling ceâ limin 7° INSCRIPTIONS î.'il 8 •.. lu mai sak 6000 llica lu sang val khaiii rieng 9° kab val pâ kccv kab val 10° v 11° 1 yang pâ keevhlang I sin mai tliang mvn 630 lheâ l'2° secn kheâla plut I seen klicâ hün pliü I secn klieâ sâmi (su) 13“ phü I seenkheâ in phü I seen kheâ m’hkan pliü | secn klieâ 1 i ( kieng) phü I kheâ klieâ füng nirü jüklionceâphan nâ lilang vâ na ; 15°... heeng phra : peu ceâ mee lük kab nâ phra : peu (e) 16° ceâ sâng viliân lung ni lee coâ khün phü dai vâ oâri.. MISSION IWV1E XXVI. THADUCTIOX. Glorieuse! l’année de l’ère çaka-râja 864, du cycle dit tao-scd (du chien) par les Tliais, suivant le computbuddhiste : le cinquième mois a laplcinc lune, un dimanche, dit mao cai (jour du lièvre) par les Tliais, sous la 12e constellation qui est celle de phalguna, le Gliao pliayà Illua-îiâna- Vilâra-yot fit construire ce maliù-vihâra, en y consacrant ses femmes cl scs enfants comme esclaves des plira1 2, sous le titre de serviteurs du Gliao-. Ce jour-là il consacra, en meme temps que ses femmes et ses enfants, d’au- tres esclaves, en tout six familles, dont 16 hommes et 5 femmes : puis une famille ses neveux, en tout 4 personnes. (Ont offert ensuite), les nommés Phek, sa famille: 3 personnes; Lûm-lnn, sa famille : 2 personnes; Mi- sai, sa famille: 3 personnes; An-hluang, sa famille: 2 personnes; 1km- nô, sa famille : 2 personnes : Kâ-king, sa famille : I personne, 4 hœufs, 2 chariots. Tous ces esclaves, mères et enfants furent consacrés au service des plira : Ensuite de cela (le prince) acheta pour le prix de 3,950 pièces d’argent3 12 familles, en tout 45 personnes. Ce groupe d esclaves appartient au vdlagc de 1km- kliao. Le nommé Chun-khâm pour la somme de 300 pièces d’argent (offrit) une famille de 6 personnes. Bun-vën pour le prix de 300 pièces (offrit) une famille de 4 personnes. Nai tliàt pour le prix de 200 pièces (offrit) une famille de o personnes. Ay-Noy (offrit) 1 iamille. Lay 1. Ce plira : peut désigner ou le Buddha, ou les statues de la pagode, ou tes tala- poins ; ici, il ne peut être question que des talapoins. 2. Gliao, le Buddha. 3. On n’indique pas la valeur de ces pièces d argent. INSCRIPTIONS 553 1 famille, 4 personnes pour le prix de 340 pièces. Lâm-këo, une famille de 2 personnes coulant 50 pièces. Thit-noy, une famille coûtant 350 pièces. Lâm-lun, une famille de 5 personnes, du prix de 640 pièces. Tous ces gens furent offerts aux Phra : cliao de cet endroit ; on (inscrivit les noms) de ceux qui payaient l'argent et tous ces écrits y furent déposés. 11 y eut encore Làm-noy (qui offrit) une famille de (50) personnes. Phi OËy une famille de 3... une famille. Ces individus ainsi que l’argent appar tenaient au Mahâ Sâmi-chao ; tout le groupe enfin remontait au Phayâ cliao, prince officier de la reine Mahâ-Dêvî. On offrit encore bien des personnes... princesses et femmes des princes, après divorce... et toutes ces personnes... rizières avec tout ce monde-là. Verso. En l’année cyclique du chien, le sixième mois, le sixième jour lunaire, jour du coq, un mercredi : le prince Hmin-noy-yon, le prince Roy-hlin, le prince Sib-ây-noy du village Illuen-hluang, officiers du prince Phan- këo, ont réuni des objets et reçu... Buddha. La mère et le fils1 sont venus tous deux faire savoir que quiconque prendra... pour construire un vihâra en quelque province que ce soit... ils don neraient ordre îi des chefs amis, pour aider à en faire un monument solide et durable. Le prince.. , le prince Phan-këo fit... avec le prince Illing, le prince Hmin... ils fournirent 6,000 pièces deboisdetêk pour construire le vat khamvœung, levât pâ këo, le vat s au vat pâ këo une aile, on y employa 630 pièces de bois. L officier Ixhao-tà, l’officier Khao-lmn, l’officier Khao-sâmi-su, l officier Khao-in, i officier Khao-Ri-khan, l’officier Khao-kœng, tous ces officiers connais- saient tous les hommes (au service de ces pagodes). Le prince Phan-nâ- hlang-yâna : du Buddha. La mère et le fils avec le produit des rizières firent construire tous ces vihâras, auxquels ils firent nommer protecteur un chef quelconque. I. La mère et son fils le prince Phan-Këo. INSCRIPTION XXVI. XXVII. (Planches G3, (54.) TRANSCIUPTICLN. lleclo I" feuille. 1° çakrâja 857 çakrâja 858 tva 2° pï dab hmeri phra : pen ceâ dai srec raja : 3° kâr na : bail mieng thang song mec lük nai(e) 4“ dieu 11 pbeng van tbai (ceâ)(n) san meâ van 5" pliut lii siikkba : sombatlhi : nui van phutli 6° .... (n) ni lee bang ml ma : ha sang 1" (gharâja) (pho nara : y) l èrso 2° Jeuille. 1" 2“.. khvâm kee phra : ma : %/ 3° hâ devïcefi phra : ma : ha devï (c) 4° devï lii kho tliepha (val) leev eoâ klion kal> va- V 5° L tee keâ ma vai kab phra : ceâ klion hlvng (e) fiu Ice lii long carik vai liong phra: ceâ klion klvng 7° nây tâ (deçà) khrva I nây kliâiii kho\ khrva 1 8U theplia : ma klion khrva I (ieoo pot) khrva I 9° man ni klia phan na vai liong phra : klion nok 10“ (akhha : mong) klion khrva 1. 11°... (kliav oây khrva 1... khang khrva 12° 1 thit rat khrva 1. ... 13° 14° 1. Les figures du Zodiaque sont illisibles, de même le texte qui les entoure. 460 MISSION PAVIE XXVII. TRADUCTION. Reclo. Erection d’un phra : (statue). Année du singe. 1° En çaka raja 857 à 858. 2“ en Tannée cyclique du lièvre, dès que le roi eut 3° terminé les affaires d’administration du royaume, suivi de la reine mère, tous deux, mère cl fils, 4° à la pleine lune du 11e mois, jour dit du singe par les Tliais, 5° un mercredi, tirent offrande des présents royaux. Ce meme G" jour mercredi.. furent présents le Mahâ Sangharâja lephoNaray. Verso. 1° 2" .ce fut T office de la princesse Mahâ 3" devï. Mahâ devï, le deva-vat achevé, prit neuf serviteurs 4° du roi pour le service du phra : (statue). 5° Elle fit inscrire des noms de ces serviteurs du roi 6° dans la chambre de la statue: Nay ta-Dëâ et sa famille 1. — 1" Nây kham-khoy cl sa famille I. — Deva : Maklion cl sa famille I. — 8° QEi-pol et sa famille 1. En même temps que ces esclaves elle 9° offrit les écrits d’un millier de rizières, déposés dans la chambre de la statue: — en plus Okkha : Mongkhon cl sa famille I. — 10°.. Khao-üy et sa famille 1.... Kliang et sa famille 1 1" 1. —Tliil rat et sa famille. 12" 13» Planche 63. INSCRIPTION WYII Planche 6'*. INSCRIPTION \ \ \ Il XXVIII. INSCRIPTION THAÏE DE LA PRINCESSE SËN ÂMACIIA (Planches 05, 06.) NOTICE Cette inscription me fut envoyée par M. Archer, vice-consul anglais auXieng-Mai, elle provient cl’une pagode aux environs de cette ville, où il la recueillit en 1887. Hauteur de l’inscription.. 0m,70 Largeur O"1,38 Une seule date — cûla eaka 978 = A. D. 1580. Les caractères sont du même type que tous ceux de ce groupe. Elle a pour objet 1 offrande d une statue du Buddlia par la princesse Sën amacha. I oui haut personnage qui fait un don quelconque à une pagode, le mentionne par une inscription. En plus du zodiaque, celle-ci porte un carré magique. Ces carrés de ('ladres sont fort varies, mais très en usage chez les Thaïs. Pour tout lait important dans leur lie, 1 astrologue consultera quelques carrés de chiffre. Je n ai pas encore étudié le procédé, je n’entre donc nullement dans des explications ; ces carres du reste sont connus en Europe. Le système planétaire également devait être de bon augure, et ces calculs étaient toujours laits a I avance pour fixer lejour et I heure propices. L inscription fait remarquer que les noms des mois, quand ils sont en sanscrit, sont empruntes aux Khmers, en même temps que le cycle dont les noms sont khmers. II. 59 XXVIII. TRANSCRIPTION 1 1. Il y a dans le texte à côté du cliilTrc 1 un Irait dont je ne puis rendre compte, je ne sais ce que c’est. INSCRIPTIONS \l<7 v. 1" culla sa : karâja dai 948 klieeâmâ nai pli1 co thaiv vfi 2° pîl rvAy sed kheeâmâ nai dieon mâgha : sukkala2 : ta ... V' 3° liyà thaiy vA dicvn i ook 3 kluuii vara3 4 5 dai 1 thaiy 4° kâ dai phra : candayogi ’ kab nakçatta rik Ihvar 23 5° sidha : pata sa : dya® ; dvan dt nai kra : râsi olila buddha sa *1/ v. , 0° sanâ an sang leev dai 2130 pîl play 9 dieon 7" lec J1 van onâgala vara : buddha sasanâ yan 8° 2809 pîl dai play 2 dievn lec 19 van maliA 9° upAsikA nAh seen oAmaca : pra; kob dvay sa: «J/ 10° ddliA sAn plua : buddha pra : timA oiig ni vai v. , , 11° peu thî hvai hèén khon liéen klion lee. 1. Ce mot qui veut dire année est écrit quelquefois pli et quelquefois pii : je crois que pli est la vraie prononciation. 2. Sukkala : évidemment pour sukkapakkho. 3. Je transcris varà (jour), il faudrait pliarâ, pour rendre le mol reconnaissable, l’or Olographe lliaie ordinaire est vitra. 4. \ogi certainement pour yoga (conjonction), je le traduis dans ce sens. 5. lîik est pour Ilikslia. G. Siddlia : pata sadya : sont, à mon avis, les 21" et 22e vogas, étoiles marquant les divisions du Zodiaque. 468 MISSION PAVIE XXVIII. TRADUCTION. En çaka (petiteère) 9 48 année cyclique dite clio par les Khmers, rvày sed (du chien) parlesThais; au mois de Mâgha le troisième jour de la lune claire, selon les Khmers, au quatrième mois le troisième jour de la lune croissante, selon les Tliais, le premier jour de la semaine dit kà par les Tliais. la lune se trouvant juste dans sa 23“ mansion en conjonction avec les étoiles siddha pala et sadya de bon augure, dans le cercle du zodiaque : 2130 années 9 mois et 1 1 jours après la fondation de la reli- gion du Buddlia, 2869 années 2 mois 19 jours avant sa lin, une upa- slkâ (laïque) illustre, la princesse Sën amaclia, douée de la foi, lit faire cette image (statue) du Buddlia, pour que tout le monde lui rende hom mage. Planche 65. INSCRIPTION XXVIII. INSCRIPTION XXVI11. Ai i ,n jju\pn si \tû cô me sw viw a d afin pjyw pmc 3im mço sirirrtj^îup chu é aaji 51VQITU î: *)fiu) ÿ ?) ÀU U51 3f0 CÛfi QP ^i7 *in a'to d cœto c^-tfa coin ccpao sï0 m 6) rotnjoâ «mim if Planche (56. XXIX, XXX, XXXI. INSCRIPTIONS THAÏES CALQUÉES SUR ESTAMPAGES DE M. ARGUER, CONSUL BRITANNIQUE A XIENG-MAI (Planches G7, G8, 69, 70.) NOTICE Ces (rois inscriptions, gravées sur des stèlës en grès, se trouvent placées dans une pagode située sur une montagne;, quelques lieues de Xicng-Mai. Lllos datent du x siècle cûla-çaka, dernière époque où celte écriture lut on usage dans le Laos. La belle forme carrée des caractères est quelque peu détruite par l'usure de la pierre. Le n° X\1 X nous donne un résumé descomplesel dépenses faites pourla construction d’une pagode, il y est question d’une pièce de monnaie "gœn, (|ui parait bien souvent dans ces inscriptions laotiennes, mais dont je ne puis déterminer la valeur. Ngœn, qui est un mot chinois, \eut dire argent, monnaie : dans ce cas-ci, il désigne une pièce de petite monnaie. Le n" XXX est particulièrement remarquable, en ce qu'il fait \ oyager le Luddl.a dans la contrée de Xieng-Mai, 25 ans après qu’il eût atteint l’étal de la science parfaite. On y relate une prophétie : ces cas sont fréquents dans la tradition. Le n“ XXXI doit son origine à l'inauguration d une statue du Buddha. il «o MISSION PAVIE XXIX. TRANSCRIPTION. 1° cay eoa mai plian hok roy nien 9° tal plian liok roy nien Ion s 3° 5m roy ha bat nien dm cï cea v 4° d limïn cead plian kon cay 5° lia roy nien din klio limai si lnnï 6° n lia phan kon klia si roy nien v 7° sin kân plnk roy ha bat nie 8° n ree ràih nih cay tlü sa : dliay 6 9° roy GO nien ree son râiii pün s 1 ()° on tl 9 lân 7 scen kbâ nain 11° oy 050 nien kbâ rak plian 12° sâm roy cead bât lien nien 13° khâja : hgnav 500 nien hic 14° khlvn seen 9 phan 5 I 5° roy naiii khà hân 120 iiien. INSCRIPTIONS 475 XXIX. TRADUCTION. 1° En Dois de construction on dépensa d’abord mille six cenls ngœn, 2° Puis en plus de ces mille six cenls ngœn 1 (sous), on dépensa 3° encore trois cent cinq (icaux. Septante sept \° mille briques coûtèrent 5“ cinq cents sous. Quarante-cinq mille tuiles neuves G0 coûtèrent quatre cenls ngœn (sous) 7° Le prix de la main-d’œuvre s’éleva à cent cinq licaux. 8" plus un panier de cauris. Pour le mortier on dépensa six 9° cent soixante sous et deux paniers de cauris dont le chilVrc s’éleva 10" à neuf millions sept cent mille coquilles. Le prix de la I 1" mélasse atteignit 650 sous, le vernis coûta 12° trois cent sept ticaux2 3 4etun fuang1. 13° Les cornes (des toitures) 500 sous. Le fer 1 iD royal (fut employé) au poids de 9 mille 5 cenls nam* (livres) ; 15" le vermillon coûta 120 ngœn (sous). 1. ngœn, veut dire : argent, monnaie; est ici le nom d’une petite monnaie que je trad ni s par sou. 2. Le lical vaut trois francs. 3. Le fuang vaut huit sous. 4. Nam est un poids. INSCRIPTION WIX. Hanclio 67. O INSCRIPTIONS '.81 XXX. transcription. 1° Plira : ceâ peu phra : dai : 2U jâv hâ valsa dicon lhe 3° t mà Ice mieng videha : V /t° rot jée lieeii phü pli y 5° A yû ci ni nai sa : rôû lliat ma : 6° lia celi thâriinvây meén i0 lima lea vâ cak dai pen plira : N" yà lliâv khârh kân cak dai pra ; 9° eu ddliâüu ta: lliâlia : ta : nai thï 10° ni mahâ raja : ceâ jyii h mai l I" Iil san plira : tliân hluang ni 12° In som an vâ plira ceâ nây 13" thï ni tliàiiinvày: pi dab reâ (c) I dieu cead reem si khàm meâ va 15° n phut tliai kad pleâ titthï 16° sâm nâthl sâm sili son 17° rik sib cead nàtliljàv ce 18° d yôkklia : nai sib peed nâ 19" llil sib sâm yâm three 20" thyn van sâm bâd nâiii 21° nâthl lee plük pra: thân II. (il MISSION PAV1E 482 XXX. TRADl ( '.'TlO\. Vingt-cinq ans après avoir atteint l’état (le Buddha1 2, le Phra : Ghao (lluddha) quitta la ville de Videlia : râja et vint demeurer à Jë-hëeng, sur la montagne Phicngdans un ermitage tout près du mahâ-cetiya. C’est là qu’il (Buddha) fit la prédiction que Mëng-hmâ-tao deviendrait l'I.ayà kliâm-kan et qu’en cette qualité il construirait un reliquaire où il ferait déposer les reliques du Tathâgata. Devenu maharaja de Xieng-mai, le Phayà KMm-kân, conformément à celle prophétie (du Buddha), ht construire ce reliquaire en l’année cyclique du coq, au septième mois, le quatrième de la lune claire, un mercredi dit kad-plao (jour du bœuf) par les Thais, à la troisième tiltlilplus Ircntc-deuy nâdîs, sous la dix-septième yksha plus vingt-sept nâdis, sous le vingt-septième yoga plus trente nadis, à la troisième division du jour, à midi trois quarts et un midi 1. Ces traditions indo-chinoises qui font voyager le Buddha dans llndo-Clnnc sont fort nombreuses, mais elles ne reposent sur aucune vérité historique. 2. Probablement l’année cùla-çaka 9t7. INSCRIPTION XXX. Planche 68. INSCRIPTIONS 487 XXXI. TRANSCRIPTION. 1° Ddha khun khorang sari phra maliâ bu- 2° ddha pralima ceii ong : ni pen : v. 3° udits cetiya : pliieo pen lin lirai 4° pujâ sakkâra lieeii lchon lee 5° dcva : da thien lilây lcev klio lil V' 'V. 6° lliân khâ rai kab soiï khrva 5 jâ 7° y 3 ring khâ 880 iiien lil pen bu 8° ddha upathâka : lo theâ 5000 phra rat 9° sa : kho purnya yien nï cunpcn üpa : nit *1/.. 10° sairo lil dai mico kict nai tusila pli «1/ * %/ _ I 1° â linâ tee cuti an ni leev lee ko tbaiii 12" lin sut lieeii sansâra dukhka khï uppataiii 13° bbâ nai kâla mieo jum nnm dhâtu nan 14° thin mieo cak tan ko phra budha rüpa Y... lo° cea ong : ni mmitr an va thang 16° ea : tu lôka pâla thaii si ma pli rom 17“ limay lin rai lu ko ibeen. 488 MISSION PAVIE xxxr. TU YDUCTIOV üha-khun-khorang fit faire celle statue du Plira : mahâ Buddhact fil viui de construire ce cetiya cru il offre au nom des hommes et des dèvas. En même temps il fait don de deux familles d’esclaves, cinq hommes et trois femmes, du prix de 800 ngœn', qui seront les serviteurs duBuddha pendant 5000 ans1 2. Il demande que ces mérites lui obtiennent de renaître dans le Tusitâ après cette naissance qui devra être la dernière dans la série des naissances malheureuses ; et qu'il puisse entrer au Nibbâna à l'époque de la réunion des reliques 3. Au moment de faire celle statue, il eut un rêve où il vit les quatre gar- diens du monde venir ensemble marquer l’endroit où devait être posé le socle de la statue. 1. Petite monnaie dont j’ignore la valeur. 2. Pour des buddhistes, où l’homme passe d’une existence à l’autre, pendant des millions d’années, celte idée de servir 5,000 ans ne paraît nullement ridicule. 3. Y la destruction de l’univers cette réunion des reliques se fera dans les ciouv supérieurs, suivant la théologie buddhistc. INSCRIPTION XXXI il. Planche G9. Planche 70. INSCRIPTION XXXI. TABLE DES MATIÈRES Pages. Introduction v LAOS ORIENTAL Histoire du pays de Lan-Chhang, Hom-Khao. Livre premier j — H 17 — 111 38 y IV; ; 61 Abrégé de l'histoire du pays de Lan-Chhang, Hom-Khao. I 79 II 81 m-. • 86 Chronologie de 1 histoire du pays de Lan-Chhang, llom-Khao 95 Histoire du Pra-Kang jq3 Histoire de Chantaphinit 119 Fragments de l’histoire du Lan-Chhang. I 125 II 127 III 130 IV 131 V 139 VI 140 141 LAOS OCCIDENTAL Histoire de Nang Kiam Maha Téri 145 Rois successeurs jusqu’à Attentarach 457 Histoire d’Altentarach Rois de Haripoun depuis Attentarach ]05 Rois do Xieng-Maï depuis Mong-Laï 155 H 62 449 MISSION PAVIE INSCRIPTIONS Pages. Notice préliminaire 439 Inscription I 473 _ II 203 — III 225 _ IV 247 _ y 261 _ VI. 277 _ VII 297 — VIII 327 — IX. 331 _ y 341 Notice sur quatre inscriptions de Luang-Prabang 34° Inscription 3l3 — XII 357 _ XIII 365 _ XIV 369 _ XV 373 — 331 — XVII 337 Notice sur deux inscriptions de Lampoun ‘ 399 Inscription XVIII • t94 — XIX 404 Notice sur deux inscriptions (Xicng-Raï) 411 Inscription XX 443 - XXI 423 Notice sur les inscriptions XXII, XXIII, XXIV et XXV (Xieng-Maï) 431 Notice sur deux inscriptions (Pa-pao) 4l7 Inscription XXVI'l49 — XXVII 459 _ XXVIII 465 Notice sur les inscriptions XXIX, XXX cl XXXI (Xieng-Maï) 47.1 Inscription XXIX 474 - XXX 434 — XXXI 437 CHARTRES. IMPRIMERIE DURAND, RUE FULBERT. K B.\ EST LEROUX, EDITEUR, rue Bonaparte, 28 GRANDES MISSIONS SCIENTIFIQUES ET OUVRAGES GÉOGRAPHIQUES PUBLIÉS SOUS LES AUSPICES Ministère de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts L’ASIE CENTRALE TIBET ET RÉGIONS LIMITROPHES Par J.-L. 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